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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise. (1980)
Table des matières


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Léandre Bergeron, Dictionnaire de la langue québécoise. VLB Éditeur et Léandre Bergeron, 1980, 575 pp. [L’auteur nous a accordé le 11 mars 2016 son autorisation de diffuser en libre accès à tous ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[7]

Léandre Bergeron
Dictionnaire de la langue québécoise
vlb éditeur, 1980, 575 pp.

Préface

Un dictionnaire général complet de la langue québécoise comprendrait à peu près tous les mots qu'on retrouve dans un dictionnaire français comme le Robert et ceux qu'on retrouve dans le dictionnaire que vous avez présentement entre les mains, car, en effet, la langue québécoise est si riche qu'elle comprend tout le français moderne et des milliers de mots, d'expressions, de tournures syntaxiques qui lui sont propres, sans parler, il va de soi, de toute la créativité quotidienne dont font montre les Québécois pas trop influencés par le conformisme stérilisant qui paralyse la plupart des sociétés occidentales trop bien éduquées. Pour avoir entre vos mains un seul et unique volume du vocable québécois, il aurait fallu intégrer tous les mots d'usage courant au Québec. Nous avons préféré, en une première étape, rassembler tous les mots proprement et spécifiquement québé­cois et exclure systématiquement le mot ou le sens d'un mot qu'on retrouve facilement dans un Robert, un Larousse ou un Quillet. Donc, pour le moment, employez le présent dictionnaire avec l'un ou l'autre des dictionnaires français.

Le lecteur trouvera quelques particularités à ce dictionnaire, la première étant que nous avons défini les mots pour nous, Québécois, et non pour les Français, nos cousins. Nous nous sommes éloignés de la vieille mentalité colonisée que l'on retrouve dans tous les lexiques québécois et qui amènent les auteurs à définir les mots québécois comme s'ils expliquaient notre «parlure» à des lecteurs français, comme si la norme qu'ils ont dans la tête est celle définie dans les cénacles linguistiques parisiens. Nous avons, au contraire, défini nos mots en nos termes, pour nous, en ayant bien dans la tête le lecteur québécois d'abord et avant tout. Un exemple extrême mais qui illustre bien ce que nous voulons dire: Tchôke a comme définition étrangleur (de carburateur) et non starter qui est le terme proprement [8] français mais qui en québécois veut dire démarreur. De plus, nous avons voulu être le plus exhaustif et le plus complet possible en n'excluant aucun mot pas beau, vulgaire, polisson, sale, etc. Prétendre faire un relevé sérieux et objectif du vocabulaire d'un peuple et, en même temps, exclure des mots parce qu'ils ont fermenté dans la rue, dans un fond de cour ou dans un sac de couchage improvisé dans la grande nature, exclure les osti de câlisse de tabarnac, bizoune, chenolles, foufounes et se passer un Dieu-seul-me-voit bien qu'ils se disent tous les jours et toutes les nuits dans le pays du Québec, c'est faire un travail de préfet de discipline, prude, étroit et borné, c'est se comporter comme les petits scribes qui ont récrit Shakespeare pour le rendre accep­table à la chaste oreille victorienne. Loin de nous ce terrorisme linguistique. Nous avons transcrit ce qui se dit au pays du Québec avec des définitions simples et compréhensibles pour à peu près tout le monde. Nous avons refusé toute norme, nous avons accepté seulement le critère de l'usage que les Québécois ont fait et font de leur vocabulaire, allant jusqu'à donner à peu près toutes les variantes possibles d'un même mot (voir à titre d'exemple les mots abreuvoué et anneillère). Amère déception, cher lecteur, vous ne trouverez pas de petits symboles qui vous disent si le mot est un «canadianisme de bon aloi», «un mot de la langue familière», «un anglicisme ou autre impropriété à proscrire», pas plus que vous trouverez après les mots les expressions «à proscrire», «vulgaire», «familier» ou des dites, ne dites pas. Donc, ici aucune censure morale ou linguistique. Tout au plus une indication, dans le cas de jurons, pour dire s'ils sont inoffensifs ou une forme adoucie d'un juron offensif. On sait que les jurons sont pour la plupart offensifs (sinon pourquoi les utiliser?). C'est pourquoi on trouvera après câlisse la définition: Juron, et après câline, forme adoucie de câlisse, et après calebasse, juron inoffensif. Quant au reste, c'est le friforolle. Se côtoient les Saint-Joseph (-Seins.-Pétunia), les sainsurins, Sainte Viarge, Saint-Epas; shaft, shaker, shallac; sparage, spare, spare-ribs; spark-plug, en sparouine et speaker; réguine, rienquier, à regriche-poil; virer une brosse, virer d'ssour, virer sul top; une orgie linguistique de 15 000 mots et 5 000 expressions enfilés dans un joyeux chapelet alphabétique avec des exemples illustrant leur emploi. Nous n'avons pas indiqué non plus si le mot est vieux, vieilli, nouveau-né ou moribond.  Vous trouverez des mots que vos [9] grands-pères utilisaient dans l'étable et qui peuvent difficilement se faire une place dans les garages de la rue Saint-Hubert. Dire qu'ils ont vieilli ou sont hors d'usage parce que la moitié des Québécois d'aujourd'hui n'ont jamais vu un cheval en pleine face, c'est tomber dans le même schéma de métropolisation que les Français (et nos pseudo-français à nous) ont fait vis à vis le Québec en général. Batte-feu pour briquet a sa place tout autant que layteur, use-pouce  et flaubette.

