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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Hervé Carrier, “Enquête sur les Jésuites.” Extrait d’un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 14, no 2-3, mai-août 1974, pp. 287-293. Extrait, pp. 290-291. Québec: Département de sociologie, Université Laval. [Texte revu en 2009.] [Autorisation accordée par l'auteur le 17 novembre 2009 de diffuser la totalité de son oeuvre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Hervé CARRIER, s.j.

Enquête sur les Jésuites”.

(Texte revu en 2009)

Extrait d’un article intitulé : “Itinéraire sociologique” publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 14, no 2-3, mai-août 1974, pp. 287-293. Extrait, pp. 290-291. Québec : Département de sociologie, Université Laval.


En 1965, j’avais pris un congé à l’Université Grégorienne, et durant six mois, je fus appelé à diriger une enquête sur les activités apostoliques des Jésuites du Canada français. C’était le temps où la fameuse Commission Parent, qui mettait en cause le système scolaire et surtout les collèges du Québec. Les Jésuites, qui avaient plus de 49 pour cent de leur personnel actif dans l’enseignement, étaient  particulièrement étaient concernés par les transformations qui s’annonçaient. Les bouleversements culturels et sociaux que vivait le Québec à cette époque obligeait, en outre les Jésuites, comme les autres religieux à s’interroger sur leurs activités, sur leurs institutions, leurs œuvres, leurs publications. À la demande des Provinciaux jésuites de Montréal et de Québec, une enquête fut donc organisée. On créa un bureau d’étude pour étudier les ministères des Jésuites; ce bureau s’appela le Bureau d’Étude des Ministères (BEM) et il comprenait trois spécialistes en sciences sociales : Jean-Paul Rouleau, Fernand Potvin et moi-même. Tous les Jésuites du Canada français furent interrogés; en outre, chaque maison, chaque œuvre, chaque publication furent appelés à répondre à un questionnaire qui permettait de décrire la situation actuelle et d’établir des vues prospectives. Les résultats d’enquête furent publiés en 6 volumes mis à la disposition des Jésuites et ainsi que tous les chercheurs intéressés. À la suite de cette étude, des décisions d’importance furent prises; on donna de nouvelles dimensions à l’engagement des Jésuites dans les collèges, dont plusieurs furent transformés ou supprimés. Un grand nombre de professeurs s’engagèrent à titre individuel dans d’autres institutions. Les deux provinces jésuites de Montréal et de Québec furent fusionnées et se donnèrent un centre unique de décision, avec un type de gouvernement confié à une équipe. L’enquête permit également de prendre des décisions importantes concernant l’activité missionnaire, les publications, les maisons de retraite. Très tôt, il fut connu en dehors de la Compagnie que les Jésuites conduisaient cette enquête sur eux-mêmes et sur leur milieu de travail. D’autres ordres s’intéressèrent à cette expérience et le BEM fut consulté par plusieurs congrégations religieuses d’hommes et de femmes et elles entreprirent des enquêtes similaires. La Conférence canadienne des religieux voulut s’informer directement et on m’invita à Ottawa pour présenter à tous Supérieurs provinciaux du Canada, la méthode et les objectifs de cette étude. J’ajouterai un détail familier : l’un de mes  amis de Montréal, qui suivait un cours de management, entendit un jour l’instructeur déclarer  à ses auditeurs, que bien des entreprises du Canada auraient profit à imiter les Jésuites, qui disait-il, ont mené un survey moderne sur leurs propres opérations et il montra à sa classe l’un des fascicules que le BEM venait de publier. Plus tard, le Général des Jésuites décida d’étendre à toute la Compagnie de Jésus ce genre d’enquête.

(Texte revu en 2009)



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 2 mai 2010 6:51
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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