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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Paul Desbiens, Sélection de citations. AINSI DONC... Journal 1998-1999. (2000). Une présentation et une sélection de Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer, Qc. Chicoutimi: Les Classiques des sciences sociales, 20 juillet 2011, 40 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 20 janvier 2005 de diffuser la totalité de ses publications.]

Présentation
Sélection de citations.

Présentation

Par Laurent Potvin,
frère mariste, 20 juillet 2011.


« Un journal ne doit pas être un étalage.
 Nos idées, nos pensées, nos émotions,
nos humeurs, nos jugements surtout
 ne méritent pas tous d'être fixés.
 »

Jean-Paul Desbiens,
« Ainsi donc… »


     Jean-Paul Desbiens nous offre ici ce que j’appelle « son  journal de fin de siècle » car il couvre les années 1998 et 1999. Il convient d’abord de nous demander quelle est sa conception d’un Journal personnel… Relisez bien la citation placée en exergue…Dans ces considérations, Jean-Paul Desbiens entend s’imposer clairement des limites qu’il veut respecter dans cette  entreprise quasi journalière de rédaction. À la fin de la lecture de cette Sélection de citations, ce sera à vous d’apprécier s’il y a respecté scrupuleusement de telles limites. La lecture de tout l’ouvrage « Ainsi donc… » vous permettrait  sans doute  d’en mieux juger.

     Nous vous proposons dans les pages suivantes de cette « Sélection de citations »  des passages que nous avons jugés particulièrement  intéressants et importants. Ce choix vous fera part des points de vue qui méritent d’attirer notre attention en ce qui concerne la pensée de cet auteur  prolifique qui a abordé dans sa carrière d’écrivain nombre de sujets parfois brûlants… Vous y rencontrerez les noms de personnages – des amis, des écrivains, des politiciens - dont il a voulu souligner la mémoire, surtout parmi les disparus. Vous y verrez aussi les noms de quelques personnes que  les hommes  ont voulu honorer compte tenu de leurs ouvrages ou des rôles qu’ils ont joués dans la société.

     Devriez-vous vous étonner de ce que les sujets portant sur la religion l’enseignement, l’éducation soient abordés parmi les réflexions qui figurent dans le  Journal personnel d’un religieux enseignant ? On ne peut ignorer le rôle clef que l’éducation de la jeunesse joue dans toute société. De plus, l’Histoire est là  pour nous rappeler quel rôle capital l’éducation a joué de tout temps dans les sociétés,  que cette éducation ait été assurée d’abord par les seuls parents, puis par les maîtres choisis par eux, et ensuite par les Églises, par les États… et par les médias en général. 

     Vous noterez enfin que plusieurs aspects de la vie des hommes et de la société intéressent Jean-Paul Desbiens. Que ses lectures abondantes - livres, journaux, revues -  aient, avec le temps, modelé et comme affiné  sa pensée  au cours de sa carrière, rien de plus évident. Mais il a su conserver devant ces sources  aussi diverses que nombreuses un esprit critique que ses réflexions  nous font percevoir dans ses écrits. C’est ce qui fait indéniablement la qualité de ses propos.

     Des citations plutôt courtes, si pertinentes soient-elles, ne remplaceront jamais la lecture des ouvrages où elles ont été puisées.  Vous éprouverez sans doute le besoin de vous procurer « Ainsi donc… » publié par les Éditions Logiques dans le but d’en prendre connaissance à tête reposée. Vous y découvrirez sans doute un supplément de citations fort intéressantes révélatrices du talent de communicateur de cet auteur. Vous obtiendrez ainsi votre propre sélection en supplément.

     La sélection que vous allez parcourir vous invitera certainement à vouloir prendre plus ample connaissance de ce Journal de Jean-Paul Desbiens : Jérusalem, terra desolata.  En effet, ce n’est pas en quelques pages, comme celles que vous lirez ici, qu’il est possible de saisir les nombreuses facettes de la pensée de Jean-Paul Desbiens présente à ses lecteurs après un tel séjour.  D’autant plus qu’en prenant connaissance des pages de son volume vous pourrez  avoir accès aux   renseignements que  professeurs et autres spécialistes  ont, à tour de rôle, fournis aux  auditeurs dont Jean-Paul Desbiens, incidemment, était le doyen d’âge.  Vous pourrez alors mieux saisir les réactions que l’auteur exprime  dans Jérusalem, terra desolata.

Laurent Potvin
frère mariste, Château-Richer,
20 juillet 2011
Les Classiques des sciences sociales




SÉLECTION DE CITATIONS

Ainsi donc... Journal 1998-1999. (2000)

 (Jean-Paul Desbiens)


« Voici quelques passages de mon Journal. personnel. »

Une sélection de Laurent Potvin, frère mariste.

A

Aimez vos ennemis

« Je lisais récemment, mais je n'ai pas noté la référence : « Jésus a dit : aimez vos ennemis. Il n'a pas dit : n'ayez pas d'ennemis. » Excellente remarque pour un paranoïaque léger dans mon genre. »

Alexis Carrel

« Cherchant une référence dans L'homme, cet inconnu (Alexis Carrel, 1935), je suis amené à relire plusieurs pages et je suis étonné de l'actualité des réflexions de Carrel sur l'éducation, le féminisme, les dangers des engrais chimiques, de l'élevage industriel des animaux en vue de la consommation, etc. Si, par impossible, on publiait ce livre sous un autre nom, il deviendrait de nouveau un best-seller. »

Alphabet en une phrase

« Dans un jeu questionnaire du Nouvel Observateur de juillet dernier, je trouve cette phrase que je connaissais, mais que j'avais oubliée : « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume », qui présente la caractéristique de contenir toutes les lettres de l'alphabet.

Artistes célèbres

« Frank Sinatra vient de mourir à l'âge de 82 ans. La liste de ceux que j'ai vus ou entendus serait longue. Je ne suis pourtant pas un gros consommateur de spectacles (cinéma, télévision, chansons). Il me vient rapidement en mémoire quelques noms : Tino Rossi, Jean Gabin, Yves Montand, Édith Piaf, Bing Crosby, Nathalie Wood, John Wayne, Fernandel, Rina Ketty, etc. » 

Artistes et interprètes

«Les grands interprètes sont des conducteurs, non pas simplement d'émotions fugaces, mais de la sensibilité de toute une époque. D'où vient que leur mort crée un vide. Ce vide est maintenant comblé par la technique. La technique, en effet, est une forme de spiritualisation de la matière. Avec les gadgets appropriés, je pourrais revoir Sinatra dans le film Tant qu'il y aura des hommes, où il tenait le rôle d'un simple fantassin de l'armée américaine durant les mois qui précédèrent Pearl Harbor. »

Avenir du catholicisme

« En soirée, je donne une conférence à l'occasion de l'inauguration officielle du centre Saint-Charles-Borromée. Mon sujet était : L'avenir du catholicisme à l'aube du troisième millénaire. »  

B

Base  militaire de Bagotville

« C'était la première fois que je pénétrais, si peu que ce soit, dans l'univers de l'armée. Mon impression la plus forte, c'est le respect du protocole, la stricte répartition des responsabilités et, par-dessus tout, les énormes responsabilités de chacun, assumées avec grâce et calme. Le commandant de la base a quelque 1300 personnes sous ses ordres. Un seul F-18 coûte 25 millions de dollars… »

Bon  vieux temps

« Le bon vieux temps ! Le « bon vieux temps » était aussi terrible que le temps où je suis. Je ne manque pas d'exemples à ce sujet. Et je fais effort pour ne point chuter dans le ressentiment. Je réussis plutôt bien. Que Dieu me garde en cet état ! »

Bruno Hébert

« À l'occasion des 150 ans de présence au Québec des Clercs de Saint-Viateur, Bruno Hébert a publié un gros ouvrage intitulé Le Viateur illustré. Il avait demandé à Guy Lemire et à moi-même de faire office de miroir pour cet ouvrage d'histoire. Autrement dit, d'en faire une lecture parallèle en regard de l'histoire des frères maristes et de celle des frères des Écoles chrétiennes. »

C

Cahiers de Cap-Rouge

« Réunion du comité de rédaction des Cahiers de Cap-Rouge. Nous décidons de mettre fin à cette aventure qui dure depuis 27 ans. Il n'y a plus d'argent, le « lectorat » se limite à une petite centaine d'abonnés, bref, cette publication n'a plus aucune pertinence. Les choses naissent, se développent et meurent. »

Camille Laurin

« Camille Laurin  était de la première mouture du PQ. Je n'ai pas oublié qu'il m'avait dit : « Le Parti québécois est un parti politique. Il n'est pas un mouvement. » J'aime les distinctions de concepts : elles sont économiques. Penser, c'est distinguer. Il y a autre chose, et bien supérieure à penser, mais on ne peut pas penser sans distinguer. »

Canards jamais mouillés

« Je remarque  que nous ne manquons pas d'informations. Nous sommes comme des canards sous l'averse, mais, justement, nous portons tous un habit de canard. Plus grand-chose ne nous mouille, ne nous pénètre. »

Canonisation de Marcellin Champagnat

« Le 18 avril 1999, Rome, canonisation de Marcellin Champagnat, fondateur des frères maristes. Tous les frères qui le désiraient et qui le  pouvaient ont été autorisés à se rendre à Rome pour la circonstance. Ils sont 21. Partis le 14, ils reviendront le 21. Ils sont accompagnés de 26 membres des Fraternités maristes. Ce voyage organisé par une agence et minuté au quart de tour ne m'intéressait aucunement. Mais je tenais à me rendre à la maison provinciale à Château-Richer où l'on célèbre la canonisation de Marcellin Champagnat simultanément avec la célébration qui se passe à Rome. »

Célébrités donnant leurs noms au XXIe siècle?

« Michel Vastel, dans Le Soleil du jour,  consacre un long article à Pauline Julien  sous le titre : « Une certaine façon de faire de la politique disparaît. » Il termine ainsi : « Le XXIe siècle sera celui de Céline Dion et de Lara Fabian. » Ouais ! Il est prématuré d'engager le XXIe siècle à partir d'une couple de chanteuses. »

Ciel,  purgatoire, enfer

« À propos du purgatoire. Un entrefilet du Soleil nous informe que le Pape a expliqué hier que le purgatoire, tout comme le paradis et l'enfer, n'était pas un lieu physique, mais un état dans lequel se trouvent les esprits après la mort. Mon Dieu ! On savait ça depuis un petit moment ! Mais il ne faut pas sous-estimer l'ignorance religieuse. »

Civilisation et médiatisation

« On me croira si l'on veut, mais je dis que je comprends la chose, car tel est l'état de la civilisation où nous sommes, où je suis. Au demeurant, il s'agit d'une terrible régression. À l'heure qu'il est, on n'existe que si l'on est médiatisé de quelque façon. »

Clonage

« Le clonage humain… Il fallait s'y attendre, après le clonage de la brebis Dolly, le clonage humain ne pouvait pas tarder. Un chercheur américain, Richard Seed, vient de déclarer : « Cloning is the first serious step in becoming one with God. » Il reste encore quelques obstacles techniques à surmonter avant de  créer des corps humains dépourvus de conscience, mais que l'on pourrait maintenir en vie comme sources d'organes. »

Comportements aberrants

« Aujourd'hui, c'est plein de « logues » qui expliquent et donc justifient les comportements les plus aberrants. Y compris l'assassinat d'une vieille femme de 81 ans par cinq ados. Bien ! Je n’ai rien contre le fait. Contre un fait, on n'a jamais rien à dire. Qu'avez-vous à dire contre un tremblement de terre ? »

Contemplatif

«L’âge aidant, je suis devenu contemplatif à l'égard des femmes. Contemplatif, mais non pas voyeur, dois-je préciser. Je la vois davantage comme « autre » et par « autre », je veux dire bien plus que « différente », ce qui ne serait qu'une lapalissade. »

Cour suprême

« La Cour suprême du Canada a rendu son jugement sur les conditions d'une éventuelle sécession du Québec. Ce qui m'intéresse davantage dans ce jugement, c'est l'affirmation qu'une réponse claire à une question claire obligerait le Rest of Canada à négocier avec le Québec, et vice versa. »

Courage et lâcheté

« Au fait, quand on est courageux, on ne le sait pas. On sait seulement à quel moment on ne l'a pas été. La frontière qui sépare le courage de la lâcheté est fort étroite. Elle n'est jamais fermée. On peut toujours la retraverser, dans une direction ou dans l'autre. »

D

Défis à relever

« Je termine, ces jours-ci, la conférence que je dois donner à l'Université Laval dans le cadre du congrès de l’ACFAS sur le thème du « Développement de l'esprit critique : un défi éthique et éducatif ».

