Présentation
Par Laurent Potvin,
frère mariste, 23 juillet 2011.
Lettre à Jean-Paul Desbiens
Bonjour en ce 23 juillet 2011,
5 ans exactement après votre départ de la Terre, le 23 juillet 2006.
Muni d’un double détecteur de pierres précieuses et de métaux précieux, je viens de parcourir le douzième volume de votre collection de Journaux.
Dans la présente présentation de cette sélection de« Je te cherche dès l’aube, » j’ai choisi le genre épistolaire. Vous l’avez employé un jour, vous vous en souvenez sans doute, quand vous avez écrit « Lettre à Jésus-Christ. »
Si je fais la somme des pages que j’ai parcourues en lisant vos Journaux, j’en arrive à 4418. Si on totalisait ensuite les personnages dont font état vos tables onomastiques très précises on serait vraiment renversé par le nombre et la qualité des personnes dont vous avez fait mention…
Ne n’ai pas fait le décompte des heures que j’ai employées à parcourir tous ces volumes à défaut d’horloge enregistreuse intégrée. Mais cela doit représenter plusieurs mois consacrés à plein temps à la prospection et à mon enrichissement personnel en informations.
Après avoir parcouru attentivement ces milliers de pages, je suis à même de dresser maintenant l’inventaire de mes découvertes. Un inventaire impressionnant !
Découvertes de vos ami(e)s dont vous nous avez fourni soigneusement les noms.
Découvertes des auteurs, dont certains sont vos maîtres à penser et dont vous parlez souvent compte tenu de leur importance.
Découverte des titres des ouvrages de vos grands auteurs.
Découvertes de tant de titres de volumes et de revues que vous avez lus, consultés, annotés parfois.
Découvertes des volumes que vous avez conservés et dont le répertoire a été établi par nos archives.
Découvertes des textes de plusieurs de vos lettres, de vos conférences, de vos mémos, etc. que vous avez insérés dans vos Journaux.
Découvertes des réflexions que vous avez consignées sur des passages des évangiles, des épitres des messes auxquelles vous avez assisté.
Découverte à propos des temps de l’année liturgique qui marquaient pour vous les jours et les mois.
Découvertes des personnages - auteurs, musiciens, artistes, hommes d’Église, hommes d’État à l’occasion de leurs ouvrages nouveaux, de leurs interventions remarquées ou de leur décès.
Découvertes plus intimes, disons, comme votre récitation quotidienne du Credo, comme vos prières préférées, votre lever vers 5 heures afin de savourer le silence, votre goût du vrai café qui remet nos vies en route dès le réveil, le rappel commenté de certains passages de psaumes ou d’hymnes puisés dans la « Prière du temps présent. » Découvertes de vos dons d’observateur… Observateur de la nature, de la température du jour, des navires qui sillonnent le Fleuve, des avions qui vrombissent dans le ciel de Cap-Rouge, des oiseaux qui nichent ici, les oiseaux-mouches qui viennent au Québec afin de fonder leur famille dans un nichoir facile à observer.
Découverte de votre passage, en 2000, de la dactylo à l’ordinateur pour vos travaux littéraires. Votre dernier ordinateur, un choix judicieux, c’est lui qui a servi à vous écrire la présente lettre…
Découverte… Et découverte encore…
Cela, vous l’admettrez, fait beaucoup de fleurs à votre adresse! Vous me permettrez d’ajouter encore quelques roses, même si elles cachent des épines sournoises. Si vous désirez procéder à des rééditions, je proposerais certains émondages. Cela ne se veut pas une censure je sais que nous n’apprécieriez pas cela! mais parlons plutôt d’un émondage ici et là dans vos textes. Certains de vos amis vous ont d’ailleurs conseillé de tels émondages : vous avez eu le courage de nous signaler leurs recommandations. Supprimant certains noms en les remplaçant par deux initiales, modifiant certains termes pour les adoucir un peu, et quelques autres menues retouches qui rendraient la lecture de vos Journaux encore plus agréable.
Permettez-moi un dernier mot…en guise de conclusion.
Cette conclusion, je la puise dans vos écrits. Vous avez souligné, un jour, que vous écriviez je cite de mémoire pour être lu… Que vous écriviez pour mettre des pensées à l’abri de la mort… Que vous écriviez pour quelqu’un, un inconnu, une inconnue, qui vous liront dans son salon, dans un train, un avion, demain, dans cinquante ans, dans cent ans… Et maintenant que tous vos ouvrages circulent sur Internet téléchargeables gratuitement grâce aux Classiques des sciences sociales de l’UQAC, à M. Jean-Marie Tremblay et à son équipe de bénévoles, les clients d’Internet des cinq continents peuvent posséder dans la mémoire de leurs ordinateurs tous vos Journaux et nombre de vos autres écrits.
Grâce à vos Journaux rédigés pendant tant d’années, grâce aussi à ces Sélections de citations, des centaines de vos réflexions parmi les plus pointues ont été mises à l’abri de la mort.
Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer,
23 juillet 2011.
Les Classiques des sciences sociales
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