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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Analyse critique d’une histoire des traitements statistiques des inégalités de destin.
Le cas de l’évolution des chances d’accès à l’enseignement supérieur
.” (2000)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Jean-Claude COMBESSIE, Analyse critique d’une histoire des traitements statistiques des inégalités de destin. Le cas de l’évolution des chances d’accès à l’enseignement supérieur.” In revue Actes de la recherche en sciences sociales, 2011/3, no 188, pp. 4-31. [Autorisation formelle confirmée le 18 août 2014 par Philippe Combessie, ayant droit de l’œuvre de son père, Jean-Claude Combessie, de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

Introduction


L’évolution des inégalités sociales représente, à bien des titres, un enjeu de société durable, tout à la fois éthique et politique. Son évaluation, avec une intensité simplement variable, traverse sous différentes formes l’histoire des statistiques. Dans certains cas, l’enjeu consiste à estimer si, globalement, la société est devenue plus homogène ou si les inégalités ont diminué. Les calculs prennent alors en compte l’évolution de la distribution des « biens » entre les différentes catégories de la population, ainsi que l’évolution du poids de chacune de ces catégories dans la structure sociale, et des indices globaux d’interaction entre ces variations sont proposés. Dans d’autres cas, l’évaluation fait abstraction de l’évolution du poids relatif des catégories ; l’opération consiste à reconstituer rétrospectivement les probabilités que des personnes ayant une origine donnée accèdent à tel ou tel « bien » et à comparer ces probabilités avec celles de personnes d’origines différentes : en ce sens, il est alors question « d’inégalités de destin » ou de « chances » .[1]

Cet article porte sur la manière dont les statistiques évaluent la croissance et l’évolution des inégalités scolaires de destin, dans un domaine, l’enseignement, où les politiques publiques, au niveau des États comme à celui des organisations supra nationales ou internationales (Union européenne, Unesco), affichent une intention de « démocratisation ». L’objectif qui a longtemps porté sur l’enseignement secondaire (avec notamment la formule « 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat » [2]), vise aujourd’hui « l’ouverture » des établissements d’enseignement supérieur. En raison de la « neutralité scientifique » qui leur est prêtée, les statistiques relatives aux « inégalités » jouent un rôle très particulier dans ces débats investis d’enjeux éthiques et politiques. Elles sont, comme on le dit aujourd’hui, des « outils de gouvernance » puisqu’en même temps qu’elles mesurent l’état des inégalités, elles évaluent la réussite des politiques qui prétendent les combattre. Un fait essentiel cependant est que, au cours des dernières décennies, les pratiques qui président à la production de ces statistiques ont régulièrement évolué et, avec elles, les conclusions que l’on formule quant à l’évolution des inégalités de destin ; les changements, en matière d’« orthodoxie de méthodes » sont en relation avec l’orientation prioritaire des politiques scolaires.

[6]

Pour le montrer, on présentera d’abord les « méthodes » en concurrence. Cet aperçu fera notamment apparaître que celles qui ont acquis un statut d’orthodoxie et celles qui ont été mises en pratique conduisent à des conclusions parfois très différentes en matière d’évolution des inégalités de destin. On parlera de « familles d’indices » quand des outils, appliqués aux mêmes données, conduisent toujours à des conclusions convergentes. Les argumentaires qui fondent la plus récente des orthodoxies, l’orthodoxie logistique, seront ensuite examinés. Enfin, les conclusions résultant de la mise en œuvre des familles d’indices aux mêmes données (relatives à l’accès à l’enseignement supérieur) seront confrontées aux conclusions de l’orthodoxie logistique. L’analyse sera ainsi progressivement passée d’une étude du traitement statistique des inégalités de destin à celle des conditions sociales de la constitution d’une orthodoxie de méthode devenue un outil de régulation normatif.



[1] En pratique, pour évaluer les « destins » on divise les n personnes d’une origine donnée qui ont acquis tel « bien » par les N personnes de même génération et de même origine dans l’ensemble de la population. Le plus souvent, ce rapport est ensuite exprimé sous la forme d’un « taux » (en base 100 donc). Parce que ces taux permettent de comparer les trajectoires de groupes spécifiques, les « chances » inégales qui les caractérisent ont bien figure d’inégalités sociales de destin.

[2] Stéphane Beaud, 80 % au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, Paris, La Découverte, 2002.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 18 août 2014 8:27
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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