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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Paul Desbiens, Sélection de citations. À l'heure qu'il est. Journal 1996-1997. (1998). Une présentation et une sélection de Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer, Qc. Chicoutimi: Les Classiques des sciences sociales, mai 2011, 49 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 20 janvier 2005 de diffuser la totalité de ses publications.]

Présentation
Sélection de citations.

Présentation

Par Laurent Potvin,
frère mariste, mai 2011.


« Journal intime. Relation quotidienne
 de cette part de l’existence
que l’on peut se confier à soi-même
 sans avoir à en rougir
. »

Ambrose Bierce.

     Ce Journal intime de Jean-Paul Desbiens est celui des années 1996 et 1997.  Publié en 1998, cet ouvrage de  491 pages – une sorte de devoir quasi quotidien! - nous rappelle nombre d’événements importants survenus durant ces deux années. L’auteur nous fait part de certaines de ses rencontres les plus importantes et de lectures qui l’ont le plus marqué durant ces années-là.

     À ce moment, Jean-Paul Desbiens est  un  simple retraité du monde de l’enseignement. Mais il n’a pas décroché de ce monde-là, bien au contraire!  Celui qui écrit  ce Journal  est un éducateur religieux qui a participé activement à l’organisation moderne de l’enseignement au Québec. La présente Sélection de citations fera état forcément de ces deux aspects de la personnalité de l’auteur. Rien d’étonnant  à cela!

     J’ai parcouru lentement cet ouvrage comme le prospecteur curieux qui parcourt un territoire dans l’espoir de découvrir des gisements de grande valeur.  Devant une trouvaille, il s’agit de bien  en identifier la nature et la valeur. Mais ce chercheur ne sera pas tous les jours devant des gisements d’or ou de diamant, mais, tout de même,  devant des éléments de bonne valeur.

     Je vous présente donc ici le fruit de lectures attentives d’un ouvrage bien écrit, vivant, circonstancié. Un ouvrage de  quelqu’un qui se proposait, en l’entreprenant, de le publier un jour. Il  a  donc été comme obligé de tenir en tête que le futur lecteur serait en même temps un critique averti. Je crois, pour ma part, que Jean-Paul Desbiens vient ici de relever  avec succès, ce défi qu’il a voulu affronter en publiant ce Journal.

     J’ai parcouru avec un réel étonnement l’Index impressionnant des noms cités dans cet ouvrage : plus de  600!   J’ai aussi noté avec grand intérêt un second aspect : la qualité des vingt documents sélectionnés que l’auteur nous livre en fin de volume.

     Je crois que  vous allez parcourir avec une certaine curiosité la sélection qui a été faite : ces nombreuses citations. Cette découverte vous invitera sans doute à entreprendre vous-même avec une certaine hâte peut-être  la lecture de  cet ouvrage : « cette part de son existence » que Jean-Paul Desbiens a voulu nous livrer « sans avoir peur d’en rougir » pour rappeler ici l’épigraphe d’Ambrose Bierce.

     Que cet  ouvrage écrit au jour le jour dans un style alerte, et parfois sous forme de confidence, vous soit un aliment tonifiant !

Laurent Potvin
frère mariste, Château-Richer,
10 mai 2011
Les Classiques des sciences sociales




SÉLECTION DE CITATIONS

À L'HEURE QU'IL EST. Journal 1996-1997 (1998)

 (Jean-Paul Desbiens)

Une sélection de Laurent Potvin, frère mariste.

A


Adieu

« Je répète souvent ce mot à des amis. « Devance tout adieu », c'est-à-dire cherche à t'établir dans un sentiment de détachement le plus poussé possible vis-à-vis du passé et, surtout, vis-à-vis de l'avenir. Je ne pense pas, ici, au détachement vis-à-vis des possessions matérielles, chose qui, dans mon cas, ne veut absolument rien dire. Je parle du détachement vis-à-vis de soi, de son amour-propre, de ses fonctions, de sa réputation, de son influence, de son vieillissement. Et même, vis-à-vis des aléas de l'amitié et de l'amour. »

Admiration

« J'admire le combat pour des idées. Pourvu que l'on soit prêt à en mourir et non pas seulement d'en être réduit à perdre sa chaire universitaire. »

Agonie

« Il faut beaucoup aimer pour admettre les autres à son agonie, chose que Jésus a demandée, mais sans être exaucé, comme dit Pascal. »

Amour à son insu

« Les élus auront aimé Jésus à leur insu. Ils sont tout surpris de l'avoir nourri, visité, soigné, accueilli. Or, je n'aime, et encore, que mes amis, c'est-à-dire ceux dont j'ai quelque raison de croire qu'ils m'aiment. Mais aimer, c'est donner sa vie pour ceux que l'on aime.»

Amour en commandement

« Si l'amour était si naturel ou si courant qu'on le chante, il ne serait pas objet de commandement. Or, il est l'objet de deux commandements : le premier et le quatrième. Il n'y a pas de commandement qui oblige à manger ou à respirer. »

Amour qui se dit

« L’amour se dit beaucoup et aisément, surtout dans l'ébranlement initial. Mais après, mais toujours, et sans illusion, c'est une autre histoire. Une histoire sans mots. Une histoire qui se déroule à l'insu de ceux qui s'aiment. »

Apparitions

« Entre le refus et la crédulité, il y a place pour l'examen critique et détaché. Au demeurant, aucun de ces phénomènes (y compris les apparitions de Lourdes) n'est un article de foi. Aucun catholique n'est tenu d'y croire. Aucun, non plus, n'est tenu d'en rire. Un catholique peut ne pas croire à ceci ou à cela. Un athée est obligé de ne rien croire. »

Argent

« L'argent est le lien des trois concupiscences. D'où il est déclaré que les pauvres en esprit sont bienheureux. La pauvreté, de soi, ne garantit rien, si, pauvre, on est rongé d'envie ou de ressentiment. Il faut être pauvre en esprit, c'est-à-dire en vérité. »

Artistes du Moyen Âge, leurs buts

« Les cathédrales du Moyen Âge étaient des Bibles et des catéchismes pour les illettrés. Les artistes, souvent eux-mêmes illettrés, traduisaient leur foi et leur piété. Ils ne cherchaient pas à édifier, ils exprimaient leur foi. Ils le faisaient en correspondance profonde avec la foi et la sensibilité de leur époque. »

Arts

« Quand on parle des arts, de quoi parle-t-on ? Combien y en a-t-il ? Autrefois, on parlait des Beaux-arts. Ils étaient au nombre de sept : architecture, sculpture, peinture, musique, danse, poésie, théâtre. Depuis autrefois, le cinéma est devenu le huitième art : Y en a-t-il neuf, ou treize, ces années-ci ? »

Autodétermination

« Le droit à l'autodétermination des peuples leur est intérieur. Un fort s'affirme et il n'a aucunement besoin de se « faire affirmer » par un autre. Il s'affirme sans même se le dire, sans même se le proposer. »


B


Béatitudes selon l’Évangile

 « Le pauvre, le doux, le pacifique n'est pas déclaré en possession du bonheur ; il est déclaré heureux d'être engagé sur un chemin droit. »


C


Canada et États-Unis. Comment se démarquer

« C'est une volonté politique qui a réussi à démarquer le Canada des États-Unis. Cela a pris la forme du « pacte » de 1867. Reste à voir s'il se trouvera quelques chefs politiques suffisamment inspirés et assez courageux pour entreprendre la construction d'un nouveau pacte fédératif. »

Ce que je crois

« Voilà un bon moment que je songe à écrire un Ce que je crois. Ces jours-ci, je me décide à m'y atteler. Je reconnais que Une foi partagée, de Fernand Dumont, publié quelques mois avant sa mort, aura joué un rôle dans ma décision. Je note aussi une manière de coïncidence : Dumont a publié son volume au moment où il approchait de ses 70 ans. De plus, je relis le Ce que je crois de Guitton, publié alors que ce dernier avait 71 ans. »

Chrétien

« Le chrétien est d'abord le sujet du Seigneur Jésus, nonobstant les sondages, les référendums et autres prestidigitations « démocrateuses ».

