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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Hervé Carrier, “Mes amis les Musulmans.” Résidence Notre-Dame, Richelieu, Qc., 2009, 6 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 17 novembre 2009 de diffuser la totalité de son oeuvre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Hervé CARRIER, s.j.

Mes amis les Musulmans”.

Résidence Notre-Dame, Richelieu, Qc., 2009, 6 pp.


Des souvenirs

Je voudrais vous voudrais parler de mes expériences avec les musulmans. J’ai dû beaucoup voyagé dans ma vie, et je pouvais échanger avec des professeurs musulmans bien connus et nouer des relations très enrichissantes. Comme Recteur de l’Université Grégorienne à Rome, je voulais noter les programmes et les cours où on parlait des musulmans. Je remarquais des professeurs et chercheurs musulmans qui consultaient notre bibliothèque et j’ai rencontré beaucoup d’étudiants et d’étudiantes musulmans. Certaines étudiantes portaient le voile ou  le foulard.

Je mentionnerai  surtout l’Institut d’Études pour les Relations et des Cultures, qui étudie les grandes traditions religieuses comme l’Hindouisme, le Bouddhisme et l’Islam. Il faut évidemment réserver une place spéciale aux Musulmans, et l’Université Grégorienne avait une longue tradition pour les études musulmanes.

Dans mes voyages, j’ai vu des professeurs réputés qui engrainent leur chapelet musulman en pleine réunion et sans fausse pudeur. Pour eux, c’est un vrai témoignage.

Un professeur Turc me disait que le jeûne du ramadan fait beaucoup de bien au corps et à l’esprit. Cela nous aiguise et nous stimule la pensée.

J’ai bien connu le Père Georges Chehata Anawati, O.P. qui fut un des un des meilleurs experts sur les musulmans.  C’était un grand  ami et il était assez âgé, quand j’avais travaillé avec lui à Rome. Il est décédé en 1994.  J’avais visité le Centre pour  les Musulmans qu’il avait crée au Caire. Il m’avait parlé avec enthousiasme de l’Université Al-Azhar au Caire. Cette Université est une des plus anciennes du monde, fondée en  969, elle a été fameuse pour la diffusion de l’Islam, elle a maintenant vingt mille étudiants.

Le dialogue

Le dialogue entre les chrétiens et les musulmans devient de plus en plus important dans monde. Des rencontres se multiplient partout, on assiste à une vraie mondialisation des échanges et des recherches sur le sujet. C’est un grand défi, pour tous les croyants et pour tous ceux qui travaille pour la paix. Il y a 1.5 milliard de musulmans, dans le monde. Ils représentent le cinquième de l’humanité. Les musulmans représentent 25%  du monde arabe. Parmi les musulmans, 80% sont « sunnites », et les chiites se trouvent surtout en Iran.

Les médias nous montrent que les Musulmans sont maintenant plus nombreux que les Catholiques. Selon le Vatican,  le nombre des Catholiques est de un milliard et 115 millions. Le nombre des Musulmans dépasse amplement celui des Catholiques. Les Musulmans comptent déjà 19.2% du total, les Catholiques arrivent seulement à 17.4%. Ces faits furent révélés, en mars 2008, par l’Osservatore Romano.

Les musulmans s’appellent « les croyants », ils se disent aussi « ceux qui sont soumis à la volonté de Dieu », comme Abraham, Moise, Jésus, car ils  « sont soumis à la volonté de Dieu ».

Les musulmans se prosternent devant Dieu, comme un témoignage public de leur foi et de leurs convictions. Les musulmans adultes doivent prier cinq fois chaque jour. Mais vendredi ils viennent à la mosquée avec le Muezzin pour la prière du midi. Pour les autres jours ils peuvent choisir librement les lieux de la prière.

Dans ce contexte, nous voyons les grands défis que les musulmans doivent affronter. Les musulmans se sentent humiliés, le monde, ils veulent récupérer leurs terres, leur culture, leur pétrole. Ils sont entrés dans la guerre sainte, nommée  « djihad ». Mais les  médias montrent à quel point ils sont divisés, en deux camps, les chiites  et les sunnites, et ils se livrent un combat à mort. Cette guerre s’appelle la « fitna », elle remonte à la « grande discorde », après la mort de Mahomet. (Mahomet né en 579, mort en 632).

Ben Laden et son groupe AlQaeda occupent maintenant une position-clef, dans la guerre actuelle contre les Unis-Unis et contre le monde libre. Pensez à l’attentat tragique sur deux tours de New York, du 11 septembre 2001.

Mais cette histoire ne dit pas tous les efforts faits par les croyants dans le monde.

La religion musulmane

Les catholiques se basent sur un document du Concile Vatican II, qui donne la pensée de l’Église sur les musulmans. Ce texte présente une belle synthèse sur les musulmans.

« L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même si ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l‘aumône et le jeûne» n. 3. Voir : Nostra Aetate  (1965).

Les musulmans attribuent un grand rôle à la divine miséricorde. Ils invoquent chaque jour les  99 noms attribués à Allah,  en commençant par « Allah », puis  par  « le Très Miséricordieux », puis le « Tout  Miséricordieux ».

