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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à de l'article de Charles Bolduc, “Une exploration des méandres de la politique deleuzienne.” In PhaenEx, revue de théorie et de culture existentielle et phénoménologique, vol. 9, no 1, printemps-été 2014, pp. 152-160. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 26 septembre 2014 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

[152]

Charles Bolduc

Docteur en philosophie, professeur de philosophie
au Cégep de Chicoutimi

Une exploration des méandres
de la politique deleuzienne
.”

Note de lecture

Philippe Mengue, Faire l’idiot. La politique de Deleuze,

Paris, éd. Germina, coll. Cercle de philosophie, 2013, 112 pages

In PhaenEx, revue de théorie et de culture existentielle et phénoménologique, vol. 9, no 1, printemps-été 2014, pp. 152-160.

En 2003 paraît Deleuze et la question de la démocratie, un ouvrage où Philippe Mengue tente audacieusement de mettre en lumière le fossé qui sépare, selon lui, la promotion du multiple chez Gilles Deleuze de cette forme d’organisation politique qui prend le parti du pluralisme (Mengue, Démocratie 16). Immédiatement, un débat sur cette question s’ensuit. En effet, dès son compte rendu critique « Deleuze and Democracy » paru en 2005, Paul Patton se penche sur ce qui constitue, de son point de vue, les trois principaux arguments de Mengue, dans le but de les démonter et de révéler la lecture partiale et tronquée de l’œuvre de Deleuze qu’ils présupposent : loin de condamner la démocratie en tant que telle, ses remises en question permanentes des « universaux » (les droits de l’homme), de la « majorité » (la représentativité) et de l’« opinion » (le consensus reposant sur ce qui semble raisonnable à un moment donné) visent au contraire, d’après Patton, l’état présent de la démocratie dans différentes sociétés, et ces critiques reposent en dernière instance chez Deleuze sur un certain concept de la démocratie qui demeure valide malgré les errements dénoncés dans ces différentes manifestations (Patton 411 sq.).

Dix ans plus tard, dans Faire l’idiot, Mengue donne en partie raison à Patton en qualifiant d’« ambigus ou peu nuancés » (Mengue, Faire l’idiot 93) certains propos de son premier livre [153] sur la question, et admet que des distinctions plus fines doivent être apportées afin de rendre justice aux aléas de la pensée politique de Deleuze qui est passée par différentes phases au fil des ans.

Quand vient le temps de se demander jusqu’à quel point les propositions de Deleuze sont solubles dans la démocratie, Mengue soutient, comme il le faisait déjà en 2003 (Démocratie 143 sqq.), qu’il faut se détourner des écrits des années 1970 cosignés avec Félix Guattari [1], qui trahissent l’influence « gauchisante » et momentanée de ce dernier (Faire l’idiot 38) [2] et constituent de ce fait un travestissement de la véritable et authentique pensée politique de Deleuze. Cependant, alors que dans Deleuze et la question de la démocratie, Mengue dépréciait le personnage de Bartleby au point d’y voir une figure réactive et passive qui n’aide en rien à concevoir une autre attitude politique (Démocratie 180-184), voilà que dans Faire l’idiot, il la réhabilite complètement. Ce faisant, il considère l’article de 1989 [3] comme un moment charnière qui fait le pont, sur la question du politique, entre ce qui s’annonçait déjà en 1969 dans Logique du sens avec la prise en compte du virtuel et de l’événement (Faire l’idiot 13) et ce qui suit à partir des deux derniers textes des Pourparlers de 1990, quand Deleuze prend acte des analyses de Foucault sur les « sociétés de contrôle » (20), dans la mesure où, à partir de ce moment-là (et pour reprendre les mots de Mengue), on peut affirmer que Deleuze concède que les « libertés acquises [au sein de celles-ci] sont réelles » et « ne sont donc pas des illusions […] ou des semblants dispensés par l’idéologie capitaliste » (27). Ce constat marquerait ainsi le chemin parcouru, puisqu’il se distingue de « l’hypothèse répressive » (35), c’est-à-dire de cette forme de pouvoir accaparé unilatéralement par l’État moderne, qui serait au cœur de la pensée politique de Deleuze dans les années 1970.