Christianisme devant les faits

« Le christianisme ne nie pas les faits. Il ne nie pas, par exemple, le fait de l'exploitation des pauvres ; le fait de l'inégalité de fait, justement, entre les hommes. Il en indique même la cause, et le remède qui s'appelle conversion du cœur et non pas programmes politiques. »

Christianisme, sa jeunesse

« Le christianisme est jeune. Il est toujours vagissant dans une mangeoire. Ou, si l'on préfère une autre métaphore, il est toujours ailleurs. Le Saint-Sépulcre, c'est le cœur de chaque homme. »

Christianisme, sa nature (1)

« Le christianisme n'est ni une consolation ni un opium. Avant même d'être une terrible exigence, il est ce qui donne un sens à la misère de l'homme. Cette misère n'a pas besoin d'être démontrée. Ni dans une vie individuelle ni, à plus forte raison, dans l'histoire, même si l'on s'en tient à l'histoire du présent siècle, qui n'est pas fini. »

Christianisme, sa nature (2)

« Qu'est-ce que le christianisme ? Le christianisme, c'est la réponse à l'espoir du cœur de l'homme, tel que nous le connaissons sous la lune, qui n'est pas si loin, et sur laquelle Neil Armstrong a marché, et sur laquelle Paul VI a fait déposer le psaume 8. Cela ne prouve encore rien. Je le sais. Comme dit Guitton, nous sommes placés entre l'absurde et le mystère. La foi donne plus à penser que le refus de la foi. »

Civilisation en solde

« Il fait bon dire adieu, cela rend plus doux. » (Hermann Hesse, Le loup des steppes, 1947) Le même : « La vente en gros de notre époque, de nos gigantesques soldes de civilisation. » Nous sommes 50 ans plus tard. Ça prend bien tout ce temps pour liquider une civilisation. »

Colombes en politique

« Pelletier était le plus colombe des trois Colombes. Trudeau et Marchand étaient autrement plus éperviers. En politique, t'es épervier ou mulot. Faut le tempérament pour. »

Combat

« J'admire le combat pour des idées. Pourvu que l'on soit prêt à en mourir et non pas seulement d'en être réduit à perdre sa chaire universitaire. »

Communications actuelles : leurs effets

« L'état actuel des communications, par exemple, a spiritualisé la connaissance que nous avons des événements, en ceci du moins que nous en avons une connaissance instantanée et universelle. Or, ce sont là des attributs de l'esprit. Mais nous n'avons pour ainsi dire plus le temps de digérer ce que nous voyons et entendons. Nous sommes emportés comme des « pitounes » par une rivière. »

Compagnie

« Certes, il vaut mieux être seul qu'en mauvaise compagnie. Mauvaise voulant dire : avec un autre, mais un autre que l'on supporte, avec qui on ne peut pas communiquer vraiment. La promiscuité ne crée pas la proximité. La distance ne mesure pas l'éloignement. »

Condition d’homme

« Après chaque messe, ou presque, j'aimerais pouvoir parler avec quelqu'un des brefs passages que l'on vient de lire. Nous sommes tous trop pressés. En fin de compte, il faut user, raboter, polir sa condition d'homme. Même au risque de perdre pied. Il ne faut pas rester interdit, interloqué, figé au pied du doute ; il faut traverser le doute. Mais le doute ne se traverse que dans l'angoisse. »

Conditions sociologiques

« Voilà assez longtemps que je répète, après Légaut, que nous en sommes aux conditions sociologiques qui étaient celles des premiers chrétiens ; il est temps que je me mouille un peu. Ce n'est pas la peur qui me retient, ni aucune espèce de respect humain. »

Conversation vs silence

« Seule une conversation, ce qui s'appelle une conversation, peut détrôner le silence. »

Crédo

« Deux jeunes étudiantes à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval viennent me rencontrer dans le cadre d'un travail scolaire sur le Credo. C'est ma semaine théologique. Elles m'interrogent précisément sur quatre articles du symbole des Apôtres : Jésus a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli. Il arrive que je récite le Credo tous les matins, dès que je mets les pieds dehors. Je ne fais pas que le réciter ; je le prie et je m'y attarde. »

Culture

On rapporte que Hermann Göring aurait dit : « Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver. » Avant de sortir son revolver, on est autorisé à commencer par le dictionnaire. Le fait est que le mot culture est embarrassant. Le fait est aussi que l'existence d'une culture entraîne des conséquences politiques, pour la raison qu'il faut tenir compte de la culture dans le gouvernement d'une société et dans les rapports entre les sociétés.

Culture et civilisation

« Il faut, en effet, distinguer culture et civilisation. Passer de Montréal à Paris, Rome, Buenos Aires, c’est changer de culture, mais ce n’est pas changer de civilisation. Par contre, passer de Montréal à Calcutta, c’est non seulement changer de culture, c’est aussi changer de civilisation. »

Culture et lectures

« Faudrait-il que tous les jeunes francophones aient lu La Fontaine ? Je réponds oui. La Fontaine vient d'Ésope, qui venait de plus loin. De qui voulez-vous venir ? Faut toujours bien venir de quelque part. Les animaux malades de la peste, c'est un résumé de l'Histoire. La cigale et la fourmi, une catégorisation des comportements individuels. Je pourrais énumérer la plupart des fables du Bonhomme.

Culture et liberté

« Sur le plan social ou collectif, les cultures et surtout, à l'intérieur d'une même culture, les mentalités, conditionnent fortement la liberté. Il est très difficile de sortir de la mentalité d'une époque. Il est très difficile de n'être point politically correct, même dans un milieu réduit.  Avant même le courage, il faut beaucoup de réflexion personnelle, et donc solitaire. »

Culture fermée

« On enferme les élèves dans leur culture en ne leur choisissant que des adultes proches d'eux.  Certes, il faut être proche des élèves, c'est-à-dire attentif et disponible. Mais il faut maintenir la distance qui seule permet la tension du jeune vers son devenir. »

Culture, foi, religion

« Foi, culture, religion ont partie liée. Et la première de ces deux réalités, c'est la foi. C'est la foi chrétienne qui a modelé l'Occident, et c'est la religion catholique qui a modelé le Québec. »


D


Décadence glorifiée

« Le cynisme ou le « juste pour rire » qui font les choux gras des pitres et de Radio-Canada, c'est de la décadence glorifiée. Les décadences ont déjà duré longtemps. Deux cents, trois cents ans. Celle où nous sommes ne durera pas aussi longtemps. »

Décrochage. Qui décroche?

« Dans L'école détournée (Boréal, 1989) Balthazar et Bélanger consacrent un chapitre entier au calendrier en caoutchouc des cégeps. On verse des millions de larmes sur les décrocheurs, mais personne ne se rend compte que c'est l'école qui décroche. »

Décrochage. La cause?

