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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La participation sociale des aînés: apport à la collectivité et bien-être individuel. (2009)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Marc-André Delisle, La participation sociale des aînés: apport à la collectivité et bien-être individuel. Rapports abrégé et extensif. Recherche subventionnée par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (dossier 108648). Édition du document financée par le Fonds de perfectionnement des chargés de cours de l'Université du Québec à Chicoutimi. Ville de Lévis, Québec: automne 2009, 347 pp.

Introduction


Est-il nécessaire de démontrer l'importance que revêt la participation sociale des aînés dans le monde occidental contemporain? En ce XXIe siècle, le vieillissement démographique est un phénomène universel qui prend de l'ampleur (Vallin, 2006). Or, nous n'en sommes qu'aux premières décennies du processus amorcé, et son terme n'est pas à portée de vue. De sorte que, comme le montre J. Vallin (ibid.), en supposant que l'espérance de vie atteigne 85 ans et que le taux de fécondité n'augmente pas significativement, dans la seconde moitié du siècle actuel, nous retrouverons des populations stables dont le quart ou le tiers des individus auront 60 ou 65 ans et plus. Ces âges donnent accès à des rentes en Europe et en Amérique du Nord [1]. Par conséquent, si les régimes de retraite ne changent pas, la majorité des personnes concernées auront quitté le marché du travail. Dès lors, que feront-elles?

Nombreux sont ceux qui se posent la question, car nous sommes en face d'une situation inédite : celle de l'émergence d'un nouvel âge de la vie [2]. En effet, il n'y a jamais eu autant de personnes dites âgées, financièrement autonomes et en bonne santé. Au cours des dernières années, la façon de vivre l'ultime phase de l'existence a changé en profondeur [3]. Des groupes de gens âgés se sont formés et ils s'impliquent dans différents domaines de la vie sociale. De sorte qu'un modèle actif du vieillissement s'est imposé, qui a pris un caractère normatif [4]. Certains voient dans ce phénomène de bons augures pour l'avenir; d'autres s'inquiètent pour les gens du quatrième âge qui ne peuvent pas se conformer au modèle proposé [5], tandis que des aînés rejettent carrément ce modèle, préférant une retraite hédoniste qu'ils estiment bien méritée. Il n'entre pas dans le propos de ce document de discuter de ces points de vue. Cependant, les questions relatives à l'émergence des groupes d'aînés, à la contribution sociale de leurs membres, et à l'impact de leur engagement sur leur bien-être individuel font partie du champ d'investigation de cette étude.

En effet, les sociétés actuelles n'ont pas atteint leur vieillissement maximal et elles sont incapables d'aider adéquatement ceux qui sont désavantagés. Qu'en sera-t-il vers 2030 lorsque de 25 % à 30 % des membres de ces sociétés seront âgés, et quand plus du tiers des individus concernés seront fragiles ? [6] Si l'on présume que la population d'âge actif sera sollicitée par le travail professionnel, ainsi que par ses obligations familiales et sociales, on peut se demander qui prendra soin des jeunes en difficulté, des personnes handicapées, des adultes dysfonctionnels et des personnes âgées vulnérables.

Nous croyons que les aînés autonomes constituent une partie de la solution aux problèmes de soutien des démunis parce que leur capital humain est probablement sous-utilisé. Si ce capital était employé de façon plus efficiente, l'action sociale de ces personnes pourrait atténuer les difficultés que pose le vieillissement démographique. La recherche que nous avons effectuée avait pour objectif général de vérifier le bien-fondé de cette assertion.

Le projet soumis à l'organisme subventionneur comportait aussi les objectifs spécifiques suivants :

1. Connaître le contexte démographique et sociohistorique sous-jacent à la participation sociale des aînés du Québec et de ceux de l'Estrie en particulier [7].

2. Avoir une idée précise de l’ampleur et des formes que prend la participation sociale des aînés québécois et estriens.

3. Évaluer l'impact social de cette participation.

4. Voir comment la participation sociale s'insère dans l'existence des aînés.

5. Identifier les facteurs qui favorisent la participation sociale des aînés et les obstacles qui les empêchent de s'adonner à ce genre d'activité.

6. Examiner les relations entre la participation sociale et le bien-être physique et psychologique des aînés.

7. Savoir si la participation sociale favorise le développement de l'amitié et de l'entraide, si elle facilite la circulation de l'information sur les services, et si elle a un impact significatif sur leur utilisation.


