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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le Québec, QUEL QUÉBEC ? (2001)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de MARC BRIÈRE, Le Québec, QUEL QUÉBEC ? Dialogues avec Charles Taylor, Claude Ryan et quelques autres sur le libéralisme et le nationalisme québécois. Montréal: Les Éditions internationales Alain Stanké, 2001, 325 pp. Une édition numérique réalisée par mon amie Marcelle Bergeron, professeure retraitée de l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi. [Autorisation accordée par M. Marc Brière, le 18 octobre 2006 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

Je suis un nationaliste et un souverainiste québécois qui se sent des affinités profondes avec le philosophe néo-démocrate Charles Taylor et le journaliste et politique Claude Ryan, tous deux ardents fédéralistes mais respectueux de l'option souverainiste. 

En fait, j'ai l'intime conviction que, à notre manière, nous cherchons tous trois une voie de conciliation et de réconciliation nationale. 

D'où l'idée m'est venue de cet ouvrage de dialogues avec ces éminents interlocuteurs et quelques autres. J'ai trouvé la lecture de leurs écrits tellement stimulante que j'ai voulu la partager avec vous, dans une tentative d'y voir plus clair sur l'avenir de la société québécoise. 

Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? 

Le présent ouvrage n'a pas la prétention d'être exhaustif Les auteurs cités sont pour la plupart prolifiques et ne cessent d'enrichir le débat collectif. Moi-même, mes idées ne sont en rien arrêtées ou définitives. Mes publications sont, pour reprendre la formule souvent utilisée par notre célèbre dramaturge Robert Lepage, des work in progress. J'écris pour m'aider à réfléchir et inviter mes compatriotes au dialogue démocratique si nécessaire. C'est dans cet esprit que je publie des ouvrages incomplets, n'étant point sûr d'avoir le temps et l'intelligence requis pour leur approfondissement. La perfection étant l'ennemi du bien, je me contente de l'état actuel de mes travaux pour les publier malgré leurs lacunes et imperfections. 

Ma gratitude va aux auteurs qui ont généreusement accepté que je pille ainsi leur œuvre pour la mettre, une nouvelle fois et à ma manière, à la disposition du public. 

J'ai l'impression d'être un charbonnier de la politique. Je l'appréhende avec ce que je crois être du gros bon sens. Je suis allergique aux dissertations savantes, au langage ésotérique. Tout en étant sympathique à toute expression de dissidence nécessaire au débat démocratique, je supporte mal le chialage [1] systématique qui semble être de plus en plus la nourriture d'un journalisme – écrit aussi bien que télévisé – primaire. Entre le discours politiquement correct et la dissidence omniprésente, il doit bien y avoir un juste milieu, un milieu de justice et de justesse. J'essaie de m'y maintenir, au risque de verser dans la simplification, dans la béatitude de l'innocent devant la complexité de la vie moderne. La foi du charbonnier est nécessaire à la démocratie – comme elle l'était à la religion –, mais elle ne saurait suffire. Pourvu qu'on ne s'en éloigne pas trop. 

C'est alors qu'il fait bon de fréquenter les sages pour mieux comprendre la turbulence du train-train quotidien de la politique, des pour et des contre, des oui et des non, et des dissertations trop savantes de nos intellectuels de métier, politicologues, sociologues, économistes et philosophes patentés, pour qui, par ailleurs, j'ai le plus grand respect même quand ils m'apparaissent le démériter. 

Voici donc des dialogues – qui n'en sont pas vraiment – avec des sages – qui le sont vraiment. Je veux partager avec vous le profit que j'en ai tiré, conscient que leur sagesse sert sans doute à dissimuler mes insuffisances. 

Quoi qu'il en soit, j'espère que vous éprouverez à leur contact autant de plaisir et de satisfaction que moi-même. Les nombreuses et longues citations étaient nécessaires à cette fin. 

J'espère qu'il résultera de la lecture de ces morceaux choisis – comme on disait au collège des textes de la littérature que les élèves devaient lire – une meilleure compréhension de la pensée libérale et de la mouvance nationaliste, et, partant, un rapprochement entre libéraux et nationalistes-souverainistes. 

Mon ouvrage se divise en cinq parties. Dans la première, je m'initie avec Charles Taylor à la controverse, en philosophie politique, opposant la conception libérale de la neutralité de l'État et le devoir de reconnaissance des collectivités minoritaires. Cette controverse d'origine américaine s'est transposée au nord du 49e parallèle en un conflit entre les droits individuels et les droits collectifs, qui alimente la crise constitutionnelle canadienne ou sert de justification au refus de reconnaissance de la spécificité québécoise par l'ensemble du Canada anglais. 

Après cette échappée philosophique, je dialogue avec Taylor sur le fédéralisme canadien et le nationalisme québécois, et je fais de même, dans la deuxième partie, avec Claude Ryan, à partir de l'avis de la Cour suprême du Canada sur le droit de sécession d'une province. 

Dans la troisième partie, je dialogue avec plusieurs autres auteurs qui ont participé récemment au grand débat qui secoue notre société, depuis presque un demi-siècle, dans l'espoir de dégager des pistes de solution à l'impasse qui résulte de l'enlisement où semblent être tombés les deux camps, retranchés qu'ils sont dans leurs positions apparemment irréconciliables. On se croirait à Verdun, durant la première Grande Guerre. Avec les savants mis à contribution, j'examine, une fois de plus, de quelle nation, de quel État, de quel nationalisme, de quelle citoyenneté, il pourrait bien s'agir, et que nous réserve l'avenir. 

