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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jean-Paul Brodeur, Provocations” (1986)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Jean-Paul Brodeur, Provocations”. Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 19, no 1, 1986, pp 141-169. Numéro intitulé “Politiques et pratiques pénales. 25 ans de réflexion et d'action”. Centre international de criminologie comparée Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation de l’auteur accordée le 25 janvier 2004]

Introduction

 
This paper is an attempt at the refutation of certain fallacies, which have gained a wide currency in legal and criminological -thinking. These fallacies are the following. First, the mistaken interpretation of universal statements such as « Any person condemns murder » as the expression of a cross-cultural consensus about the blameworthiness of a certain type of behaviour ; such statements, it is argued, are mere tautologies reflecting the cogency of our linguistic customs. Second, the erroneous belief that criminology can dogmatically account for the sum of the facts which appertain to its field of study, by means of a single, all-encompassing explanation ; arguments are given to show that the late of criminological studies is fragmentation. Third, it is argued that the criminal justice system should be conceived as an apparatus for social provocation rather than as institutionalized social reaction. Fourth, it is pointed out that we must draw an unambiguous distinction between the legal notion of a sentence and the intuitive notion of punishment ; stressing this difference leads the author to compare briefly the main tenets of what he respectively calls dogmatic and sceptical criminology. Finally, the necessity to recognize as separate issues the justification and the allocation of criminal sanctions is proven and it is shown how the penal fascination with capital punishment is responsible for blurring the distinction between these issues. 

Le bourreau de Paris actuel, Sanson, est joueur... Dernièrement les créanciers de Sanson ont voulu saisir la guillotine. Le bourreau à Clichy, ce serait étrange. Deux vieilles choses de l'ancienne barbarie se faisant obstacle et se heurtant l'une à l'autre. Les exécutions suspendues par les recors, l'incarcération pour dette empoignant et capturant la peine de mort. 

VICTOR HUGO, Chose vues, 1830-1846


Je m'autoriserai du caractère célébrant de ce numéro de la revue Criminologie pour tenir un discours qui s'apparente plus à une prise de parole devant un auditoire qu'à un texte écrit destiné aux seuls chercheurs. Il me semble en effet que l'appareil critique des références, renvois, citations et notes en bas de page, qui forme maintenant la garniture requise des écrits savants est parfois d'une telle pesanteur qu'il fait obstacle à la communication. 

Depuis que je pratique la criminologie, j'ai été saisi par la persistance de certains malentendus entre les protagonistes d'un débat crispé sur la nature de notre discipline, où les contradicteurs s'appuient sur des prémisses si divergentes qu'ils frappent inlassablement des coups d'épée dans l'eau au lieu de croiser vraiment le fer. J'ai pu également constater qu'un certain nombre de sophismes étaient proférés avec une dérangeante régularité. le me propose dans cet article de faire état de quelques malentendus importants et d'en indiquer l'origine. le m'efforcerai de façon encore plus soutenue de démontrer que la forme logique de raisonnements fréquemment tenus en criminologie et en pénologie est viciée. 

Sophismes et malentendus sont reliés d'une manière particulièrement étroite en criminologie. le consacrerai les deux premières parties de cet article à rappeler que les objets de la criminologie sont des réalités construites. Étant le produit commun d'une donnée factuelle et d'un processus de constitution, une réalité construite se déploie toujours sur au moins deux registres. Cette duplicité originaire des phénomènes que la criminologie assigne à son champ d'objets est propice à l'émergence de deux types de raisonnements sophistiques : un premier type d'erreur consiste à manquer d'établir des distinctions cruciales, en méconnaissant la double nature des objets qui sont considérés ; une seconde sorte de sophisme réside en ce que le raisonnement ne retient que l'une des deux dimensions qu'il distingue et procède comme si la partie au tout s'égalait. La polyvalence des objets de la criminologie provoque également une somme de malentendus invétérés : les protagonistes d'une controverse échangent des arguments en se retranchant chacun dans un morceau de réalité différent et ils croient s'affronter alors qu'ils ne se rencontrent même pas.


Retour au texte de l'auteur: Dernière mise à jour de cette page le dimanche 13 août 2006 16:59
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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