RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Wayana eitoponpë. (Une) histoire (orale) des Indiens Wayana. (2003)
Avertissement


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean Chapuis, Wayana eitoponpë. (Une) histoire (orale) des Indiens Wayana. Recueillie, coordonnée, présentée et annotée par Jean Chapuis, suivi de KALAU, recueilli et coordonné par Hervé Rivière []. Guyane, Guadeloupe, Martinique, Paris: Éditions Ibis rouge, 2003, 1067 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 6 mai 2011 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[31]

Avertissement


Les termes wayana seront écrits suivant le système de transcription alphabétique proposé par les missionnaires du Summer Institute of Linguistics (18). Ce système (perfectible) est utilisé pour l’apprentissage de la langue maternelle dans les écoles primaires et présente l’avantage de pouvoir être compris et contrôlé par les jeunes Wayana eux-mêmes.

Il présente dix-huit phonèmes organisés de la façon suivante :

Consonnes :

Bilabiales
dentales
palatales
vélaires
glottale
occlusives
p
t
s
k
h
nasales
m
n
nk
continues
l
j
w

Voyelles :

Étirées
centrales
arrondies
hautes
i
ï
u
médianes
e
ë
o
basse
a

Toutes les lettres se prononcent comme en français, sauf : le « j » qui se lit « y » ; le « u » qui se lit « ou » ; le « e » se lit « è » comme dans « père» ; le «h» est soufflé ; « ë » se lit comme « eu » (ceux) ; le « ï » est entre le « i » et le «u» ; enfin, dans les combinaisons, chaque lettre se prononce : par ex. « au » se dit « aou ».

En ce qui concerne les noms propres, pour conserver une certaine homogénéité avec les travaux d’autres auteurs, le « j » sera systématiquement remplacé par le « y » dans la traduction.

[32]

Les textes entre parenthèses (…) sont des ajouts de l’ethnologue destinés à faciliter la lecture ; ainsi dans la ligne «… pour s’enfuir ou pour venir (attaquer) », le terme « attaquer » est déduit du contexte mais ne figure pas dans le texte wayana (19). Ceux qui sont entre crochets […] marquent soit un aparté du conteur, soit l’intervention d’un tiers interrogeant le conteur. Le souci constant est de bien délimiter le discours de chacun.

Les noms du conteur et du transcripteur sont indiqués au début de chaque récit. Celui du traducteur ne désigne que le premier traducteur du texte, celui qui en a réalisé le premier jet, souvent fort éloigné du texte présenté lequel, quant à lui, a fait l’objet d’une élaboration ultérieure par Kupi souvent, puis de toute façon toujours par Aimawale et enfin par moi-même.

Bien que les animaux et les plantes soient identifiés au fur et à mesure pour des raisons de commodité, on trouvera en annexes III et IV un récapitulatif de toutes les identifications botaniques et fauniques.

Ce texte se voulant reflet et exégèse de la pensée wayana, on comprendra que les références bibliographiques, qui auraient de surcroît alourdi un texte déjà long, se limitent à ce groupe ou à ses voisins immédiats. De même les comparaisons avec d’autres sociétés amazoniennes, notamment guyanaises, ont été proscrites sauf exception. Les établir de façon précise et raisonnée constitue un autre aspect du travail de l’ethnologue.


L’expression « serra Tumucumaque », « monts Tumuc Humac» ou « massif des Tumuc Humac» que l’on trouve toujours sur la plupart des cartes actuelles à la limite entre le Brésil, la Guyane française, et le Surinam, constitue une erreur géographique parfaitement documentée. En effet, après les travaux de J. Hurault (1973, 2000), on sait qu’il n’existe pas de montagne (à l’exception peut-être du Mitaraka), encore moins de massif ou de chaîne montagneuse correspondant à cet emplacement : à ce titre, les Tumuc Humac n’existent pas. J’ai néanmoins, comme beaucoup d’autres chercheurs, conservé ce poétique toponyme par commodité pour désigner la zone de pics rocheux (inselbergs, tëpu en wayana) et autres reliefs où se fait la ligne de partage entre les différents bassins fluviaux de la zone qui nous intéresse. Le lecteur voudra bien se souvenir de cet artifice chaque fois qu’il rencontrera le terme « Tumuc Humac» dans cet ouvrage. Les Wayana disposent du terme ïpï pour désigner les collines.