En quatrième partie, je propose comme solution immédiate, une solution gagnante sans perdants, l'élaboration et l'adoption d'une nouvelle constitution québécoise pour tous les Québécois, qui pourrait bien s'avérer l'acte fondateur de la nation québécoise, quel que soit son statut au sein ou en dehors de la fédération canadienne. Ce cheminement, je l'effectue en bonne compagnie de deux constitutionnalistes réputés, l'un libéral, l'autre souverainiste, Paul Gérin-Lajoie et Jacques-Yvan Morin, qui ont consacré leur vie à servir le Québec et la francophonie avec intelligence, générosité et courage, depuis les débuts de la Révolution tranquille jusqu'à ce jour. 

Dans la cinquième partie, après un rappel des années 1967 et 2000 et une lamentation sur le pays, je formule divers moyens pour sortir de l'impasse actuelle et je conclus par un appel à l'unité des Québécois, dans une espèce d'union sacrée, pour suspendre, au moins provisoirement, nos stériles affrontements. Cet appel prend la forme d'une lettre aux membres du Parti québécois et d'une autre adressée aux membres du Parti libéral du Québec ainsi qu'aux Québécois membres du Parti libéral du Canada, que j'invite à relire, en annexe, des extraits du rapport Gérin-Lajoie de 1967 et du rapport Allaire de 1991. Une autre lettre s'adresse à Gérald Larose en sa qualité de président des États généraux sur la langue. 

Cet ouvrage, j'ai voulu l'inscrire de bout en bout sous le signe du dialogue, fondement de toute démocratie. Dialogue d'abord avec ces auteurs généreux qui ont bien voulu apporter leur précieuse contribution à mon entreprise. Mais surtout dialogue avec vous, citoyens du Québec, avec l'espoir qu'il se prolonge entre vous, entre nous tous, dans un grand élan de reconnaissance réciproque et de sentiment d'appartenance à une même communauté politique, respectueuse des droits, individuels et collectifs, et des aspirations légitimes de tous les Québécois. 

En terminant cette introduction, je veux remercier mon préfacier et mon postfacier d'avoir généreusement accepté ces tâches ingrates. J'ai pour eux la plus grande estime et je tenais à ce qu'ils apportent, une fois de plus, leur contribution au débat politique si profond et si vaste qui sévit dans notre société et la sert tout à la fois. Ils m'ont fait l'amitié d'accepter mon invitation et je m'en réjouis pour moi et surtout pour vous, amis lecteurs, chers concitoyens. 

M.B.
Le 1er septembre, 2000 

 

Post-scriptum 

Il n'est certes pas habituel qu'un auteur se permette d'ajouter un commentaire à la préface dont on a bien voulu honorer son œuvre. Mais il s'agit ici de dialogues et de contributions au débat des plus sérieux portant sur l'avenir du Québec et du Canada. Mon éminent préfacier comprendra que je doive préciser un point essentiel de mon argumentation. Si, comme bien d'autres, je crois que l'option souverainiste est dans une impasse dont elle doit absolument trouver le moyen de se dégager, je ne pense pas qu'il faille y renoncer ni ne le suggère aux Québécois. Je dis seulement qu'avant de relancer la démarche souverainiste, les Québécois doivent d'abord s'employer à construire la nation en se donnant une constitution à la hauteur de leurs aspirations et à l'image de leur société multinationale. Je ne sous-estime pas la difficulté de l'entreprise mais, outre qu'elle ne soit pas plus grande que celle de l'accession à la souveraineté, elle m'apparaît un passage nécessaire dont on ne saurait faire l'économie sans condamner à l'insuccès l'option souverainiste elle-même. 

Quant au « président de la République québécoise », je sais bien que le lieutenant-gouverneur est intouchable dans notre cadre constitutionnel actuel et qu'il représente la reine dans son royaume du Québec. Aussi n'ai-je pas suggéré autre chose que d'appeler président de notre République le lieutenant-gouverneur que continuerait de nous envoyer le gouvernement fédéral – ce qui pourrait être assez drôle pour en rire un tant soit peu – tout comme on appelle « État » ce que la Constitution dénomme « province », et « Assemblée nationale » ce qu'elle dénomme « législature » ou « assemblée législative ». Gestes purement symboliques soit ! Mais les symboles ont leur importance dans la vie des peuples. 

Cela dit, je n'aurais écrit ce livre que pour susciter une aussi magistrale préface que ma peine s'en trouverait amplement récompensée. 

M.B.


[1] Chialage en québécois est le fait de protester à tout propos, de râler ; il équivaut à rouspétance fréquente. Le chialeux est un râleux (ou râleur), un emmerdeur qui agace par ses protestations à tout sujet (l'emmerdeur n'est pas nécessairement un chialeux, mais « une personne particulièrement embêtante, soit ennuyeuse, soit agaçante et tatillonne », selon Le Robert). Chialer, c'est « se plaindre sans cesse, critiquer sans arrêt ». Le chialeux est un rouspéteux (« qui aime à rouspéter »), un critiqueux (« qui a la manie de tout critiquer »). Et j'emmerde les chialeux !



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 mai 2007 15:31
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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