RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Décroissance et redistribution des positions des groupes sociaux dans l'espace urbain ” (1983)
Remarques préliminaires


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Francine Dansereau, professeure [INRS-Urbanisation, Université du Québec], “ Décroissance et redistribution des positions des groupes sociaux dans l'espace urbain ”. Un article publié dans Les enjeux de la décroissance. Actes du colloque de 1982 de l'ACSALF, pp. 173-179. Montréal: Éditions Albert Saint-Martin, 1983, 258 pp. [Autorisation accordée par l'auteure le 19 décembre 2003].

Remarques préliminaires

Premièrement, je ne viens pas vous parler en spécialiste. Je n'ai pas consacré de travaux à cette question de la décroissance, je n'en ai pas recensé non plus. Je me sens donc un peu mal à l'aise, car trop habituée - défaut de chercheur empirique - à ne parler qu'appuyée par une pile de données sûres, bien vérifiées!...

Deuxièmement, j'aimerais m'arrêter un peu sur la notion même de décroissance. Il me semble essentiel de définir correctement ce que recouvre ce terme. S'agit-il de la «crise», c'est-à-dire de la récession actuelle, créée entre autres par la politique américaine des hauts taux d'intérêt dans le but de mater l'inflation, remède des orthodoxes néo-libéraux qui, selon maints observateurs, serait en train de tuer le malade. Nous connaissons tous les effets à court terme de cette politique: fermetures d'usines, chômage, baisse du revenu réel moyen, etc.

Ou s'agit-il du phénomène plus profond, structurel peut-être, qui caractérise les économies occidentales et surtout l'économie nord-américaine des dernières années (en gros depuis le milieu des années soixante-dix), phénomène que l'on a qualifié de croissance «ralentie», «lente», sinon «croissance zéro». Sans entrer dans les discussions d'experts, je ne crois pas que l'on soit, à ce niveau des tendances «lourdes», entré dans un processus de décroissance. Il s'agit plutôt d'un plafonnement relatif du produit national brut, de la productivité, du revenu réel par tête, etc., alors qu'on s'était habitué à une croissance soutenue de tous les indicateurs la majeure partie du temps depuis les années quarante jusqu'au milieu des années soixante-dix (compte tenu, bien sûr, de certaines fluctuations; ce n'est pas la première fois que l'on qualifie la situation de «pire récession depuis les années trente»: on l'a dit à propos de 1973-1974).

Selon donc qu'on envisage les prochaines années comme la poursuite du mouvement amorcé depuis 1981, c'est-à-dire comme une détérioration accélérée de la situation, qui mène rapidement au chaos, ou qu'on se place dans un contexte simplement de croissance ralentie ou même de stagnation, les perspectives quant aux effets à considérer sont passablement différentes. J'essaierai dont de maintenir les distinctions entre les deux perspectives.

Troisième remarque préliminaire: à propos de l'espace urbain. Je ne veux pas simplement parler de ce qui se passe «en ville», c'est-à-dire de l'accès au travail, à l'éducation supérieure, aux services publics, à la production ou à la consommation culturelle, etc. En ce sens, l'urbain n'est pas un objet (cf. la question désormais classique de Castells «Y a-t-il une sociologie urbaine (1)?»).

Je veux réserver l'idée d'espace urbain à la répartition des groupes sociaux dans l'espace, avec les avantages et les pertes qui y sont associés. En ce sens l'espace urbain, objet spécifique de la «politique urbaine (2)», est l'enjeu et le produit de rapports de forces entre des groupes sociaux qui sont en conflit [en «compétition écologique», auraient dit les anciens sociologues de l'école de Chicago (3)] pour se l'approprier.

Notes:

(1) Manuel Castells, «Y a-t-il une sociologie urbaine?», note critique, Sociologie du travail, 1968, no 1, pp. 72-90.

(2) Sur cette définition de l'objet de la politique urbaine, on retournera avec profit aux deux numéros spéciaux de Sociologie du travail, 1969, no 4, et 1970, no 4, consacrés à ce thème.

(3) Les concepts de «compétition» et de «succession écologique» ont récemment été repris, mais à rebours, cette fois, à propos de la réappropriation de certaines zones centrales par les couches supérieures, tout en mettant en relief les déterminants et les supports de ces mouvements sur le plan des structures économiques et des valeurs socio-culturelles, afin de dépasser les formulations naturalistes de l'école de Chicago. Voir en particulier les articles de James Hudson et surtout ceux de Thomas M. Guterbock et de Jon Van Til dans le numéro spécial sur «The revitalization of inner-city neighborhoods,,, Urban Affairs Quarterly, special issue, vol. 15, no 4, juin 1980.


Retour au texte de l'auteure: Francine Dansereau, INRS-urbanisation Dernière mise à jour de cette page le Samedi 20 novembre 2004 14:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref