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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Sécheresses et famines au Sahel. Tome I: Écologie / dénutrition / assistance. (1975)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir du livre sous la direction de Jean Copans, Sécheresses et famines au Sahel. Tome I: Écologie / dénutrition / assistance. Paris: François Maspero, Éditeur, 1975, 152 pp. Collection: “Dossiers africains”. Collection dirigée Marc Augé et Jean Copans. [Autorisation formelle accordée par MM. Jean Copans et Jean Jamin le 24 février 2011 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales, autorisation qui nous a été transmise par M. Jean Benoist.]

[5]

Présentation

La sécheresse apparaît, au moins en partie, plus comme le symptôme à très long terme d'un processus social, d'une possibilité provoquée par l'action de l'homme économique que comme un acte divin arbitraire à court terme. La sécheresse montre la situation de gens qui sont rejetés d'une certaine manière, tout comme l'aliénation urbaine, le manque de terre et les migrations montrent la situation d'autres : tous ces problèmes proviennent des mêmes contraintes fondamentales.
Paul Spencer [1]

Le terme Sahel recouvre plusieurs réalités distinctes. D'origine arabe et signifiant la bordure, le littoral, le rivage, ce mot désignait tout d'abord les collines littorales d'Afrique du Nord. Par métaphore et extension, on a ensuite appliqué cette expression aux bordures du désert du Sahara. Actuellement c'est la zone méridionale de contact qui se voit définie par ce terme.

Géographiquement on appelle ainsi toute la région située au sud [6] du Sahara entre les latitudes 14° N et 20° N, et qui va du rivage atlantique de la Mauritanie et du Sénégal aux confins soudano-tchadiens, soit des longitudes 10° à 23° Est. La région ainsi limitée couvre approximativement 2 500 000 km2, alors que les six pays concernés [2] ont une superficie totale de 5 233 371 km2. À l'intérieur de cette zone, on peut distinguer deux régions principales [3] :

« a) la région la plus au nord, caractérisée par une économie pastorale, s'étend approximativement des isohyètes (niveaux d'égale pluviosité) 100 mm à 300 mm. Il n'y a pratiquement aucune culture dans cette région, à l'exception des quelques bas-fonds et zones marécageuses aménagées par des ouvrages de petite hydraulique agricole. C'est là la vraie zone du Sahel ;

b) au sud de la zone mentionnée ci-dessus, on trouve la région de cultures céréalières, parmi lesquelles le sorgho et le petit mil sont dominants. Sous conditions pluviales, les besoins minima en eau de ces cultures sont estimés à environ 400 mm, bien que le mil, étant plus résistant à la sécheresse que le sorgho, soit cultivé sous des conditions plus sèches. En conclusion, la région de culture s'étendrait, grosso modo, à des terrains recevant de 300 à 600 mm de pluie par an. On l'a parfois appelée la zone sahélo-soudanienne. »

Mais, dans la mesure où la sécheresse a affecté l'ensemble de cette zone, on a tendance à élargir l'aire de définition bioclimatique du Sahel aux régions dites soudano-sahéliennes. Le terme de Sahel est donc utilisé dans ce dossier dans le sens large qu'il a pris aujourd'hui sous la pression des événements.

Il convenait néanmoins de rappeler les sens premiers et exacts du terme et de souligner qu'en aucun cas la zone sahélienne (au sens large) ne se confond avec la totalité des territoires des six pays concernés.


Nous avons voulu avec ce volume constituer un dossier au sens précis du terme. Un dossier dont les finalités sont doubles. D'une part il s'efforce de faire succinctement le point sur une situation d'actualité encore récente et qui n'a reçu en France — à une exception près [4] — [7] aucun traitement systématique aux plans informatif et analytique. D'autre part, l'orientation des analyses, les thèmes choisis et l'importante bibliographie sélective font de ce dossier un outil de documentation et de réflexion [5]. Ce dossier s'est considérablement développé au fur et à mesure de son élaboration, mais il est évident qu'il ne prétend pas aborder tous les problèmes et tous les domaines.

Il est constitué de deux parties en deux tomes. Le premier tome propose des éléments pour une compréhension globale des phénomènes de sécheresse et de famine au Sahel. Un tour d'horizon des explications dominantes et des thèmes de recherche à impulser (J. Copans) introduit des mises au point sur les facteurs climatiques (Y. Albouy et B. Boulenger), sur la situation sociale et nutritionnelle des populations (C. Messiant, T. Brun), sur les conditions d'aide et de développement (R. Meunier) et enfin sur les conséquences politiques de cette crise généralisée (J.-L. Ormières).

Le second tome est plus proprement consacré à des études de cas, d'inspiration ethno-sociologique, qui décrivent et expliquent les réactions sociales à cette situation. C. Raynaut analyse — au niveau régional — les répercussions du « développement économique » sur une population d'agriculteurs sédentaires. Cet article présente par ailleurs l'immense mérite de critiquer et de démystifier — de façon très simple — les pseudo-vertus du progrès technique capitaliste. S. Lallemand s'attache à décrire la situation concrète d'un village mossi et la manière dont les habitants ont pu « tenir le coup ». La précision des informations donne la mesure des conséquences humaines et sociologiques de la crise. P. Bonté et J. Swift font chacun un panorama de la situation faite à certaines populations nomades. Ils démontent parfaitement les mécanismes de dépendance et de déséquilibre mis en place par le système colonial, puis maintenus et étendus par les États indépendants. J. Copans, enfin, limite son approche au niveau des interprétations idéologiques paysannes. Il explique comment une certaine conscience de la dépendance peut coexister avec les catégories de l'arbitraire théologique de l'islam. Une bibliographie sélective (établie par C. Messiant), classée et commentée, clôt l'ensemble du dossier [6].

[8]


[1] « Drought and the Commitment to Growth », African Affairs, vol. 73, n° 293, oct. 1974, p. 427.

[2] Mauritanie, Sénégal, Mali, Haute-Volta, Niger, Tchad.

[3] Nous reprenons ici la description donnée par la FAO dans Propositions préliminaires pour une approche intégrée du développement à long terme de la zone sahélienne en Afrique de l'Ouest, WS/D7404, 1er mars 1973, multigr., p. 1.

[4] Nous pensons au dossier politique du Comité Information Sahel, Qui se nourrit de la famine en Afrique ?, Maspero, Paris, 1974.

[5] Certains des thèmes qui sont suggérés ici constituent par ailleurs les éléments d'un projet de recherche et de documentation sur la « sécheresse africaine (climat et société) » prévu dans le cadre des activités du Centre d'études africaines de l'EHESS.

[6] Le travail de révision des manuscrits, des notes et des références a été assuré par M. Aghassian et C, Messiant.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 5 juillet 2019 10:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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