Demandes  à Dieu

«Une hymne de l'Office porte ceci : « Regarde-nous, et nous verrons. » Inversement, le Miserere demande à Dieu de détourner sa face de nos péchés. Si Dieu détourne son regard, il supprime. »

Démocratie ou médiacratie?

« Nous nous flattons d'être en démocratie ; nous ne sommes pas encore en anarchie,  laquelle précède depuis toujours la tyrannie. Nous sommes en médiacratie. Nous n'avons évidemment pas digéré, assumé, dominé le règne de l'image. »

Dérives de la pensée

« Dans un long article publié dans Esprit (février 1999), sous le titre Réenchantement ou crépuscule du christianisme ?, Joseph Moingt, s.j., écrit que la montée des périls contre le christianisme est due principalement aux dérives de la pensée théologique entraînée elle-même par les déviations de la pensée philosophique. »

E

Écrire et lire

« Lire et écrire sont les deux termes d'une même relation. À la question : « Pourquoi écrire ? », on peut répondre par la question : « Pourquoi lire ? » On écrit pour être lu et on lit pour s'instruire ou se divertir. En aval, écrire est premier, mais en amont, lire est premier, car pour écrire, il faut avoir lu. »

École et histoire

« Dans l'histoire, et on peut remonter jusqu'à Aristote, l'école a toujours fait problème. À ce sujet, il n'est pas facile de défoncer ou de dépasser le magistral ouvrage de Henri-Irénée Marrou : Histoire de l'éducation dans l’Antiquité (Seuil, 1948). »

Égalité entre les sexes

« L'exigence d'une égalité mécanique est une bêtise. Les hommes (précisons, il le faut maintenant, que j'emploie « homme » comme terme inclusif) sont égaux en dignité, en nature, en destinée. Mais les fonctions, les rôles, les métiers exigent une certaine répartition qui n'a rien à voir avec une égalité mécanique, mathématique, démagogique, pour tout dire. »

Églises et patrimoine

« Ici, au Québec, dans les villes et villages, les plus beaux monuments (et souvent le seul), ce sont les églises. Il y a 200, 150 ou 100 ans, de petites communautés pauvres trouvaient sens et moyens de bâtir ces églises qui, de toute façon sont des lieux communs d'accès gratuit et constituent une part importante de notre patrimoine. »

Électricité et hubris

« Tant mieux si la crise du verglas (1990) aura amené les citoyens à en rabattre un peu de leur dépendance vis-à-vis de l'électricité. Je dis : les citoyens. Je devrais dire : le gouvernement. Ce sont les gouvernements successifs qui ont cédé à l'hubris électrique. Hubris, je veux dire la démesure, l'orgueil démesuré. »

Encyclique « Foi et raison » du 15 octobre 1998

« Citant saint Augustin, le Pape écrit : « J'ai rencontré beaucoup de gens qui voulaient tromper, mais personne qui voulait être trompé. » Enfin, l'objectif même de cette encyclique est de contrer le divorce actuel entre philosophie et théologie parce que la raison et la foi se sont toutes deux appauvries et se sont affaiblies l'une en face de l'autre. »

Enseignement au temps de nos ancêtres

« J'étais l'invité d'honneur du Bal du Commandant, dans le cadre du carnaval-souvenir de Chicoutimi. Chaque année, on se reporte 100 ans en arrière et on invite les gens à revêtir un costume d'époque. Il va de soi que l'on m'avait demandé de porter soutane, rabat, crucifix. Le thème : L’enseignement au temps de nos ancêtres. »

Ernst Junger

« Ce matin, un correspondant français m'envoie deux coupures de journaux sur la mort de Jünger. J'apprends qu'il était un ami de longue date de François Mitterrand qui disait de lui : « C'est un homme libre ». Une des coupures est intitulée : Ernst Jünger, ou la traversée d'un siècle de fureur. Si je me risquais à caractériser Jünger par un seul mot, je dirais : altitude, laquelle implique détachement. »

Esprit critique à  cultiver

«Je termine, ces jours-ci, la conférence que je dois donner à l'Université Laval dans le cadre du congrès de l’ACFAS sur le thème du « développement de l'esprit critique : un défi éthique et éducatif ».

Esprit du temps

« Ils seront bientôt veufs ceux qui épousent l'esprit du temps.  Ils seront bientôt dépassés, ceux qui tournent les pages. On ne tourne pas les pages de l'histoire comme on tourne les pages de Paris Match. »

Évangile, paix, amour

« Jésus dit, dans l’Évangile : « Je vous laisse la paix, c'est ma paix que je vous donne. » Il dit aussi : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Pour Jésus, la paix ne signifie pas l'absence de combat, mais la présence de l’amour."

F

Fin de siècle ou fin du monde?

« L’absurde a fait ses preuves, notamment durant ce siècle agonisant. Ce siècle pour rien, que les médias cherchent à occulter en nous braquant sur le 31 décembre 1999. Bogue ou pas bogue…..À Paris,  tour Eiffel, il y aura foule  comme partout dans le monde. Sur la place Saint-Pierre, à Rome, sans doute. Il y avait grande foule aussi, à Jérusalem, vers la fin de l'après-midi du Vendredi saint. Y a rien de plus poule que les foules. »

Flaubert, appréciation d’un de ses ouvrages

« La tentation de saint Antoine est un monument d'érudition et un concentré de l'histoire de l'Église des trois premiers siècles du christianisme. L’introduction et les notes de l'édition (Folio 1997) sont fort éclairantes. »

Foi et Raison

« Première séance du séminaire de lecture sur Foi et raison. Nous sommes huit participants. Le texte est très dense et l'échange stimulant. Contre l'opinion que la foi impose des ornières, je retiens que : « La raison dispose d'un espace particulier qui lui permet de chercher et de comprendre, sans être limitée par rien d'autre que par sa finitude face au mystère infini de Dieu. »

Frederick Buechner.

 « Je sais peu de choses sur lui, sauf qu'il est un pasteur de l'Église épiscopalienne et qu'il vit dans une petite ville du Vermont. Il a écrit quelque 27 livres, essais, romans, mémoires. Par contre, j'en suis à ma troisième lecture de Listening to Your Life, un recueil de brèves méditations, une pour chaque jour de l'année, choisies dans l'ensemble de son œuvre par un de ses amis. »

G

Georges Duhamel

« J'écris ces choses sortant de plusieurs heures de lecture et de relecture des Récits des temps de guerre, de Georges Duhamel. Je m'étonne qu'un homme comme Duhamel soit maintenant totalement oublié. Comme le seront tous les « m'aura-t-on vu » du printemps de Paris, ces jours-ci. Y compris les bouderies des ministres et ministresses. Il a vécu la guerre de 1914-1918 comme médecin-chirurgien. Il a soigné, pansé, amputé des milliers d'hommes. Il l'écrit en une langue souveraine, mais, je dirais, sans indignation rétrospective. Il était né pour vivre vieux et honoré. »

Grandes questions

«Je suis gouverné depuis longtemps par l'idée qu'il faut résoudre en soi et pour soi les plus grandes questions. »

H

Homosexualité

« Si je parle souvent d'homosexualité (dans mes ouvrages,) c'est un peu parce qu'on en parle quand même passablement dans les médias. Les homos ne vivent plus dans les placards. La société les y a remplacés par les fumeurs ! »

Hommes, femmes

« Après tout, « une femme, c'est un homme comme les autres » (Groucho Marx) Ou l'inverse. Pourquoi me priverais-je ici de répéter (et consciemment) une remarque de Valéry : « Tout homme contient une femme. Mais jamais sultane mieux cachée que celle-ci. » Le mot sexe veut dire division. La biologie s'occupe de réduire cette division. La mythologie grecque la présentait comme une punition des dieux jaloux. Jésus dit tranquillement et quasiment distraitement, qu'au bout du compte, nous serons tous comme des anges. »

Homosexualité et norme

« Ma position est simple : l'homosexualité ne peut ni être une norme ni un objet de fierté. Par contre, elle favorise le commerce. Je lisais dans un journal que le tourisme gay est une mine d'or pour Montréal et que la ville multiplie les démarches pour attirer le tourisme gay. Ville pour touristes, ville servile. »

Horaires à respecter

« Je suis soldatesque en matière du respect d'un horaire annoncé. Les centaines de réunions que j'ai  présidées dans ma vie ont toujours commencé à l'heure annoncée et se sont toujours terminées de même. Je couperais une phrase en deux pour respecter un horaire annoncé. À la longue, et même assez rapidement, cette exigence donne de l'autorité, indépendamment du contenu de la réunion. En fait, cela donne du contenu à la réunion elle-même ! »

I

Identité : toujours en recherche

« À l'heure qu'il est, le Québec et l'Europe (excusez du peu), et je pourrais bien ajouter la planète, cherchent leur être, leur identité, c'est-à-dire leur permanence dans le temps. La raison de leur permanence, le sens d'en vouloir une de permanence. Or, tout déboule, comme une corde de bois mal cordée. »

Ignorance religieuse

« À propos du purgatoire. Un entrefilet du Soleil nous informe que le Pape a expliqué hier que le purgatoire, tout comme le paradis et l'enfer, n'était pas un lieu physique, mais un état dans lequel se trouvent les esprits après la mort. Mon Dieu ! On savait ça depuis un petit moment ! Mais il ne faut pas sous-estimer l'ignorance religieuse. »

Improvisation difficile

« J'ai déjà bien de la misère à improviser en français ! Et je ne connais absolument personne qui improvise comme du monde, en français… ou en chaire. »

Infirmières et loi syndicale

« Les infirmières, les « douces », comme répétaient les médias, sont précisément trop proches de l'objet de leur travail (un malade bien concret, dont elles savent qu'il pourrait fort bien être un proche) pour appliquer la dure loi syndicale. Mais les petits ont le souffle court. Ils ont été programmés pour l'avoir court, le souffle. Aussi bien, c'est encore des plus pauvres (que les infirmières) qui subiront leur mauvaise humeur, leur fatigue,  leur épuisement même. »

Informations surabondantes

« Je remarque  que nous ne manquons pas d'informations. Nous sommes comme des canards sous l'averse, mais, justement, nous portons tous un habit de canard. Plus grand-chose ne nous mouille, ne nous pénètre! »

J

Jacques Normand

« J’apprends la mort de Jacques Normand. Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, il y a quatre ans, lors de la remise des insignes de l'Ordre national du Québec. J'étais fort content qu'il ait été proposé et reçu. Il fut l'un de ceux qui relancèrent la chanson française au Québec après la guerre J'ai éprouvé un petit pincement au cœur en apprenant que la cérémonie de ses funérailles n'avait eu aucun caractère religieux. Quelle  désespérance avait-il longuement cachée sous ses allures gouailleuses ? »

Je me souviens

« L'art de savoir à l'avance, c'est de se souvenir. On ne peut toujours pas nier cela : c'est écrit sur les plaques d'immatriculation des autos. Que voulez-vous de plus ? »

Jean Drapeau

« J'ai rencontré le maire Drapeau à plusieurs reprises : durant la Crise d'octobre 1970 ; à l'occasion de deux ou trois déjeuners de la prière ; et surtout, à la suite d'une invitation spéciale, le 26 juillet 1986. J'avais passé l'après-midi complet seul avec lui dans son bureau de l'hôtel de ville. Il m'avait longuement parlé de sa réplique au « Vive le Québec libre » du général De Gaulle. »

Jésus, s’il revenait…

« Dans Le Soleil du jour, que lis-je ? Ceci : Si Jésus revenait sur terre, il se brancherait. Ça vient d'un frère bénédictin. Ils ne sont jamais les derniers, eux autres, à se brancher sur les patates ou le fromage. Pour la raison qu'ils tiennent le bout d'une ancre plantée dans les cieux : Sicut anchoram habemus. »

