Jean-Marc Biron, directeur général, Centre Justice et Foi, “Présence musulmane et société québécoise”.

“Présence musulmane et société québécoise” (2003)
Introduction

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Jean-Marc-Biron, directeur-général, Centre Justice et foi, “Présence musulmane et société québécoise”. Un article de M. Jean-Marc Biron publié dans la revue électronique Vivre ensemble, vol. 10, no 37, été 2002. [M. Biron nous a autorisé à diffuser cet article le 26 mai 2004.]

Introduction Le 8 avril dernier, le Secteur Vivre ensemble du Centre justice et foi convoquait un nombre restreint de personnes d'horizons divers pour réfléchir ensemble, comme membres de différentes composantes de la société civile, sur la situation de la communauté musulmane au Québec. Une quarantaine de personnes avaient été convoquées dont une douzaine du monde arabo-musulman. Le groupe constituait une espèce de laboratoire où se côtoyaient de multiples manières de se situer face à la foi, tant chrétienne que musulmane, depuis la laïcité complète jusqu'à la pratique intégrale, et différentes façons de concilier le rapport de ce qui est de l'ordre du privé et de l'espace public. Une réflexion de Monsieur Ali Daher (1), prolongeant un article publié dans le bulletin Vivre ensemble de l'automne 2001 (volume 10, numéro 34) constituait le point de départ de l'échange. À partir de questions interpellantes, la réflexion de Monsieur Daher a permis d'amorcer un débat riche et animé. Faut-il que le citoyen musulman en vienne à rejeter des éléments de sa foi et de sa culture pour être accepté comme citoyen québécois à part entière ? Peut-on envisager qu'une personne puisse être considérée comme québécoise tout en ayant l'islam comme religion ? Est-ce possible de faire émerger une vision québécoise de l'islam ? Ne doit-on pas encourager le travail des leaders et des intellectuels musulmans qui tentent d'interpréter l'islam en contexte québécois? Toutes ces questions amenaient à prendre conscience qu'on ne peut attendre que les immigrants de foi musulmane oublient leur religion pour les considérer comme québécois. Selon Monsieur Daher, «les musulmans pensent, à tort ou à raison, que, parmi les différents groupes ethniques ou religieux, ils sont les plus mal acceptés. Ils sont aussi taxés d'être les plus internationalistes, les moins branchés à l'actualité québécoise, les plus communautarisés, les moins intégrés à la société. Ils sont aussi les moins représentés aux divers niveaux de la société.» Diminuer l'impact de l'influence collective des musulmans et de leurs organisations va-t-il pousser les musulmans à s'intégrer sur une base individuelle? La société québécoise réussira-t-elle à intégrer les musulmans si l'on continue à ne pas reconnaître l'islam comme partie intégrante de leur identité? En essayant de comprendre les causes réelles des événements du 11 septembre, il nous faut également trouver comment affaiblir les impacts de ces événements sur la paix sociale. Ces événements du 11 septembre ont poussé des Québécois de toutes origines à changer leur manière de voir les choses. Des Québécois de foi islamique ont aussi accepté de changer leur manière de penser, de parler et d'agir. Ils ont essayé de mieux se comprendre, de mieux comprendre les autres et la société dans laquelle ils vivent. Il importe de tenter d'influencer ces changements en encourageant ceux qui sont positifs et en décourageant ceux qui sont négatifs.

Note : (1) Le texte de l’article de M. Daher est disponible en version intégrale dans la collection “Les sciences sociales contemporaines” de la bibliothèque numérique Les Classiques des sciences sociales, avec son autorisation accordée le 27 juillet 2004 [JMT].