Table illustrations
figure p. 072.
Avec la multinationalisation un changement qualitatif s'opère.
Tant qu'il y a simplement échange international de marchandises, crédit international, flux de capitaux, on demeure dans un système structuré par des relations entre des acteurs, inégaux certes, mais relativement autonomes, et en tout cas distincts (flux « 1 »).
C'est principalement à travers ces relations que jouent les effets de domination/structuration. Et ces relations demeurent assez largement ce qu'elles paraissent être : des relations « internationales ». L'effet de domination joue, mais à travers des flux résultant de deux décisions distinctes (d'achat et de vente ; de prêter et d'emprunter) : domination indirecte donc, fondée sur les relations économiques et financières internationales.
Dès que se développe le phénomène de multinationalisation, on entre dans un système où des espaces nouveaux, qui traversent les espaces nationaux, contribuent à structurer l'économie du monde : les calculs de rentabilité et les arbitrages s'y effectuent directement ; les stratégies, les décisions s'y appliquent sans intermédiation. Le capital d'un pays dominant est à la fois dans ce pays et au-delà de ses frontières : en un mot, domination directe. Car c'est directement, dans l'espace structuré des firmes et des groupes, que jouent les effets de domination structurante qu'exerce une économie nationale dominante sur des économies nationales dominées.
figure p. 073
Désormais les « flux internationaux » vont devoir être analysés d'une manière plus fine. Certains continuent, comme avant, à constituer de véritables relations « internationales » (flux « 1 ») ; mais d'autres ne sont en fait que les moyens, les effets, les manifestations de la multinationalisation, c'est-à-dire de la domination directe : échanges, prêts, flux de capitaux entre la base du groupe et ses filiales à l'étranger, ou entre filiales ; et ils sont donc d'une nature différente des autres (flux « 2 »).
Le capitalisme national dominant déborde directement, en tant que tel, du territoire de son pays : tel est le sens profond du phénomène de la multinationalisation.
Et, inversement, « l'économie nationale » d'un pays dominé est pénétrée par des groupes et des firmes étrangères.
Pour le dire d'une manière imagée : l'économie (dominante) américaine déborde largement les États-Unis ; l'économie (dominée) de Côte-D’ivoire, est à peine ivoirienne.
|
|
figure pp. 116-117
Chronologie de la crise [p. 116-117] qui vise à faire ressortir l'interaction entre économies nationales dominantes, économies nationales dominées et inter- ou multinational.
|
|