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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article d'Ali DAHER (sociologue), “Les Imams du Québec”. Montréal: texte inédit, 30 novembre 2011. Les Classiques des sciences sociales, décembre 2011. [Autorisation accordée par l'auteur le 8 décembre 2011 de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.]

Ali DAHER

Les Imams du Québec”.

Montréal : Texte inédit, 30 novembre 2011. Les Classiques des sciences sociales, 2011.



1.  Contexte général
2.  Les Imams

a. Les grands Imams
b. Les petits Imams

3.  Les Imams des mosquées québécoises

A. La fonction de l’Imam au Québec
B. La classification des Imams québécois

1. Le pays et la formation
2. Les rémunérations
3. La langue, l’ethnie et la clientèle

Conclusion


1- CONTEXTE GÉNÉRAL

En islam, ni la Mecque, ni un sacerdoce, ni un centre unique comme le Vatican n’est capable d’édicter une fatwa, un avis religieux [1], qui serait obligatoire ou même acceptable par tous les musulmans. Une telle situation encourage la relation directe du musulman avec son Dieu et l’incite à examiner les textes islamiques sans passer par un ministre de culte.  Ainsi, se forgera une égalité entre les croyants et une démonopolisation de l’interprétation du Coran et de la Sunna (= les dires et les comportements du prophète Mohammad).

Cette  structure intrinsèque, propice au développement de l’individua­lisme, ouvre la voie à de  multiples interprétations du texte sacré, à l’émergence d’un leadership grandement éclaté et à la prolifération des organismes et des leaders religieux islamiques. Elle a empêché et empêche toujours une institution religieuse comme Al Azhar - la plus ancienne et prestigieuse autorité de l’islam sunnite basée en Égypte - de concentrer entre ses mains l’accès au texte sacré et d’uniformiser l’interprétation des textes sacrés pour ainsi devenir, comme l’est le Vatican pour les catholiques, l’unique institution religieuse officiellement reconnue par les musulmans.

D’ailleurs, c’est cette hiérarchie molle et mal structurée qui a permis à des gens comme Ben Laden de se faufiler entre ses parois pour penser son propre islam et répandre ses propres fatwas concoctées selon une recette composée d’un choix d’ingrédients fortement politisés.

Dans la religion catholique, c’est une autorité religieuse qui désigne le clergé (pape, évêque, prêtre, diacre, etc.) Le clergé catholique se consacre entièrement au culte et le célibat religieux y est prôné ou imposé. En revanche, et dans le même contexte, l’imam ne connaît pas la vie religieuse au sens strict. Il peut se marier, avoir des enfants et exercer une activité professionnelle. La religion et la vie mondaine se côtoient sans peine. Par exemple, Abou Hanîfa, «le plus grand imam sunnite», se démarquait par son intelligence et sa vivacité d’esprit dans le domaine du commerce et des transactions. En plus, il fut un juriste connu en jurisprudence et un enseignant hors pair. Dans ce contexte, nous soulignons qu’une bonne partie des musulmans accepte une interprétation qui ne fait pas de séparation entre les différentes activités humaines. Pour eux, l’islam est din wa dounya  (vie et religion) et les croyants, et en premier lieu les imams, sont appelés à s’occuper de tous les aspects de la vie. La séparation entre laïc et religion, entre politique et religion, entre État et religion n’existe pas. Cette séparation est rejetée et même attaquée.

L'élément vital de la structure intrinsèque islamique montrant la fragilité du clergé islamique se nourrit de deux points essentiels:


a. l’unicité de dieu qui occupe une place très importante dans le dogme et la foi islamiques. Cette unicité est un élément clé très cher au cœur du musulman. Le croyant, par peur d’associer quelqu’un ou quelque chose à dieu, ne donne aucun rôle de médiation et n’accepte aucune intervention  entre lui et dieu;

b. la liberté qu'a le musulman pratiquant de choisir la voie qu’il veut emprunter parmi les écoles, les tendances et les interprétations accessibles. L’absence de sacrements, l’opportunité offerte à chaque musulman d’interpréter le texte sacré pour y trouver les solutions à ses problèmes ainsi que la possibilité d’accomplir les rites religieux en solo affaiblissent le rôle des intermédiaires religieux et font de la structure organisationnelle de l’islam, une structure caractérisée par un clergé non hiérarchisé, non structuré, fragile, favorisant la concurrence et la division entre les oulémas (= savants de l’islam).


Mais les textes sacrés de l’islam peuvent aussi être interprétés – d’ailleurs ils l’ont été tout au long de l’histoire islamique –en faveur des leaders absolus et même des despotes. Pour certains jurisconsultes, surtout ceux qui étaient proches du pouvoir, l’existence d'une autorité est nécessaire et l’obéissance à cette autorité est demandée. Ainsi, le verset coranique suivant: "Ho, les croyants! Obéissez à Dieu, et obéissez au messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement..." [2], renforcé par le hadith (= parole du prophète) rapportant que le prophète de l’islam a dit : "si quelqu’un voit quelque chose d’indésirable en son chef ou dirigeant, il doit être patient car, s’il s’éloigne, ne serait-ce qu’un peu de l’obéissance, il mourra dans l’ignorance", ont été interprété comme un appel à l’obéissance à une catégorie de gens dont les dirigeants politiques des pays musulmans font partie. D’ailleurs, les événements qui ont secoué les pays arabes, connus sous le nom de printemps arabe, ne sont qu’une révolte de cette mainmise des dictateurs sur la vie des citoyens dans ces sociétés. Ces clameurs populaires réclamant la démocratie et la liberté d’expression visaient le bouleversent des anciens discours des oulémas (= savants de l’islam) sollicitant une grande soumission au pouvoir existant et même si ce dernier opprime et inflige des souffrances.

Il est vrai que certains cultes islamiques, comme les prières par exemple, se font en groupe et demandent que l'un des musulmans présents soit nommé "imam" (imam dérive du verbe arabe amma, c’est-à-dire celui qui est devant); il est vrai aussi que certaines personnes, à cause de leur savoir en sciences religieuses, de leur connaissance de la vie contemporaine, de leur charisme, de leur prestige, de leur responsabilité au sein de la communauté musulmane, se distinguent en se propulsant à l’avant scène. Mais cela ne donne à ces individus, en aucun cas, un lien privilégié avec dieu et ne leur attribue jamais le statut d’intermédiaire entre Dieu et les fidèles. Il ne fait pas d’eux des clergés au sens catholique du mot. Ce n’est qu’un fait social qu’on rencontre chez tous les groupes humains indépendamment de leur religion. Mais ces individus ont fait de telle sorte que certains cultes passent par un médiateur pour être acceptés religieusement et socialement. Ils ont, par exemple, exigé l’existence d’un imam (appelé mazoun) pour pouvoir contracter un mariage; un imam pour diriger la prière mortuaire; un imam (appelé khatib) pour prononcer le prêche de vendredi ; etc.

Parmi les oulémas qui ont exigé la résignation aux lois imposées par les pouvoirs, les imams occupent le premier plan.


2. LES  IMAMS

Le terme «imam» dérive de la racine linguistique arabe amma. Cette racine est à l'origine de plusieurs mots qui sont entrés dans le vocabulaire islamique. De cette racine dérivent les mots qui signifient: chemin, chef, religion, mère, principe, nation, communauté, source, etc. Il suffit de signaler que les deux mots oumma (=communauté, comme dans oumma islamiyya, la communauté musulmane) et imam (guide, celui qui se tient devant et dirige la prière) dérivent de cette même racine.

Les imams, dans le sens large et religieux du terme, sont des responsables religieux dont la fonction peut être simple, comme diriger une seule fois la prière, ou complexe, tel guider spirituellement et temporellement la communauté musulmane toute entière. Ces imams - indépendamment de leurs importances, leurs occupations, leur classes sociales, leur métiers, leur moyens de vivre, etc. - ont une fonction sociale aux multiples facettes et jouent un rôle étendu à savoir: prêcher, orienter, éduquer, enseigner, contrôler, surveiller, exhorter, avertir, censurer, etc.

Par la suite, nous allons faire une classification aléatoire des imams en essayant de mettre l’accent sur les plus influents.

a. Les grands imams.

Parmi les grands imams nous énumérons en premier plan :


- Les grands imams chez les chiites [3] : Ce sont les successeurs du prophète Mohammad, les guides suprêmes qui dirigent la communauté musulmane. Ils doivent être les descendants du quatrième calife Ali Ibn Abi Taleb [4]. Les chiites prétendent que le choix de ces grands imams est une affaire divine. Pour cette raison ils les déclarent justes, éclairés, connaisseurs du futur et infaillibles. Les grands imams chiites guident, organisent le culte, s'occupent de la communauté, veillent à réaliser ses buts et surveillent le bon fonctionnement de ses institutions.

Le nombre des grands imams chiites est différent. Ils sont 12 chez les chiites jaafarites ou duodécimains, 7 chez les ismaélites ou septimaniens, 5 chez les zaydites [5].


- Les califes, c'est-à-dire les vicaires ou les successeurs du prophète. Ils ont dirigé l'état islamique après la mort du prophète. Ils sont aussi de grands imams. Dans la théorie sunnite, les quatre premiers califes qui ont succédé au prophète sont nommés les califes bien guidés. Ils sont  dans l’ordre : Abou Bakr  Assiddiq, Omar Ibn Alkhattab, Othman Ibn Affan et Ali Ibn Abi Taleb.

Il existe des différences entre le calife, en tant que grand imam pour le sunnisme, et le grand imam chiite chez la branche majoritaire du chiisme, la branche duodécimaine. Le premier est élu par des gens et peut commettre des fautes, tandis que le deuxième, l'imam, selon l'idéologie chiite duodécimaine, est choisi par dieu et il est infaillible. Le titre de calife a un sens politique plus riche. Pour l’imam chiite, c’est plutôt le sens religieux et spirituel qui est plus important. En général ces deux personnages avaient dans le temps les mêmes responsabilités: guides suprêmes de la communauté et gouverneurs. Aujourd’hui, ces deux genres de personnalités n'existent plus. Atatürk (1881-1938), président de la Turquie, a aboli le califat. Tandis que le dernier grand imam du chiisme duodécimain est caché; il est actuellement en occultation (occulté depuis le dixième siècle) et les chiites duodécimains attendent sa parousie.

- Les fondateurs de chacune des quatre écoles [6] juridiques sunnites, Abu Hanifa, Malîk, Shâfi'i et Ibn Hambal, sont aussi de grands imams. Mais ces derniers ne gouvernaient pas. Ils étaient créateurs des tendances à suivre; des maîtres religieux que les musulmans sunnites suivent et imitent pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne.

- Les marja' al-taqlid (= sources d'imitation) sont aussi des grands imams pour les musulmans chiites. Ils occupent un rang élevé. Leur nombre est réduit à cause des conditions exigeantes pour accéder à ce statut. Les fidèles chiites puisent chez eux la façon de résoudre les problèmes cultuels et sociaux. Marja' al-taqlid est un imam qui se nomme aussi ayatollah (ayatollah = mot composé de deux syllabes :ayat=signe, allah=dieu; ayatollah=signe de dieu), mais c'est un ayatollah ouzma, (= magnifique signe de dieu ou grand signe de dieu). Khomeini (1902-1989) guide de la révolution islamique en Iran était un ayatollah ouzma. Dans les temps qui courent, le grand imam Sistani (1930 - ) qui vit en Iraq et qui est suivi par un très grand nombre des chiites, est aussi un grand ayatollah.

- Le mufti est un grand imam qui s’occupe d’un territoire national déterminé. Chaque pays islamique de tendance sunnite a son propre mufti. Il est nommé mufti aljoumhouryat (= mufti de la république). C’est un conseiller juridique en droit islamique. Il s’occupe parfois de la politique et est proche du pouvoir et payé par lui. Dans la plupart des pays islamiques, le mufti généralement appuie et légitime les pouvoirs en place.

- Le houjat al-islam (= preuve de l'islam). Ce sont des titres religieux en islam chiite donnés aux  théologiens érudits de grade élevé. 

- Les moujtaheds ou les jurisconsultes qui exercent un effort de réflexion personnelle. Ils sont des intellectuels musulmans et leurs relations directes avec leurs coreligionnaires sont minimes.

En parlant des grands imams, force est de signaler l’importance de la catégorie des maîtres des confréries soufies. Ces confréries sont les organismes religieux les bien structurés de l’islam. À la tête de chacune d’elle il y a un imam, un maître soufi bien écouté. Or dans le milieu soufi circule un adage voulant que: qui n’a pas un cheikh (= maître), le diable est son cheikh.

b. Les petits imams

Les petits imams sont les imams du niveau le plus bas. Mais malgré leur bas niveau et leur connaissance restreinte en théologie, ils sont très influents dans leurs communautés respectives à cause des relations directes et presque quotidiennes qu’ils entretiennent avec les croyants. Le petit imam est le dirigeant d’une mosquée dans un village ou un quartier. Il est à la tête d’un groupe de fidèles qui fréquente la mosquée, comme c’est le cas des imams montréalais. Habituellement, le petit imam joue, pour sa petite communauté, le rôle de chef. Il est aussi directeur de la prière et orateur de vendredi.

Parmi les petits imams nous rencontrons aussi ceux qui se tiennent devant quelques musulmans dans un moussallah [7] pour diriger une prière ou prononcer un prêche. Nous signalons encore une fois, qu’en absence d’un imam permanent, n'importe qui peut se détacher de la masse, se mettre devant les fidèles et se positionner dans la direction de la Mecque pour devenir imam le temps d’une prière. Mais cet imam reste temporaire et son rôle se termine avec la fin de la prière.