La miséricorde est centrale pour tous les croyants et l’Église proclame la miséricorde comme la Bonne Nouvelle. Dès sa première encyclique Dives in Misericordia (1980), Jean-Paul II disait avec force : « seule la miséricorde Divine est un rempart à l’extension  du Mal ».  « Il faut transmettre au monde le feu de miséricorde ». Jean-Paul II disait aussi que « la mission de l’Église en est encore à ses débuts ». Voir son encyclique Redemptoris Missio (1990).

Des nouvelles

Je reçois des nouvelles intéressantes sur les musulmans, en commençant par le Roi d’Arabie Saudite.

Le roi Abdalla d’Arabie Saudite a lancé l’idée d’organiser de rencontres entre les juifs, les chrétiens, et les musulmans. On sait qu’il est le gardien de Médina et de La Mecque. En juin 2008, il était présent à La Mecque à la Conférence Islamique Internationale avec plus 500 Ulamas et des chercheurs de plusieurs pays. Il a rappelé l’engagement des religions monothéistes pour la paix dans le monde. Les croyants doivent être la voix de la justice et des valeurs morales. On sait que dans L’Arabie Saudite, les musulmans sont les seuls à permettre une pratique religieuse. Dans ce vaste territoire, d’autres religions pourraient travailler selon leur foi. C‘est un pas dans la bonne direction. Mais les minorités de l’Arabie Saudite ont encore dans une situation dramatique.

En juillet de la même année (cf. 16-18 juillet 2008), le roi Abdalla présida la  conférence interreligieuse de Madrid, avec plus de 200 représentants de diverses religions, des musulmans,  des  chrétiens, des juifs et même des bouddhistes. Le roi a souligné ce qui est commun entre nous, c’est-à-dire, la foi en Dieu, et non par ce qui nous sépare. La tragédie dans l’histoire ne vient pas des religions, mais des extrémistes de toutes les religions et dans les systèmes politiques. Les religions monothéistes ont un rôle essentiel pour l’avenir des peuples et des civilisations. Plusieurs intervenants ont souligné les principes principaux du Coran, comme l’égalité, la   fraternité, la liberté, l’aide réciproque, la paix, la tolérance. Le roi d’Espagne, Juan Carlos, participait personnellement aux travaux.

Le cardinal Jean-Louis Tauran, pour sa part, parlait au nom du Pape, et déclarait que le dialogue, basé sur l’amour et la vérité entre les croyants, doit contribuer à l’harmonie au bonheur et de la paix des peuples de la terre. « Ayant reçu de Dieu un cœur et une intelligence, nous  pouvons changer le cours de l’histoire avec Son aide. Nous comptons d’abord sur une foi profonde et des valeurs morales. »

Le 31 juillet 2008, le grand Mufti de Syrie a invité le pape de se rendre dans son pays, pour l’Année Saint-Paul 2008. Le grand Mufti, Ahmad Badr El Hassoun, est la plus haute autorité sunnite en Syrie. Il rappelle que Paul de Tars était le persécuteur féroce des chrétiens, et dans une vision, il entendit ces mots :   « Je suis Jésus que tu persécutes ». Le grand Mufti est convaincu que le Pape un rôle éminent pour la paix dans le monde et que le dialogue entre chrétiens et musulmans est un défi majeur pour l’avenir de nos peuples. Il serait même heureux de rencontrer personnellement Benoît XVI pour préparer une telle visite.

Le Pape Benoit XVI avait visité la Synagogue de New York et il s’est entretenu  avec le Rabin Arthur Schneider qui est très engagé dans le dialogue des musulmans, des juifs, des chrétiens.

À Paris, un juif Bernard  Kock fonde l’« Amitié-musulmane ».

Des cours de théologie sur le dialogue interreligieux sont donnés dans plusieurs pays d’Afrique. Plusieurs universités préparent des programmes, des sessions et des congrès dans ce but.

Dans l’Église anglicane, une aile traditionaliste veut discuter de la conversion des musulmans. Ce groupe compte déjà 124 membres et deux évêques. Ils préparé une motion, pour le Synode de 2008.

 « L’Islam le christianisme et l’Europe », c’est le thème d’une importante session du Conseil de l’Europe, tenu  en juillet 2008. Parmi les chercheurs, on note un musulman membre du Conseil de l’Europe, une professeure catholique de l’Université de Cambridge  et un Théologien orthodoxe. Le groupe a souligné les valeurs communes pour tout homme, comme la tolérance, le dialogue, la dignité, le caractère sacré de la vie, l’engagement des croyants, la liberté de religions. On y discute des défis posés par l‘Européanisation de l’Islam et par l‘Islamisation de  l’Europe. C’est une recherche qui suppose des échanges et une longue histoire Les orateurs ont redit les peurs et les menaces devant le terrorisme, en pensant surtout au drame du 11 septembre 2001. Le mot d’ordre sera l’engagement pour la paix et la justice.