Le projet de recherche initial se divisait en trois volets auxquels correspondaient les différents objectifs : 1) une étude écologique et sociohistorique de la participation sociale des aînés du Québec et de l'Estrie (premier et deuxième objectifs); 2) une évaluation de l'impact social de cette participation (troisième objectif); 3) une recherche empirique sur l'engagement social des aînés des Cantons de l'Est (objectifs 4 à 7). Toutefois, l'ampleur de l'étude a été réduite. Les efforts ont surtout porté sur les deux premiers volets et sur l'atteinte des objectifs 1, 3 et 4. Les autres objectifs ont été poursuivis à travers la recension des écrits et l'analyse des réponses fournies par les individus qui ont participé à la recherche empirique. Celle-ci fut qualitative parce que cette méthodologie maximisait les chances d'atteindre les buts de l'étude, compte tenu du temps et des moyens de recherche dont nous disposions [8].

Dans le premier volet de la recherche, nous avons recueilli des renseignements sur l'histoire de trois groupes nationaux d'aînés et sur leur implantation en Estrie. Puis nous avons établi un parallèle entre ces phénomènes et le développement des Cantons de l'Est depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces trois groupes sont : l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), la Fédération de l'âge d'or du Québec/Réseau FADOQ, et l'Association québécoise pour la défense des droits des retraité-es et préretraité-es (AQDR).

Dans le second volet de la recherche, nous avons d'abord réalisé une recension d'écrits sur la contribution sociale des aînés, puis des entrevues ont été effectuées auprès de retraités membres de conseils d'administration de groupes communautaires.

Le champ d'investigation de cette étude se limite à la ville de Sherbrooke et à ses environs, c'est-à-dire au cœur de l'Estrie. Il s'agit d'un milieu typiquement québécois du fait qu'il compte des francophones et des anglophones, ainsi que des zones urbaines, semi-urbaines et rurales.

Le chapitre 1 de ce document est consacré aux aspects théoriques de l'étude. Le deuxième a trait à sa méthodologie. Suit le chapitre 3 qui traite de l'émergence de trois groupes nationaux d'aînés et de leur implantation en Estrie. Le quatrième chapitre rend compte de la contribution des gens âgés au développement de leur collectivité, ainsi que de la façon dont la participation sociale s'insère dans leur existence. Vient enfin la conclusion où nous discutons des implications des constatations effectuées.


[1] Auclair, 2003; Bourdelais, 1993 et 1997.

[2] Bourdelais, 1993 et 1997; Desjardins et Légaré, 1984; Gaullier, 1988; Laslett, 1990.

[3] Baer et coll., 2001; Caradec, 2001 et 2004; Curtis et coll., 2001 et 2003; Legrand (dir.), 2001; Thomas, 1998 et 2002; Viriot-Durandal, 2003.

[4] Bass, Ed., 1995; Bass et Caro, 2001; Guillemard, 1978.

[5] Le quatrième âge désigne la période de la vie où la personne est la plus fragile et est la plus susceptible d'être en perte d'autonomie. cf. Bourdelais, 1993 et 1997; Lalive D'Épinay, Spini et coll., 2008; Thévenet, 1989.

[6] Vers l'an 2025, entre le tiers et la moitié des Canadiens et des Québécois de 65 ans et plus auront 75 ans ou plus, et seront donc potentiellement vulnérables (Conseil des aînés du Québec, 2007; Des Rivières et Michaud, A. [dirs.], 2005). À noter qu'il y a une différence importante entre la fragilité et la perte d'autonomie. La fragilité correspond à une diminution des capacités physiques et mentales qui n'entraîne pas la dépendance envers d'autres personnes dans l'accomplissement des tâches de la vie quotidienne, alors que tel est le cas de la perte d'autonomie. De plus, la majorité des gens qui vivent au-delà de 75 ou 80 ans deviennent fragiles tandis qu'une minorité de membres de ce groupe d'âge perdent leur autonomie. Cf. Lalive D'Épinay, Spini et coll., 2008, p. 145.

[7] Rappelons la distinction entre les Cantons de l'Est et l'Estrie. Les Cantons de l'Est désigne la région administrative no 05 du Québec, c'est-à-dire une région située entre la Montérégie (Rive-Sud de Montréal) au nord-ouest et la frontière états-unienne au sud. Dans les directions opposées, les Cantons de l'Est ont pour limites celles des régions de la Mauricie (no 04), du Centre du Québec (no 17) et de Chaudière-Appalaches (no 12). L'Estrie constitue le centre des Cantons de l'Est, soit un rectangle formé par les villes et villages situés autour de Sherbrooke. À noter que l'on confond souvent les Cantons de l'Est et l'Estrie. Dans notre étude, nous utilisons parfois les deux termes pour désigner la même région (05). De plus, au fil des ans, les limites des régions administratives ont changé, mais celles des Cantons de l'Est n'ont guère varié selon Kesteman et ses collaborateurs (1998, p. 19).

[8] Poupart (dir.), 1997; Smith, 1975,



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 21 octobre 2010 7:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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