3- LES IMAMS DES MOSQUÉES
QUÉBÉCOISES


La nouvelle situation dans laquelle se trouvent les musulmans québécois ne peut pas passer sans les marquer. Cette situation est, entre autre, caractérisée par des nouveaux éléments comme : la mondialisation et ses moyens de communication moderne ouvrant la voie à la libre circulation des biens, des capitaux, des personnes et surtout des idées; l’éclatement du cadre social local qui, dans leur pays d’origine, les surveillait et limitait la manipulation par eux-mêmes du texte sacré [8] ; leur existence (au Québec) dans un environnement où règnent et se pratiquent des notions comme : la liberté, la démocratie et surtout l’individualisme qui a accentué un individualisme déjà existant dans la théologie islamique; le développement de nouveaux réseaux de communication ainsi que le niveau élevé de scolarité des immigrants musulmans québécois [9]. Tous ces éléments soulèvent des questions sur l’interprétation des textes sacrés islamiques dans cette nouvelle réalité sociale, mettent l’accent sur la relation directe du musulman avec dieu à travers les textes sacrés et, par conséquence, jouent un rôle dans le processus de la formation et de  l’émergence des imams.

A- La fonction de l’imam au Québec.

Avant de parler de la fonction de l’imam immigré, il est intéressant d’ouvrir une parenthèse sur la nature sexuelle de l’imam. Dans ce contexte, l’interprétation actuelle de l’islam qui dure depuis des siècles, exige que l’imam soit absolument un homme majeur et de sexe masculin. Mais il semble que l’implantation des musulmans dans les pays occidentaux joue au profit de la femme musulmane. Or depuis quelques années, une polémique a eu lieu autour de la masculinité de l’imam et de la possibilité qu’une femme devienne imam est plus probable. En mars 2005, pour la première fois dans l’histoire de l’islam, une femme musulmane américaine aux États-Unis, Amina Wadud, professeure d’études islamiques à l’université de Virginie, a réussi à s’emparer du rôle d’imam. Elle a dirigé la prière et a prononcé le prêche du vendredi à New York. La torontoise Rahel Reza, d’origine pakistanaise, elle aussi, a été invitée pour diriger la prière à Oxford [10]. En Belgique, une femme fut aussi nommée officiellement imam par l’autorité belge, mais elle n’a pas pu diriger les prières et s’est contentée de prononcer des prêches seulement. Au Québec, une femme a été nommée au sein du conseil d’administration d’une mosquée. C’est le plus haut poste qu’une femme musulmane québécoise a pu occuper au sein d’une mosquée. Mais nous pensons que ces événements ne sont que le signe avant-coureur de changement dans les mentalités sous l’influence du nouvel environnement qui joue un rôle au profit de la femme musulmane immigrée. 

Dans les pays musulmans, les organismes et les instances qui s’occupent des différentes facettes de la vie des musulmans sont nombreux et spécialisés. Il a y les tribunaux islamiques présidés par des imams nommés kadis (juges musulmans) qui veillent à l’application de la charia (la loi islamique); la dar ifta (la maison qui émet les avis juridiques) instance religieuse présidée par un imam mufti, conseiller juridique, qui interprète la loi islamique; le mazoun (qui détient la permission) imam responsable de sceller les mariages entre musulmans; le mouazzen personnage qui, du haut du minaret, appelle les fidèles aux prières; le faqih (imam jurisconsulte qui s’occupe de déduire les jugements des sources islamiques) etc.

En immigration, la situation est différente. La mosquée et l’imam à sa tête ont vu leurs fonctions se développer pour toucher à tous les aspects de la vie quotidienne des musulmans. En tant que chef d’une communauté musulmane immigrante, l’imam a vu son rôle se diversifier. Il tient un rôle polyvalent puisqu’il prend la responsabilité d’une institution (mosquée en immigration) polyvalente.

Dans ce cadre, l’imam au Québec devient :

a- un guide aussi bien dans les pratiques cultuelles que sociales : il conduit les prières collectives du jour et du vendredi; conclut le pacte de mariage; distingue le licite de l'illicite, recommande aux fidèles le premier et interdit le deuxième; annonce les divorces; prie pour les défunts; annonce, après consultations, le commencement et la fin du mois de jeûne et la date des jours de fêtes ou le calendrier religieux; fixe les temps des prières; convoie les fidèles lors du pèlerinage à la Mecque; participe au service funèbre ;

b- organisateur des activités religieuses : il s’occupe de la planification et de l’animation des réunions d’éducation religieuse; de la célébration des fêtes religieuses (la fête de la rupture du jeûne du ramadan ou eid al-adha, la fête du sacrifice) et les festivités à l'occasion de la naissance du prophète (surtout chez les sunnites); de la commémoration de la mort du grand imâm al-Houssein (surtout chez les chiites) ;

c- prédicateur de la khotba, le sermon de vendredi. La khotba dans les mosquées montréalaises contient les instants suivants: invocation d'Allah et du prophète; une lecture de versets coraniques; invocations des califes pour les sunnites et des imams suprêmes pour les chiites. La khotba contient aussi un volet social qui met les musulmans en garde de la transmission des mœurs contemporaines, prône la dévotion au bénéfice de la communauté et le renforcement de son unité, veille à la préservation et la promotion et la transition de l’identité musulmane etc. Elle contient aussi un volet d'hygiène usuelle qui touche la nourriture et l'habillement. Et enfin, un volet politique qui s'attaque à la situation dans des pays comme l’Afghanistan, l’Irak, le Kashmir, Gaza et la Cisjordanie; etc.;

d- conseiller général et consolateur privé : il donne des conseils de tout genre, concernant: le travail et le chômage; la nourriture et l’habillement. Les croyants s'adressent à lui à propos de tout et de rien; ramasse et distribue l'aumône légale; donne crédibilité à tout contrat car il est le témoin le plus souhaité pour assister aux convictions par lesquelles les gens s'obligent l'un devant l'autre. Il lui arrive même parfois d’interpréter les songes et de lire l'avenir;

e- un travailleur et médiateur social par excellence: visite les malades et les vieux; secourt le malheureux et le nécessiteux; félicite le victorieux et le gagnant; encourage les jeunes et les adolescents à se débarrasser des mauvaises habitudes; solutionne les problèmes et les questions; concilie les opinions; résout les conflits entre l'homme et sa femme [11], entre les parents et leurs enfants, entre les fidèles; 

f- directeur administratif de la mosquée : il préside les réunions; entame les activités sociales; représente la communauté devant les autorités; porte-parole de sa communauté. C’est à lui que s'adressent les responsables du gouvernement québécois et parlent les candidats aux élections. On lui donne la parole lors des fêtes et des occasions religieuses; Organise les réunions de protestation ou de solidarité avec les musulmans d’ici et du monde entier.


Mais, il y a une frontière que les imams québécois rarement dépassent : s’occuper de la jurisprudence. Ce n’est pas la modestie qui les étouffe ou les empêche, mais ce sont plutôt l’ignorance, la crainte de tomber dans l’erreur et la crainte de la punition d’Allah dans l’au-delà.