« Présentement, nous sommes braqués sur le problème du décrochage. Les élèves décrochent parce que l'école n'accroche plus. Et l'école n'accroche plus parce qu'elle est trop facile d'accès. Rare et difficile, elle était précieuse. Pourquoi l'or est-il considéré, depuis assez longtemps, il me semble, comme un métal précieux ? Réponse : parce qu'il est rare et qu'il possède des propriétés chimiques exclusives. »

Dédicace pour un ami

« Jean Paillé me demande d'écrire un mot dans son « livre d'or ». Cela donne ceci :

Les plus beaux bruits sous la lune : une cataracte ; un train qui siffle dans la nuit ;  le bruit du vent dans les arbres ;  les pas d'un cheval sur un pave ;  un concert de rainettes un soir de printemps ;  un rire de fillette ;   une volée de cloches. »

Défilés devant tombeaux

« On défile devant la dépouille d'un ami ou de l'ami d'un ami. Aucun défilé devant le tombeau de Jésus. Ensevelissement hâtif et presque clandestin. Mais, depuis, des millions de personnes se sont recueillies devant son tombeau vide et dont on ne peut même pas certifier qu'il s'agit bien de son tombeau. Le tombeau de Jésus, c'est le cœur des hommes. »

Défilé à Moscou

« Quand je fus à Moscou, en 1967, j'aurais bien pu faire la queue devant le tombeau de Lénine. Je ne l'ai pas fait. Mais des millions de Moscovites ont défilé devant le tombeau de Lénine. Devant celui de Staline aussi, et ce n'était ni par obligation ni par simple curiosité d'ordre touristique. C'était une sorte de piété. C'était pour honorer l'espoir naguère investi dans ces hommes. »

Démocratie

« …La démocratie, le mot fétiche des sociétés libérales et techniquement développées. »

Deuils planétaires et destins contrastés

« 6 septembre 1997. Je regarde à la télévision les funérailles de Lady Di. Il est quand même étrange que nous vivions deux deuils planétaires durant la même semaine. La Presse du jour titre à la une : « Triomphe posthume pour Lady Di » et « Calcutta perd sa sainte ». Peut-on imaginer deux destins plus contrastés ? D'une part, la beauté, la richesse, la vie fastueuse ; d'autre part, une petite femme laide, mal fringuée, vivant au milieu des plus pauvres d'entre les pauvres. Je comprends mal que, dans les deux cas, les petites gens, comme on dit, se reconnaissent. »

Dieu

« Entre le Dieu que l'on m'a présenté et le Dieu que l'on me présente maintenant, il y a un abîme. En fait, il n'y a aucun abîme, aucune solution de continuité entre les deux Dieu. Dieu est fidèle. À son amour. »

Dieu et son mystère

« Il faut laisser à Dieu son mystère. Nous en avons bien besoin. Le mystère de Dieu, c'est le mystère de son amour. »

Discipline de travail

« Je n'en reviens toujours pas de constater l'immense labeur d'un homme comme Green et de bien d'autres écrivains ou intellectuels : Guitton, Thibon, Revel, Chesterton, etc. Green, par exemple, voyageait beaucoup : il était reçu et recevait beaucoup ; il fréquentait théâtres, cinémas, musées. Or, à 96 ans, il vient de publier deux tranches (plus de 800 pages) de son énorme journal et il a un roman en chantier. Et encore, il fait d'immenses lectures et relectures. Cet homme-là doit s'être donné une terrible discipline de travail. »

Droit et juge

« Les racines du mot juge sont riches d'enseignement. Elles soulignent le fait que le droit doit être dit, doit être montré, qu'il a besoin d'être montré. Et pourquoi en est-il ainsi ? Réponse : parce que le droit est rarement évident ; qu'il doit être indiqué, montré de l'index (toujours selon l'étymologie : le doigt qui indique une direction). »


E


École au Québec 

« Ce qu'il faut au Québec, c'est une école à une seule vitesse : celle de la Centrale de l'enseignement du Québec. Car nous ne sommes pas en démocratie, au Québec ; nous sommes en syndicocratie. Le nivellement par le bas. Quand on court tout seul, on gagne toutes les courses. Grand malheur à l'excellence, car on ne peut pas conventionner l'excellence. »

École. Ce qu’elle est.

« Ce que les frères assuraient obscurément, et par mode de suppléance, c'était la foi dans l'école comme instrument de développement personnel, d'abord ; social, par voie de conséquence.

École et religion

À ce sujet,  je ne puis que vous référer à la conférence de Jean-Paul Desbiens : L'école et la religion prononcée au  « Colloque sur l'avenir de l'enseignement religieux, monastère des Dominicains, Québec, le 25 mai 1996 »  aux pages  369-388 de  « À l’heure qu’il est. »

Écrire

« On dira ce que l'on voudra, il n'y a que l'écriture. Job l'avait bien compris, lui qui voulait que sa plainte fût gravée dans le roc, pour l'information des galaxies. »

Écriture sainte. Quelle attitude tenir?

« Être devant l'Écriture, ce n'est pas être devant un théorème de géométrie ni même devant une explication scientifique d'un phénomène physique. De toute façon, à ce que je sache, nous ne possédons pas encore une explication définitive d'une réalité aussi vieille, et aux applications aussi familières, que l'électricité. »

Éducateur et société

« Seul un maître ironique, socratique et détaché peut sauver quelques esprits, à son insu. Gérard Dion me disait qu'une petite douzaine d'hommes libres tiennent une société « en respect ».

Éducation et politique

« Le premier responsable de l'Éducation devrait être nommé par l'Assemblée nationale pour un mandat de sept ans. De la sorte, on ne sortirait pas l'éducation de la politique, mais on sortirait la politique de l'éducation. »

Enfant gâté, enfant roi

« En Asie et en Amérique latine, on a encore l'enfant exploité, comme au début de la première révolution industrielle. Dans les pays développés, on a l'enfant roi. »

Enfants négligés

« Reportage sur les « enfants négligés. »  On ne parlait pas d'enfants de familles démunies, ni d'enfants maltraités. On parlait d'enfants en déficit d'affection parentale. Les parents de beaucoup de ces enfants, en effet, travaillent tous les deux. Et voici que l'on veut généraliser les écoles maternelles et prématernelles à temps complet. La nationalisation des enfants. Toujours la solution technocratique et social-démo au mépris du réel. »

Espérance

« L'espérance chrétienne n'a rien à voir avec l'optimisme et les lendemains qui chanteront. L'espérance chrétienne est une expérience de pèlerin. Une expérience de draveur : de billot en billot, on atteint la rive « sautant chutes et rapides », comme chante Raoul Roy dans Les draveurs de la Gatineau. »

Espérer

« Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » J'écrivais ça, prémonitoirement, tout à fait jeune et nullement désespéré. Je le répète, vieux, et encore moins désespéré. Je ne suis nullement désespéré ; je suis indigné. Indigné du mensonge. Ma grâce, mon vaccin contre le désespoir ou le cynisme, ç'aura été Jésus. »

État à ses affaires

« Je ne veux pas du tout que l'État s'occupe de mes affaires spirituelles. C'est déjà trop qu'il s'occupe autant de ma santé corporelle. »

Étudiant et enthousiasme débordant

« Étudiant du premier cycle universitaire. Le temps où l'on refait le monde au moins une fois par semaine ! »

Évangile qui dérange…

 « Socrate ne me dérange pas. Il ne me demande rien, aujourd'hui. Mais Jésus me dérange. Le « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » n'est aucunement difficile à comprendre. Un peu plus difficile à vivre. Or, c'est tout l'Évangile. Et c'est écrit dans l'Évangile, peu importe la version originale ou l'attribution de tel ou tel document à tel ou tel auteur. »

 Évangile. Ses  premiers mots rapportés.