On remarquera également que le H prononcé trouve la place qui lui revient de droit dans notre langue. Traditionnellement on reconnaissait deux H, le muet (comme dans un homme) et l'aspiré (comme dans le hibou) mais jamais, au grand jamais, le H prononcé, celui de hardin (jardin) et de la heune (jeune), baisse ta huppe, les hambes te hèlent, qu'on retrouve non seulement en Beauce mais en Abitibi, au Lac St-Hean et dans le tchoeur de Morial. Le pauvre H prononcé dont s'enorgueillissent Anglophones et Espagnols (Hello, Juan) mais qui, dans les pays francophones, est dénigré, méprisé, ridiculisé, retrouve ici sa place, remplaçant souvent d'autres consonnes surmenées comme le j, le g, le ch (tu vas-tu à /tasse à l'orignal?) et le h anglais de hâlage et hack-saw.

Pour rédiger un dictionnaire, il est normal de se servir de ce qui a été fait avant nous, car, partir avec son calepin à la cueillette de 20 000 mots et expressions sans puiser dans les lexiques de nos parents serait faire montre d'un héroïsme quelque peu épais. Nous avons donc passé au peigne fin le Glossaire franco-canadien de Oscar Dunn, le Dictionnaire canadien-français de Sylva Clapin, la Rectification du vocabulaire de Henri Roullaud, Le Parler populaire des Canadiens français de N.-É. Dionne, le Dictionnaire du bon langage de l'abbé Etienne Blanchard, le tout à fait remar­quable Glossaire du parler français au Canada de la Société du parler français au Canada. Nous avons également passé à travers les Bélisle, le Dictionnaire Bélisle de la langue française au Canada et le Petit dictionnaire canadien de la langue française pour n'y trouver que quelques mots qui ne se trouvaient pas déjà dans le Glossaire du parler français au Canada. Nous avons consulté Le parler populaire de la Beauce de Maurice Lorent qui se serait mieux appelé Le parler populaire du Québec avec quelques régionalismes  [10] particuliers à la Beauce, le Dictionnaire de la langue québécoise rurale de David Rogers, Le livre des expressions québécoises de Pierre Des Ruisseaux et le très préfet-de-la-langue Petit dictionnaire du «Jouai» au français d'Augustin Turenne. Nous avons puisé abondamment dans le remarquable petit lexique québécois incomplet, Les Mamelles de ma grande-mère, les mamelles de mon grand-père de Ghislain Lapointe et dans nos petits calepins de mots québécois accumulés depuis des années.

De plus, nous avons jugé bon de regrouper la plupart de ces mots sous divers thèmes dans un glossaire thématique à la fin du volume.

*

Je tiens à remercier toutes ces Québécoises, tous ces Québécois qui ont fourni, consciemment ou à leur insu, des mots et tournures à ce dictionnaire et en particulier à tous ces amis et connaissances qui m'ont permis de prendre des notes au fil de nos monologues à plusieurs voix ou qui m'ont envoyé leur p'tite lisse sur des boîtes de cigarettes fatiguées ou du papier brun, à la famille Loranger de Cloutier, à Jean-Yves et Rita du Rang 6 Nord, Jules le trappeur, Jo et Nadine, Jean Frève, l'ex-bouquiniste, Richard au grand coeur, Francine et Victor de Morial-Nord, Laurette d'Aylmer, André et Lucien, la famille Morin, la famille Richer du Lac Duhamel, Francine la cook, Nancy l'infatigable dactylo, Claire et Gilles du Mont Haudron, Alain, le Pape, Maurice et tous les autres qui m'ont encouragé d'une façon ou d'une autre.

LÉANDRE BERGERON

P.S. Ceux qui auraient des mots et expressions qu'ils n'auraient pas trouvés dans cet ouvrage peuvent me les faire parvenir à l'adresse suivante:

C.P. 16

Macouâteur

Abitibi

P.Q. JOZ 2V0



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 23 avril 2018 7:06
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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