Dans les questions qui touchent la jurisprudence, les croyants préfèrent s’orienter vers les imams et les muftis de leur pays d’origine. Actuellement et avec les nouveaux outils de communication, les imams ont vu leur importance, en matière de la jurisprudence diminuer. Les croyants misent plutôt sur la discrétion des nouveaux moyens de communication qui permettent aux croyants (surtout les plus timides et les plus démunis) de poser les questions les plus osées dans le parfait anonymat sans peur d’être identifiés. Pour se renseigner sur un problème religieux, le fidèle envoie directement, via internet ou via satellite durant les émissions de télévision, sa question aux autorités religieuses de son pays d’origine. Il y a même des sites spécialisés dans les fatwas (= avis juridique) et les opinions sur des questions religieuses. De cette façon et dans les temps actuels, les directives et les décisions juridiques concernant la vie des musulmans québécois viennent directement et généralement de l'extérieur. Ainsi, un québécois chiite qui imite Ayat-allah Chirazi (une importante source d’imitation dans l’islam chiite), quelque soit sa nation ou sa langue, suit, en matière de religion, les directives édictées du siège social basé à Londres. Selon les paroles d'un leader musulman indien, "Pour trancher une question religieuse qui émerge au Québec, les musulmans se basent sur une fatwa, décidé à Karachi, au Pakistan ou à l'Azhar en Égypte". Il y a quelque temps, une polémique s’est éclatée entre les musulmans québécois autour de la direction de la Mecque. Ils voulaient savoir comment se mettre durant les prières pour que le visage du fidèle soit face à la Mecque. Dans ce cas l’Azhar, la plus ancienne autorité religieuse en Égypte, a dû édicter une décision juridique à la demande de certains leaders musulmans québécois. Un géographe québécois n’aurait jamais été sollicité pour une question pareille.

Mais si l’imam, surtout en immigration, ne s’occupe pas de la jurisprudence et que dans ces interrogations il demande les opinions juridiques des instances religieuses de son pays d’origine, une nouvelle tendance commence à se développer: certains imams qui prétendent la connaissance en science religieuse, commencent à donner leur propre fatwa ou opinion religieuse, sur certains éléments qui touchent à la vie des musulmans québécois. C’est une tendance qui mérite d’être surveillée. Elle est encore embryonnaire. Son développement naturel est à tout moment menacé par la mondialisation qui coupe l’herbe sous les pieds des imams québécois locaux ouverts à lire les textes sacrés islamiques à la lumière de la situation québécoise.

En Europe la situation est différente. Dans le contexte de l’enracinement des musulmans dans les pays occidentaux qui a commencé avant l’arrivée massive des musulmans au Québec, nous mentionnons qu’en 1997, les musulmans européens ont mis sur pieds une instance spéciale, le Conseil européen pour la fatwa et la recherche. Ce Conseil a été mis sur pieds pour faire face aux multitudes de questions que se posent les musulmans d'Europe sur les problèmes quotidiens en prenant en considération la charia (lois islamiques) et l’environnement local européen [12]. Mais force est de répéter encore une fois qu’avec les nouveaux moyens de communication, la question de la jurisprudence en immigration file entre les doigts des imams locaux.


B- LA CLASSIFICATION
DES IMAMS QUÉBÉCOIS

En parlant des imams des mosquées québécoises, nous avons mentionné que la situation au Québec aide à l’émergence d’un nombre élevé d’imams autodidactes et autoproclamés. Dans la classification des imams que nous essayons d’élaborer, nous abordons deux types bien représentés ainsi que d’autres marginaux et moins nombreux.

Les imams qu'on trouve généralement au Québec peuvent être classés selon les critères suivants :

1- Le pays et la formation

a- Les imams importés. La majorité écrasante des imams québécois sont importés. Ces imams peuvent être divisés en deux catégories :


a-a Les importés qui ont été envoyés par leurs pays d’origine pour occuper le poste d’imam. Ils ont été choisis par les instances religieuses ou étatiques et ont été envoyés au Québec pour s’occuper de leurs compatriotes. Ils sont d’abord arrivés en tant qu’immigrants (sur la liste des domaines de formation privilégiés du Ministère Québécois de l’Immigration ne figure pas le métier d’imam), mais une fois arrivés au Québec, ils se sont reliés à une mosquée déjà existante ou ont mis sur pied une nouvelle institution.   

a-b Les imams importés qui ont immigré au Québec sur une base personnelle. Aucune instance ne les a envoyés pour occuper le poste d’imam au Québec. Mais une fois arrivés et acceptés comme de simples immigrants, ils ont fait les démarches nécessaires pour officialiser leurs statuts. Ils se sont ensuite soit reliés à une mosquée déjà existante, soit ont mis sur pied une nouvelle mosquée.


Les deux catégories des imams importés connaissent bien les cultes et sont composées des personnes ayant reçu une formation en théologie et en sciences religieuses islamiques dans les universités, les collèges ou les hawza [13]. Ces imams ont été formés et préparés ailleurs dans leurs pays d’origine pour occuper le poste d’imam dans un pays musulman. Ils sont donc mal placés et mal équipés pour aider leurs coreligionnaires à faire face aux complications de la vie dans une société non musulmane. En plus, disposant d’un pauvre bagage linguistique, d’une connaissance limitée des langues officielles, française et anglaise, et de l'ignorance des rouages réels de la vie dans la société d’accueil, ces imams importés sont incapables de conseiller leurs coreligionnaires, de les épauler dans la compréhension et l’utilisation des systèmes qui fonctionnent dans la société québécoise ou de donner les bonnes réponses aux questions qui les inquiètent.

Les imams importés sont plus connus par les trois paliers des politiciens. Les responsables gouvernementaux de toutes tendances confondues font affaire avec eux et trouvent en eux des gens crédibles. La majorité de ces imams sont traditionalistes et conservateurs. Étant donné leur pauvreté en langues officielles et leur utilisation de la langue de leurs pays d’origine, leur auditoire est composé plus d’immigrants musulmans de la première génération que de la deuxième ou des jeunes. Ils sont moins aptes à travailler avec ces derniers.

Ces deux groupes d’imams sont parachutés au Québec de l’extérieur pour s'occuper de la vie de la communauté musulmane. Ils dépendent des pays ou des instances religieuses qui les ont envoyés et visent à rattacher les musulmans québécois aux autorités religieuses de leur pays d’origine. Ils sont importés ou assignés par des organisations islamiques internationales ou des instituts religieux de gouvernements étrangers. Certains de ces imams sont payés par les instances musulmanes étatiques ou internationales. D’autres prononcent des khotbas (= sermons du vendredi) préparées et envoyées de leur pays d’origine. Des sermons coupés de la réalité québécoise et qui aliènent les croyants. 

b- Les imams locaux ou “made in Québec” sont des immigrants musulmans qui n’étaient pas des imams avant d’arriver au Québec. Ils sont divisés en deux catégories :


b-a Les imams autodidactes. Ce sont des individus qui n’ont pas été formés dans une université ou un collège. Ils sont formés par les moyens du bord. Certains parmi eux ne sont pas des imams permanents d’une mosquée, mais se promènent d’une mosquée à une autre pour diriger les prières durant l’absence de l’imam permanent ou sont simplement invités pour prononcer un prêche.