Jour du Souvenir

«Cette année marque le 80e  anniversaire de l'armistice qui mettait fin à la Première Guerre mondiale. La Seconde Guerre mondiale et celle de Corée ont coûté la vie à 116 000 Canadiens. Le 11 novembre rassemble maintenant le souvenir de tous ces morts. »

Journal, non étalage

« Un journal ne doit pas être un étalage. Nos idées, nos pensées, nos émotions, nos humeurs, nos jugements surtout ne méritent pas tous d'être fixés. Que de choses nous traversent l'esprit, comme on dit, et qui font très bien de le traverser, sans plus. Aucun profit à les inviter à s'installer ! »

Journal personnel

« Après 1992 j'ai continué à tenir mon journal, mais avec l'intention de le publier. Je continue dans la même intention. Est-ce que pour autant je me prends pour un auteur « ayant résisté à l'épreuve du temps » ? Cette prétention serait pire que la présumée fringale d'informer les galaxies de mon vécu quotidien! »

Journal personnel, sa définition

« Il existe autant de définitions, de  conceptions, de pratiques d'un Journal qu'il y a de diaristes. »

Judith Jasmin

« Enregistrement d'une émission de télévision sur Judith Jasmin. La réalisatrice s'appelle Maureen Marovitch. L’entrevue est destinée au réseau anglais de R.-C. Je les avais prévenus que je parlerais en français (non point par toquade), mais parce que j'arrive mal à m'exprimer en anglais. J'ai déjà bien de la misère à improviser en français ! Et je ne connais absolument personne qui improvise comme du monde, en français ou en chaire. »

K


L

Langues et pictogrammes

« L’esperanto est mort-né. Par contre, les pictogrammes se multiplient le long des routes et dans les lieux publics. On est de plus en plus obligés d'être les Champollion de la complexité des sociétés contemporaines et de la technologie qui les entraîne. »

Lâcheté et courage…

«Au fait, quand on est courageux, on ne le sait pas. On sait seulement à quel moment on ne l'a pas été. La frontière qui sépare le courage de la lâcheté est fort étroite. Elle n'est jamais fermée. On peut toujours la retraverser, dans une direction ou dans l'autre. »

Lectorat âgé

« Lors des Salons du livre, septembre 1998, je me rends compte que mon « lectorat » est âgé. Les plus jeunes parmi ceux qui ont lu les Insolences ont maintenant près de 60 ans ! »

Liberté

« En dehors de toute considération d'ordre religieux, qu'est-ce que je place au-dessus de tout ? Réponse : la liberté. »

Lire et écrire

« Lire et écrire sont les deux termes d'une même relation. À la question : « Pourquoi écrire ? », on peut répondre par la question : « Pourquoi lire ? » On écrit pour être lu et on lit pour s'instruire ou se divertir. En aval, écrire est premier, mais en amont, lire est premier, car pour écrire, il faut avoir lu. »

Liturgie des funérailles

« La liturgie des funérailles, du temps de mon enfance et donc, celle de l'abbé Jean-Paul, chantait le repos et la lumière. Deux concepts indéfonçables…..Au bout du compte, je ne demande qu'une seule chose, qui est d'avoir l'esprit (qu'importent les souffrances ou la médication où il pourrait arriver que je me trouve) de dire : « En tes mains, Père, je remets mon esprit. » Faut dire que Jésus est mort jeune, et en pleine force. »

Livres. Leur valeur

« Saint François d'Assise ne voulait aucun autre livre que l'Évangile dans ses monastères. Cette volonté est demeurée sans effet. Du vivant même de François, Bonaventure devait bien avoir quelques manuscrits dans sa cellule ou dans une pièce adjacente ! Au demeurant, et bien avant François, les Bénédictins et leur armée de copistes, non seulement nous ont transmis la Bible et les pères de l'Église (avec, en prime, le fromage), mais ils les ont illuminés et enluminés. N'eût été des Bénédictins, il n'y aurait pas d'Europe. »

« Logues » qui expliquent tout…

« Aujourd'hui, c'est plein de « logues » qui expliquent et donc justifient les comportements les plus aberrants. Y compris l'assassinat d'une vieille femme de 81 ans par cinq ados. Bien ! Je n’ai rien contre le fait. Contre un fait, on n'a jamais rien à dire. Qu'avez-vous à dire contre un tremblement de terre ? »

M

Mâles en perte d’identité

« La technique permet maintenant aux femmes de concevoir un enfant sans le recours au mâle. Les jeunes mâles, tout autant que les jeunes femelles, savent au moins confusément ces choses. D'où le stratégique et inconscient, et douloureux retrait des mâles. Cette situation ira-t-elle en s'amplifiant ? Je l'ignore. Au train où vont les choses, nous nous en allons vers le règne des ruches. Je n'invente rien. Ce que je dis présentement a été vu depuis toujours. »

Marcellin Champagnat

« À l'occasion de la canonisation de Marcellin Champagnat,  il faut se garder à la fois d'une nostalgie piétineuse et d'un triomphalisme sentimental. Il faut bien voir que Marcellin Champagnat est né au début de la Révolution française et qu'il a passé sa jeunesse dans les tourmentes napoléoniennes. La France était en ruine et exsangue. »

Marcellin Champagnat, canonisé

« L’Église le propose maintenant comme un modèle universel : un « ami de Dieu », comme nous disons chaque jour durant la messe. Un ami, c’est-à-dire un proche de Dieu. »

Marcellin Champagnat, un intercesseur 

« Il fait maintenant partie de la multitude de ceux qui assurent la communion des saints. Pour dire cavalièrement, Marcellin Champagnat possède sa « carte de visite » ou sa « carte d’affaires » auprès de Notre-Seigneur. »

Marche

« La marche, première libération de l'enfant et dernière liberté du vieillard. »

Mes maîtres vivants

« J'ai déjà écrit que je me reconnaissais deux maîtres vivants : Gérard Dion et Jean-Paul Tremblay. Tous les deux sont maintenant morts. Leur magistrature à mon endroit fait partie de mon être, puisque le maître, le magister (magis existere), c'est celui qui fait exister davantage. »

Mots d’esprit et plaisanteries

En voici trois parmi mes récoltes :
Une femme, à une autre : Mon mari est un ange. Réplique : Le mien vit encore. »
Un homme, à sa femme : Quand l'un de nous deux sera mort, je me retirerai à la campagne . Sublime !
Le prisonnier, au gardien : Des barreaux aux fenêtres ! Avez-vous peur des voleurs ?

