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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Paul Dejean, D'Haïti au Québec. (1990)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Paul Dejean, D'Haïti au Québec. Montréal: Les Édition du CIDIHCA [Centre international de documentation et d'information haïtienne, caraïbéenne et afro-canadienne], 1990, 203 pp. Une édition numérique réalisée par Pierre Patenaude, bénévole, professeur de français à la retraite et écrivain, Chambord, Lac—St-Jean, Québec. [Livre diffusé en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de la direction du CIDIHCA accordée le 19 septembre 2019.]

[iii]

D’HAÏTI AU QUÉBEC

Préface

Avec le livre d'Haïti au Québec, le lecteur a l'occasion de se colleter à l’expérience la plus importante qui soit pour les Québécois contemporains : celle de se mettre dans la peau de l'autre, seul moyen de comprendre de l'intérieur ce que Paul Dejean nomme si justement « le corps à corps quotidien avec la réalité » vécue par l'immigrant.

Et l'auteur, qui a été pendant des années, le principal animateur de la Communauté haïtienne de Montréal, a vu de près les trois vagues principales d'arrivées d'Haïtiens au Québec. Mieux que quiconque au Québec, il peut aider les Québécois à percer les problèmes vécus par ces nouveaux « autres ».

Que chacun des lecteurs en lisant ce livre se remémore ses propres préjugés ! Un détail m a frappé, dans cette lecture. A l'occasion de la première amnistie des illégaux de toutes sortes arrivés au Québec et au Canada à la fin des années soixante, les autorités estimaient à 200 000 personnes le nombre de ces illégaux. Après-coup et bilan en mains, on se rendit compte que le grand total d'amnistiés se chiffrait à 32 000. Comme j'écris ce texte en pleine période d'expulsion des Turcs de Montréal, je me demande aussi si les dizaines de milliers que les autorités de tous bords mentionnent, ne se trouveront pas être sept fois moins quand le décompte sera complété.

Avec la venue des Haïtiens, le Québec a été confronté à un problème nouveau : celui de son propre racisme. […/…] [iv] Que l'on se rappelle la question des chauffeurs de taxi, des clients disant au central : « Ne m'envoyez pas de chauffeur de taxi noir ». Certains ont alors suggéré le boycottage des compagnies récalcitrantes et la Commission des Droits de la Personne du Québec a fait enquête.

Où en sont les préjugés au printemps 1988 ? Apparemment, le pire est passé, mais il faudrait bien vérifier si tel est bien le cas. Les Haïtiens peuvent fort bien devenir la jauge de l'intolérance d'une société comme la nôtre et ce triste rôle devrait nous rendre encore plus sensibles à leur réalité.

Quiconque a vu Haïti et sa misère, la grandeur épique de son passé et la richesse qui aurait pu être la sienne, n’eût été les brigands qui l'ont dirigée et saignée, ne peut pas ne pas rêver à ce que pourrait devenir la contribution de ces Québécois de nouvelle souche au Québec de demain. Encore faudrait-il que la chance leur soit donnée de manifester tout leur potentiel, aussi bien culturel (musical et pictural) qu'institutionnel. La communauté haïtienne n est pas de celles qui arrivent au Québec les poches bourrées d'argent. Aussi, appartient-il à la société québécoise de lui donner les moyens de se réaliser, dans un premier temps, et de se doter de ce qu'il lui faut, de la même manière d'ailleurs que les Québécois de vieille souche l'ont fait.

Je pense à des expositions salons annuels, à des centres communautaires, à des institutions financières, à des P.M.E., à mille et une expressions de soi-même qui seraient le prolongement naturel d'une communauté en bonne santé, attestation de la santé de la communauté-hôte, et siège d’une participation riche, diverse et spécifique au processus d'intégration-participation au dynamisme de l'ensemble.

[v]

Je sais que je propose ici un programme ambitieux et qui ne sera pas réalisé en deux coups de cuillers à pot. Mais comme l'a déjà dit quelqu'un : « Raison de plus pour commencer dès maintenant ».

Autrement, la présence haïtienne au Québec risque de ne jamais atteindre son plein épanouissement. Et, de cet épanouissement, le Québec a besoin, autant que les Haïtiens du Québec eux-mêmes.

Montréal, avril 1988.

Gérald Godin

Ancien ministre des Communautés culturelles
et de l’Immigration

Membre de l’Assemblée nationale du Québec

[vi]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 14 octobre 2019 6:29
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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