«  Il est utile de noter que les tout premiers mots rapportés par l'Évangile sont : « N'ayez pas peur ! » La racine du péché, c'est la peur. La peur de la mort, en fin de compte. Et ces premiers mots furent dits à des bergers. Les bergers étaient des mercenaires de quelques riches propriétaires. »

 Événements mondiaux

« Je ne fournis pas à penser les événements mondiaux. Dois-je noter que personne ne me le demande. Je ne fournis surtout pas à m'indigner. M'indigner des galas de ceci et cela. Faut-il que l'homme s'ennuie, sur cette planète ! Il a bien tort. J'ai le droit de dire cela : j'ai 70 ans. »

Explication à chercher

« Pouvez-vous expliquer que la plus haute spiritualité, la plus gratuite, ait justement été celle qui a produit, dans toutes les religions, la plus belle architecture, le meilleur fromage, la plus belle musique et la meilleure liqueur ? En disant musique, je pense au grégorien. »


F


Féminisation à outrance

« J'ai souvent et depuis longtemps dénoncé la bêtise de la féminisation du français, principalement dans les textes de la messe. La féminisation systématique et cohérente est d'ailleurs impossible, le français étant ce qu'il est. » 

Fernand Dumont (1)

« Les journaux d'aujourd'hui  consacrent de nombreux articles à Fernand Dumont. En effet, il occupe un espace plein depuis le début de la Révolution tranquille. Disant « plein », je veux dire sans trous, ce qui est une redondance. Je veux signifier par là la progression et le développement maintenus de ses allégeances spirituelles, culturelles et politiques. »

Fernand Dumont (2)

« Malgré, il faut bien le dire, la mouvance professionnelle où il (Fernand Dumont) a vécu, il a toujours affirmé sa foi catholique. Et il a produit une œuvre considérable. Je dis considérable. Je devrais dire l'une des plus imposantes des trois ou quatre dernières décennies. »

Fête de la Toussaint

« La Toussaint célèbre précisément la foule innombrable des saints qui ne sont pas casés dans le calendrier liturgique. Cette innombrable cohorte de tous ceux qui ne se doutaient même pas qu'ils étaient des saints. »

Feu qui tue

« Dans son discours au remerciement du maréchal Pétain à l'Académie française (1929), Valéry dit : « Vous avez découvert ceci : que le feu tue. Je ne dirai pas qu'on l'ignorât jusqu'à vous. On inclinait seulement à désirer de l'ignorer. » Je ne peux m'empêcher de noter que, depuis, on sait beaucoup mieux que le feu tue. »

Foi

« La foi donne plus à penser que le refus de la foi. »

Foi, culture, religion

« Foi, culture, religion ont partie liée. Et la première de ces deux réalités, c'est la foi. C'est la foi chrétienne qui a modelé l'Occident, et c'est la religion catholique qui a modelé le Québec. »

Foi et les petits du Royaume

« D'une part, il n'y aura jamais assez de chrétiens critiques ; d'autre part, le Royaume est révélé aux petits. Cependant, la foi n'est pas une entreprise d'infantilisation ; elle n'est pas non plus un ensemble de concepts fort bien organisés depuis deux mille ans, et que l'on finira bien par rendre évidents et qui, donc, n'exigeront plus que l'assentiment intellectuel de l'esclave du Menon. »

Foi, la mienne

« Ma foi est une foi, c'est-à-dire une certitude, mais non pas une évidence et encore moins un sentiment. »

Fonction judiciaire

« Dire, indiquer le droit, c'est la raison même de la fonction judiciaire, qui est aussi vieille que l'histoire de l'homme. Dans la Bible, on trouve le livre des Juges avant le livre des Rois. Les premiers rois d'Israël furent sacrés par le juge Samuel. »

Forces en présence

« Pour l'essentiel, les forces qui modèlent la face du monde sont précisément la force et la technologie. La force découle du fait massif du nombre et de la richesse. Pour l'heure, les États-Unis sont la seule superpuissance, comme on dit. Le nombre des Américains est relativement insignifiant. C'est leur richesse plus la technologie qui leur assurent la prédominance. La technologie ignore les frontières. »

Frères enseignants. Leur rôle précis.

« Ce que les frères assuraient obscurément, et par mode de suppléance, c'était la foi dans l'école comme instrument de développement personnel, d'abord ; social, par voie de conséquence. »

Frères et école. Thèses, procès.

« Ces temps (où les frères étaient nombreux dans l’enseignement au Québec) sont révolus. Les frères aussi, quant à leur rôle dans l'enseignement. C'est toujours à ce moment-là que l'on se met à faire des thèses (ou des procès). Paix à leurs braises ! »


G


Gabrielle Roy

« Touchant La détresse et l'enchantement, je précise que c'est le dernier ouvrage de Gabrielle Roy et qu'elle insistait pour le présenter comme une autobiographie, et non comme des mémoires. On y trouve davantage de détresse que d'enchantement. On y trouve aussi quelque silence. »

Gouverner, mais comment?

« On ne peut pas gouverner avec un œil sur la Charte des droits de l'homme et l'autre, sur le Sermon sur la montagne. »

Gouverner sans mentir

« Au fait, peut-on gouverner sans mentir ? Je ne le crois pas. La raison en est que les foules ne veulent pas connaître la vérité. Plus profondément, la raison en est que nul ne connaît la vérité, c'est-à-dire la juste décision a prendre. Hormis sous le coup de l'urgence, laquelle n'est jamais objet de débat. »

Guerre. Pourquoi?  Pour quoi?

« Je rappelle tranquillement que les hommes se battent toujours, depuis toujours, pour un territoire, comme les moineaux et les hirondelles, soit dit en passant. »


H


Hommage à Richard Joly

 « J'apprends la mort de Richard Joly. J'ai souvent rencontré cet homme et, à un moment, nous avons correspondu ensemble. Au Québec, il fut un des pionniers de l'orientation comme discipline universitaire. Peu connu de ce que l'on appelle le grand public, il marquait profondément ceux qui l'approchaient par la rigueur de sa pensée et son élévation morale. »

Homme

 « Séminaire de lecture sur la Cité de l'homme, de Pierre Manent. Pour mon propre compte, je consigne les remarques suivantes, à partir de notre échange :

1. L'homme, animal raisonnable, est libre, mais sa liberté ontologique (ou formelle) est inscrite dans sa nature.

2. Concrètement, l'homme est un être en capacité de liberté. Un être en voie de libération. De tous les animaux, l'homme est celui qui naît le moins libre. En apprenant à marcher, à parler, à lire, il acquiert de plus en plus de liberté. »

Hommes qui ont marqué l’humanité

.« Et pourquoi me vient-il à ce sujet une manière de plaisanterie : « Qui sont les cinq hommes qui ont marqué l'histoire de l'humanité ? » Réponse : Jésus, Moïse, Marx, Freud, Einstein. Les cinq hommes étaient Juifs. Jésus, c'est l'amour ; Moïse, c'est la loi ; Marx, c'est l'argent ; Freud, c'est le sexe ; Einstein, c'est la relativité. Plaisanterie ou pas, voilà toujours bien cinq réalités qui sont les cinq facettes de chacune de nos vies. »

Homosexualité

« Dans la tranche de son journal que j'achève, je remarque qu'il (Julien Green) parle beaucoup plus ouvertement de son homosexualité. Il n'en déplore pas moins « l'apparition d'une société homosexuelle revendicatrice aussi intolérante à sa manière qu'on le fut autrefois pour elle ».


I


Identité. La protéger

« Tout être, individuel ou collectif, protège son identité de diverses façons. C'est à cela que servent les pelures, les cosses, les écorces, les fourrures, les écales et les écoles. C'est à cela que servent les frontières »

Insolence

« Il y a deux moments où l'on peut être insolent : dans l'innocence de la jeunesse et dans le détachement de la vieillesse. Quoi qu'il en soit, je ne me suis pas privé, tout au long de ma vie publique, même du temps que j'étais fonctionnaire au ministère de l'Éducation. »

Internet, radio, télévision : leurs effets

« Avec la radio, la télévision et Internet, le monde se spiritualise. Je n'emploie pas « spiritualise » au sens religieux du terme. Je l'emploie au sens purement physique. Au sens où un gaz est quelque chose de plus spirituel qu'une pierre. L'état actuel des communications, par exemple, a spiritualisé la connaissance que nous avons des événements, en ceci du moins que nous en avons une connaissance instantanée et universelle. »


J


Je m’ennuie

« La locution "Je m'ennuie" est l'une des plus terribles qui soient, car que veut-elle dire si ce n'est que Moi ennuie Je. » On pourrait faire une remarque analogue à propos de plusieurs verbes pronominaux : se tromper, se taire, se distraire, etc. »

Jésus, le prendre à part…

« Prendre Jésus à part, l'entraîner dans la solitude, pour lui réclamer, comme firent souvent les Apôtres, ma part de lumière.  De moins en moins de réponses nous sont données, à mesure que l'on vieillit, parce que l'on approche du moment où, de mort des questions en mort des questions, la réponse est plus proche. »

Jésus, un modèle

« À supposer même que Jésus n'ait été qu'un homme, il vaudrait encore la peine de tâcher à devenir son disciple, c'est-à-dire à reproduire le plus possible dans sa vie les attitudes, les sentiments et la conduite de Jésus, tels que rapportés dans l'Évangile. »

Jésus. La Passion

On peut porter trois regards sur la Passion :

Un regard de compassion. Un exemple fameux de ce premier regard, c'est le texte de Pascal intitulé : Le mystère de Jésus.  Un regard d'appropriation, sous lequel on peut relire sa propre vie, avec ses péchés, ses souffrances, son espérance. Un regard contemplatif.

