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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Authenticité et ambiguïté d'une implication dans un institut africain de recherche.” (1984
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Gilles Bibeau, “Authenticité et ambiguïté d'une implication dans un institut africain de recherche.” (1984). Un article publié dans la revue Anthropologie et Sociétés, vol. 8, no 1, 1984, pp. 95-115. Numéro intitulé: L'archéologie du social. Québec: département d'an-thropologie de l'Université Laval. [Autorisation formelle accordée par l’auteur 21 août 2007 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

À distance et dans le confort d'un bureau de professeur d'université ou de conseiller en développement international, il est facile de concevoir les conditions idéales de l'implication d'un anthropologue dans les projets particulièrement urgents et d'importance névralgique pour les pays du Tiers-Monde. Nous plaçons généralement les thèmes suivants au nombre de ceux qui devraient interpeller les anthropologues qui travaillent dans les pays en développement : comment réaliser leur industrialisation sans compromettre leur agriculture de subsistance ? comment intégrer les « règles matrimoniales traditionnelles » au sein d'un système juridique civiliste et étatique ? comment procéder à des réformes agraires sans léser les droits fonciers des lignages ? comment intégrer aux appareils étatiques les détenteurs du pouvoir politique traditionnel sans détruire la logique de l'existence même de ce pouvoir ? comment éduquer le plus grand nombre, en fonction de quelles normes et selon quels objectifs ? 

Les anthropologues se sont toujours intéressés à ces diverses questions économiques, sociales et culturelles. Le plus souvent cependant, ce fut dans le but de décrire ce qui se passait sous leurs yeux et de dresser en quelque sorte un diagnostic de la situation. Bien peu ont fait porter leur réflexion sur ce que devrait être la pratique d'un pouvoir politique qui, par hypothèse, voudrait réellement assurer la modernisation des conditions de vie de la population tout en maintenant son identité culturelle. En d'autres termes, les anthropologues ont davantage contribué à faire ressortir les problèmes qu'à identifier des solutions pour ceux-ci ; parce que, depuis les indépendances, ils sont généralement des chercheurs en transit dans un pays hôte, ils ont rarement été invités à proposer des plans ou à faire des recommandations aux responsables de ces pays qui, ainsi, auraient pu prendre quelques décisions importantes en meilleure connaissance de cause. 

Dans cet article, nous analysons le contexte dans lequel s'est déroulée une recherche qui a porté sur la mesure de l'efficacité de la médecine des guérisseurs dans le but non seulement de comprendre cette médecine mais également de faire des propositions concrètes aux responsables politiques quant à sa place et à son rôle dans le système médical du pays. Cette recherche, dont j'ai assuré la coordination, s'est déroulée pendant quatre ans (1974-1977) dans le cadre de l'Institut de Recherche scientifique du Zaïre à un moment où l'ensemble de sa problématique était en pleine restructuration. Quant aux chercheurs zaïrois, ils vivaient alors une profonde crise d'identité intellectuelle. 

Outre ce contexte immédiat qui n'a pas été sans influencer fortement tout le déroulement du projet de recherche, il faut signaler que le pays, depuis 1973, vivait sous l'influence dominante de la « politique de l'authenticité ». Dans ce cadre général, la médecine pratiquée par les guérisseurs était d'un intérêt particulièrement sensible. C'est sous les feux de la rampe que nous avons saisi une partie de notre « sujet de recherche » tant les guérisseurs étaient à la une des mass-media (journaux, radio et télévision). Au moment où nous terminions notre recherche en 1977-78, la situation avait complètement changé puisque les problèmes de la « banqueroute financière »du pays avaient pris le pas sur la politique de l'authenticité, faisant du même coup disparaître le recours aux guérisseurs en tant qu'enjeu d'identité culturelle. 

On peut rêver en théorie d'une implication qui ne soit guère compromettante mais lorsqu'en fait on s'engage dans un projet concret, on s'aperçoit vite que la réalité est impitoyable et qu'il faut prendre acte de toutes ses composantes y compris la politique nationale. On est ainsi entraîné dans les questions qui agitent les milieux intellectuels nationaux et on ne peut pas ne pas prendre parti. Ce sont là les principaux éléments de ce vaste contexte, porteur et limite de toute recherche, y compris celle sur la médecine traditionnelle, que nous analyserons dans cet article.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 1 mars 2008 11:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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