Les 6 novembre 2008, le Vatican annonce : « Un sommet sans précédant ». C’est « un nouveau chapitre dans une longue histoire ». Un séminaire s’est tenu pour le Forum catholico-musulman, dont le thème était « Amour de Dieu et Amour du prochain », avec 29 représentants de l’Islam  et 29  représentants  catholiques et avec par 138 représentants musulmans et des responsables chrétiens qui avaient ont pris part  à cette rencontre  le mois de mars 2008. Parmi les musulmans, il y avait des chiites, des sunnites et d’autres courants de différents pays. Les thèmes étaient : « Les fondements théologiques et spirituels » et «  La dignité humaine et le respect mutuel ». Tous les participants signé une lettre qui proclame : « Une parole commune  entre vous et nous ».  Le Forum était organisé par le  Conseil pour le    dialogue interreligieux présidé par le cardinal Jean-Louis Tauran. Le cardinal notait que le dialogue avec les musulmans n’était pas nouveau, « il continue depuis 1400 ans ». Il a rappelé le document du concile Nostra Aetate  (1965), qui explique la pensée de l’Église sur les musulmans. Le Pape a donné une audience pontificale « travailler ensemble pour promouvoir le respect authentique de la personne humaine et des droits fondamentaux même si nos visions anthologiques et théologiques justifient cela, de manières différentes, nous ne trouverons d’entente pour construire un monde plus Fraternel dans lequel les conflits et les différends sont résolus de manière pacifique et le pouvoir dévastateur des idéologies est neutralisé et il a expliqué comment nous pouvons collaborer avec tous ceux qui partagent nos valeurs : « Il y un domaine très vaste dans lequel nous pouvons travailler ensemble pour défendre et promouvoir les valeurs morales qui font partie de notre Héritage ». Cette importante rencontre s’est tenue à l’Université Grégorienne, les 6 et 7 novembre 2008, l’Université, qui suit avec un vif intérêt les questions touchant au dialogue avec les musulmans.

Voici un ouvrage qui fait penser : Manuel pour convertir les musulmans, c’est le titre du volume du Père Tirso González qui fut publié dans les années 1600. Le Père González  avait étudié, avec soin, les rapports entre les chrétiens et les musulmans. Il fut Général des Jésuites dans années 1624-1705. Ce livre vient d’être publié en italien par Emmanule Colombo (Milan, 2008).  On y voit que les préjugés d’aujourd’hui semblent aussi graves que ceux d’hier.

Dans une interview à Radio Vatican, diffusée 29 juin 2009, le Cardinal Rodé, Préfet de la Congrégation des  Religieux, vient de faire une visite en Bosnie.

Les Jeunes

Les musulmans offrent divers programmes pour les écoliers. On leur enseigne la langue arabe, la géographie, l’histoire et la culture des peuples, les arts, les sciences et les éléments de la religion musulmane. Vous pouvez entrer sur l’internet ce beau vidéo : « Le Petit Savant Musulman ». C’est un vidéo pour des jeunes de 6-16 ans. On y voit un petit musulman qui fait une doua  (invocation) à Allah. Puis il lit à haute voix des passages du Coran et il parle des sciences, avec des contes, des cartes postales et des histoires amusantes.

Mon amie Sylvie a rencontré, dans une église de Montréal un couple, nommé Omar et Lyse. Omar est un Iman musulman qui s’est converti à la foi catholique. Lyse avait beaucoup prié pour lui et la grâce a fait le reste. Omar avait craint la réaction de son père. Mais son père avait lui dit : « Tu resteras toujours mon fils. Reste attaché à Dieu ».  La famille est très heureuse, ils ont deux charmantes filles.

Je connais bien, Denise, une étudiante de Montréal, qui termine ses études pour devenir infirmière, comme sa mère. Son ami s’appelle Mohamed et il est musulman, il vient du Maroc, il travaille maintenant dans un bureau à Montréal. Le père de Denise est très heureux de causer avec Mohamed, qui est reçu souvent à la table de la famille. C’est le grand amour entre Mohamed et sa petite amie.  Mohamed lui a enseigné comment invoquer Allah. Denise m’a dit qu’elle voudrait avoir au moins trois enfants. Mais je ne crois pas qu’elle changera de religion pour devenir musulmane.

Une jeune musulmane que j’ai rencontrée me dit qu’elle serait très heureuse de travailler dans un laboratoire, car cela correspond à ses études spéciales. Je lui confie que je suis un prêtre et que je lui promets une prière.

J’ajoute cette belle histoire qui nous fait découvrir la foi des jeunes musulmans. Un jour,  Une petite musulmane disait à une religieuse rencontrée dans la rue : « je ne peux le regarder sans pleurer ».

Dans une interview à Radio Vatican, diffusée 29 juin 2009, le Cardinal Rodé, Préfet de la Congrégation des  Religieux, vient de faire une visite en Bosnie.

Bibliographie

Maurice Borrmans,  Chrétiens et musulmans. Il a publié plusieurs livres et articles sur ce sur ce sujet. Il est un des meilleurs experts sur ce thème.

Bernard Godard, Les musulmans en France Paris, Éd. Laffont, 2007.

Georges Chehata Anawati, O.P. le Père Georges Chehata Anawati, O.P. fut un des un des meilleurs experts sur les musulmans.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 2 mai 2010 10:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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