[33]

« Tant que nous parlerons de vérité,
nous ne comprendrons rien à la culture
»

(P. Veyne, 1983 : 123).

Il existe maintes façons de concevoir et d’aborder le terme « culture », au point que certains ont été tentés de le supprimer du vocabulaire spécialisé. De façon simpliste, on peut dire que ce qui est convenu d’appeler « culture » est une manière spécifique à une communauté de donner, à un moment de son histoire, sens et forme au monde. Faisceau dynamique d’éléments variés, d’influences en mouvements, de champs en tension, elle se laisse percevoir plutôt que définir. Toujours frottée d’Ailleurs, elle admet et intègre des divergences, des compromis, des interprétations : la culture est à la fois permanence et innovation. Pour reprendre une belle phrase de J. L. Nancy, « les cultures – ce qu’on appelle ainsi – ne s’additionnent pas. Elles se rencontrent, se mêlent, s’altèrent, se reconfigurent. Elles se mettent les unes les autres en cultures, elles se défrichent, s’irriguent ou s’assèchent, se labourent ou se greffent. Chacune d’entre elles, au départ – mais où y a-t-il un départ absolu ? – est une configuration, déjà une mêlée » (1996 : 176).

Nous allons découvrir une « version » de la culture wayana, et même une « strate » (ce qui explique la parenthèse autour du premier mot du titre) : celle du grand-père Kuliyaman, reprenant, pour paraphraser Sperber (1981 : 74) parlant de l’ethnologue, ce qu’il a « retenu de ce qu’il a compris de ce que [les anciens] lui ont livré, de ce qu’eux-mêmes ont compris », après se l’être assimilé dans son propre contexte historique et personnel. D’autres personnes de son âge ont reçu et métabolisé différemment cette « même » tradition : j’en dirai, quand cela sera possible, quelques mots, ou bien je présenterai ou renverrai à une autre version afin d’introduire à cette épaisseur évoquée, à cette variété. En effet, une tradition « est oeuvre du présent qui se cherche une caution dans le passé » (J. Pouillon, 1977) et elle admet toujours une certaine diversité. « Ce n’est pas la récitation qui a créé l’humanité, mais la narration, ce qui signifie qu’on ne se souvient pas par une simple répétition mais en (re)composant son passé en fonction des enjeux du présent » (J. Candau, 1996 : 32). Les traditions (terme souvent employé à la place de « culture ») changent, évoluent ; elles sont toujours – comme celle que nous rapportons – l’un des derniers états d’une longue lignée. Nous reviendrons rapidement sur ce point en fin d’ouvrage. Ces quelques réflexions permettront notamment aux jeunes Wayana familiarisés avec l’écrit, qui s’en étonnent toujours, de comprendre pourquoi d’un conteur à l’autre le récit n’est jamais identique. Quoiqu’il en soit, si des écarts existent nécessairement, le sens général des différents récits possibles ne varie jamais beaucoup pour la même période.

Kuliyaman, homme de savoir wayana (photo Hervé Rivière)
(les cheveux courts témoignent d’un deuil récent)



18. En ce qui concerne le wayana on peut se référer à l’article « A wayana grammar » de W.S. Jackson (1977) ainsi qu’au travail de Grimes (1972). La linguiste brésilienne Eliane Camargo travaille depuis quelques années sur la grammaire wayana : on trouvera quelques-unes de ses publications en bibliographie.

19. Le nombre de parenthèses dans certains textes témoigne du décalage entre l’oral et l’écrit ; il permet de mesurer la part du contexte.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 10 mai 2011 11:24
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref