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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Paul Desbiens, Sélection de citations. DOSSIER UNTEL (1973). Une présentation et une sélection de Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer, Qc. Chicoutimi: Les Classiques des sciences sociales, avril 2009, 43 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 20 janvier 2005 de diffuser la totalité de ses publications.]

Présentation
Sélection de citations.

Présentation

Par Laurent Potvin,
frère mariste, 21 avril 2009.


Dossier Untel paraissait en 1973 et   offrait aux lecteurs l’occasion de mieux connaître l’évolution de la pensée de Jean-Paul Desbiens depuis 1960. Cet ouvrage nous présente une sélection de quelques éditoriaux parus à La Presse et de causeries ou conférences destinées à divers groupes d’auditeurs.

Au début du Dossier Untel, comme entrée en matière,  Rosaire Bergeron, dans un style vivant, nous présente longuement l’auteur des pièces de ce dossier : Le Frère Untel hier et aujourd’hui. 

La liste des personnages qui seront cités dans ce volume de 329 pages nous impressionne autant par les noms qu’elle nous révèle que par les marques que chacun de ces personnages a laissées dans l’histoire.

Le choix  des citations à retenir et à présenter  a constitué pour moi une sorte de défi difficile à relever compte tenu de la qualité littéraire et factuelle de tous ces articles.

Je suis demeuré fortement impressionné par le nombre de sujets abordés par cet écrivain et par la vaste culture que tout cela nous révèle. Jean-Paul Desbiens a fréquenté de nombreux auteurs, il en a fait son miel.  Tout cela lui  permet maintenant de   nous servir  avec une rare maîtrise chacun des nombreux sujets abordés dans ces pages.

Vous voudriez certainement savoir ce qui m’a le plus impressionné chez ce journaliste et écrivain lors de ma lecture à la recherche de citations afin de vous présenter la sélection que vous avez à votre disposition. Je vous dirai que la valeur des témoignages de cet auteur est illustrée par  certains mots clefs comme franchise, culture, clarté, précision, respect des  valeurs,  vues d’avenir…

Franchise. À ce propos, je relève  une citation que vous trouverez plus loin dans  la sélection : « Si j'étais capable, je te fermerais le monde demain matin et j'en ouvrirais un autre, où il n'y aurait qu'une seule règle : défense de mentir! »

Culture. On la décèle à chaque paragraphe de ces textes. Situations concrètes, citations d’auteurs faisant autorité, cohérence de sa  position d’un article à l’autre, remarques bien frappées, dons de polémiste…

Clarté. Le philosophe emploie un vocabulaire non recherché mais qui fait percevoir nettement sa pensée et sa position sur telle ou telle attitude qu’il dénonce ou qu’il conseille.

Précision. Il sait habilement nous présenter la pensée d’un auteur qui vient en appui de sa propre pensée.

Respect des valeurs. En cela, il demeure constamment  en cohérence avec ce que je nommerais « le gros bon sens. » Par exemple, il soutient que tout ce qui concerne les services officiels au service des citoyens dans une société civilisée doit être respecté. Exemple : la société n’accepte pas que les étudiants à tous les niveaux et les malades soient pris en otages lors de grèves syndicales. Ses dons de polémiste bien renseigné, il les a mis au service de la société lors de sa carrière d’éditorialiste surtout.

Vues d’avenir. Certaines de ses vues vers l’avenir m’ont étonné…Ainsi, il donne son avis sur les formes de piraterie moderne et la réforme souhaitable de l’orthographe de la langue  française. Deux réalités  toujours d’actualité…

Je tiens à souligner enfin que, en sa qualité d’éducateur de carrière ayant travaillé au service du Ministère de l’éducation, il donne volontiers, et toujours avec pertinence, des avis pondérés lors de ses causeries et  conférences sur les problèmes délicats d’éducation et d’enseignement qu’il aborde.  

La lecture attentive de cette Sélection de citations vous donnera sûrement le goût de parcourir en entier DOSSIER UNTEL.   Vous y noterez  que l’éducation de la jeunesse constitue la raison d’être de presque toutes les interventions de ce journaliste écrivain que les pages de  ce volume nous offre.  Avec lui, nous pouvons réaffirmer que la jeunesse est l’avenir de la société. Attention : cette même jeunesse observe attentivement les faits et gestes des adultes que nous sommes...


SÉLECTION DE CITATIONS

DOSSIER UNTEL (1973)

 (Jean-Paul Desbiens)

Une sélection de Laurent Potvin, frère mariste.


A

Adolescent, ses caractéristiques

Une des caractéristiques de l'adolescent, c'est de croire que ce qui lui arrive n'est jamais arrivé. Il ne relativise rien ; il voit sa situation comme absolue. Première pour lui, il la croit unique, c'est-à-dire première absolument. On peut vérifier cela à propos de nos grands débats : enseignement, séparatisme, etc.

Accélération du  milieu

Il faudra apprendre à vivre dans un univers en accélération, ce qui implique que l'on renonce à mettre la main sur la réforme (en enseignement) qui permettrait de se reposer.

Affirmation des étudiants en 1968

Affirmer, c'est dire fortement quelque chose. Qu'est-ce donc que les étudiants nous ont dit ? Ils nous ont dit : leur solitude, leur peur, leur impatience et leur volonté de participer. Du même coup, ils nous ont révélé notre propre solitude, notre faiblesse, notre désarroi et, parfois, la dureté de notre coeur.

Aimer, savoir aimer

J'ai déjà pensé, et sans doute dit : qui aimerais-je si personne ne m'aime ? Maintenant, je dis : qui m'aimera si je ne m'aime ? Et qui aimerais-je si je ne m'aime ? Je ne pardonnerai que lorsque je me serai pardonné.

Animer ou gouverner

À force de ne plus vouloir être que des animateurs, on ne gouverne plus rien.

Appareil juridique, sa force

Nous vivons tous à crédit de valeurs. Il n'y a plus grand-chose qui nous tient ensemble, sauf un appareil juridique.

Appartenance et liberté

Ce que mon appartenance à une communauté me donne, c'est la liberté d'action. Selon mon tempérament, je n'aurais pas été capable de risquer ce que j'ai risqué si je n'avais pas été frère. Le fait d'être frère me donne une liberté psychologique et financière presque totale.

Apprendre à apprendre

Apprendre à apprendre ne veut rien dire si cela ne veut pas dire donner ou acquérir le goût du savoir. Et apprendre à être ne veut rien dire si cela ne veut pas dire rendre autonome et ouvert.

Apprendre pour comprendre

 Je continue de croire que pour avoir prise sur le monde, il faut comprendre, la seule chose dont on ne se lasse jamais. Et pour comprendre, il faut consentir à apprendre.

L'enseignement est un raccourci.

Avortement

Pratiquer un avortement, c'est supprimer un organisme vivant. Cette proposition est incontestable. Immédiatement, la question se pose : cet organisme est-il un être humain, oui ou non ? Cette question ne permet aucune échappatoire. Si l'on répond : non, je demande : à partir de quand le foetus est-il un être humain ? À partir de quand un être attrape-t-il la nature humaine ?


B


Babel

Il est dur de vivre en Babel et d'écouter des gens qui ne savent plus ce qu'ils disent.

Biculturalisme

Je ne crois pas beaucoup au biculturalisme. Après un an de Suisse, vingt-deux cantons, vingt-deux systèmes scolaires, trois ou quatre religions, trois ou quatre langues, je vois un peu ce que ça donne. Les Anglais d'ici, c'est les Suisses alémaniques.

Bilinguisme

Espérer ou ambitionner un bilinguisme effectif au Canada, c'est une utopie.

Bi-nationalisme

C'est le bi-nationalisme, qu'il faut mettre de l'avant. La question tout entière est suspendue à la proposition. (En 1963)


C


Canadiens tout court

Il nous apparaît que le fait de nous déclarer Canadiens tout court dénoncerait précisément une mutilation de notre être.

Catholicisme

Quand on connaît la puissance mobilisatrice du catholicisme, et jusqu'à quelles profondeurs elle rejoint les hommes, on est fondé d'affirmer que sans lui, il nous aurait été impossible de survivre.

CEGEP

Apparurent les CEGEP. Une nation voulait se donner un type d'institutions communes pour tous les citoyens des mêmes âges.

Célibataire

Le célibataire chrétien n'est jamais tout entier le sujet de César et de son appareil. Sa première obédience est ailleurs.

Chemin parcouru

Et ici, je ne peux pas m'empêcher de souligner la cocasserie de mon destin qui fait que je dis ces choses, douze ans après, devant une assemblée de supérieurs majeurs. Cela prouve que nous avons fait beaucoup de chemin : vous autres vers la liberté, et moi vers le pepérisme.

Christianisme

En s'évaporant, le christianisme a aussi laissé un dépôt d'idées et de valeurs desséchées. Des idées et des valeurs dont on hésite à écrire les noms, tellement elles sont devenues dérisoires : liberté, égalité, fraternité, justice, amour, douceur, pauvreté.

Christianisme

Quand je disais plus haut que le christianisme s'est évaporé, je parlais selon les apparences. Au fond, je sais qu'il demeure le seul ferment actif. Le christianisme a introduit une fois pour toutes dans l'Histoire l'intolérable tension qui provoque le progrès. Il y aura toujours des hommes pour supporter cette tension et relayer cette intention.

Civilisation en progrès

Il est aisé de voir que, malgré ses détours affreux, tout l'effort de la civilisation n'a jamais tendu qu'à faire que les hommes se voient et se parlent. Pour cela, il fallait vaincre l'espace. Aujourd'hui, c'est fait. Il reste à vaincre l'espace psychologique, constitué, pour J'essentiel, de peur. Les cris proviennent dé la peur et la nourrissent.

Clarté

La clarté est toujours libératrice.

Commentaires de l’éphémère

(En tant que journalistes) nous commentons tous les jours les déclarations ou les gestes de politiciens plus ou moins éphémères et qui n'ont parfois d'autre autorité que celle du hasard. On ne voit alors pas pourquoi on se retiendrait de faire un sort à des documents qui possèdent une autorité morale reconnue par le monde entier et dont la substance est pénétrée tout ensemble d'une sagesse millénaire et d'un sens démocratique nettement contemporain.

Constitutions

Quand le Québec parle d'une révision constitutionnelle, il pense à une transformation radicale des règles du jeu, alors que son vis-à-vis se contenterait de rebrasser les cartes.

Croire (Dans Lettre à Jésus-Christ)

Au fond, il n'y a que deux choses à croire, et c'est toi-même qui les as désignées : croire que tu es, toi, et que tu es sauveur. Le reste, c'est de la petite monnaie pour prendre l'autobus ; l'autobus des théologiens. Moi, je marche à pied.


D


Décentralisation

La décentralisation n'est pas contraire à la poursuite d'objectifs communs.

Défense de mentir!

Si j'étais capable, je te fermerais le monde demain matin et j'en ouvrirais un autre, où il n'y aurait qu'une seule règle : défense de mentir.

Défis à relever

Si l'homme est capable d'aller sur la lune, s'il a l'argent, la science et l'organisation pour réussir cet exploit, pourquoi ne les applique-t-il pas à résoudre les problèmes de la pauvreté, de la guerre, de la pollution, de la haine raciale ?

Démocratie

Notre passé est assez vieux pour avoir droit de vote. La fidélité, c'est la démocratie biologique.

Démocratie et anarchie

Une démocratie vivante nourrit ensemble beaucoup de dictatures et beaucoup d'anarchie, qui ne s'annulent que parce qu'elles coexistent.

Démocratisation de l’enseignement

La démocratisation de l'enseignement impliquait que l'on assurât la triple accessibilité : financière, géographique et pédagogique de l'éducation.

Dépersonnalisation

Je savais que la volonté de scolariser l'ensemble des jeunes impliquait le transport des écoliers, la concentration de milliers de jeunes dans des campus plus ou moins improvisés, bref, le rassemblement des conditions qui engendrent le phénomène de la dépersonnalisation. (1969)

Dignité

La dignité ne s'improvise pas. Au début, il faut la « forcer » un peu sur les bords, comme on fait avec les recrues. Je reçois une copie du Travail, journal syndicaliste. La moitié est en anglais. Nous avons la générosité des chiens battus.

Dossier Untel… Pourquoi ce titre?

J'ai intitulé ce recueil Dossier Untel avec quelque raison et quelque agacement. La raison, c'est que la direction des Cahiers de Cap-Rouge a cru utile de faire une espèce de rétrospective des Insolences et des sujets abordés dans le livre en question. Une espèce de bilan, comme on peut voir dans l'introduction de Rosaire Bergeron.

Drogues et contre-culture

Aller puiser aux sources de la culture des autres peuples, c'est se former, bien sûr ; mais vivre la même contre-culture à Montréal, à Toronto, à San Francisco ou à Paris, c'est changer de lieu sans voyager.


E


École, influence menacée

L'influence de l'école a basculé au moment de la naissance des mass media, c'est-à-dire vers 1930.

École insularisée

Les jeunes souffrent d'être parqués entre eux, car l'éducation exige le contact des générations. Beaucoup de ressources et beaucoup d'expérience sont présentement inemployées, parce que l'école s'est insularisée

École, milieu de vie

Il faut que l'école redevienne l'école selon l'étymologie du terme : le lieu du loisir, ce qui ne veut pas dire de l'amusement. Quand on parle de l'école milieu de vie, on ne dit pas autre chose.

Écrire

Écrire dans un quotidien, c'est agir ; et agir, c'est choisir. Les choix sont difficiles et toujours contestables. Ce sont les limites, dans n'importe quel domaine, qui acculent au choix. Je dis bien : les limites, et non pas les richesses.

Éducation des intelligences

 La fonction principale de l'école, c'est l'éducation des intelligences. Une société se donne un système scolaire principalement pour assurer cette fin. Il ne faut pas l'en détourner.

Éduquant

Je comprends, cependant, qu'habitué à lire du sociologue (je dis : sociologue, comme on dirait monomotapais), il puisse paraître difficile de lire du français. C'est ainsi, qu'habitué à lire : élève, vers les années 30 et avant, il puisse être déroutant de ne plus lire que : le s'éduquant, pour désigner èguezactement le même morveux, ahuri et génial, condamné à l'école, [geôle de jeunesse captive], comme disait Montaigne.

Église devant l’histoire

L'Église garde l'histoire comme une ménagère garde la maison. Patiente, sans illusion, un peu ahurie parfois, mais vivante.

Enfants de Chine

Les enfants de Chine (Éditorial du 17 juillet1971) Ce calembour n'est pas de moi, mais je l'aime quand même. Les calembours, de toute façon, dispensent de penser, ce qui est toujours un bénéfice net.

Enseignement de qualité partout

Dans les milieux défavorisés, il ne s'agit pas de laisser leur enfance aux enfants : ils n'en ont pas ; il s'agit de leur en donner une, au moins cinq heures par jour.

État, et ses quatre piliers

Un État contemporain repose en effet sur quatre piliers : la fonction publique, l'entreprise, le syndicalisme et l'université. Pour ne rien dire des trois premiers piliers énumérés, il fallait que l'État se donne le quatrième : l'université.

État humilié

Un État humilié et appauvri ne peut pas être indépendant.

État impuissant

Ce qui prouve qu'on n'a pas d'État, c'est que les mutineries soient possibles et aussi efficaces.

Étudiants

Le paramètre spécifique de l'étudiant québécois, c'est l'hésitation et la stupeur qui caractérisent notre société.

Évangile

On ne me fera pas accroire que l'Évangile, c'est compliqué. C'est difficile, mais ce n'est pas compliqué ; ce n'est pas la même chose. Il n'y a que les consciences faciles qui soient compliquées, comme les intelligences, d'ailleurs.


F


Femmes et dévouement

Si l'on demande aux femmes de savoir à la façon des hommes, on est souvent déçu ; mais si on leur demande de se dévouer, on est toujours surpris. Or, le sacerdoce est essentiellement un dévouement, au sens étymologique du terme.

Fils prodigue parle à Jésus

Je tire des traites sur ton amour comme le fils prodigue, sachant que tu m'attends mystérieusement, et que c'est toi qui fourniras le veau, comme dans ta parabole.

Français, avenir

L'avenir du français est lié à la puissance réelle des pays francophones.

Français, et appui

Le français vivra et progressera, ici comme au Gabon ou à Paris, s'il s'appuie sur la force ; la force, c'est-à-dire l'organisation et le travail. Le rayonnement suit la force.

Français, langue du travail

La langue de travail au Québec doit être le français. Vouloir autre chose équivaudrait à organiser le naufrage pour se donner le frisson d'identifier les meilleurs nageurs.

Français, orthographe et bizarreries

Valéry déclarait tout net que « la France est le seul pays du monde où l'on ne puisse absolument pas apprendre à parler le français. » La racine du mal, il la voyait dans l'absurdité de notre orthographe……Il notait que le français possède deux manières d'écrire F ; quatre manières d'écrire K ; deux manières d'écrire Z, etc.

Français, orthographe à réformer

Il y a longtemps que l'on parle d'une réforme de l'orthographe : elle n'est pas pour demain. Il semble pourtant que le français international dont on se gargarise par ici devra la mettre à son budget sous peine de n'être que le français international de quelques millions de lettrés. (1967)

Franc-tireur

Je trouve cependant utile de préciser que je ne me suis jamais voulu franc-tireur. Être un franc-tireur n'a jamais été un projet pour moi. Je pense même qu'il y aurait quelque chose de faux à vouloir délibérément être un franc-tireur.

Franc-tireur, ce que c’est

Être franc-tireur, pour reprendre votre expression, ce n'est pas uniquement dénoncer ; ce n'est pas uniquement indiquer une direction : c'est accepter, indivisiblement, de construire et de prendre le chemin.

Francs-tireurs (1)

Ceux dont on sait qu'ils ont été des francs-tireurs, non seulement ne voulaient pas l’être, au sens où ils en auraient fait un projet, mais ont souffert de l'être et ont hésité à l'être, quand les circonstances - qui sont la main de Dieu - les ont amenés à le devenir. Moïse a refusé longtemps et invoquait son bégaiement pour se défiler ; Jonas s'est caché dans une baleine ; Élie s'est enfui au désert ; Paul n'en finit plus de s'expliquer dans ses lettres, et cætera.

Francs-tireurs (2)

Les francs-tireurs authentiques ne se lèvent pas, un matin de grand vent, en se décrétant francs-tireurs. Il leur arrive qu'ils le sont, et contre leur gré, et à leurs dépens.


G


Gloire de Dieu (Dans Lettre à Jésus)

Ta gloire, c'est le coeur de l'homme. Ce n'est pas le soleil, ni les barrages, mais le coeur de l'homme. Tu peux, toi, faire quelque chose, tout, pour le bonheur de l'homme, car tu connais son malheur, pour l'avoir bu jusqu'à la lie.

Grèves

Une grève dans le secteur des services, c'est une guerre civile où ce sont les non-combattants qui supportent le gros des ravages.

Grèves et étudiants

Ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils sont fatigués de la quincaillerie idéologique et culturelle qu'on leur sert; c'est qu'ils sont fatigués de servir de témoins impuissants ou d'otages encore plus impuissants, dans les querelles des « vieux ». (1971)

Grèves et « mon oncle »

Que l'État ou les administrateurs métropolitains préfèrent céder, on le comprend. Devant une arme quasi absolue, on crie « mon oncle ». Ce qui prouve qu'on n'a pas d'État, c'est que les mutineries soient possibles et aussi efficaces.

Grèves et sens critique

Le sens critique d'un adulte qui a vieilli comme du monde s'ajoute à son idéalisme et à son adhésion à des valeurs. Mais la confrontation d'un jeune avec la bêtise peut le stériliser à jamais. On ne respecte plus rien quand on est trop tôt obligé de mépriser.

Guerre

Chaque guerre est toujours la dernière et c'est bien rien que pour cette raison qu'on y va. Savoir qu'il y en aurait une autre, on préférerait attendre.


H


Hémorragie

Nous autres aussi, nous avons eu notre hémorragie. Vers la Nouvelle-Angleterre, vers l'Ontario, vers l'Ouest. Ne rêvons pas là-dessus. Disons simplement que nous serions aujourd'hui deux millions de personnes de plus, n'eût été cette hémorragie.

Histoire

L'Histoire, c'est l'histoire du Pouvoir. Et l'histoire du Pouvoir, c'est l'histoire des carnages. Du premier coup de poing à la bombe atomique, le progrès est linéaire et ininterrompu.

Histoire

L'Histoire, c'est la longue agonie et les énormes convulsions du Prince de ce monde, qui s'appelle aussi le mensonge.

Histoire et vie quotidienne

Ce qui importe, c'est que l'Église manifeste sa présence attentive à ce qui fait l'histoire et conditionne notre vie quotidienne.

Histoire, son moteur

Cette espérance, qui souvent ne sait pas son nom, est le véritable moteur de l'Histoire.

Humour

Au bout de la vie, on récupère son enfance sous forme de sagesse. Entre l'innocence et la sagesse, il y a l'humour.


I


Identité, protections

Notre identité à nous a longtemps été protégée par au moins trois frontières : la géographie, la religion et la langue. Ces trois frontières sont maintenant ouvertes. Et voilà pourquoi on est fébrile.

Identité québécoise

On peut avancer que l'identité québécoise est le résultat de cinq composantes ou de cinq éléments constituants : le catholicisme romain, la culture française, le parlementarisme britannique, le capitalisme américain et enfin le sens minoritaire. (1972)

Ignorance du mode d’emploi

Personne ne connaît plus le mode d'emploi des jeunes. On ne connaît pas davantage, et pour les mêmes raisons, le mode d'emploi de la vieillesse. Car l'un et l'autre dépendent d'une culture, selon l'acception aristocratique du terme, qui est la seule significative.

Illusion de l’actuel

L'actuel, c'est que les hommes aiment la guerre et la justice et pensent toujours que la première conduit à la seconde.

Image

Une image ne vaut mille mots que si elle est expliquée par mille mots. On croit comprendre quand on a vu, mais on n'a rien compris.

Infanticide relié à l’âge

Tuer un enfant de neuf mois et demi est un crime. Tuer un enfant de un jour à neuf mois et demi est encore un crime. On ne peut pas sortir de là.

Insolences, les débuts

Les textes parus dans Le Devoir à l'automne 1959 et durant les six premiers mois de 1960 ont été à l'origine de tout. Rien n'avait été planifié. Chaque texte, dans mon idée, était le dernier ; cependant, une espèce de logique interne, interne quant à moi et interne quant à la situation, a fait que les sujets abordés étaient de plus en plus graves et de plus en plus engageants.


J


Jeunes et désarroi

Le désarroi des jeunes, c'est qu'ils ne font plus rien en commun ; ne servent plus à rien, même pas à être jeunes comme du monde. Et comme on les empoisonne de mensonges, car beaucoup de leurs soi-disant maîtres ne savent plus rien, n'aiment plus rien que leurs droits acquis, atomisés, numérotés et conventionnés, les jeunes ne savent plus comment opérer leur passage de la servitude au service.

Jeunes et service

Par contre, les jeunes veulent servir, car être utile est le voeu profond d'une personne. Ils sont donc acculés à se donner des tâches stériles et des fêtes chimiques. La drogue, c'est l'extase chimique ; les manifestations, c'est la complicité au lieu de l'amitié. Dans une foule, il n'y a point d'amis ; il n'y a que des complices. Car une foule ne fait rien, elle ne peut que détruire. Seul un peuple fait quelque chose. Il se fait.

Jésus, Sauveur.

Ta gloire, c'est de sauver ce qui est perdu.

Joual

Resterait peut-être la question du joual. J'aurai bien un peu contribué à répandre ce terme, à l'occasion d'un petit livre à la fortune étrange.


L


Langage

Les peuples, eux, se construisent autour d'une langue. Entre la décomposition de notre langue et la décomposition de notre peuple en masses, il est permis de voir un lien. Quand le langage est corrompu, chacun perd confiance dans ce qu'il entend et cela mène tout droit à la violence.

Langue

La langue, c'est le sang de la pensée. Connaître une langue, c'est posséder la condition principale de la santé intellectuelle.

Langue et peuple

Le peuple est une manufacture de langue toujours à l'oeuvre.

Langue, un bien commun

La langue est un bien commun au même titre que les autoroutes et les parcs nationaux.

Langue, sa force

La langue est le sang de la pensée, elle est aussi le véhicule de la force. Le commencement de la force, c'est de prendre conscience de sa force et de ne pas attendre toutes les garanties avant d'agir.

Lettre à Jésus

Lettre à Jésus-Christ : Je marche. Tu as beaucoup marché, toi aussi, par les chemins d'Israël. Un jour, tu t'es arrêté parce que tu étais fatigué, et c'est ce jour-là que tu as parlé à la Samaritaine. Sedisti lassus.

Libération (1)

Quand on veut libérer les hommes, on ne commence pas par les libérer de leur existence.

Libération (2)

Toute libération consiste à passer de la servitude au service. Libérer un homme ou une collectivité, c'est l'arracher à la servitude et l'engager dans un service.

Locataires et co-locataire

La question constitutionnelle n'intéresse guère les provinces autres que le Québec. Le Canada tout entier est locataire en Amérique du Nord, mais le Québec est le seul à se sentir sous-locataire. Il est le seul à s'inquiéter des clauses du bail.

Lois et morale

Si une loi peut engager les consciences, elle ne peut jamais les dégager.

Lois, leur force

Nous vivons tous à crédit de valeurs. Il n'y a plus grand-chose qui nous tient ensemble, sauf un appareil juridique.


M


Maîtres à penser

 Demander à un homme de quarante ans qui furent ses maîtres, c'est dresser une liste d'auteurs français.

Mass media et place publique

La place publique est le lieu même de la démocratie. Dire tranquillement que les mass media sont une place publique, c'est dire une chose énorme, si l'on y pense bien.

Mentalité technicienne

Par exemple, la mentalité technicienne s'est acharnée sur l'amour et n'a retenu que le sexe ; elle a travaillé l'énergie et n'a retenu que la vitesse. Toujours plus vite vers nulle part ; toujours plus nombreux vers l’ennui.

Méthode

C'est précisément en assumant son rôle que le maître communiquera cela même que l'école est seule a pouvoir communiquer : la méthode. Méthode veut dire : comment aller plus loin, tout seul.

Métissage

Le Québécois n'est pas tout à fait un latin et pas tout à fait un saxon ; il est un mélange des deux, et l'élément de métissage, nous l'avons emprunté aux Américains.