Ces imams sont moins préparés religieusement et moins enracinés dans les questions cultuelles que ceux qui ont été formés à l’extérieur du Québec, dans une université ou un collège religieux. Par contre, ils connaissent mieux la réalité québécoise et les problèmes sociaux que confrontent les musulmans vivant au Québec. Ils sont plus actifs dans la société d’accueil et plus connus dans les médias québécois par leurs propos éclatants. Cela ne veut pas dire qu’ils sont plus ouverts à la société d’accueil et à l’intégration de leurs confrères «made ailleurs».

b-b Les imams autoproclamés. À la non structuration qui existe en islam, s’ajoute l’arrivée massive des immigrants musulmans au Québec à partir de 1990. Une demande pour les lieux de culte et un manque d’imams par rapport au nombre des croyants se sont manifestés. Afin de pallier cette problématique - bénéfique pour les ambitieux qui voulaient se tailler une place et jouer un rôle au sein de la communauté nouvellement installée - certains musulmans, poussés par leur ambition et\ou soutenus par des organismes et tendances islamiques nationaux ou internationaux, se sont autoproclamés des imams.

Ces imams profitent d’une réalité islamique voulant que l’islam n’ordonne pas et ne distribue pas de titres religieux. L’ordonnance et le titre sont autoproclamés ou décernés par eux-mêmes ou par un groupe des musulmans. Celui qui se sent capable et possède une certaine connaissance en science religieuse et en pratique cultuelle peut se proclamer imam. Au Québec et au Canada en général, comme l’a bien exprimé la journaliste Nadia Zouaoui dans son enquête du 17 janvier 2008 à Radio Canada sur les mosquées : “n’importe qui peut se proclamer imam.”

Les imams autoproclamés sont nombreux ici et ailleurs. Dans ce contexte force est de signaler le film iranien, Marmoulak ( = Lézard en persan) réalisé par Kamal Tabrizi en 2004, qui raconte l’histoire d’un voleur qui s’enfuit de la prison, se déguise en moullah ( = imam en persan) et se rend dans un village où il est pris pour un imam par les villageois. Il profite du respect que les simples croyants manifestent envers le poste d’imam et de l’uniforme religieux pour les frauder. Plusieurs cas pareils sont signalés dans les pays islamiques où des fraudeurs se sont autoproclamés des imams et exercent cette fonction sans qu’aucune autorité n’arrive à les destituer. Le charisme et l’éloquence jouent en leur faveur et les musulmans fragilisés se laissent ainsi berner par de tels individus sans scrupules.

Parmi les imams autoproclamés, qui sont nombreux au Québec, on trouve les imams les plus bruyants, les plus criards, les plus sensationnalistes, les plus politisés et les plus bricoleurs en matière religieuse, politique et sociale. Étant donné que ces imams n’ont pas des comptes à rendre à personne, ils se sentent libres de véhiculer un discours qui les aide à maintenir leur statut d’imam en pariant sur les difficultés (économiques, sociales, culturelles) que confrontent les nouveaux arrivants de confession islamique. Ainsi, parmi cette catégorie, on trouve ceux qui véhiculent des croyances et insistent sur des coutumes qui heurtent plus la société d’accueil. Le discours d’une bonne partie de ces imams s’inscrit dans la surenchère religieuse pour attirer les membres les plus marginaux de la communauté musulmane québécoise.


La différence entre les imams autodidactes et les imams autoproclamés réside essentiellement dans le fait que parmi les premiers certains peuvent avoir fait des études religieuses plus ou moins acceptables tandis que les deuxièmes n’en ont fait aucune.


c- Les imams nés et formés au Québec. Au contraire de l’islam européen ancien et élargi, celui du Québec est récent et restreint. La génération musulmane née au Québec ou arrivée en bas âge et socialisée ici, n’est pas encore arrivée à propulser à l’avant scène un imam pour occuper un poste permanent au sein de la communauté musulmane. Mais cela n’empêche pas que des imams, issus de cette génération, se manifestent ici et là. Ces imams, à la pièce, guident parfois les prières et/ou prononcent des prêches. Leur rôle en tant qu’imam se limite à ces deux activités. Ils sont aussi actifs entre pairs surtout dans les universités et collèges où ils guident des prières et prononcent des sermons du vendredi.

Mais si la deuxième génération ne joue qu’un rôle très limité dans le fonctionnement de l’imamat musulman québécois, leur implication dans le leadership de la communauté musulmane québécoise est loin d’être marginale. Force est de constater que la deuxième génération a déjà ses  leaders. Mais ces leaders imams s’investissent plus dans les institutions culturelles et sociales de la communauté musulmane que dans les mosquées ou dans les résolutions des problèmes culturels. Ils s’occupent plus des questions que confronte la communauté musulmane demandant la maîtrise des langues officielles, de la connaissance du fonctionnement des paliers gouvernementaux et de la familiarisation avec les différents cadres de la société d’accueil. C’est pour cela que nous trouvons des personnes issues de la deuxième génération parmi les leaders musulmans qui s’occupent de la défense de l’islam et des musulmans, des droits des musulmans, des revendications islamiques, de l’entraide, etc.


d- Les imams visiteurs. Par imam visiteur, on désigne une personne qui détient ailleurs un statut d’imam, conserve le lien avec sa mosquée d’ailleurs et qui vient au Québec pour une durée limitée afin de contribuer à des activités cultuelles ou politique. Un nombre important d’imams visiteurs arrive chaque année au Québec pour donner un coup de main aux imams québécois.

Les imams visiteurs peuvent venir au Québec de différents pays islamiques, comme le Liban, l’Égypte, l’Irak et le Maroc, d’autres provinces canadiennes ou des États-Unis et de l’Europe.

Leur tâche consiste à prêcher dans les mosquées et les centres culturels islamiques durant le mois de ramadan, mois de jeûne pour les musulmans. Ils visitent la Belle Province pour faire la propagande, mener des réunions avec leurs disciples et échanger des expériences. Durant les conférences, les réunions et les fêtes islamiques qui sont célébrées au Québec, des imams visiteurs arrivent pour donner des conférences, pour guider les prières, pour prononcer des prêches dans les mosquées montréalaises ou pour promouvoir l'unité de la communauté musulmane québécoise.

Des imams arrivent aussi pour commémorer la mort tragique du grand imam chiite Houssein, le petit fils du Prophète et fils d’Ali (fondateur du chiisme), dans les mosquées et les centres islamiques chiites québécois.


e- Les imams-satellites, les télés-imams et les imams virtuels. La quantité de sites, stations télé et radios dédiés à l’islam est impressionnante et d’une grande influence sur les musulmans en immigration. Pour ne pas compter que les antennes paraboliques qu’on rencontre sur les murs et les toits des maisons montréalaises, une source fiable, œuvrant dans le domaine, nous a confié l’existence de plus de 30 000 maisons de familles musulmanes menues par ces oreilles qui captent des chaînes avec des programmes à caractère religieux islamique. Ainsi, les immigrés puisent dans cette source au lieu d’aller consulter les imams dans les mosquées locales. Les imams virtuels utilisant ces moyens de communication sont très consultés. Ils diffusent leurs avis juridiques, leurs fatwa et répondent in vivo aux questions des nouveaux musulmans québécois. Ces imams vivent dans des endroits très éloignés du Québec, sont déconnectés de la réalité québécoise et ignorent la situation sociale, politique et économique à laquelle sont confrontés les musulmans québécois. Mais, malgré cela, ils ne s’empêchent pas de conseiller et de donner des opinions aux musulmans québécois par l’intermédiaire de l’internet ou des chaînes satellitaires.


