RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

JOURNAL DES ARMES, vol. 1, no 3, 1979
Éditorial


Une édition électronique réalisée à partir du texte de la revue de La Société des collectionneurs d'armes du Québec [SOCAQ] (directeur de l'édition: Russel Bouchard), JOURNAL DES ARMES, vol. 1, no 3, 1979, 24 pp. [Document diffusé avec l'autorisation du directeur de la revue accordée le 22 septembre 2005.]

[1]

Éditorial


Russel Bouchard,
Historien militaire.


Le Musée du Québec est-il vraiment l'endroit idéal pour léguer nos collections ?

Cette question a sans nul doute été envisagée par bien des collectionneurs d'armes au Québec. Après avoir passé de nombreuses années à trouver et acquérir péniblement, bien souvent à prix d'or, des armes et des accessoires afférents, les collectionneurs privés tentent normalement d'envisager les meilleures possibilités pour que survivent leurs collections. Cette idée est légitime et peut devenir très enrichissante pour les musées populaires du Québec. D'ailleurs c'est dans cet esprit que se sont formés bien des musées en Europe. Par contre, avant de poser ce geste ultime, il serait recommandable que chacun d'entre nous se prémunisse de toutes les garanties qui assurent une telle conservation.

Jeudi matin le 14 juin 1979, je me rendais dans les réserves du Musée du Québec, situées au 476 Desrochers à Ville-Vanier, pour y vérifier une pièce précise devant faire l'objet d'un article du JOURNAL DES ARMES. Que de belles choses, toutes rangées précieusement dans une atmosphère idéale à la conservation. Les armes qui s'y trouvent, même si elles ne sont pas cataloguées, ni restaurées, ni entretenues et encore moins connues par les professionnels qui y travaillent, profitent toutefois de ce bel espace.

En passant dans un local préposé à la réception des artefacts, j'aperçus dans une boîte à ordures, une baïonnette à douille que je reconnus immédiatement. Ce sont des pièces de ce genre qui ont forgé notre histoire militaire et notre pays. Je demandai alors au conservateur en ethnologie chargé de la "CONSERVATION" de nos collections et de notre patrimoine, si la baïonnette en question était vraiment destinée au dépotoir. Ce dernier me répondit tout simplement par un "OUI" énergique.

Prenant l'objet en question avec un air scandalisé, je me limitai à lui fournir toutes les indications techniques et pertinentes dans l'espoir que ces argumentations le fassent changer d'idée. Je l'informai donc que cette baïonnette en était une française, modèle 1728-1754, contemporaine à la Guerre de Sept Ans et à la prise de Québec en 1759. C'est ce type de baïonnettes qui armaient les canons des fusils "grenadiers" et "ordinaires" des soldats des troupes de terre et des Compagnies Franches de la Marine, au cours du second et du troisième quart du XVIIIe siècle. Aujourd'hui ces pièces sont très difficiles à trouver et le prix peut se situer entre $50.00 et $150.00, dépendamment de la condition.

Peu soucieux de corriger une évidente erreur, le conservateur m'offrit tout simplement l'OBJET EN CADEAU.

Suite à cet état de fait, j'acceptai la baïonnette dans le but de la restaurer, travail qui fut très facile à exécuter, et aussi dans l'idée de démontrer à [2] nos collectionneurs pourquoi si peu de musées au Québec possèdent des artefacts militaires de qualité. On a peut-être, dans ces quelques lignes, une partie de la réponse. Si le musée d'État n'est pas capable de distinguer un éléphant d'un chameau, comment voulez-vous que la population le sache.

Comment se fait-il que des fonctionnaires attachés à une institution nationale aussi responsable que le Musée du Québec se permettent de tels comportements ? La logique elle-même dicte nos propos. Aucun individu ne doit détenir seul le droit de vie et de mort sur les collections et l'acceptation ou non des artefacts et leur conservation est le fruit de l'étude d'un comité de sélection. Par surcroît, tous "cadeaux" de cette nature est, à ma connaissance, interdit : les biens de l'État sont inaliénables et seul le Comité mandaté par le Ministre peut prendre une telle décision.

Pour ma part, l'honnêteté me pousse à offrir de nouveau cette baïonnette à son propriétaire légitime, et je le ferai lorsque je serai assuré de sa conservation.

Russel Bouchard, Historien militaire.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 11 février 2014 13:36
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref