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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jacques Brazeau, “Différences linguistiques et carrières (1958)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jacques Brazeau, “Différences linguistiques et carrières”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Marcel Rioux et Yves Martin, La société canadienne française, pp. 303-313. Montréal: Les Éditions Hurtubise HMH ltée, 1971, 404 pp. [Version française d'un article de: The Canadian Journal of Economics and Political Science, XXIV, 4 novembre 1958, 532-540.]

Introduction

Le Canada possède un effectif de travailleurs où il se parle plus d'une langue. Il y a donc intérêt à se demander quel type d'organisation sociale s'est constitué qui tienne compte de ce pluralisme dans notre monde du travail. Il y a deux façons d'aborder le problème. Premièrement, on peut considérer l'inégalité des chances d'emploi en fonction de la langue, comme étant le problème des seuls Indiens, Eskimos, Canadiens français ou Néo-Canadiens. En second lieu, on peut se demander comment s'établissent les interrelations de travail des divers groupes linguistiques, et quelles en sont les conséquences sur l'ensemble de la société. C'est cette seconde manière que nous adopterons ici ; en un sens, elle englobe la première : les difficultés que rencontrent les divers groupes proviennent, dans une large mesure, de la façon dont ils s'influencent mutuellement. Mon étude se limitera aux Canadiens anglais et aux Canadiens français, mais mes observations s'appliquent assurément aussi, au moins en partie, aux autres groupes linguistiques.

 

L'hypothèse de travail est la suivante : étant donné que chez nous l'anglais est la seule langue qui ait cours dans tous les domaines de l'activité sociale, les gens dont la langue maternelle n'est pas l'anglais ne jouissent pas des mêmes chances dans le domaine de l'emploi. Dans une société pluraliste, la prédominance d'une langue produit deux effets : elle restreint l'utilisation des compétences potentielles de ceux qui ne possèdent pas parfaitement la langue dominante ; et elle dissocie de certains aspects importants de la réalité sociale les autres langues maternelles. Ces deux conséquences peuvent facilement conduire à une troisième. l'inégalité dans l'exploitation des ressources humaines des divers groupes. À l'appui de cette opinion, je présenterai ici quelques hypothèses en vue d'expliquer certaines conséquences observables de l'appartenance à un groupe linguistique minoritaire. [1] je ne m'interrogerai pas sur les façons de renforcer l'interdépendance des groupes linguistiques. je me bornerai à essayer de démontrer l'urgence de poursuivre les recherches et la nécessité de découvrir et les faits et les effets de la situation présente.

 

Avant de poursuivre, je dois dire que j'apprécie les avantages du pluralisme culturel. Tous nous savons que l'hétérogénéité permet la diversité des modes d'expression en arts, en lettres, en politique et en philosophie. La pluralité des langues multiplie les sources de culture où s'alimente notre population. Toutefois, reconnaître les avantages du pluralisme ne doit pas nous empêcher d'étudier les problèmes que soulève l'interdépendance de nos groupes linguistiques. C'est parce que j'apprécie les avantages du biculturalisme que je pose la question : notre structure sociale actuelle nous permet-elle d'exploiter les virtualités des divers éléments de notre population ? ou présente-t-elle de graves carences sous ce rapport ?


[1] Des considérations linguistiques, historiques, psychologiques et sociologiques fondent ces hypothèses, que j'ai élaborées au cours d'une étude, en collaboration avec David N. Solomon, sur la formation professionnelle dans l'armée canadienne (projet D77-94-52-05 du Conseil de Recherche de la Défense), et qui la dépassent cependant. Ces hypothèses reflètent en outre des consultations auprès de spécialistes canadiens, américains, sud-africains et suisses. Néanmoins, les idées exprimées sont les miennes ; elles ne sauraient être considérées comme étant celles de mes employeurs ou celles des auteurs des travaux sur lesquels je me suis fondé.



Retour au texte de l'auteur: Jacques Brazeau, sociologue, retraité de l'Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le vendredi 8 juin 2007 9:23
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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