Jésus, Sa présence au cœur des hommes

« Jésus est le grand renverseur, comme disait Papini. Et voilà pourquoi, au bout du compte, on s'acharne tant à le réduire à 10 ou 20 mots, scholars proof, avec un immense appareil scientifique. Et c'est pas fini. Mais on ne défera pas la venue de Jésus ni sa présence dans le cœur des hommes. »

Journal

« Tenir un journal, c'est jeter un regard neuf à chaque instant. Devenir attentif à ce que l'on entend et à ce que l'on voit. Être un témoin des faits et gestes des gens autour de soi. Or, en nos temps de communications instantanées et universelles, « l'autour de soi » est devenu l'humanité. Tenir un journal et le publier, c'est répondre à la question de Julien Green : « Comment font les autres ? »  (p. 14)

Journal et journal

« Le journal (une gazette) est un support fragile et vite vieux. Le journal (comme genre littéraire) est autrement plus durable. Plus, peut-être, que les mémoires, qui sont toujours des arrangements, des postures. Un journal aussi peut être une posture, mais enfin, il laisse plus de place à un peu de vérité. Les meilleurs journaux (je pense à Guitton, à Jünger entre cent) sont des témoignages et des archives. À une époque aussi éclatée et aussi jetable que la nôtre, ils sont des repères. »

Julien Green

« Là où Green me rejoint, c'est à propos de l'importance des conversations dans sa vie, et à propos de la foi. Converti à 15 ans du protestantisme au catholicisme, il a connu une longue éclipse, puis il s'est reconverti. Il a conservé une frilosité protestante, je dirais, et en même temps, une intransigeance de converti, justement. »

Juge et droit

« Les racines du mot juge sont riches d'enseignement. Elles soulignent le fait que le droit doit être dit, doit être montré, qu'il a besoin d'être montré. Et pourquoi en est-il ainsi ? Réponse : parce que le droit est rarement évident ; qu'il doit être indiqué. »

Justice rendue crédible

« Comment rendre un peu plus crédible, pour le petit peuple, l'administration de la Justice et, en l'occurrence, de la Justice envers les sans-parole ? Réponse : par l'éducation, par la vulgarisation de la Justice. »


L


Laïcité et frères enseignants

« Faut-il rappeler que toutes les communautés de frères établies au Québec étaient des greffons des communautés françaises, lesquelles avaient connu Combes et Ferry ? »

Liturgie et ses changements

« La science de la liturgie n'est pas là pour produire perpétuellement de nouveaux modèles, comme cela peut convenir à l'industrie de l'automobile. » (Julien Green)  Il y a 25 ans que je dis l'équivalent. »

La Fontaine

« Faudrait-il que tous les jeunes francophones aient lu La Fontaine ? Je réponds oui. La Fontaine vient d'Ésope, qui venait de plus loin. De qui voulez-vous venir ? Faut toujours bien venir de quelque part. Les animaux malades de la peste, c'est un résumé de l'Histoire. La cigale et la fourmi, une catégorisation des comportements individuels. Je pourrais énumérer la plupart des fables du Bonhomme. »

Langue et nation

« Une nation ne se forge pas sans imposer une unité linguistique. »

Langue française

« Paul VI disait à Guitton : « Quant à votre langue, elle est celle dont je me sers pour savoir si ma pensée est vraiment une pensée. »

Langue française au Québec.

« Au Québec, en tout cas, depuis 1774, ce ne sont pas les Anglais qui ont empêché les (maintenant) Québécois de parler français comme du monde. Je ne parle pas d'accent. Tous les accents sont légitimes. Je parle de parler français. Je parle de vocabulaire, de grammaire, de syntaxe. »

Langues

« Je ne sais trop pourquoi j'aime par-dessus tout la sonorité et le ton absolu de la langue espagnole, de même que le ton impératif de la langue allemande. »

Legs par testament

« Je lègue à l'Université du Québec à Chicoutimi la correspondance à moi adressée ou expédiée par moi. Je lègue également à l'Université du Québec à Chicoutimi le dossier marqué « Dossier Untel » et déposé dans une boîte de carton identifiée « Dossier Untel ». Outre des centaines de coupures de journaux, caricatures, etc., ce DOSSIER contient les cahiers manuscrits de mon journal. »

Léon Dion

« Je connaissais bien Léon Dion et je le rencontrais avec plaisir. Il a toujours été d'une grande correction envers moi. Dans Les intellectuels et le temps de Duplessis, il consacre des remarques sympathiques au cas Untel. »

Lire et relire

« J'ai lu plusieurs centaines de volumes, quelques milliers, peut-être. Mais vient le moment où l'on est plutôt porté à relire du vieux qu'à lire du nouveau. Dans le Guitton que je viens de lire, je reconnais des idées davantage que je n'en découvre de nouvelles. Je n'ai jamais lu Goethe ni Proust. Je ne me sens pas privé. Je ne sais plus quel grand écrivain français disait à ses amis, avant de mourir : « Dites que je déteste Goethe ! » Vers 1955, j'ai acheté Ulysse, de Joyce. Je le traîne depuis ce temps. Je n'ai pas encore réussi à le lire. »

Liturgie et ses changements

« La science de la liturgie n'est pas là pour produire perpétuellement de nouveaux modèles, comme cela peut convenir à l'industrie de l'automobile. » (Julien Green)  Il y a 25 ans que je dis l'équivalent. »

Livres, leur influence

« J'ai reçu, ces dernières semaines, une longue lettre d'un lecteur des Années novembre. Je relève ceci : « La secrétaire d'un urologue avec qui je parlais de votre volume me disait qu'elle avait connu un grand malade, athée, qui est devenu croyant après vous avoir lu. Il vient de mourir en paix avec le Seigneur. » L'Esprit agit où il veut et quand il veut et avec n'importe quelle circonstance. L'ânesse de Balaam a prophétisé. »

Livres recommandés

« Je mentionne beaucoup d'auteurs et de titres de volumes dans ce journal. Mon intention est explicite : révéler un auteur ou un ouvrage est une œuvre de miséricorde spirituelle. Les lecteurs se raréfient en notre civilisation du spectacle, de la vidéo, d'Internet. Il se publie néanmoins des milliers de volumes chaque année. Et si l'on s'en tient uniquement à la littérature pieuse, c'est encore par centaines et par centaines qu'il faut compter les titres. Dès lors, il peut être utile, simplement utile, qu'une conscience recommande à une autre conscience l'existence et la valeur d'un auteur ou d'un ouvrage d'un auteur. »


M


Maître

« Un maître, c'est trente ans de gagnés d'avance. » (Guitton, Dialogues avec Monsieur Pouget, Grasset, 1954) Certes, en l'occurrence, Guitton parle d'un grand maître. Il demeure vrai qu'un simple bon maître, pour parler familièrement, fait gagner du temps à un élève. Un élève fait plus qu'un an en un an, s'il est accompagné d'un bon maître. Il fait des bonds, même à son insu, et à celui du maître aussi. »

Maxime gouvernementale

« Colbert : « Il faut faire payer les pauvres, puisqu'ils sont les plus nombreux. » Éternelle maxime de gouvernement. »

Mensonge

« Nous savons très bien que les princes mentent aux peuples, et que s'ils mentent, c'est qu'il leur est provisoirement utile de mentir. Les communications entre gouvernants et gouvernés sont entachées de ce péché originel. La rédemption par les organigrammes ou les réaménagements de Cabinets n'est pas pour demain. Là-dessus, je professe, comme le prophète Samuel, un pessimisme transcendantal et imperturpide. »

Mensonge politique

« Le mensonge politique règne autant en France qu'au Québec, évidemment. On n'en finit plus de sortir les ignominies du régime de Vichy et de tisonner les cendres de Mitterrand : 170 titres ont été publiés depuis la mort de ce dernier ! Depuis la révolution de 1789, les Français s'ennuient d'un roi. »

Magistère. Il doit être actuel.

« Un magistère qui ne serait pas actuel, il serait de quand ? Du passé ? Du futur ? De nowhere ? En tout cas, chez les partisans et les artisans du magistère distancié, ce n’est pas le placotage qui fait défaut ! Mon Dieu ! Que ce monde-là placote, flacote et bat des plumas pour pas grand-chose. Après quoi, ils s'étonnent qu'il n'y ait plus que des vieux dans les églises. Les vieux continuent d'y aller, non pas tous, par une vieille fidélité. Les jeunes, qu'on a voulu racoler à force de guitares, trouvent pas mal mieux ailleurs. »

Miracle

« Tous ces miracles, car il s'agit au fond de miracles, peuvent cependant être des signes de la transcendance. Doit-on laisser de côté ce que l'on ne comprend pas ? Croire donne plus a penser que le refus de croire. »

Mariage

« Violent article de Lysianne Gagnon dans La Presse d'aujourd'hui contre la position du Pape en ce qui a trait au mariage des prêtres. Donnez-leur des femmes ! Comme si la femme était une solution ! En outre, dans l'état actuel de l'institution du mariage, on se demande en quoi on peut proposer le mariage comme une solution. »

Marie et sa vie voyagère

« J'ai été particulièrement intéressé de lire au sujet de Marguerite Bourgeoys qui, s'écartant du choix traditionnel entre Marthe et Marie de Béthanie, espérait devenir l'émule de la Vierge Marie dans sa vie voyagère. »

Mièvrerie

« Nous avons laissé les producteurs de l'éducation (tous ceux qui assurent l'enseignement) trop longtemps au centre de notre système éducatif, au détriment des consommateurs, parents et élèves. Il est temps de faire l'inverse. » (Mme Gillian Shephard, ministre de l'Éducation de Grande-Bretagne)
Toute politique fondée sur le postulat d'un progrès libérateur est une mièvrerie.

Miracle  (1)

« Tous ces miracles, car il s'agit au fond de miracles, peuvent cependant être des signes de la transcendance. Doit-on laisser de côté ce que l'on ne comprend pas ? Croire donne plus a penser que le refus de croire.

Miracle  (2)

« Pour ma part, je vis assez bien avec l'idée que les miracles sont des évidences différées. Nous ne connaissons pas tout sur la structure du créé. La physique contemporaine suggère déjà qu'un élément aléatoire permet l'acte libre. Et puis, au nom de quoi ne permettrait-on pas à Dieu de connaître un peu mieux que nous sa physique, et de pouvoir intervenir dans la matière sans détraquer pour autant l'ordre, les lois, la nature et l'être des choses ? »

Miracle et foi

 « Le miracle suppose la foi. Jésus prend toujours soin de dire à un miraculé : « C'est ta foi qui t'a sauvé. » Mais viendra le temps où toute foi disparaîtra, puisque nous serons dans l'évidence. »

Modeler la face du monde. Forces en présence

« Pour l'essentiel, les forces qui modèlent la face du monde sont précisément la force et la technologie. La force découle du fait massif du nombre et de la richesse. Pour l'heure, les États-Unis sont la seule superpuissance, comme on dit. Le nombre des Américains est relativement insignifiant. C'est leur richesse plus la technologie qui leur assurent la prédominance. La technologie ignore les frontières. »

Montaigne et le français

« En ce qui a trait à la langue de Montaigne, je dis que c'est un grand malheur que le français ait évolué non dans la foulée de celui de Montaigne, mais régenté par Richelieu, d'abord, et ensuite, par la cour de Louis XIV, de sorte que Montaigne est pratiquement illisible aujourd'hui... Il serait temps qu'un éditeur nous offre une version des Essais en français contemporain. »

Mort (1)

« D'une lettre de Pascal après la mort de son père… Dans cette admirable méditation, Pascal a cette remarque que mourir, c'est le geste suprême d'adoration, c'est-à-dire la reconnaissance de notre état de créature de Dieu. »

Mort (2)

« J'ignore tout à fait dans quel état je vais mourir. Mais je peux dire, dès maintenant, que je bénis Dieu pour son immense gloire et son éternel amour. Je le bénis pour la neige et le vent ; pour le gel et le froid, pour la pluie et le soleil, pour les cataractes des eaux et pour l'inusable douceur de certains soirs de juillet. »

Mort (3)

« De la mort considérée comme naturelle, jusqu'à la mort considérée comme souhaitable, il s'est passe a peine un quart de siècle. »

Mort (4)

« Il ne manque pas de saints qui sont morts au bout de leur âge. Il n'en manque pas non plus qui sont morts très jeunes. Je ne parle pas ici de la multitude des saints anonymes de toutes les guerres. Le XXe siècle aura connu le plus grand nombre de jeunes morts depuis le début de l'histoire. La plupart d'entre eux, ignorant même le nom de Jésus. »

Mort de mon  père

« Un de mes meilleurs textes, c'est « La mort d'un seigneur », publié dans La Presse quelques jours après la mort de mon père. Je l'ai écrit, en pleine nuit, dans ma chambre, à Desbiens, après la cérémonie. Je l'ai écrit d'une traite. C'était en 1971. J'avais le pouvoir de le faire sortir. J'étais à La Presse. »

Mort et vanité de nos existences

« Au salon funéraire, ce matin, j'entendais les propos suivants, d'un inconnu de moi à un autre inconnu : « Tant se débattre, et finir comme ça ! » J'ai tout de suite pensé à la remarque de Jésus : « Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme ? » Cette remarque n'est pas une invitation à ne rien faire, à ne rien entreprendre. Elle est le rappel du côté dérisoire de nos existences. Dérisoire si notre vie sous la lune se termine avec la mort. »

Mots, leur étymologie

« En lisant un article, j'apprends que le mot « respecter » signifie regarder une seconde fois, jeter un second regard. Toujours séduit par une étymologie. Toujours content d'apprendre la racine d'un mot. Les mots sans racines sont des mots morts. Mais quand on connaît la racine d'un mot, on le prononce ou on l'écrit, comme on parle de quelqu'un de sa parenté. »

Moyens de communications

« Avec la radio, la télévision et Internet, le monde se spiritualise. Je n'emploie pas « spiritualise » au sens religieux du terme. Je l'emploie au sens purement physique. Au sens où un gaz est quelque chose de plus spirituel qu'une pierre. L'état actuel des communications, par exemple, a spiritualisé la connaissance que nous avons des événements, en ceci du moins que nous en avons une connaissance instantanée et universelle. »


N


Nation et langue

« Une nation ne se forge pas sans imposer une unité linguistique. »

Nature humaine

« Curieusement, on parle des droits de l'homme (au pluriel), mais on continue de parler de la nature humaine (au singulier). Hormis les Nazis, on n'ose pas encore parler de différentes natures humaines. »

Noël

« Noël, c'est la puissance qui refuse la force. C'est la seule puissance qui agisse de la sorte. »


P


Pardon

« Ni un individu ni une société ne peuvent vivre sans pardon. »

Parler avec quelqu’un…

« Après chaque messe, ou presque, j'aimerais pouvoir parler avec quelqu'un des brefs passages que l'on vient de lire. Nous sommes tous trop pressés. En fin de compte, il faut user, raboter, polir sa condition d'homme. Même au risque de perdre pied. Il ne faut pas rester interdit, interloqué, figé au pied du doute ; il faut traverser le doute. Mais le doute ne se traverse que dans l'angoisse. »

Pater noster

« Le Pater est la réponse au péché originel en ceci qu'il est la reconnaissance de Dieu et la reconnaissance de l'état de créature. « Ne nous soumets pas au Malin. » Retire-nous des mains du Malin dans lesquelles nous nous sommes remis. » (Noté après une récollection.)

