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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Charles Côté, L’absence d’une politique sociale au Québec: les conséquences et les enjeux. (1988)
Avant-propos au Livre II


Une édition électronique réalisée à partir de l'étude de Charles Côté, L’absence d’une politique sociale au Québec: les conséquences et les enjeux. Québec: Service de l’évaluation, direction générale des programmes sociaux, 1988. Une édition numérique réalisée par Mario Tremblay, bénévole, citoyen de Chicoutimi, Ville de Saguenay. [Étude diffusée dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de l'auteur accordée le 8 février 2012.]

Avant-propos
au Livre II.



Ce travail constitue la synthèse d'une même recherche dont les premiers travaux débutèrent au cours de l'été 1970, soit voilà près de vingt ans déjà.

Contrairement à plusieurs travaux de recherche, celle-ci fut entreprise sans but défini évoluant au hasard, au gré des circonstances mais mettant sans cesse en cause un même sujet : la relation entre un certain nombre d'indicateurs sociaux et la distribution géographique des populations dans l'espace. En fait, ce n'est que beaucoup plus tard, soit voilà à peu près 10 ans, qu'il fut possible de discerner à travers les résultats qui s'empilaient, une toile de fond, une ligne directrice permettant de reconnaître l'existence d'un même dénominateur commun à l'ensemble de ces résultats, impliquant également les résultats d'autres travaux de recherche réalisés ailleurs portant sur des sujets analogues. À partir des constats qui avaient été mis en évidence par ces travaux, il fut possible de fixer un but qui fut poursuivi depuis lors.

Il s'agissait en fait d'un but ambitieux : comprendre et expliquer les mécanismes internes du développement démographique, social, économique et politique du Québec, depuis la révolution tranquille. Une première tentation à la lecture de cet énoncé serait de croire qu'un tel projet n'est pas sérieux, téméraire, voire suicidaire. À la défense cependant, plusieurs arguments peuvent être avancés.

D'abord, il est évident qu'on ne se lance pas tête baissée dans ce genre d'entreprise avant d'avoir pu déceler que le projet avait quelques chances de réussir. Cette certitude fut acquise après 10 ans, et elle était appuyée de diverses manières.

En premier lieu, les moyens de recherche étaient à la dimension de l'objectif poursuivi. Ils comprenaient toute l'information disponible à partir des recensements de 1971, de 1976 et de 1981, sur la population de chacun des pâtés de maison, subdivisant l'ensemble du Québec ; le système d'information qui fut développé pour emmagasiner et traiter cette information offrait la possibilité d'agréger toutes les données disponibles selon une infinité de manières différentes : par municipalité ou paroisses, par MRC ou région ou de toute autre manière ; il offrait également la possibilité de raccorder cette information à d'autres banques de données existantes.

Bref, ces moyens techniques permirent de dresser un portrait fidèle des caractéristiques de chacune des populations du Québec, et d'en suivre l'évolution sur une période de plus de 10 ans. En outre, ils permettaient d'étudier les relations entre ces diverses caractéristiques de population, d'en étudier les aspects variables et permanents, à la fois dans le temps et dans l'espace.

En second lieu, les divers cadres institutionnels dans lesquels ces travaux de recherche furent poursuivis, permirent d'établir le rapport entre l'intérêt académique du sujet et ses applications pratiques. En effet, ces travaux de recherche furent poursuivis dans plusieurs ministères fédéraux et provinciaux, au niveau de fonctions explicitement dédiées à l'évaluation des programmes et politiques gouvernementales dans les domaines concernés par les mandats de ces ministères. Ces opportunités permirent de concevoir l'existence de points de vue communs s'appliquant à des domaines comme le développement économique et industriel, le développement social, et mettant en cause l'intervention gouvernementales et ses effets sur les populations.