Mutation de la planète

«La planète entière est en mutation. Il ne s'agit plus seulement de « changements », « d'accélération de l'histoire » (Bergson, vers 1900), lequel souhaitait « un supplément d'âme ». Nous sommes en mutation : je suis, bel exemple ! la chenille dont mes petits-enfants sont les papillons. Francis Fukuyama, qui a écrit en 1989 La fin de l'histoire. Après quoi il a écrit un fort volume d'explication : La fin de l'histoire et le dernier homme (1992). »

Mystère féminin

« Chez les auteurs laïcs, outre Guitton, je place Bloy, Gertrude von Le Fort et Bergson au nombre de ceux qui auront le plus profondément parlé du mystère féminin, ou de « l'éternel féminin qui nous entraîne vers le haut », comme disait Goethe. »

N

Notre-Dame-de-Foy et Lionel Bouchard

« Frère Lionel Bouchard fut le fondateur du Campus Notre-Dame-de-Foy. Dès 1962, c'est lui qui a présidé à la planification et à la construction du Campus et qui fut le premier directeur général, de 1965 à 1972. Cette tâche, Lionel Bouchard l'a menée à bien grâce à sa compétence administrative, certes, mais grâce aussi à son sens de l'écoute, à sa bonté, à son dévouement. Je mets en fait que le Campus Notre-Dame-de-Foy aura été, dans le domaine scolaire catholique, une réalisation unique au monde. »

O

OK

« En feuilletant le Quid, je trouve par hasard l'explication de l'origine du terme OK : « Durant la guerre civile américaine, chaque soir, le rapport mentionnait le nombre de tués dans la journée ; s'il n'y en avait pas, on écrivait OK : (zero killed). »

Ora et labora

« Quand le gîte et le couvert sont assurés (ce qui est mon cas), on préfère le travail manuel au travail intellectuel, et le travail intellectuel au combat spirituel. La Règle de saint Benoît avait harmonisé tout ça : Ora et labora. Prie et travaille. »

Ordinateur…et dépendance

« 19 février 1999.  Je viens de me procurer un nouvel ordinateur pour pouvoir me relier à l'Internet. En 1992, je me suis d'abord initié à un appareil de traitement de texte fabriqué par Olivetti. Par la suite, j'ai grimpé à un ordinateur 486 et j'étais devenu, depuis un bon moment, pratiquement autonome. Et me voilà devant un Pentium 98 grâce auquel je peux naviguer sur l'Internet. Pour l'heure, naviguer est une hyperbole. Je me suis reculé au b.a.-ba. On s'outille, on multiplie ses esclaves mécaniques ou électroniques et on devient l'outil de ses outils. »

Orphelins

«Les sœurs (et les frères, dans un plus petit nombre de cas) qui s'occupaient de ces laissés-pour-compte de la société, les orphelins, n'étaient pas du gros monde. Ils venaient eux-mêmes, dans 98 % des cas, de familles pauvres. Il n'y a jamais eu beaucoup de fils ou de filles de familles riches dans les communautés religieuses du Québec. »

P

Paix selon Jésus

« Jésus dit : « Je vous laisse la paix, c'est ma paix que je vous donne. » Il dit aussi : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » Pour Jésus, la paix ne signifie pas l'absence de combat, mais la présence de l’amour. »

Pape

« À Cuba, lors de sa visite, le Pape veut planter un coin dans le monolithisme idéologique. Au Québec, il constatait le divorce entre foi et culture. Dans l'un et l'autre cas, il ne s'attend certes pas à des changements radicaux et soudains. Il ne lui est pas demandé de gagner, mais de combattre.

Parler français!

« Comme je  demande à une Française qui vient d’arriver au Québec de me raconter une ou deux anecdotes touchant sa condition d'immigrante française, elle me rapporte la remarque d'un enfant qui accompagnait une de ses clientes à la parfumerie : « Elle parle pas français, la madame ! »

Pays sans temple

« Que deviendrait un pays où il n'y aurait pas un seul temple (toutes religions confondues), ni  une seule cathédrale, ni une seule église ? Rien que des banques, des hôtels de grand luxe, des édifices gouvernementaux. Et n'oublions pas les casinos… »

Péché originel

« Le péché originel et toujours actuel, c'est l'enfermement par le refus de la Transcendance. On n'en sort que par la foi. »

Penser c’est distinguer

«J'aime les distinctions de concepts : elles sont économiques. Penser, c'est distinguer. Il y a autre chose, et bien supérieure à penser, mais on ne peut pas penser sans distinguer. »

Photo : moi devant…

« J'étais à Jérusalem, mais non point en touriste. Comme j'avais refusé, longtemps avant, me trouvant à Berlin-Ouest, de me faire photographier devant le Mur. Quelques milliers de jeunes avaient été fusillés en essayant de le traverser. Après, et pendant, tu te fais photographier, sans aucun risque, devant le Mur. Au retour, on a des photos : moi devant le Mur. Moi devant le Sphinx. Moi devant les pyramides. Moi et la Grande Muraille de Chine. Moi devant la tour Eiffel. ».

Pierre Savard

« J'apprends la mort, à 62 ans, de Pierre Savard, professeur d'histoire à l'Université d'Ottawa. Je l'ai rencontré à plusieurs reprises à l'occasion de colloques à son université. En mars 1985, il avait organisé un colloque sur Les 25 ans du frère Untel. En novembre dernier, je l'avais de nouveau rencontré dans le cadre du colloque sur Les 30 ans des États généraux du Canada français. C'était un homme passionné, chaleureux, à la « tête bien faite ».

Politique et vérité

«In the long run, a harmful truth is better than a useful lie.” (Thomas Mann). Fort bien ! Mais on sait très bien que la politique a toujours choisi le « useful lie ».