2- Les rémunérations.

La satisfaction des besoins des musulmans québécois est un souci continuel pour la communauté musulmane. Elle est liée à l’existence des musulmans dans une société qui, non seulement, n'aide pas, mais parfois décourage les collectes des fonds par la communauté musulmane. Par peur que l’argent tombe dans les mains des "terroristes", surtout après le 11 septembre 2001 et les mesures visant à assécher les sources de financement du terrorisme, la satisfaction des besoins des musulmans par la communauté locale au Québec est en piètre état. Par peur d’être taxés comme terroristes ou personnes qui aident les terroristes, plusieurs musulmans québécois ne financent plus les activités des mosquées. Les collectes locales des fonds manquent ce qui pousse les musulmans québécois à s'adresser à l'étranger pour chercher de l'appui financier afin de compenser le manque dans la satisfaction de leurs besoins. Pour cela, lorsqu'il s'agira de construire ou d’acheter des mosquées, des centres culturels, des écoles, etc., c’est vers l’extérieur qu’ils tournent les yeux. Des imams ou des représentants des organismes islamiques travaillant au Québec, entreprennent des visites à l'étranger pour ramasser les fonds nécessaires au financement de leurs activités au Québec. Plusieurs riches émirs des pays pétroliers font des dons pour construire ou pour venir en aide à certains organismes qui fonctionnent au Québec. Ce qui donne poids important aux pourvoyeurs musulmans étrangers dans la vie de la communauté musulmane québécoise.

De plus, certains imams sont payés par des instances internationales, comme par exemple la Ligue Islamique Mondiale qui est une ONG fondée en Arabie Saoudite vers l’année 1962 et qui a pris de l’ampleur après le choc pétrolier de 1973. [14] Des organismes actifs au Québec sont aussi financés, entre autre, par cette instance. D’autres imams reçoivent leurs salaires de leur pays d'origine.

En principe c’est la oumma (=la communauté musulmane), locale et internationale qui devrait prendre en charge la vie matérielle de la mosquée et de son imam. Mais ce ne sont pas tous les imams qui sont rémunérés. En général, nous pouvons dire que les clergés de la communauté musulmane sont, à la différence de leurs confrères de toutes les autres traditions religieuses, les plus actifs, les plus occupés, mais les plus pauvres et les moins nantis économiquement.

Concernant les rémunérations, nous distinguons :

Les non rémunérés ou les imams bénévoles. Ils sont de trois types :


- des salariés et des employés rémunérés qui travaillent à temps complet ou à temps partiel dans les différents secteurs économiques de la société d’accueil ou ceux de la communauté musulmane. Ces personnes combinent leur travail avec celui d’imam;

- des étudiants ou des commerçants, qui après leur étude, leur travail ou durant leurs journées de repos font du bénévolat comme imams dans les mosquées;

- des chômeurs, des gens sans-travail, des personnes qui sont sur l’aide sociale, exploitent leur situation ainsi que leur temps libre pour revêtir le statut d’imam et servir la communauté musulmane.


Les rémunérés. Il existe trois types d’imams rémunérés:


- le rémunéré par son pays d'origine ou par un organisme islamique non canadien ;

- le rémunéré par son propre organisme local, par les cotisations des membres ou grâce aux dons ramassés auprès des commerçants ou des personnalités aisées de la communauté musulmane québécoise (cotisations religieuses: zakat, sadaqa [15], khoms [16]). Dans cette catégorie on trouve plusieurs imams qui sont  payés au cachet;

- les rémunérés par le gouvernement canadien comme par exemple les aumôniers dans les prisons.


Quant au temps octroyé à leur mission d’imam, nous avons :


- temps complet : pour les imams responsables d’une mosquée et qui remplissent les fonctions citées précédemment;

- temps partiel : pour les imams qui ne remplissent que certaines fonctions ;

- occasionnel ou par pièce : pour des imams québécois qui n’ont pas réussi à prôner dans une mosquée d’une façon permanente, soit par manque de temps ou par manque d’expertise organisationnelle. Cependant, ils dispensent une tâche à l’occasion. Parmi les imams occasionnels, on trouve des imams éloquents qui se promènent d’une mosquée ou d’une institution à une autre pour diriger une prière, prononcer un prêche ou mener des ateliers de formation et de discussion.


3- La langue, l’ethnie et la clientèle

On retrouve dans la société québécoise une forte majorité de francophones et une minorité anglophone établie depuis longtemps et disposant d’institutions économiques et culturelles puissantes. Cette spécificité sociale a attiré une immigration musulmane diversifiée du point de vue linguistique et ethnique à la différence de celle que l’on retrouve dans les pays occidentaux ou même dans les autres provinces canadiennes. La population musulmane de Grande-Bretagne, est surtout d'origine sud asiatique. Celle de la France est surtout d'origine maghrébine. Quant à la population musulmane immigrante en République Allemande, elle est représentée par un grand pourcentage de musulmans d'origine turque. En ce qui concerne le Québec, et compte tenu du bilinguisme qui n'existe réellement au Canada qu'à Montréal, l'immigration islamique dans cette métropole provient de divers pays.

La population musulmane au Québec est donc divisée en deux grandes parties: francophone et anglophone. Concernant l’origine nationale, la population musulmane du Québec est aussi divisée en deux parties qui correspondent à la division linguistique de la belle province. La première est composée des musulmans venant des pays arabes (d'origine maghrébine - une partie des musulmans maghrébins est berbère -, libanaise, égyptienne, etc.). La deuxième partie, la plus anciennement installée, est indopakistanaise. De plus et compte tenu d'un taux important d'immigration en provenance de certains pays comme le Liban et l'Iran, le pourcentage des musulmans chiites dans la population musulmane montréalaise est plus élevé qu’ailleurs dans le reste du monde [17].

Il est donc difficile de parler d’une seule identité islamique ou d’une seule communauté musulmane. La oumma, qui signifie la communauté des croyants, est dans la réalité inexistante. Historiquement, elle n’a existé que durant un bref délai, malgré que le mythe d’unir les musulmans dans une seule communauté et autour d’une seule identité ne cesse de hanter les esprits. Sans doute, les musulmans sont unis autour de certains dogmes et prescriptions. Ils sont aussi fidèles aux piliers de l’islam [18]. Mais n’est-il pas aussi vrai de dire qu’ils sont divisés par mille choses qui amplifient et érigent les uns en face des autres des obstacles dont le seul  but est de se distinguer! Et que dire des appartenances sectaires, confessionnelles, nationales, ethniques, tribales très bien enracinées dans la vie de différents groupes islamiques. Ces appartenances qui transpercent horizontalement la oumma mythique, la divisent en groupes.

