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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jean-Louis Benoît, “Réflexions sur le 11 septembre.” (2006)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jean-Louis Benoît, Réflexions sur le 11 septembre”. St-Aubin, France, le 11 septembre 2006. Texte inédit. [Autorisation accordée par l'auteur de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales, le 21 novembre 2006.]

Introduction

Si les démocraties périssent, ce sera par l’armée …Tous ceux qui cherchent à détruire la liberté dans le sein d'une nation démocrati­que doivent savoir que le plus sûr et le plus court moyen d'y parvenir est la guerre. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1840), Troisième partie).

 

Les États-Unis commémorent le cinquième anniversaire du 11 septembre et les démocraties du monde entier sont aujourd’hui interpellées par l’ampleur de la tragédie qui s’est déroulée alors. Chacun ne peut que dénoncer les actes criminels perpétrés ce jour-là et condamner le terrorisme international, mais il importe également de tenter de comprendre la nature du processus qui s’est mis en place afin de mettre un terme à la violence, sauf à admettre qu’il ne soit pas possible de remédier à l’escalade comme le pensent les lecteurs du Choc des Civilisations de Samuel Huntington ; dans ce cas les lendemains qui nous attendent seront dramatiques. 

Depuis cinq ans, de nombreux articles, ouvrages, des films et des émissions télévisées ont mis en évidence une partie des zones d’ombre d’un dossier qui demeure malgré tout confus. Comment expliquer vraiment la carence des services de renseignements américains qui avaient été avertis mais n’ont pas agi en conséquence ? Richard Clarke, chargé de la lutte anti-terroriste à Washington a rapporté, en 2004, comment, avant le 11 septembre, sur cent réunions du cabinet Bush, une seule a porté sur le terrorisme ; depuis sa première élection, en 2000, le président se refusait à entendre les avertissements concernant une menace terroriste ; il n’avait qu’une obsession : l’Irak. 

Quelle place ont tenu, dans la montée en puissance de Ben Laden, les liens qui l’unissaient à la famille Bush, ceux qui existaient entre les pétroliers américains et les membres des familles princières d’Arabie qui finançaient les groupes terroristes saoudiens ? Les zones d’ombre sont nombreuses et troublantes ; comment faire le point sur toutes les informations contenues dans les livres ou sur les sites Internet qui alimentent la théorie du complot sans qu’il soit possible de cerner exactement le rôle exact et les véritables responsabilités de chacun. 

Ben Laden juge que l’installation des Américains sur le territoire saoudien, depuis la première guerre du Golf, constitue un sacrilège absolu qui justifie à ses yeux toutes les actions qui doivent aboutir à chasser les intrus des lieux saints, en l’occurrence tout le royaume saoudien. Si rien absolument ne peut justifier humainement les actes terroristes, il n’en est que plus absolument nécessaire d’en trouver les origines comme ont tenté de le faire, le 10 septembre dernier, les invités de Serge Moati sur la Cinq. Essayant de dégager les causes de ce gigantesque attentat. Jack Lang et Édouard Balladur pensaient à juste titre qu’aucun équilibre ne pourra être trouvé sans réunir autour d’une table de négociation tous les pays concernés : Liban, Israël, Palestiniens [auxquels il faut donner les moyens effectifs de constituer un État viable], Syrie, ainsi que les pays arabes, mais il faut également arriver à une véritable discussion avec l’Iran. 

Depuis soixante ans, faisait justement remarquer Balladur, d’accord sur ce point avec Jack Lang, on a essayé tous les autres moyens sans jamais parvenir à aucun arrangement sans instaurer une paix durable dans la région. Il faut donc entreprendre une discussion-négociation globale, sans verser dans l’angélisme, qui consisterait à penser qu’on puisse supprimer absolument le terrorisme. On peut estimer que seul un tel engagement des dirigeants politiques responsables réduirait significativement les facteurs de tension. La fin des oppressions, des atteintes aux droits et à la dignité des individus et des peuples jouerait un rôle pacificateur et devrait permettre de réduire et marginaliser le terrorisme [1]

A l’inverse, l’action politique menée depuis cinq ans par Bush, Blair, Sharon et ses successeurs, a largement contribué à rendre le monde plus dangereux. L’invasion de l’Irak a constitué un acte de piraterie et Colin Powell vient, enfin, d’écrire au Comité de Défense :  « Le monde est en train de commencer à douter de nos valeurs morales dans notre combat contre le terrorisme ». Bush, le pétrolier texan entendait d’abord, et quasi exclusivement, quoi qu’en disent des spécialistes autoproclamés de la géostratégie des néocons, mettre la main sur les réserves pétrolières de l’Irak, les deuxièmes du monde. S’il avait visé, comme il l’affirmait, au seul renversement de Saddam Hussein et à l’instauration de la démocratie, il n’avait qu’à saisir l’opportunité qui s’offrait à lui, en passant le relais à l’ONU après la chute de Bagdad, mais là n’était pas son objectif. 

On ne fait pas la paix tout seul, mais avec ses ennemis affirmait justement Isaac Rabin. L’action de Sharon, sa dénégation d’autrui, la destruction systématique par l’armée israélienne des infrastructures de Gaza, puis en août dernier, celle du Liban par le gouvernement Olmert, sont des actes de guerre qui ne mènent qu’à la guerre. L’affaiblissement du Fatah d’Arafat et l’appui apporté en sous main au Hamas, contre le Fatah a abouti, logiquement, à la victoire du Hamas qui a eu pour conséquence de reculer encore toute perspective de paix. Une fois encore, la politique du pire s’est révélée la pire des politiques.


[1]     Le lecteur peut, dans cette optique, se reporter à l’émission : La fabrique de l’Histoire/Mécaniques terroristes diffusée sur France Culture le 22.09.2006.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 16 décembre 2006 10:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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