Pays sans mémoire

« Dans un pays sans mémoire, chacun est son propre ancêtre. »

Penser

« Trois modes de penser : a) dire, dans lequel on affirme son savoir, sa foi, ses opinions ; b) contredire, dans lequel on défend ou attaque, ce qui suppose que l'on attache de l'importance et même du respect à la pensée adverse ; c) mépriser ce qui ne vaut même pas la peine d'être relevé par une défense ou une attaque. »

Pluralité des mondes

« Quant à la pluralité des mondes, c'est le dernier de mes soucis. S'il existe des êtres vivants au fond des galaxies, tant mieux. Dieu est le créateur des choses visibles et invisibles, et celles-ci dépassent infiniment le nombre de créatures visibles. Jusque-là, pas de problème. Cependant, s'il y a des êtres intelligents quelque part en haut, en bas, à gauche ou à droite, ils sont, ou bien plus intelligents que nous, et alors, ils nous attendent, s'ils sont bienveillants, ou bien ils nous menacent. »

Politiciens tous décravatés

« Quoi qu'il en soit, le message est clair : « Nous sommes comme vous tous ; nous mendions vos votes. Nous verrons ce que nous en ferons après. Pour l'heure, notez que nous sommes tout à fait vos égaux et vos semblables. »

Politique du citoyen averti

« Je n'ai jamais été militant ni même membre d'aucun parti politique. Je ne suis pas un observateur professionnel de la chose politique au sens où peut l'être un politologue. Je n'ai d'autre prétention que celle d'être un citoyen honorablement vigilant et averti. »

Politique et élections

« 2 octobre 1996. Robert Bourassa est mort tôt ce matin des suites de son cancer. Il avait 63 ans. Il m'avait demandé à deux reprises de me présenter lors des élections qui eurent lieu en mai 1970. »

Politique et langage

« En politique, il ne faut jamais parler de l'avenir, surtout s'il s'agit du futur. »

Politique et liberté

« La politique organise et protège le jeu des libertés individuelles. Selon Pierre Manent, ce qui caractérise l'homme moderne (la modernité), c'est d'avoir voulu fonder la politique (la cité) en rompant avec toute autorité extérieure à l'homme. »

Politique et politiciens

« En politique, t'es épervier ou mulot.»

Politique. Pourquoi?

« Je me demande toujours ce qui attire et retient un homme dans la politique. Plus de vie personnelle, plus de temps à soi, sans cesse scruté par les médias et, au fond, n'exerçant que bien peu de pouvoir réel. Et pourtant, il ne manque jamais de candidats! »

Pouvoir et syndicats

« De quel pouvoir dispose un Lucien Bouchard, premier ministre du Québec, aujourd'hui même ? Le seul pouvoir de jouer avec les seules institutions dont notre société est maîtresse. L'éducation, notamment. Et ce pouvoir-là, nous l'avons cédé aux syndicats, et aucun gouvernement n'a le courage de le reprendre. »

Pouvoir incontrôlé

« Les professionnels (médecins, dentistes, avocats, et les curés en homélie) détiennent, à toutes fins utiles, un pouvoir incontrôlé. »

Prière

« Je peux bien noter ici que depuis un bon quart de siècle, je récite tous les jours et, parfois plusieurs fois par jour, le Veni, Creator et le Veni Sancte Spiritus. Que de saints, que de millions de saints, sans connaître ni le latin ni le Veni, Creator ; sans savoir même qu'il se trouve telle chose qu'un directeur spirituel, auront prié et se seront sanctifiés à leur insu, car : « Nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l'Esprit lui-même sollicite souverainement par des gémissements ineffables. » (Ro 8,26)


Q


Québec et langue française

« Au Québec, en tout cas, depuis 1774, ce ne sont pas les Anglais qui ont empêché les (maintenant) Québécois de parler français comme du monde. Je ne parle pas d'accent. Tous les accents sont légitimes. Je parle de parler français. Je parle de vocabulaire, de grammaire, de syntaxe. »

Québec, locomotive

« Depuis la Conquête, c'est toujours le Québec qui aura été la locomotive politique du train canadien. »


R


Radio-Canada : ses rôles déterminants

« Je tiens que la SRC (radio et télévision) a joué un rôle déterminant dans la protection et l'enrichissement du français, dans l'éducation des enfants, dans la construction de l'imaginaire culturel, dans l'affranchissement et l'ouverture des mentalités, dans la création artistique en général (théâtre, musique, films, variétés). »

Ratzinger Joseph

« Dans Le sel de la terre, le cardinal Ratzinger se montre tel qu'il est : le premier fonctionnaire de l'Église, et je ne mets aucune connotation négative dans le terme fonctionnaire. Je laisse cette réduction à Drewermann. J'ai cité plus haut un passage qui montre, à sa façon, la liberté de pensée de Ratzinger vis-à-vis de certains comportements post-conciliaires en matière de liturgie. »

Religion et garrot

« Des fuites calculées nous informent que le rapport final des États généraux sur l'éducation recommandera de sortir la religion des écoles et de garrotter davantage les écoles privées. Notons que le garrot est (était ?) l'instrument de l'État espagnol pour l'exécution des condamnés à mort. »

Respect de la vie

« L'autre matin, à cause du temps humide, j'ai croisé bon nombre d'escargots traînant leur maison sur la chaussée, toutes antennes sorties. Je fais attention de n'en écraser aucun. Ils ont bien le droit, eux aussi, de se promener. »

Réussite

« Celui qui réussit, c'est à lui qu'il le doit. Il ne faut pas exagérer sa reconnaissance. »

Révélation de la Révélation

« C'est un fait que, depuis un petit demi-siècle, la révélation de la Révélation a progressé de façon exponentielle. Comme le reste. On ne meurt pas de ça. Ce n'est pas que je sois particulièrement cuirassé. Bien au contraire, je suis ouvert. Je dis ouvert, par opposition à fermé. Mais, c'est moi qui ouvre. Ou alors, quelqu'un m'ouvre. Et ce ne peut être que l'Esprit. Ça fait partie de ma religion. Mais je ne marche ni à l'onction, ni au catinage intellectuel ou rituel. »

Revue

« Les cahiers de Cap -Rouge. Cette revue est la plus vieille publication de tout le réseau des collèges, privés ou publics. Elle paraît quatre fois par année depuis 25 ans. Jamais aucune subvention, de quelque organisme que ce soit, hormis le Campus lui-même. Tout a toujours été fait bénévolement. Jusqu'à il y a deux ans, c'était des frères qui assuraient l'intendance : choix des textes, impression, expédition, comptabilité, etc. Bref, l'énorme travail, dont la majeure partie est invisible, mais qu'il faut investir pour sortir une revue. »

Révolution tranquille (1)

« Sans violence et sans persécution, n'avons-nous pas, nous aussi, bradé l'essentiel de notre héritage au nom de la Révolution tranquille ? »

Révolution tranquille (2)