Ponctualité

« Je suis un obsédé de ponctualité. Signe d'une insécurité génétique, culturelle ou ontologique. Signe aussi d'une expérience de l'administration qui enseigne l'efficacité de la ponctualité. La ponctualité est l'élégance des seigneurs et la fatalité des pauvres. »

Population catholique mondiale

« Dans un ouvrage publié en 1963, Guitton écrit : « En l'an 2000, il n'y aura plus qu'un catholique sur dix dans le monde. »…… Je note que toute prédiction, prévision, planification dans l'ordre politique, économique ou technique qui dépasse cinq ans me fait sourire. Présentement, donc 37 ans après l'extrapolation de Guitton, il y a environ un catholique sur sept dans le monde. »

Prier à crédit

« Danger pour le chrétien de se réfugier dans la prière : danger de prier « à crédit ». Danger de prier pour tout le monde, en général, d'aimer tout le monde en général. Danger aussi de ne pas se compter dans le nombre de ceux qu'il faut aimer, car enfin il est dit qu'il faut aimer les autres comme soi-même. »

Prière de tous les jours

«On me croira si l'on veut bien, et si l'on ne me croit pas, il n'importe, une des invocations de l'Office est la suivante : « Fais-nous aimer, Seigneur Jésus, notre condition d'homme ! » Ma condition d'homme, pour l'heure, me pèse beaucoup moins qu'elle ne pèse à quelques dizaines d'hommes que je connais, et encore moins à quelques centaines de millions d'hommes dont l'actualité nous entretient. »

Prière

« Prescription de saint Benoît : Brevis debet esse et pura oratio. « La prière doit être brève et pure. » La brièveté ne s'entend certes pas selon le réflexe contemporain du « clip et zappe ». Elle ne s'entend pas non plus selon la coutume d'allonger la sauce (pour parler en termes de cuisine) pour des auditoires captifs. Brève et comme furtive, la messe ! Ceux qui disposent d'un supplément de piété ont tout beau de le dépenser, à leur gré, et à leur heure ! »

Problèmes éternels de l’homme

« On décape à grands frais ou à grand labeur les vieux meubles, mais on n'ose pas décaper les éternels problèmes de l'homme. Je parle ici des sciences "molles". Il en va autrement des sciences dures, les sciences de la matière, au bout du compte. Je crois savoir que l'on ne peut pas marcher sur la Lune en consultant Aristote. Mais je sais, par contre, que saint Augustin parle de la jalousie d'un très peu aîné vis-à-vis d'un très peu puîné. »

Profit d’un échange d’idées

« Deuxième séance du séminaire de lecture sur Foi et raison, la dernière encyclique de Jean-Paul II. Le profit d'un échange de ce genre, c'est que les remarques des participants, la mention des passages qui les ont davantage retenus et leurs propres commentaires confirment votre lecture ou en comblent les lacunes. »

Publicité fausse concernant le Titanic

« Je relève cependant ceci : « ... une publicité (préalable) qui a creusé le désir du spectacle (Naufrage du Titanic) tout en réveillant le souvenir du plus grand naufrage de tous les temps. » Le plus grand naufrage de tous les temps ? Le naufrage du Titanic a entraîné la mort de 1 490 personnes. En 1940, le Lancastria fut coulé par l'aviation allemande : 4 000 morts. En  1945, le cuirassé japonais Yamoto est coulé par les Américains : 3 033 morts.

Q

Question devant mon ordinateur

« Je me demande bien comment Aristote, Thomas d'Aquin ou Claudel, tiens !, ont pu écrire leurs petites œuvres à pied. »

Questions. Les grandes…

« Quelles questions ? Mon Dieu ! Les très vieilles questions qui taraudent les hommes depuis le fond des âges : D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Trouvez-en une quatrième, mis à part le déficit zéro ou le bogue de l'an 2000… »

Qui suis-je?

« Je suis d'une histoire patri et matrilinéaire. Je suis bien davantage. Je suis bien davantage que le fils de mon père et de ma mère. Je suis fils de Dieu. Aucun ange, archange ou chérubin ne peut dire la même chose. La reine des anges, c'est une femme de ma race. Saint Pierre, triple renieur, n'est pas le portier du Paradis. Il est celui qui ouvre toutes les portes. »

R

Récollection

« Récollection du carême au couvent des Dominicains, Grande-Allée. Le groupe se réunit depuis 25 ans. Pour ma part, j'y participe depuis 1993. Trois des « fondateurs » sont morts : Fernand Dumont, Jean-Charles Falardeau, Arthur Tremblay. Deux ou trois autres n'y participent que très irrégulièrement. Le groupe fond et ne se renouvelle pas : je suis le seul « nouveau » depuis six ans ! »

Régression terrible

« On me croira si l'on veut, mais je dis que je comprends la chose, car tel est l'état de la civilisation où nous sommes, où je suis. Au demeurant, il s'agit d'une terrible régression. À l'heure qu'il est, on n'existe que si l'on est médiatisé de quelque façon. »

Religions et temples

« Toutes les religions ont senti le besoin de construire des temples fabuleux, et d'y accumuler des trésors. La planète entière est remplie de temples. Pensons seulement aux cathédrales européennes. Ici, au Québec, dans les villes et villages, les plus beaux monuments (et souvent le seul), ce sont les églises. » Que deviendrait un pays où il n'y aurait pas un seul temple (toutes religions confondues), une seule cathédrale, une seule église ? Rien que des banques, des hôtels de grand luxe, des édifices gouvernementaux. Et n'oublions pas les casinos.

Relire son Journal.

