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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L'apparition du nationalisme en occident: les contextes historiques (1983)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Bernard Bernier, “L'apparition du nationalisme en occident: les contextes historiques.” Un article publié dans la revue Anthropologie et Sociétés, vol. 7, no 2, été 1983, pp. 111-129. Québec : département d'anthropologie de l'Université Laval. [Autorisation accordée par l'auteur le 14 août 2007.]

Introduction

Le mot nation a, pour la plupart d'entre nous, une signification diffuse, immédiate, automatique qui nous empêche souvent de nous interroger sur son caractère historique. La nation, entité culturelle à référence politique, apparaît comme une essence permanente et quasi-naturelle. Même l'analyse scientifique, lorsqu'elle aborde le caractère historique de l'origine des nations, aboutit souvent à l'apologie de l'existence de telle ou telle nation. C'est que la science, comme partie de l'idéologie des sociétés actuelles, ne peut échapper à l'influence de ce courant idéologique vivace qu'est le nationalisme. 

La reconnaissance de cette insertion du discours scientifique dans l'idéologie ne doit cependant pas nous empêcher d'analyser de façon critique les fondements de l'idéologie. On peut reconnaître la nature idéologique du discours scientifique - donc, en un sens, son absence de neutralité - sans rejeter pour autant son objet, c'est-à-dire l'analyse du fonctionnement de la réalité (ici, de la réalité sociale) et, par extension, la critique de l'idéologie. Si le discours scientifique a, idéalement, une spécificité, elle se trouve précisément dans cet effort constant et inévitablement partiel d'appréhension de la réalité dans sa complexité [1]. 

Cet effort s'accompagne nécessairement de l'analyse critique des principes mêmes de nos discours, scientifiques ou autres. Cela signifie que nous devons constituer ces principes en objet d'analyse. L'essence de la science réside dans cette tentative, continue et partielle, d'objectivation des fondements de la réalité et de nos discours. 

Dans cet article, j'aborde la question des fondements de ces phénomènes subjectifs entre tous : le nationalisme et le sentiment national. Il ne s'agit pas pour autant de définir objectivement la nation, comme plusieurs auteurs ont tenté de le faire, en en donnant les caractéristiques internes (communauté de langue, de culture, de territoire etc.). Comme le texte célèbre de Staline le démontre, cette façon de procéder, mécaniste et statique, s'appuie sur l'acceptation des prémisses mêmes du discours nationaliste, car la nation y est définie comme une entité possédant sa propre justification. Mon intention est plutôt, d'une part, de rechercher les principes idéologiques des discours sur la nation et, d'autre part, d'analyser les déterminants politiques, économiques, sociaux, culturels et idéologiques de l'apparition des nations en tant qu'entités politiques et culturelles. Ce genre d'étude se situe dans la lignée de plusieurs écrits antérieurs (voir, entre autres, Kohn 1965 ; Albertini et al. 1969 ; Smith 1979). S'il m'a semblé qu'une nouvelle analyse, quoique brève et provisoire, était justifiée, c'est parce que, bien que les auteurs des travaux précités réussissent à cerner le problème, ils oublient soit des aspects idéologiques (par exemple, l'individualisme), soit des éléments de la trame historique, essentiels à la compréhension du discours nationaliste. 

L'objectif de cet article est donc de mettre à jour les lignes de force implicites du discours nationaliste et les déterminants historiques de la nation. L'objet d'analyse est le nationalisme en tant que discours idéologique et la nation en tant qu'entité politico-culturelle caractérisant une époque. Je ne m'attacherai donc pas à l'étude du contenu de chaque nationalisme particulier (québécois, allemand, etc.). Car, comme le dit justement Plumyène (1979 : 13) :

 

« ... le nationalisme, dans l'infinie diversité de son déploiement planétaire, est bien toujours la même chose, indéfinissable sans doute, mais cependant toujours reconnaissable ». [2]

 

Ce que j'essaie de faire, c'est définir cette « chose » que Plumyène considère indéfinissable. 

À cette fin, j'examinerai des processus historiques particuliers à l'Europe de l'ouest. La raison du choix de cette région du monde tient au fait que c'est là que les premiers États-nations et le nationalisme sont apparus. L'Europe de l'ouest est ici conçue comme une unité - diverse, sectionnée sans aucun doute, avec des évolutions régionales particulières mais une unité quand même. Cette façon de voir m'est venue de mes recherches sur le Japon : de là-bas, les divers pays de l'Europe de l'ouest apparaissent comme participants d'un système global, contradictoire et segmenté, mais possédant une unité certaine. C'est pourquoi dans le texte, l'évolution historique particulière d'un pays ou d'un autre n'est pas analysée pour son caractère unique mais pour sa contribution aux développements généraux du sous-continent dans son ensemble.


[1] Effort partiel car, par définition, la science est interprétative.

[2] Voir aussi Smith 1979 : 13.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 3 mai 2008 20:39
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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