« À l'occasion de la Révolution tranquille, il est toujours bien arrivé ceci : une volonté politique, soutenue par l'opinion publique (ou fut-ce l'inverse), a lancé la réforme scolaire. Ladite réforme a fait l'objet de mille analyses, critiques, ajustements. À ce sujet, je pose une seule question : qui voudrait retourner en 1960 ?  Pas moi, en tout cas. Ni sur le plan religieux, ni sur le plan politique, ni sur le plan culturel, ni même sur le plan biologique. »


S


Secret  et illusion

« Du secret. Je ne peux demander, même à un ami, de garder mes secrets si je n'accepte pas qu'il garde les siens propres. Autrement dit, le « dis-moi-tout-et-je-te-dirai-tout » est soit une duperie soit un marché inégal, donc une illusion, quand ce n'est pas une injustice. »

Servir Dieu

« Servir Dieu. On ne peut pas servir Dieu comme une mère ou un père sert ses enfants ; comme une mère sert la maisonnée ; comme un client est servi dans un restaurant, etc. Dieu n'a aucunement besoin de nos services. Mais alors, que signifie servir Dieu ? La réponse est bien connue, et fort exigeante : on ne peut servir Dieu qu'en servant son prochain le plus proche. »

Société  éclatée (Constat porté  en mai 1996)

« La société tout entière a éclaté : pratique religieuse, famille, mariage, relève du clergé et des communautés religieuses, distance affichée vis-à-vis de l'enseignement de l'Église en ce qui a trait à l'avortement, au divorce, à l'euthanasie, aux comportements sexuels ; procès à répétition de notre passé religieux dans les médias, etc. »

Société hétérogène

« Derrida parle de « l'hétérogénéité du temps politique ». Autrement dit, nous vivons, même dans une petite société comme la nôtre, avec un grand nombre de non-contemporains, même si, évidemment, nous sommes tous mesurés par le même calendrier. »

Société non vaccinée

« Nous étions, et nous sommes encore, une société virginale ; une société non vaccinée. Un peu à la façon de ces populations autochtones du Grand Nord dont on rapporte qu'elles attrapaient la grippe, du seul fait qu'un avion de guerre avait été obligé de se poser dans la région, et que le contact avec des Blancs constituait, pour les Autochtones, une agression de microbes contre lesquels les Blancs étaient justement vaccinés. Seul un grand malheur collectif nous purgera de nos petits drames. »

Suicide

« Le suicide n'est pas la réponse au mal d'être. Le divertissement, au sens pascalien du terme, non plus. Alain disait bien : « Le saint, c'est celui qui se sauve. » Et il emploie le verbe « se sauver » selon au moins deux sens du terme : se pousser, s'en aller en vitesse, d'une part ; sauver son âme, d'autre part. »

Système scolaire du Québec à réformer

« Je suis convaincu que le système scolaire est irréformable du dedans. Il faut bâtir à côté et laisser le système-à-trois-décimales mourir de sa belle mort. Mais les cadavres sociaux mettent long à pourrir. »


T


Télévision, passages à la télé

« Je mesure très bien deux choses : la superficialité des apparitions à la télé et le côté dérisoire de la notoriété et, beaucoup plus généralement, le côté dérisoire de l'existence humaine. »

Térésa

« À 15h, j'apprends la mort de Mère Térésa. Prédiction : avec Jean-Paul Il tel qu'on le connaît, je ne serais pas autrement surpris qu'il la canonise subito presto. Pourquoi pas ? Antoine de Padoue fut canonisé moins d'un an après sa mort (le 30 mai 1232). »

Thèse

« Une thèse, le mot le dit, c'est une proposition, une théorie, une lecture d'une époque ou d'un ensemble d'observations que l'on s'engage à démontrer. Littéralement parlant, on pose quelque chose devant le lecteur et on lui dit : « Je vais vous expliquer la chose. »

Thèses ou procès

« Ces temps sont révolus (où les frères assuraient l’enseignement en grand nombre au Québec). Les frères aussi quant à leur rôle dans l'enseignement. C'est toujours à ce moment-là que l'on se met à faire des thèses (ou des procès). Paix à leurs braises ! »

Tuberculose

« Tuberculeux moi-même, lors de mon premier séjour à l'hôpital Laval, dans les années 1947 à 1951, j'ai vu mourir des dizaines de tuberculeux. Des jeunes hommes et des pères de famille. J'ai vu des hémoptysiques cracher leur sang dans une bassine. J'en ai vu d'autres brûler de fièvre, interminablement. Ce n’est pas pour rien que l'on parlait de « consomption » à propos de la tuberculose. »

Tuberculose, ce que c’est

« Je dis : honte et menace. Honte, parce que la tuberculose était associée à la pauvreté, au manque d'hygiène, à l'ignorance, ce qui est tout un. Menace, parce que l'on savait que c'était une maladie contagieuse. Parlant d'un tuberculeux, on disait qu'il était consomptif ou qu'il était mort de consomption. En clair : consume par la fièvre, qui est la défense de l'organisme. »


V


Vaccin

« Ma grâce, mon vaccin contre le désespoir ou le cynisme, ç'aura été Jésus. »

Vedettes et paparazzi (À propos de Lady Diana)

« Les vedettes ne sont vedettes que parce qu'elles sont vues. Les vedettes engendrent les paparazzi qui inventent les vedettes, qui fuient les paparazzi qui pourchassent les vedettes. Le couple vedette/paparazzi fait vivre les médias que font vivre les lecteurs et les voyeurs. Advenant un accident ou un scandale, c'est le deuil (ou l'indignation) municipal, national ou planétaire, selon le cas. Et ensuite, passez-nous une autre vedette. »

Vérité recherchée

« Mais, au fait, peut-on gouverner sans mentir ? Je ne le crois pas. La raison en est que les foules ne veulent pas connaître la vérité. Plus profondément, la raison en est que nul ne connaît la vérité, c'est-à-dire la juste décision a prendre. Hormis sous le coup de l'urgence, laquelle n'est jamais objet de débat. »

Vérité libératrice

« La tendance millénaire, multimillénaire, c'est de laisser, le plus longtemps possible, les sans-parole dans leur état. On peut éprouver des émotions à ce sujet. Je n'en ai aucune. J'ai été élevé sous la lumière de l'Évangile. Et je tente de me maintenir sous ce projecteur de vérité, qui ne connaît aucune baisse d'ampérage. »

Vêtement

« De plus, le vêtement est un signe de soi à soi, et un signe pour les autres. Le soldat ou le policier en uniforme se fait signe à lui-même et il fait signe aux autres. Casqué, ceinturé et botté, tu as davantage confiance en toi et tu projettes l'image de l'autorité et de la force. »

Vie éternelle en promesse?

« Ni les civilisations, ni les peuples, ni les nations, ni les communautés religieuses, ni les langues n'ont reçu la promesse de la vie éternelle. »

Vie fondée sur la mort de l’autre

« Hier soir, j'ai regardé un moment un documentaire sur les grands prédateurs. On y montrait à l'œuvre les hyènes, les charognards, les vautours, les lions, poursuivant d'innocentes gazelles ou attendant qu'un autre prédateur ait quitté sa victime. Le problème du mal se pose déjà à ce niveau. Pourquoi la vie, toute forme de vie, ne peut-elle se fonder que sur la mort de l'autre ? »

Volonté de Dieu

« Demander que la volonté de Dieu soit faite, c'est demander que soient levés les obstacles à son amour agissant. Bien loin d'être l'expression d'une servilité passive, cette prière nous renvoie à nous-mêmes, nous rappelle que chacun doit s'efforcer d'aimer son prochain au plus près qu'il est possible. »

F I N


Retour au texte de l'auteur: Jean-Paul Desbiens, philosophe et essayiste Dernière mise à jour de cette page le mercredi 20 juillet 2011 15:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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