Ministère de l’éducation

 Créer un ministère de l'Éducation, cela permet de démocratiser et de rationaliser. Cela voulait dire aussi que nous acceptions de politiser l'éducation. Politiser ici veut dire : rendre publique la chose scolaire.

Ministère de l’éducation, but occulte

Il y avait cette option occulte derrière la polyvalence, et je ne la juge pas, loin de là : elle reflétait le réalisme millénaire qui veut simplement ceci : que chacun gagne sa vie.

Monde et cité

La technique a ramené le monde aux dimensions de la cité. La première cité à avoir fait l'expérience de la démocratie fut aussi la première à se définir comme la cité de la parole, par opposition au cirque des cris.

Morale et gouvernements

La morale ne se vote pas ou, en tout cas, elle se vote difficilement. Par contre, qui accepterait de vivre dans une société sans morale ? Qui le pourrait ?

Morts à la guerre

Le million de morts de Verdun, c'était du pauvre monde. en général et en soldats. Beaucoup de Bretons, du côté des Français ; beaucoup de paysans bons à mourir.

Moyens de communication

Le paradoxe à ce sujet  (radio, télévision), c'est que le Québec, tout en possédant une juridiction exclusive dans le domaine de l'éducation, n'a pas de juridiction sur les ondes. Le contenu lui appartient depuis toujours, mais le contenant est ailleurs.

Musique

Je me suis procuré un transistor. J'aurais dû le faire plus tôt. France-Musique diffuse de la musique seize heures par jour. La musique est parfois si belle qu'il faudrait être deux pour l'écouter. Quand on donne du Bach ou du Mozart, il m'arrive d'aller frapper à la porte du directeur pour l'inviter à écouter. (1963)


N


Navire

Avoir le sens du tragique, c'est savoir, car c'est cela la réalité, qu'un navire est une constante victoire sur un naufrage toujours possible

Noël

On peut croire à tout ou à rien, Noël a été et demeure un fait. Et que veut dire ce fait ? Ceci, que le Grand Renverseur, comme disait Papini, est venu parmi nous et, avec lui, l'espérance que le monde, un jour, tournera à l'endroit ; que c'est même commencé, quelles que soient les apparences, car il a vaincu le monde, celui dont on rappelle demain la naissance. Il l'a vaincu en changeant le signe du Pouvoir.

Noël, son sens

L'incontestable signification de Noël, c'est que l'homme a besoin d'espérance.


O


Optimiste

Pour être optimiste, il faut singulièrement manquer de mémoire et d'imagination.


P


Parler et imposture

Parler, s'adresser à des hommes quand on est dépourvu de message, c'est une imposture. 

Partage

Après le partage de la terre, il y a eu le partage de l'énergie, qui a donné la révolution industrielle. Avec la diffusion de l'information, qui est une forme du partage du savoir, il est fatal que l'homme en arrive à désirer le partage du pouvoir. C'est là que nous sommes rendus, et l'Église avec nous.

Participation des jeunes

Cependant, justement parce que je crois que chaque génération apporte quelque chose de nouveau, et peut-être surtout celle-là, j'estime qu'il faut être ouvert devant les revendications des jeunes.

Patience et rapidité

La patience n'est pas une vertu de la jeunesse. Prompte à identifier les problèmes, la jeunesse voudrait les résoudre rapidement.

Pauvres

C'est aux pauvres d'abord que le Christ est venu annoncer la Nouvelle du Salut, non pas pour les endormir, mais pour assumer leur espérance. Cette espérance, qui souvent ne sait pas son nom, est le véritable moteur de l'Histoire.

Pauvres et amour du pouvoir

Quand on commence par tuer beaucoup de pauvres, par amour des pauvres, on n'en finit plus de tuer ou d'écraser les pauvres, par amour du pouvoir.

Pauvreté et injustice

On n'a supprimé ni la pauvreté, ni l'injustice en supprimant le Christ. On a par contre très bien réussi à uniformiser l'une et l'autre.

Pauvres et perdants

Des millions de personnes moururent pour des intérêts en forme de faucille ou de $. Toujours partants, les pauvres ; toujours perdants. Des hochets, des médailles et, après, des monuments et des chansons. C'est ainsi que les petits se font avoir.

Peine, la dire

Nous autres, les bêtes à mots, il ne nous suffit pas d'avoir de la peine : il faut la dire au moins à soi-même. (Hommage à André Laurendeau)

Peuple et pouvoir

Nous sommes un peuple ; un petit peuple, mais un peuple. On épuise ce peuple au nom d'idées desséchées que rien ne Nous sommes un peuple ; un petit peuple, mais un peuple. On épuise ce peuple au nom d'idées desséchées que rien ne garantit, sauf une potée d'hommes qui veulent le pouvoir sans dire ce qu'ils en feraient s'ils l'obtenaient.

Philosophie enseignement

Quant à la question fondamentale, c'est-à-dire l'enseignement de la philosophie au collégial, mon idée est faite : cet enseignement est nécessaire et menacé. Je n'explique pas le premier point. Quant à la menace, elle vient de partout.

Philosophie menacée

La menace vient aussi du corps professoral. Je me demande s'il a les épaules assez fortes pour porter la responsabilité de l'enseignement de la philosophie au Québec.

Piraterie

Les actes de piraterie sont terribles, parce qu'ils administrent plusieurs preuves de l'ébranlement du monde, et cette fois, il s'agit bien du monde entier : l'otage, c'est la planète.