Plusieurs éléments ont aidé à faire de la communauté musulmane au Québec une communauté hétérogène. Parmi ceux-là, nous citons : le bilinguisme (français et anglais) de la société québécoise qui attire les musulmans ayant été sous l’influence ou le mandat de la France et de l’Angleterre; le multiculturalisme [19] canadien et la bonne réputation du Canada sur l’échelle mondial comme étant en pays pacifiste et où il est bon d’y vivre pour les communautés culturelles [20] ; les différences sectaires confessionnelles (chiites et sunnites, ismaélites et  druzes); les différences liées aux origines ethniques ( arabes, pakistanaises, berbères, indiennes), aux pays d’origine (Algérie, Maroc, Turquie, Pakistan, Liban, Syrie), aux langues parlées (arabe, amazigh, urdu, perse, turque), aux expériences vécues dans leurs pays d’origines (ceux qui sont habitués à vivre dans une situation minoritaire comme les chiites libanais, les berbères algériens et marocains, les sunnites indiens, les ismaélites et les druzes en général et ceux qui sont habitués à vivre dans une situation majoritaire comme les sunnites maghrébins, pakistanais et syriens, les chiites iraniens).

Les musulmans québécois forment, ainsi, une mosaïque sur les plans confessionnels, nationaux, ethniques et raciaux. Pour cela, au Québec, il est préférable de parler des communautés musulmanes, des communautés, des groupes musulmans et non pas d'une seule communauté musulmane unie.

Les conséquences du tableau brossé ci haut sont simples : les imams québécois qui s’occupent de ses groupes appartiennent eux aussi à des groupes différents, parlent des langues différentes et servent des clients différents. 

Ainsi, dans les groupes musulmans québécois il y a des imams qui servent :


- une tendance religieuse : un groupe de croyants originaires de différents pays, issus de plusieurs  ethnies ou de maintes races mais appartiennent à une même confession islamique. Ces musulmans fréquentent une mosquée dirigée par un imam qui lui aussi appartient à cette même tendance. Rarement qu’un sunnite arabe prie où écoute le prêche dans une mosquée chiite même si l’imam prêche en arabe et vice versa pour un chiite arabe qui rarement fréquente une mosquée présidée par un sunnite arabe. Par contre un croyant iranien pourrait fréquenter une mosquée dirigée par un imam irakien pourvu que les deux appartiennent à la même tendance;

- un mouvement politique : les mouvements politiques actifs dans les pays d’où viennent les musulmans québécois ont leurs mosquées et leurs imams au Québec. Les croyants originaires des différents pays, ethnies et nationalités sympathisent avec le même mouvement politique et fréquentent la même mosquée dirigée par l’imam sympathisant de ce même mouvement. Parfois le mouvement politique peut être actif dans plusieurs pays islamiques d’où viennent des musulmans québécois, dans ce cas ces musulmans fréquentent la même mosquée dirigée par un imam qui sympathise avec ce mouvement. Ce sont les imams multinationaux ou internationaux ;

- une ethnie, par exemple arabe, pakistanaise, berbère, etc.: certains imams s’occupent des croyants qui appartiennent à une même ethnie (arabe, turque, pakistanaise). Même les ethnies ne sont pas uniformes, mais sont divisées en confessions et tendances religieuses. Par exemple, les musulmans irakiens arabes mais de la secte chiite ne fréquentent pas une mosquée irakienne arabe mais celle d’une secte sunnite ;

- un pays ou nationalité comme le Liban, le Maroc, la Turquie, le Pakistan, etc.: une partie des croyants originaires d’un même pays fréquentent les mosquées installées par des imams originaires de ces mêmes pays. Là aussi, ce ne sont pas tous les croyants originaires de ce même pays qui fréquentent cette mosquée. Les confessions religieuses et les mouvements politiques les séparent;  

- un petit groupe ou une petite communauté qui fréquente une mosquée. Ce sont généralement des imams mécontents ou écartés qui veulent se tailler une place sur l’échiquier montréalais. Ils rassemblent quelques musulmans québécois originaires d’un même pays, fondent des mosquées ou des associations musulmanes et les dirigent. La durée de la vie professionnelle de la plupart de ces imams est habituellement courte. Ils ne maintiennent pas longtemps leurs activités et, faute de support financier, finissent par désister.


Les origines des musulmans québécois sont diversifiées. Ils viennent de partout dans le monde et parlent plusieurs langues. Leurs discours dans les mosquées québécoises sont donc prononcés dans les langues suivantes :


- la langue française. Dans le passé l’utilisation de la langue française était faible dans les mosquées québécoises. La majorité des imams québécois avaient une faible connaissance de la langue française. L’anglais tenait une plus grande place. Mais avec l’arrivée massive, ces dernières années, des magrébins, la langue française a commencé à prendre une place plus importante dans les mosquées québécoises [21] ;

- les langues nationales des pays d’où sont originaires les musulmans québécois : arabophone, turcophone, ourdou phone (langue officielle du Pakistan) persanophone. Ce sont surtout les imams de la première génération qui prêchent dans ces langues;  

- la langue anglaise. Son poids diminue d’année en année. Elle est surtout utilisée dans quelques mosquées de l’Ouest de la ville;

- un mélange de deux langues, la langue nationale avec une de deux langues officielles soit le français ou l’anglais.


La vie au Canada et surtout au Québec qui est la seule province vraiment bilingue, des appels ont été lancés pour le poste d’imam. Parmi les critères exigés dans le profil du candidat recherché nous trouvons aussi la maîtrise des deux langues. Pour prendre une idée sur les nouvelles exigences en matière linguistique concernant les langues que l’imam au Québec et au Canada doit manipuler, il suffit de consulter l’annonce sur le site du Centre Culturel Islamique du Québec d’une mosquée et d’une mosquée de Windsor [22].


Conclusion

La situation dans les pays occidentaux a ouvert un débat suite aux problèmes relancés par l’arrivée massive des musulmans et leur sédimentation dans ces pays. Le débat a touché plusieurs aspects de l’intégration des immigrants musulmans dans la société d’accueil dont le rôle des personnes représentant cette communauté, les imams. Or les études menées autour de ces communautés musulmanes montrent la présence d’une problématique autour de ces imams. Les points soulevés dans ce débat se concentrent sur la structuration et la précarité, la formation et la rémunération des imams ainsi que de leur dépendance vis-à-vis de leur pays d’origine et de l’islam internationalisé.

Ici au Québec, comme ailleurs dans le monde, la structure interne de l’islam est propice à l’émergence d’un collège des imams grandement éclaté et à la prolifération des organismes musulmans. La hiérarchie molle et mal structurée donne la possibilité à des fidèles, aptes ou non, de se proclamer des imams sans que quelqu’un puisse les destituer. Cette situation crée entre eux une lutte et donne une précarité à leur statut.

L’observation de la situation des imams du Québec montre les faits suivants :


La reconnaissance : les imams sont toujours en concurrence et cherchent continuellement la reconnaissance. Ils invitent des imams et des personnalités connus de l’extérieur, misent sur les surenchères religieuses et cherchent à être toujours présent sur la scène médiatique. Parfois ils profitent de la démocratie en organisant des élections dans les organismes islamiques locaux pour écarter les imams importés qui sont mandatés par les pays extérieurs ou pour prendre leur place au sein des organisations islamiques québécoises. Dans le but de renforcer leur place au sein de la communauté musulmane, ils entreprennent des activités sociales et culturelles, organisent des conférences, invitent les conférenciers de partout dans le monde et déploient des grands efforts pour renforcer leur position au sein du collège des imams, dans la communauté musulmane, dans la société d’accueil et auprès des autorités.

La formation : la formation des imams est insuffisante. Les imams, surtout les imams importés "made in Québec", sont insuffisamment formés pour répondre aux attentes de leurs coreligionnaires en matière d’existence en minorité dans une société non musulmane. Ils sont mal préparés pour guider leurs coreligionnaires à entrer en relation avec l’autre. Ils connaissent mal les rouages de la société d’accueil. Une formation ici sur place peut être utile, comme c’est le cas dans certains pays européens.  

La langue : malgré le progrès remarqué ces dernières années avec l’arrivée des musulmanes francophones, l’utilisation de la langue nationale des québécois par les imams est à encourager. Dans d’autres pays, des cours de langue de la société d’accueil sont dispensés pour donner aux imams un outil nécessaire pour connaître le cadre dans lequel ils œuvrent afin de pouvoir mieux conseiller leurs coreligionnaires en matière d’intégration.

La dépendance : dans la lutte pour la représentation, les imams québécois cherchent des appuis de tout genre. Pour renforcer leur position parmi leurs coreligionnaires, ils se basent moins sur la connaissance en matière de religion ou en matière d'interprétation du texte religieux que sur les relations avec des représentants charismatiques d’ailleurs. Ces derniers les mandatent dans le but d’être représentés au Québec et les imams deviennent, dans ce cas, leur porte-parole. En se proclamant d'un islam international, les imams aliènent leurs coreligionnaires. Par contre la société québécoise a de la difficulté à comprendre cette dépendance et ne fait pas beaucoup des choses pour l’affaiblir.


À cela s’ajoute le problème du financement. Par manque d’argent provenant de la communauté pour commanditer des activités et obtenir leurs rémunérations, les imams n’hésitent pas à recourir aux pourvoyeurs extérieurs. L’autosatisfaction financière des imams québécois est souhaitée, mais sa réalisation est encore lointaine, vu que la communauté est d’implantation récente, les pourvoyeurs musulmans locaux sont peu nombreux et les subventions gouvernementales sont rares.



[1] Fatwa= avis religieux juridique délivré par un imam du rang élevé portant sur l’un ou l’autre des domaines de la vie. La fatwa n’ayant pas la force d’une loi religieuse, elle n’est appliquée que par le croyant qui suit, est adepte ou croit à l’imam qu’il l’a délivrée. Exemple la fatwa rédigée en 1989 par l’Ayatollah Khomeiny réclamant la mort de l’écrivain Salman Rushdie après la publication de son livre intitulé : Les versets sataniques.

[2] Coran sourate 4, verset 59.

[3] Les chiites représentent 15% des musulmans dans le monde. Ils sont plus représentés à Montréal à cause du nombre élevé des immigrants d’origine libanaise.

[4] Ali Ibn Abi Taleb, cousin et gendre du prophète Mohammad. Selon les chiites, il devrait succéder  au Prophète. La mort d’Ali marque la division de la communauté musulmane en deux grandes branches : les sunnites et les chiites, une division qui dure jusqu’aujourd’hui.

[5] Les chiites jaafarites ou duodécimains sont  majoritaires en Iran, en Iraq et au Liban; les ismaélites vivent principalement en Inde, Pakistan et Syrie ; les zaydites sont majoritaires au Yémen

[6] Ce sont des écoles qui précisent le droit et les observances culturelles.

[7] Local des prières pour une clientèle musulmane temporaire et restreinte, vue sa simplicité, le moussallah est devenu à la mode dans les pays d’immigration.

[8] Ce qui explique le nombre élevé des imams autodidactes et autoproclamés en immigration en général y compris le Québec.  Nous parlerons de ces imams par la suite.

[9] Les immigrants très récents, c’est-à-dire ceux qui ont été admis après 1995 et qui habitaient Montréal sont plus scolarisés que ceux qui les ont précédés. Plus du tiers détiennent un grade universitaire, soit une proportion plus élevée que chez les autres catégories d’immigrants ou que chez les personnes nées au Canada. URL.http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/recherche/recensement2001/montreal/points-saillants.asp

Les immigrants des pays arabes accordent une grande valeur à l'éducation, pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Leur niveau d'éducation est supérieur à celui de la moyenne canadienne. URL.

[10] http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/first-woman-to-lead-friday-prayers-in-uk-1996228.html

[11] Lors d’une rencontre avec un imam montréalais, il a reçu un coup de fil d’une femme mal traitée par son mari. Elle voulait savoir quoi faire. L’imam a demandé de rencontrer le mari. La femme a répondu : si mon mari refusera de vous rencontrer. L’imam lui a dit : essayez de le faire peur en lui disant soit tu vois l’imam ou la police. Cet exemple démontre l’importance du rôle de l’imam en tant que première autorité vers laquelle s’adressent les croyants.

[12] Voir le site du Conseil. URL.

[13] Ensemble ou séminaire existant dans une seule ville chiite. Il y a deux célèbres hawza pour le monde chiite une à Qom en Iran et l’autre au Nadjaf en Irak.

[14] La Ligue Islamique mondiale a pour vocation essentielle la promotion à travers le monde d'un islam fondamentaliste. Parmi ces activités figure, entre autre, le support matériel aux organisations et personnalités islamiques actives dans le monde.

[15] Zakat est l’aumône de la rupture du jeûne. C’est un pilier de l’islam, une obligation pour le musulman. Ici au Québec cette obligation s’élève à 2.5% du revenu annuel. La Sadaqa est une aumône volontaire.

[16] Khoms veut dire un cinquième des revenus annuels personnels que les musulmans doivent payer à l’imam. Le khoms sur le revenu annuel est  imposé en islam chiite seulement. En islam sunnite le khoms n’est pas appliqué sur les revenus annuels, mais appliqué, par certaines écoles sur  les minéraux, les butins, l’or, l’argent créés par la terre, etc.

[17] Le pourcentage des chiites à Montréal dépasse, selon les estimations des leaders de cette communauté, le 30%, alors que dans le monde, il ne dépasse pas le 15%.

[18] Les piliers de l’islam sont: la profession de foi, la prière, l'aumône, le jeûne et le pèlerinage.

[19] La politique du multiculturalisme fait de sorte que plusieurs musulmans, surtout Maghrébins, quittent la France pour venir s’installent au Québec.

[20] Plusieurs personnes musulmans d’origines pakistanaise et ou arabes, surtout des riches Saoudiens ont, surtout après les événements du 11 septembre, quitté les Etats-Unis pour venir s’installer au Québec et au Canada en général.

[21] Un ami m’a raconté qu’une fois, avant l’arrivée massive des magrébins au Québec, l’UQAM avait besoin d’un imam pour donner une conférence sur l’islam aux étudiants. Il fallu fouiller de jour et de jour pour en trouver un.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 28 octobre 2016 7:34
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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