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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Francine Couture et Suzanne Lemerise
[PhD anthropologie sociale et historique, professeures au département d'histoire de l'art, UQAM]
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Francine Couture et Suzanne Lemerise [PhD anthropologie sociale et historique], “ Le Rapport Rioux et les pratiques innovatrices en arts plastiques ”. Un article publié dans l'ouvrage collectif Hommage à Marcel Rioux. Sociologie critique, création artistique et société contemporaine, pp. 77-94. Montréal: Les Éditions Albert Saint-Martin, 1992, 228 pp. [Autorisation accordée le 10 décembre 2004 par Mme Francine Couture et le 13 décembre 2004 par Mme Lemerise.]

Introduction


En août 1968, Marcel Rioux, président de la Commission d'enquête sur l'enseignement des arts, remet son rapport au gouvernement du Québec, soit deux ans et demi après l'institution de ladite commission, le 31 mars 1966 (1); les trois tomes du rapport qui contiennent près de 900 pages sont rendus publics en avril 1969 (2).

Par l'ampleur de son contenu, ce document déborde largement le domaine spécifique de l'enseignement des arts. Dans l'ensemble des événements et des publications ayant marqué les années 60, il occupe une place prépondérante, car il propose une vision unifiée d'un projet de société auquel participent activement l'art et l'éducation artistique. Or, plusieurs des idées véhiculées par le rapport Rioux sont aussi celles d'artistes qui, au milieu des années 60, souhaitent une redéfinition de la fonction sociale de l'art.

L'année 1964-1965 marque, dans l'art québécois, le moment d'une rupture réalisée par une nouvelle génération d'artistes qui prend ses distances par rapport aux courants du post-automatisme et du formalisme géométrique définissant alors la scène artistique montréalaise. Les artistes sont à la fois préoccupés par l'effet de la culture de masse sur les individus et par les effets de la récente consolidation du champ artistique sur leurs propres pratiques qu'ils jugent exercer dans un espace social de plus en plus restreint. Ces artistes soulèvent l'épineuse question de la frontière séparant la sphère artistique de celle de la production de masse. Soucieux de valoriser la dimension collective de la pratique artistique, ils veulent redéfinir le rôle social de l'art en revendiquant une place pour celui-ci dans le monde de la culture industrielle tout en s'adressant à un public élargi qui n'est pas celui des musées et des galeries d'art.

Cette réflexion surgit à un moment où des sociologues et des philosophes examinent les récents développements de la technologie sur l'organisation de la société, sur l'environnement, mais aussi sur les modes de connaissance (Marcuse, 1968). Mais cette réflexion est aussi contemporaine, sur la scène occidentale de l'art, de la réactualisation d'idées et de valeurs propres aux avant-gardes historiques européennes qui, dans les années 20, avaient remis en question la marginalisation de l'imagination artistique imposée par la rationalité technologique (de Laurentis et al., 1980). Réactivant cette critique, des artistes québécois des années 60 veulent rétablir le lien entre l'art et la vie et ils investissent la démarche artistique du rôle de sauver la culture qu'ils comprennent dans son sens anthropologique.

Le milieu de l'éducation est également concerné par une réflexion sur le rôle de la science et de la technique dans le développement de la société. La Commission Parent, qui consacre la démocratisation complète du système scolaire québécois (l963-l966) (3), s'interroge sur l'apport essentiel de la science et de la technique dans le développement de la société industrielle et questionne l'ancienne culture humaniste, fondement de la formation des élites, à la lumière des nouvelles valeurs de la culture contemporaine que les commissaires appellent indifféremment «culture populaire» ou «culture de masse». Le principal effet de cette commission est la rationalisation institutionnelle, organisationnelle et administrative du système scolaire québécois sous la juridiction d'un ministère de l'éducation. Cependant, les arts, comme mode de connaissance spécifique ou comme orientation professionnelle, n'occupent pas une place prioritaire dans l'ensemble des recommandations. Dans le remue-ménage occasionné par la réorganisation du système scolaire, les écoles des beaux-arts, nouvellement intégrées au ministère de l'Éducation, et les conservatoires de musique et d'art dramatique, rattachés au ministère des Affaires culturelles sont laissés pour compte, c'est-à-dire que l'on assiste, dans les institutions à vocation artistique, à une série d'ajustements administratifs qui n'ont pas de cohérence ni de perspectives de développement à long terme. Le Rapport Rioux tente de corriger ces lacunes et examine principalement les effets de l'industrialisation sur les arts, la culture et l'éducation.


Notes :

1. Arrêté en Conseil, Chambre du Conseil exécutif, no 600, Québec, le 31 mars 1966.

2. Rapport de la Commission d'enquête sur l'enseignement des arts au Québec, 3 volumes, Québec, l'Éditeur officiel du Québec, 1969; vol. 1, 298 p.; vol. 2, 382 p.; vol. 3, 203 p.

3. Rapport Parent, Rapport de la Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec, 5 vol., Gouvernement du Québec, publication échelonnée entre 1963 et 1966.

Retour au texte de l'auteure: Francine Couture, dr en anthropologie sociale et historique, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 21 décembre 2006 18:07
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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