Planète menacée

Aujourd'hui, c'est la planète, dans sa matérialité et sa sphéricité mêmes, qui est menacée. Or, il paraît que nous n'avons pas de planète de rechange. Par contre, l'Église maintient que nous avons tous un coeur de rechange. Elle le connaît bien et c'est à lui qu'elle s'adresse.

Poker et politique

Le Québec joue au poker avec une paire de deux et Ottawa a toujours une paire d'as dans sa manche. La paire d'as, c'est qu'il y a toujours neuf gouvernements contre un. Il ne reste plus au croupier qu'à ramasser la mise.

Politique et péché

Il y a bien trois péchés : humilier le pauvre ; scandaliser l'enfant et enlever l'espoir aux hommes.

Polyvalence

Il y avait cette option occulte derrière la polyvalence, et je ne la juge pas, loin de là : elle reflétait le réalisme millénaire qui veut simplement ceci : que chacun gagne sa vie.

Pouvoir

Le propre du pouvoir, c'est de vouloir s'étendre.

Pouvoir  et histoire

L'Histoire, c'est l'histoire du Pouvoir. Et l'histoire du Pouvoir, c'est l'histoire des carnages. Du premier coup de poing à la bombe atomique, le progrès est linéaire et ininterrompu.

Pouvoir et participation

La participation au pouvoir, dans quelque ordre que ce soit, c'est aussi la participation aux responsabilités.

On est, en général, plus prompt à réclamer l'un qu'à assumer les autres.

Pouvoirs

Il y a deux pouvoirs : le pouvoir évangélique et le pouvoir militaire. Selon le pouvoir évangélique, celui qui gouverne se fait le serviteur de tous et meurt; il ne tue personne.

 

Pouvoirs militaires

Il existe deux pouvoirs militaires : le pouvoir totalitaire et le pouvoir démocratique.

Pouvoir totalitaire

Ce qui caractérise le modèle totalitaire, c'est le fait d'ériger la partie en tout. La partie peut être un parti politique, la race, I'État, une classe, une langue.

Présent

Blâmer le passé ou s'inquiéter exagérément de l'avenir sont deux formes du même alibi : le refus du seul temps où l'on peut agir, même sans certitude absolue : le présent.

Prière   (Dans Lettre à Jésus-Christ)

Mais tu sais que depuis des années ma seule prière, c'est celle de ton serviteur Ignace d'Espagne ; c'est celle que je t'adresse en marchant, dans l'autobus ou dans le train, ou au moment de laisser tomber, de me décourager. Je dis : « Seigneur, apprends-moi à être humble, fidèle et courageux. Apprends-moi a t'aimer, toi seul… 

Prière de saint Ignace (Dans Lettre à Jésus-Christ)

« Seigneur, apprends-moi à être humble, fidèle et courageux. Apprends-moi a t'aimer, toi seul ; à te servir comme tu mérites d'être servi, à donner sans compter, à combattre sans souci des blessures ; à travailler sans chercher de repos ; à me dépenser sans attendre d'autre récompense que celle de savoir que je fais ta volonté. »

Prière à Jésus (Dans lettre à Jésus-Christ)

Et encore : je te demande toujours de m'utiliser pour ta gloire. De m'utiliser, parfaitement, de m'utiliser. N'importe comment, mais fais attention : je ne suis pas très courageux. J'ai peur de ce que je te dis là. Tout d'un coup que tu choisirais un moyen ténébreux, épouvantablement déroutant. Enfin, comme tu voudras. M'utiliser pour ta gloire ; et ta gloire, c'est le coeur de l'homme.

Privé-Public, existence reconnue

L'État doit non seulement  tolérer ces institutions, mais leur fournir les moyens appropriés d'existence. Car enfin, la permanence des institutions privées établit qu'elles répondent à des besoins….. et représentent un stimulant pour le système public majoritaire.

Privé-public, milieu de vie

Touchant la qualité du milieu de vie, je reconnais qu'elle est meilleure en général que dans les institutions publiques. Cela tient principalement à la dimension plus réduite des institutions en cause et au fait qu'elles ont été généralement épargnées par les secousses externes.

Privé-Public, valeur

Il est indéniable que la souplesse administrative des institutions privées demeurera pour longtemps une de leurs caractéristiques positives.

Prix à payer

J'ai toujours admis - du moins au fond de moi-même - qu'il y a un prix à payer pour les extravagances.

Prohibition

La prohibition totale de toutes les drogues ne me paraît pas écluser leur circulation, elle me paraît plutôt engendrer les canaux de l'égout (drogues frelatées). (1970)

Projet

Mon projet, (comme éditorialiste de La Presse), c'est de vivre avec vous autres jour après jour, et de réfléchir publiquement sur « ces choses qui nous arrivent ». Au fond, rien n'est banal. Le banal, c'est ce qui n'est pas dit ou mal dit.


Q


Québec

Défendre le Québec ne se fait pas d'Ottawa, car Ottawa n'a pas été conçu pour le Québec.

Québec-Canada

Le Québec, historiquement, a toujours été l'élément moteur de l'évolution politique du Canada.

Québécois en promotion

Maintenant, on veut promouvoir ce qu'on appelle le québécois. Le québécois est une langue qui se désorganise autour d'une interjection : stie. Cela remplace le lolo des enfants.

Québec et prudence

Le Québec se répète peut-être le proverbe espagnol : Des supérieurs et des mules, plus on est loin, mieux c'est.