«Relire son Journal personnel, c'est renverser le sablier : ce sont les mêmes grains de sable qui coulent, mais, soi, on n'est plus tout à fait le même. Je redoute de rencontrer certaines réflexions, certains jugements auxquels je n'adhère peut-être plus. »

S

Saint Joseph

« 19 mars : Fête de saint Joseph. Bonnes réflexions de Gérard, ce matin, avant la messe sur le thème de Joseph, l'homme qui a pris soin. To care, d'où vient le terme « curé ». Joseph a pris soin de l'honneur de Marie devant le mystère de sa maternité ; il a pris soin de Jésus dans la grotte de Bethléem ; il a pris soin de Jésus lors de la fuite en Égypte ; il l'a élevé dans son métier de charpentier, comme en témoignent les Nazaréens, avec une nuance de mépris. »

Sécession du Québec

« La Cour suprême du Canada a rendu son jugement sur les conditions d'une éventuelle sécession du Québec. Ce qui m'intéresse davantage dans ce jugement, c'est l'affirmation qu'une réponse claire à une question claire obligerait le Rest of Canada à négocier avec le Québec, et vice versa. »

Simone Weil

« En vérité, je ne suis pas un familier de Simone Weil, mais des recommandations comme celles de Thibon, André Naud, Jacques Dufresne, entre autres, m'ont amené à lui « faire attention ». Quoi qu'il en soit, et je ne sais par quel détour ou réminiscence, je relis ces jours-ci La pesanteur J'y retrouve cette réflexion sublime, que j'ai d'ailleurs déjà rapportée dans mon journal : « Si quelqu'un me fait du mal, désirer que ce mal ne me dégrade pas, par amour pour celui qui me l'inflige, afin qu'il n'y n'ait pas vraiment fait du mal. » On est assez loin du ressentiment et bien davantage, évidemment, de l'esprit de vengeance. »

Soleil.  Il tourne autour de la Terre!

«Nonobstant la profusion des informations et des publications scientifiques, plus de la moitié des Américains croient que le Soleil tourne autour de la Terre. Je trouve ce renseignement dans The Economist du 9 mai, qui cite le dernier rapport annuel de The National Science Foundation. À y bien penser, cette information est-elle si étonnante ? En fait, il faut se concentrer pour formuler correctement le phénomène en question, tellement les apparences nous disent le contraire de la réalité. »

T

Tableau d’honneur

«La revue L'actualité de février 1999 vient de publier un numéro spécial sur « Les 100 Québécois qui ont fait le 20e siècle ». Le frère Untel est du nombre. Il en va de ce genre de liste comme il en va des anthologies de poésies et autres morceaux choisis : on y trouve des mentions inévitables, des absences ou des présences discutables. Dix comités différents qui auraient fait cet exercice auraient produit des listes différentes. »

Télévision : médium lourd

« Malgré les progrès techniques, la télévision demeure un médium lourd. La mise au point de l'éclairage, du décor, du son, et le démontage du studio de circonstance occupe plus de la moitié du temps. »

Témoignages de lecteurs

« J'ai reçu, ces dernières semaines, cinq ou sept témoignages écrits de lecteurs de À l'heure qu'il est, dont plusieurs venant de purs inconnus. Ma gloutonnerie et mon ego obèse en prendraient davantage, bien sûr, mais je n'ai droit à rien. On n'a jamais droit à la gratuité. Il est d'autant plus confortant de lire que quelqu'un, quelque part, a tiré quelque profit de ce que vous avez pu avoir écrit il y a  quarante ou trois ans. »

Titanic

« On peut voir dans cette catastrophe une manière de métaphore du XXe siècle. Ce navire a sombré au début du siècle (14 avril 1912). Il s'appelait Titanic. Les constructeurs le croyaient insubmersible. Je lis dans Jünger : « Le naufrage du Titanic qui heurta un iceberg correspond, d'un point de vue mythologique, à la tour de Babel dans le Pentateuque. C'est une tour de Babel en pleine vitesse. »

Titans : industrie, commerce, finance

«À l'occasion de la fin du 2e millénaire, Time Magazine vient de publier un 3e numéro spécial qui porte sur les 100 titans de l'industrie, du commerce, de la finance. La liste s'étend de Ford à Bill Gates, en passant par Walt Disney et David Sarnoff (RCA Victor). Ces titans de l'industrie et ces barons de la finance ont profondément changé la vie des hommes du siècle finissant. »

Toussaint, 1er novembre

« La Toussaint, c'est la multitude innombrable, non seulement des saints que l'Église ne peut tout simplement pas loger dans le calendrier, mais de tous les « chrétiens anonymes », comme dit Rahner. De tous ceux qui ont droitement vécu leur condition d'hommes. Depuis Adam jusqu'à Abraham et Moïse ; de Moïse à Jésus ; de Jésus jusqu'à son retour en gloire. »

Traditionalisme

« Personnellement,  je suis farouchement traditionaliste en matière de célébrations liturgiques. Les cérémonies dont on sait quand elles commencent, mais dont on ignore le déroulement et le terme, très peu pour moi. C'est de mon âge ! De mon tempérament aussi. Je suis né simple soldat, comme disait Alain. Obéissance aux ordres, toujours ; mais respect à l'esprit seulement. »

Tueur. Ce qui rend tueur…

« Ce qui rend tueur, je me répète, c'est de n'être pas proclamé ou de ne point trouver en soi de quoi se proclamer. Je dirais mieux : de quoi se réclamer. Or, on ne peut se réclamer que de l'amour. L’amour soigneusement recueilli de son enfance ; l'amour rétroactif que l'on peut porter à ses père et mère ; l'amour médité de Jésus. Hors cela, il n'y a que le ressentiment, le poison des faibles. »

U

V

Vengeance et ressentiment

« Pire que la vengeance, il y a le ressentiment. Car enfin, la vengeance n'est qu'une noblesse implosée. Mais le ressentiment, c'est la volonté d'une justice rétroactive. Or, la justice n'est ni la vengeance ni l'égalité. Aussi bien, il faut devancer tout adieu. En un seul mot. Devancer, c'est-à-dire ne rien attendre. »

Vie et circonstances

« Chacune de nos vies est le produit d'un nombre incalculable de circonstances qui découlent elles-mêmes des événements et de la nécessité. À commencer par notre propre existence. »

Vieillesse

« Quelqu'un me faisait remarquer, l'autre jour, que plus on vieillit, plus on a besoin de concentration pour effectuer la plupart des gestes que l'on effectuait (il y a peu !) de façon mécanique, par mode de réflexes assurés et généralement efficaces.

W

X

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F I N


Retour au texte de l'auteur: Jean-Paul Desbiens, philosophe et essayiste Dernière mise à jour de cette page le jeudi 21 juillet 2011 20:38
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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