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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les groupes sanguins des Canadiens français:
I. La région du Saguenay-Lac Saint-Jean
” (1969)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de MM. Claude Magnan et Jean Benoist, [Université de Montréal], “Les groupes sanguins des Canadiens français: I. La région du Saguenay-Lac Saint-Jean”. Un article publié dans la revue L'Anthropologie (Paris). Tome 73, no 1-2, 1969, pp. 49-76. [Autorisation formelle accordée par l'auteur, le 17 juillet 2007 de diffuser, dans Les Classiques des sciences sociales, toutes ses publications.]

Introduction

Dans bien des domaines de l'anthropologie et de la génétique des populations, le Canada français offre à l'observateur un matériel exceptionnel (Laberge, 1966 ; Benoist et Auger, 1965). Peuplé depuis moins de trois siècles, ce très vaste territoire échappe en effet aux difficultés que suscite à toute recherche anthropologique le passé complexe et pratiquement indéchiffrable de bien des groupes humains. Les origines du peuplement, les courants migratoires, l'établissement des villes et des villages et la colonisation des zones vierges peuvent y être suivis à travers les documents historiques et les archives locales avec une précision bien difficile à égaler ailleurs. Aussi les hypothèses explicatives de l'anthropologue physique jouissent-elles dès le départ de conditions optimales : les causes de diversité et les facteurs extrinsèques de micro-évolution peuvent être saisis directement et non sous la forme approximative dont on est bien obligé de se contenter en général. Que l'on se place au niveau précis de petits groupes isolés, ou que l'on s'attache à une enquête sur l'ensemble de la population, les interférences avec des métissages inconnus, avec des origines incertaines ou avec une histoire régionale imprécise perturbent au minimum la présentation et l'interprétation des résultats. La connaissance très complète de l'histoire du peuplement et de l'histoire sociale nous invite à étudier la façon dont les mouvements humains qu'elles traduisent et les implantations dans les nouveaux milieux qu'elles impliquent se reflètent au sein du patrimoine génétique de populations humaines. Leur précision nous offre aussi une voie par laquelle on peut tenter d'aborder la question encore à peu près inconnue de la vitesse et du taux des changements de ce patrimoine. 

Examiner les groupes sanguins d'une population implique une bonne définition préalable de cette population et de l'échantillon qui doit la représenter. Bien des travaux ont insisté sur le besoin de procéder pour cela d'une façon qui ne laisse pas les disparités régionales se fondre dans un ensemble moyen (Thieme, 1952 a ; 1952 b). Effectivement, en raffinant la délimitation des unités au sein desquelles est examinée la fréquence génique des groupes sanguins, on met en évidence des discontinuités dont certaines sont hautement significatives : les populations dont la fréquence moyenne a été déterminée par une enquête globale, même bien échantillonnées ne sont qu'imparfaitement connues tant qu'on n'a pas cherché si en leur sein n'existaient pas des sous-ensembles originaux qui traduisent une structuration, jusque-là méconnue, de cette population. Certes, l'unité théoriquement idéale serait la population panmictique quelles qu'en soient les dimensions, ou la petite population close aussi proche que possible du modèle de « l'isolat ». Mais la première est purement théorique, et justement les insuffisances de recherches trop globales tiennent au fait qu'elles impliquent à tort une telle homogénéité. À l'inverse, même dans les cas où existent des unités de dimension réduite qui se conforment assez étroitement aux caractéristiques de « l'isolat », on ne peut ni se contenter d'examiner seulement quelques-unes d'entre elles, ni se permettre de les étudier toutes d'une manière exhaustive. D'ailleurs, ce qu'apporte l'examen intensif de petites populations isolées à la connaissance des mécanismes évolutifs, pour précieux qu'il soit par sa précision, ne peut suffire et risque même de masquer des phénomènes dont la mise à jour requiert une perspective plus vaste. Les petites populations, en assurant la transmission du patrimoine génétique dans un ensemble où les individus, à travers toutes les circonstances de leur existence particulière, ont une influence très accrue par rapport à celle qu'ils exercent réellement dans les groupes plus vastes, voient leur évolution soumise à l'extrême aux fluctuations au hasard, et dissimulent ainsi l'amplitude et la direction des fluctuations orientées (Wright, 1967). 

Aussi, le choix que nous avons fait de la dimension de notre étude tente-t-il de répondre aux quelques considérations présentées ci-dessus. Disposant de la possibilité d'étudier un territoire et un groupe ethnique bien défini (le Canada français et les Canadiens français), nous nous sommes d'abord préoccupés de reconnaître les quelques grands ensembles régionaux que l'histoire de leur peuplement permet de distinguer aisément. La colonisation des terres vierges où ont débarqué les premiers colons n'a en effet affecté qu'une part très faible de l'espace actuellement occupé par la population canadienne-française. Les premières colonies, établies le long du Saint-Laurent, essaimèrent vers les terres voisines. De ces terres partirent d'autres groupes de colons qui ouvrirent à l'exploitation des régions plus lointaines. On assiste ainsi à une série de mises en valeur régionales à partir de lieux d'émigration. C'est essentiellement sur cette base historique que nous avons appuyé notre subdivision en une série d'entités qui feront chacune l'objet d'un article. 

Toutefois, au sein de ces régions, dont certaines sont très vastes, les colons n'ont pas non plus constitué des populations homogènes. Leur progression par étapes dans un milieu difficile a fragmenté les ensembles régionaux en sous-groupes plus ou moins isolés, au long des axes principaux de la migration. 

Ces quelques considérations permettent de comprendre le choix que nous avons fait quant aux étapes de notre analyse. L'absence presque complète de données publiées sur les groupes sanguins des Canadiens français nous a conduits à présenter les résultats globaux des principales régions de peuplement. Mais pour éviter de laisser inaperçues des variations locales au sein de ces régions, nous avons poussé aussi avant que possible le morcellement géographique de nos résultats, en fonction de ce que nous apprenaient l'histoire régionale et les divisions administratives et sociales actuelles. Les résultats de cette fragmentation ne peuvent être qu'approximatifs : un certain arbitraire est en effet inhérent à tout essai de cet ordre. Partant du général pour aller vers les particularités, ce travail doit être complété d'une seconde étape qui prenne pour point de départ les cas particuliers qu'il met en évidence, de façon à pousser l'investigation de leurs caractéristiques propres et à tenter de les expliquer. Il doit donc être bien présent à l'esprit du lecteur que ce que nous présentons ici a pour but de voir s'il existe des disparités régionales et de localiser ces disparités. 

Cette étude a été rendue possible grâce à la bienveillance de la Société canadienne de la Croix-Rouge de la ville de Québec et au concours de son directeur, le Colonel Louis A. Gagnon, qui nous ont permis (le recueillir les données indispensables à notre recherche, ainsi qu'à l'appui de l'Université de Montréal qui nous assura l'octroi nécessaire à la mise en marche de notre projet. Qu'ils en soient vivement remerciés.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 30 septembre 2007 18:52
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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