Questions, les grandes

Les hommes, de toute façon, depuis qu'ils existent, jouent aux quatre-coins avec cinq ou six questions. La mort, l'amour, la liberté, le bonheur, la vérité. Une autre, pour la « luck ». On ne brasse jamais autre chose de sérieux. Le reste, c'est pour les conversations de trains, de piscines ou de cocktails.


R


Réforme scolaire

J'ai l'impression que la réforme scolaire a été une locomotive sans train. Ou alors, il n'y avait pas beaucoup de wagons.(1970)

Réforme scolaire et politique

La réforme scolaire a politisé le système scolaire, c'est-à-dire qu'elle lui a donné un caractère, un rôle et une portée politiques.

Réforme scolaire 10 ans après

En fin de compte, on est amené à constater que si tout le monde voulait une réforme scolaire vers les années '60, il y en a moins qui aiment celle qui a été réalisée. Les enseignants sont révoltés ; les administrateurs sont surmenés, les parents sont inquiets et les élèves sont indifférents ou eux-mêmes révoltés. (1973)

Respect et mépris

On ne respecte plus rien quand on est trop tôt obligé de mépriser.

Responsabilité

La seule attitude positive (devant la jeunesse), c'est la responsabilité c'est-à-dire la prise en charge.

Révolution

La révolution que le Christ a apportée est un renversement des valeurs, non un renversement de gouvernement.

Révolution culturelle

En vérité, le Québec est le lieu de deux grands débats : le débat national et le grand bouleversement occidental, cette grande mue que les savants appellent la révolution culturelle.

Révolution féconde

Toute révolution féconde consiste à retrouver des traditions, non à claquer des portes et à repartir à zéro. Vivre, c'est durer.

Révolution tranquille

Au Québec, la révolution tranquille s'est passée substantiellement à propos de l'école. Tout s'est passé comme si on avait cru que, faisant la réforme scolaire, nous résolvions tous nos problèmes, au moins pour une génération. Il n'y a pas d'infamie à avoir cru cela.

Riches et pauvres

Enlever aux riches n'a jamais enrichi les pauvres.

Riches et pauvres

Pour qu'un État soit riche, il faut que chacun préfère être pauvre dans un État riche, à être riche dans un État pauvre. Un immense effort de rationalité doit alors être consenti par tous. Raison et ration ont la même signification originelle.

Rigueur

La rigueur en économie, c'est l'austérité ; la rigueur dans l'intelligence, c'est la lucidité.


S


Saluer des inconnus

Il arrive toutes sortes de choses splendides quand on marche par les petites rues de la basse-ville. Ou encore, je dis, en passant, à une fillette : « Bonjour, madame. » Elle court vers sa compagne et dit : « Le monsieur, il me connaît. »

Silence et richesses

Le silence, comme les richesses, est mal distribué.

Simplicité

La simplicité qui caractérise ma communauté est pour moi d'un grand secours. Nos relations quotidiennes sont simples. Il y a là-dedans du Québécois!

Socrate et Jésus

J'aime Socrate, mais il ne me vient jamais à l'idée de lui parler. Je t'aime, (Jésus), certes plus que je n'aime Socrate. Il y a au moins ça d'en plus dans mon amour pour toi.

Symbole

Un symbole vaut plus que cent mille dollars pour nourrir une idée.

Système judiciaire

Quand je défends le système judiciaire, malgré ses trous, je ne défends aucune idéologie personnelle ; je défends un vieil acquis de civilisation. Les tribunaux populaires, c'est la barbarie. J'aime plus la liberté et la rationalité que ma langue même.


T


Taxes

Touchant les taxes : rapatrier tout ce que nous pouvons. L'argent n'engraisse pas en passant par Ottawa.

Thèse

Je ne suis pas une bête-à-thèse. Il m'est dur de rédiger un devoir d'écolier, et une thèse n'est qu'un exercice. Sur mille thèses, il n'y en a pas deux qui comptent. (En 1963)

Transformation du monde

La lettre de Paul VI au Cardinal Maurice Roy prend acte des profondes et rapides transformations où l'humanité s'est engagée, qualifiant cette étape d'irréversible, et parle carrément d'une nouvelle civilisation.


U


Université et idéologie

Si une université s'occupe plus d'idéologie que de science, elle fabrique de la fausse monnaie. Le paradoxe, c'est que les contribuables payent le salaire des faux-monnayeurs et l'entretien de la fausse monnaie que seront les diplômés de ces institutions de haut-parloir.


V


Valeurs

La révolution que le Christ a apportée est un renversement des valeurs, non un renversement de gouvernement.

Valeurs et lois

Nous vivons tous à crédit de valeurs. Il n'y a plus grand-chose qui nous tient ensemble, sauf un appareil juridique.

Valeurs personnelles

C'est seulement quand les valeurs personnelles de la majorité sont menacées qu'il y a réaction populaire. Ces valeurs sont au nombre de trois : le gagne-pain, la religion, la langue.

Vie, son sens

Bien au-dessus du niveau de vie, il y a le sens de la vie. Tout le monde sait ça.

Violence

Les jeunes nous ont appris qu'ils avaient appris de nous la violence. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont rien inventé à ce sujet. Il y a longtemps que l'on sait, sur cette planète, que le plus court chemin entre une opinion et une autre passe par la force.

Vivre

Vivre, c'est toujours vivre avec des partenaires, rarement choisis. Vivre, c'est toujours négocier de vivre.


F I N


Retour au texte de l'auteur: Jean-Paul Desbiens, philosophe et essayiste Dernière mise à jour de cette page le vendredi 24 avril 2009 15:33
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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