En troisième lieu, l’objet lui-même offrait des perspectives nouvelles qui, sauf erreur, n'avaient pas encore suscité faute de moyens de recherche disponibles et adaptés à la dimension du sujet, des études systématiques ayant une signification particulière à l'échelle d'une société. À cet effet, le sujet le plus important traité dans ce travail implique la différence entre deux mots, deux ordres de réalité, soit la différence entre les mots "social" et le mot "individuel", utilisés fréquemment l'un pour l'autre sans discernement. À ce sujet, cet ouvrage est entièrement consacré à mettre en évidence les ordres de réalité sous-jacents à ces deux mots, leurs implications sur nos manières de comprendre, d'expliquer et de mesurer la réalité qui nous entoure, et impliquant nos manières d'intervenir sur cette réalité en vue d'en changer le cours, de même que les conséquences de nos interventions.

Les débats portant sur les différences entre les "causes sociales" et les "causes individuelles", les "problèmes sociaux" et les "problèmes individuels", peuvent facilement donner à penser qu'il s'agit là de préoccupations d'ordre "philosophique", propres à susciter davantage de discussions idéologiques, voire inutiles.

À ceci on peut répliquer par deux analogies faciles : c'est d'abord le fait de savoir distinguer entre les problèmes de chaque arbre en particulier et ceux de la forêt, qui est dans le domaine de la foresterie, à l'origine des diagnostics sur les problèmes qui affectent les ensembles indépendamment des éléments qui en font partie, puis des recherches sur leurs causes, et enfin des autres recherches permettant de mettre en place les moyens pour les contenir.

De la même façon en médecine, on n'aborde pas de la même manière le problème consistant à stabiliser l'évolution d'une maladie chez des personnes, et le problème de contenir l'expansion d'une épidémie de la même maladie dans une population.

Transposées à l'échelle des populations et des individus, les mêmes analogies sont vérifiables, à la différence près cependant qu'un grand nombre de caractéristiques qu'on considère généralement mutuellement exclusives lorsque considérées à l'échelle de personnes, apparaissent à l'échelle des populations, à l'échelle sociale, intimement reliées les unes aux autres comme les diverses manifestations d'une seule et même cause. On y retrouve, entre autres, les caractéristiques de l'emploi, des revenus, de l'état de santé et plusieurs autres. Il ne s'agit pas ici de matière à débat idéologique, mais de faits vérifiables, mesurables et généralisables. Il s'agit ici du premier objet de préoccupation d'ordre académique, qui sera abordé dans cet ouvrage.

En outre, en cherchant à détecter les causes communes à cet ensemble de manifestations dans le contexte québécois, il fut possible d'en retracer un certain nombre, vérifiables à peu près partout elles aussi et qui mettent en perspective, le rôle de l'État sur le développement économique et l'occupation du territoire. Il s'agit ici du second objet de préoccupation d'ordre académique.

Enfin, parmi les autres sujets concernant spécifiquement le domaine de la recherche, la relation entre la dimension sociale des problèmes, et sa correspondance à l'échelle des personnes, occupe l'une des premières place dans l'ordre des sujets traités en raison des problèmes de confusion théorique et méthodologique qu'elle soulève, et des implications pratiques qui en découlent pour l'avenir de plusieurs de nos institutions.

Donc, pour résumer la perspective générale de cette recherche, il s'agit d'une recherche fondamentale (par opposition à une recherche appliquée) traitant des facteurs explicatifs du développement de notre société depuis un certain nombre d'années et dont les conclusions furent dégagées à partir d'une étude exhaustive de la population du Québec sur plusieurs périodes consécutives.

Les résultats des principaux travaux qui ont été menés tout au long de cette période sont rapportés au second livre de cet ouvrage, lequel est subdivisé en quatre parties :

La première traite de la dimension démographique de la question.

Le second traite de la dimension "sociale" et des rapports existant avec la démographie.

La troisième aborde la dimension touchant le développement économique, et de l'accroissement des disparités comme facteur explicatif des deux premiers aspects.

Enfin la quatrième partie traite de la pertinence des critères décisionnels utilisés pour l'administration des programmes gouvernementaux, comme source première de l'amplification des disparités économiques, démographiques et sociales au Québec depuis la révolution tranquille.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 22 octobre 2012 19:29
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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