[154]

Du coup, alors qu’il se refusait à le faire précédemment (Démocratie 129 sqq.), voilà que Mengue propose cette fois une « lecture libérale » (Faire l’idiot 24) de la pensée politique de Deleuze, qui n’oppose plus de front, comme en 2003, la « macropolitique » (la politique traditionnelle s’incarnant dans des institutions) et la « micropolitique » (les mouvements de résistance de toutes sortes) réduite, dans son incapacité à prendre corps durablement dans un programme, à n’être finalement que du « pré-politique » (Démocratie 136) [4]. Avec Faire l’idiot, il s’agit donc moins de renvoyer dos à dos que d’articuler ces deux instances et d’en faire deux moments de l’expression de la vie démocratique. Certes, Mengue affirme toujours qu’« il n’y a pas de politique deleuzienne » (Faire l’idiot 86) et que cela n’est pas une « position » tenable au plan pratique, car rien n’est dit sur la manière de mettre en œuvre des politiques gouvernementales, et encore moins sur ce qu’elles devraient précisément être. Toutefois, en concédant qu’aucun système démocratique n’est parfait, même en tenant compte des aspirations qu’il tente de réaliser (28 sq.), Mengue rejoint l’attachement de Deleuze pour Bartleby, pour le rôle de l’idiot qu’il incarne et qui fonde, comme cela sera expliqué un peu plus loin, « une politique de l’indétermination comme condition non causale, capable de donner ses chances à l’événement (violent, désorganisant) et à l’Inattendu (non décidable, non programmable) » (30).

Cela étant dit, ayant si durement critiqué Bartleby dans Deleuze et la question de la démocratie, il n’est pas surprenant qu’en le revalorisant, Mengue veuille cette fois centrer son propos sur « L’idiot comme personnage conceptuel » (pour reprendre le titre du principal chapitre de son ouvrage). Outre la question de savoir quels rapports entretiennent la littérature et la philosophie, et au-delà du simple personnage de la nouvelle de Melville, Mengue tente surtout ici de mettre en lumière ce qui constituerait « l’essence » (56) de ce qu’est l’exercice de la philosophie selon Deleuze, soit « la pensée comme déterritorialisation absolue » (57), en tant [155] qu’elle se manifeste dans une telle figure qui ne prétend pas déjà savoir (59), que celle-ci soit Bartleby, le penseur de Descartes ou encore le Mychkine de Dostoïevski. En ce sens, l’idiot serait un personnage type propre à la conception deleuzienne de la philosophie (60) et, en tant qu’il reflète une manière de vivre particulière, il incarnerait une pratique politique (70 sq.[5].

C’est à ce point du commentaire que la référence à Bergson et à son argumentaire sur le possible comme second par rapport au réel devient incontournable (94) [6] et empêche Mengue de condamner Deleuze, comme il le faisait allègrement en 2003 quand il lui reprochait de confondre la politique avec une certaine éthique de l’existence et de ne pas remarquer que la seconde n’a que peu à voir avec la première (Démocratie 206). À ce sujet, on se rappelle que dans son article de 1930, Bergson tentait de démontrer que le possible, loin de précéder le réel, en dérivait comme un « mirage du présent dans le passé » (Bergson 111), de sorte qu’au lieu d’être un argument contre la réalisation prochaine de quoi que ce soit, l’impossibilité de concevoir une action, par exemple, découlerait au contraire du fait que la réalité présente n’offre pas d’emblée cette possibilité aux individus.

Dans le cas qui nous occupe, la conception de la vie politique en démocratie repose en grande partie sur l’idée d’un choix entre différents partis ou projets de société (Mengue, Faire l’idiot 74). Or, ces choix possibles sont eux-mêmes déterminés à partir d’un certain état de choses qui les rend dorénavant envisageables (avant l’apparition de ce dernier, ces choix auraient été jugés déraisonnables, c’est-à-dire impossibles). Ce que peut alors apporter l’idiot comme personnage politique garant d’une déterritorialisation « relative » (73), c’est de rendre un peu moins évident ce qui l’était au départ et d’apporter conséquemment un déplacement de la problématique qui redistribue les possibles et, par conséquent, les choix offerts aux citoyens. Ce serait cela l’événement, le surgissement indéterminé du virtuel dans ce qui est actuellement [156] concevable. D’après Mengue, ce serait aussi la promotion de cette ouverture à la différence sans jugement préalable, qui constituerait le « libéralisme » deleuzien (84).

Dans cette nouvelle configuration qui conjugue l’idiot et la redécouverte de l’importance de Bergson dans la pensée de Deleuze, la micropolitique ne serait donc plus du pré-politique, comme dans Deleuze et la question de la démocratie, mais seulement ce qui est hors de la démocratie comme régime politique particulier à un pays (93), tel un « espace lisse » (75) sans configuration précise, où l’espace strié « des clichés, des stéréotypes, des préjugés » (76) peut être questionné et où une certaine conception de la société peut être abandonnée, laissant place à une authentique vie démocratique sans fondement absolu, ainsi que Mengue la décrivait en 2003 (Démocratie 200). Ce qui se révélait à ce moment-là inconciliable, soit la micropolitique deleuzienne privilégiant le multiple et le pluralisme démocratique incarné dans une confrontation d’opinions autour d’une question donnée, se voit maintenant compatible dans la prise en compte de la relativité des enjeux débattus, que permet de faire voir la pensée politique de Deleuze.

L’un des mérites du nouvel ouvrage de Mengue est certainement ses nombreuses mises en garde (Faire l’idiot 31, 35, 37, 47) qui préviennent les contresens et les lectures qui radicalisent les analyses deleuziennes à teneur politique sans tenir compte des méandres et des soubresauts de sa pensée, ce que Mengue lui-même n’avait pas manqué de faire précédemment.

De plus, la pensée de Deleuze a été trop souvent été hypostasiée et ses concepts récupérés et utilisés à tout vent, comme s’il y avait une teneur universelle à ce qu’il affirmait, comme si ses critiques et les concepts qu’il avait créés pouvaient être appliqués à tout et n’importe quoi [7]. À cet égard, Mengue fait œuvre utile en nous rappelant qu’en pensée politique, la figure de l’idiot et les caractéristiques de la subjectivité qui lui sont associées (indéterminé, indiscernable et imperceptible [18]) sont directement reliées à la forme de pouvoir actuelle, qu’il s’agit [157] d’affronter dans les luttes de libération, soit ce que Foucault désigne sous l’expression de « société de contrôle ». Ce faisant, il contextualise les appels de Deleuze pour cette forme de subjectivité et, parallèlement, il fait voir concrètement comment se déploie aujourd’hui la « fonction abstraite » de l’État, soit celle d’« autorité ou de domination » (41) qui avait été abordée dans L’Anti-Œdipe.

Cependant, peu de place est accordée à ce genre d’analyses que Mengue mène seulement dans les dernières pages du cinquième chapitre, dans la section « L’idiot et les devenirs » (87-94). Il s’attache davantage à définir « la figure du politique deleuzien à l’état pur » (71), ce qui l’amène à retomber dans des propos abstraits [8]. Pourtant, avec ses multiples références à Foucault, il avait à portée de main un exemple probant et concret de ce qu’il tentait de démontrer.

Comme Mengue le met en lumière à plusieurs reprises, la synthèse disjonctive est la forme de l’indétermination, puisqu’elle fait tenir ensemble des oppositions avant que celles-ci ne s’excluent dans la réalité quand vient le moment de prendre parti (63 sq.). Comme cela a déjà été noté, le geste politique typiquement deleuzien ne serait donc pas d’opter pour l’une ou l’autre option de l’alternative, mais de transformer la question, et par conséquent les choix offerts, et ce, sans que l’incompatibilité de ces derniers, qui forcément s’opposent, ne soit un argument pour délégitimer la revendication. Or, c’est exactement ce que fait Foucault à partir du deuxième volume de l’Histoire de la sexualité.

Avec le christianisme, la sexualité est pensée en termes de désirs (Foucault 11 sq.) : il y a d’un côté ce qui est permis (par exemple, l’hétérosexualité) et, de l’autre, ce qui est interdit (dans ce cas-ci, l’homosexualité). À première vue, cette distinction semble couvrir tout le possible. Or, elle peut être déplacée : du coup, ce sont les deux faces opposées qui sont tenues ensemble et remplacées par une autre opposition qui change les options envisageables. En étudiant les écrits des penseurs de l’Antiquité, Foucault en est ainsi venu à découvrir que loin de réfléchir sous l’angle des désirs, les Anciens abordaient plutôt la question de la sexualité sous celui des plaisirs et de leurs usages (20).

Par conséquent, une action politique qui se contenterait d’être un parti pris dans un débat occulterait la possibilité fondamentale de déplacer ce dernier. Dans le cas précis du mouvement en faveur du mariage entre conjoints de même sexe, évoqué par Mengue (Faire l’idiot 87), si la prise de position perd de son importance, c’est parce que la question qui la sous-tend devient relative. En ouvrant ce champ d’investigation, l’essai de Mengue mériterait donc d’être complété par des analyses de ce genre, qui permettraient de libérer le terrain politique de certains présupposés qui font parfois d’un choix, quel qu’il soit, une prison.

[159]

TEXTES CITÉS

BEAULIEU, Alain, Gilles Deleuze et la phénoménologie, Mons/Paris, éd. Sils Maria/Vrin, 2004.

DELEUZE, Gilles, Critique et clinique, Paris, Minuit, coll. Paradoxe, 1993.

DOSSE, François, Gilles Deleuze et Félix Guattari. Biographie croisée, Paris, La Découverte,

2007.

BERGSON, Henri, « Le possible et le réel », in BERGSON, La pensée et le mouvant. Essais et conférences, Paris, P.U.F., coll. Quadrige, 2005, p. 99-116.

[160]

FOUCAULT, Michel, Histoire de la sexualité, tome II : L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1984.

PATTON, Paul, « Deleuze and Democracy », Contemporary Political Theory, vol. 4, n° 4, 2005, p. 400-413. [EN LIGNE] (page consultée le 24 oct. 2013).

MENGUE, Philippe, Deleuze et la question de la démocratie, Paris, L’Harmattan, 2003.

—, Gilles Deleuze ou le système du multiple, Paris, Kimé, 1994.

—, Faire l’idiot. La politique de Deleuze, Paris, éd. Germina, coll. Cercle de philosophie, 2013.

MONTEBELLO, Pierre, Deleuze. La passion de la pensée, Paris, Vrin, coll. Bibliothèque des philosophies, 2008.

SANTINI, Sylvano, « Danse muette dans la soupe préhumaine. Immersion et dérive à partir de Mille plateaux », Spirale, n° 228, 2009, p. 122-123.



[1] Mengue vise surtout L’Anti-Œdipe, mais aussi Mille plateaux, puisque les deux ouvrages se voulaient des interventions dans le champ social. En revenant sur la réception de ce dernier ouvrage pour les 30 ans de la revue Spirale, Sylvano Santini donne un exemple où, l’armée israélienne s’en étant inspiré pour l’une de ses opérations, Mille plateaux s’est révélé être autre chose que ce que ses auteurs espéraient. Dans ce cas, « l’expression d’un désir de liberté se renverse en un cauchemar d’oppression » (Santini 123).

[2] Dans l’économie du présent essai, cette partition de l’œuvre de Deleuze tient la route, et ce, bien que Mengue fasse grand cas de Qu’est-ce que la philosophie? qui est pourtant elle aussi une œuvre rédigée à quatre mains (Mengue, Faire l’idiot 20), car comme l’a rappelé François Dosse dans sa biographie consacrée aux deux penseurs, Guattari n’a pas participé activement à l’élaboration conceptuelle et encore moins à l’écriture de cet ouvrage publié en 1991 (Dosse 538 sq.).

[3] D’abord paru comme postface à la traduction d’un recueil de nouvelles de Melville, « Bartleby, ou la formule » a été repris en 1993 dans Critique et clinique.

[4] Selon Mengue, cette distinction stricte et les présupposés qui la sous-tendent expliqueraient l’échec du Groupe d’information sur les prisons, qui avait mobilisé Deleuze et Foucault au début des années 1970 (Démocratie 152-156).

[5] Déjà dans Deleuze et la question de la démocratie, Mengue associait les propositions politiques de Deleuze à une « éthique de la guérilla » (Démocratie 171) s’apparentant à un « mode de vie » (157).

[6] C’est là pour Mengue une certaine mise à distance des conclusions de Gilles Deleuze ou le système du multiple, où l’importance de Bergson était minimisée par rapport à celle de Nietzsche (47).

[7] Par exemple, quand Pierre Montebello écrit que pour Deleuze, Bacon « est le peintre de l’essence de la peinture » (Montebello 211), il laisse entendre que ce qui est dit à propos du travail de cet artiste est généralisable et vaut comme définition de cette pratique à l’aune de laquelle pourrait être jugée toute œuvre passée et à venir.

[8] Le premier livre de Mengue sur Deleuze (1994) trahissait déjà ce travers commun à de nombreux ouvrages en français sur Deleuze, parus au cours de cette décennie pendant laquelle le désir de renouer tous les fils de sa pensée éclatée autour d’un concept jugé éminent l’emportait sur toute autre considération (Beaulieu 13). Cette préoccupation de systématicité se formulait à l’époque comme suit : « Le problème de notre commentaire, qui prend la pensée de Deleuze pour objet, ne constitue donc qu’un cas particulier d’un problème plus général, qui est celui du multiple. Et sa solution semble impossible, le divers de l’étant ou du pensant, n’étant pas l’Un du concept. Or, ce problème constitue le problème fondamental de la philosophie de Deleuze […]. [Finalement, ce qui rend cette diversité philosophiquement pensable, c’est qu’]elle se pense alors dans une forme d’unité, le concept [de multiple] ou le sens se posant comme l’unité d’une diversité » (Mengue, Deleuze ou système 11 sq.).



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 13 février 2015 11:40
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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