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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Axes majeurs et développements récents de l’anthropologie au Québec (1987)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Claude Bariteau et Serge Genest, Axes majeurs et développements récents de l’anthropologie au Québec”. Un article publié dans la revue Anthropologie et sociétés, vol. 11, no 3, 1987, pp. 117-141. Québec: Département d’anthropologie, Université Laval. Numéro intitulé: Une discipline, des histoires.

Introduction

Les années 80 semblent marquer un tournant dans la pratique de l'anthropologie au Québec. Divers phénomènes se conjuguent et suscitent un questionnement annonciateur d'horizons nouveaux. Parmi ceux-ci, les principaux sont certes les seuils atteints dans l'embauche d'anthropologues dans les universités, un engouement marqué pour la recherche sur les populations discriminées de la société québécoise et l'intérêt grandissant pour la production et la réflexion anthropologiques même si la discipline demeure peu ou mal connue. Ces trois phénomènes ont enclenché un processus de transformations de l'anthropologie, tantôt en rupture, tantôt en continuité avec la période 1960-1980 décrite par Tremblay et Gold (1983). 

Ces ruptures comme ces continuités annoncent-elles la consolidation d'une anthropologie québécoise qui demeure cependant ancrée dans les grands débats de cette discipline ? La réponse à cette question ne saurait provenir que de l'analyse comparée des pratiques d'ailleurs. Aussi, dans cet article, nous contenterons‑nous d'éclairer sous un angle particulier ce qui, à nos yeux, constitue des repères signifiants, c'est-à-dire des repères qui peuvent révéler une prégnance particulière des anthropologues qui travaillent au Québec. Ainsi croyons‑nous mettre en relief les contours d'une pratique qui, tout en demeurant arrimée à ce qui se forge ailleurs, traduit une certaine spécificité ne serait-ce qu'au travers des personnes impliquées, des lieux de formation et de pratiques, des thèmes de recherche, des publications et des collaborations. 

Pour réaliser cette lecture des années 1980-1986, il est essentiel de tracer, avec des repères analogues dans la mesure du possible, ce qui s'est façonné antérieurement. Cette plongée dans un passé récent compose la première partie de l'article. Inspiré d'auteurs divers [1] qui l'ont abordé sous des angles particuliers, ce bref historique montrera, à l'aide de données inédites [2], que l'anthropologie au Québec s'est développée en concomitance avec la Révolution tranquille, qui a favorisé son essor en milieu universitaire. Elle fut également traversée par les courants théoriques majeurs qui se sont déployés dans l'après-guerre, notamment le structuralisme et le marxisme, et, jusqu'au tournant des années 80, elle est devenue un lieu de reproduction académique autour des thèmes de recherche privilégiés par les fondateurs de l'anthropologie au Québec. Aujourd'hui, la coupure avec les activités de ces derniers semble de plus en plus visible même si des préoccupations rejoignent l'esprit de l'époque. C'est du moins ce que nous illustrerons dans la deuxième partie de ce texte en attirant l'attention sur la diversité des intérêts de recherche des étudiants et des professeurs, deux révélateurs qui témoignent selon nous d'un désir pressant de percer dans des milieux nouveaux afin de maintenir la pertinence de l'anthropologie et sa faculté de former des spécialistes aptes à s'ajuster aux variations du marché du travail. 

Ces idées ont pu prendre forme [3] après une mise en relation des principaux repères utilisés (origine des enseignants, spécialisation de l'enseignement, champs de recherches, publications, emplois des diplômés, provenance des étudiants des 2e et 3e cycles) pour identifier ce qui nous semblait un tournant : au début des années 80, la société commence à se désintéresser de l'anthropologie, provoquant un blocage majeur dans les opportunités d'emploi. Nous [4] les présentons sous cette forme non pas avec l'objectif d'établir une nouvelle périodisation - il y en a une sous-jacente à notre texte qui rejoint pour l'essentiel celle de Tremblay et Gold (1976, 1983) - mais plutôt en vue de souligner l'importance de ce moment charnière et de tenter d'identifier ce qui semble se dessiner au Québec en anthropologie, en jouant, à l'occasion, les interprètes aveugles qui voient ce qu'ils veulent bien voir.


[1] Nous pensons, entre autres, à Tremblay et Gold (1976, 1983), Maranda (1983) et Salisbury (1976. 1983).

[2] Ces données concernent principalement les thèmes et les lieux de recherche des professeurs et des étudiants gradués, l'emploi de ces derniers, les publications des professeurs et les activités marquantes au sein des départements à l'étude.

[3] Nous avons bénéficié d'une subvention du F CAR à cette fin, ce qui nous a permis de tirer avantage de la précieuse collaboration de Josée Thivierge qui, avec Christine Veilleux, a procédé à la collecte des données inédites de ce texte et, surtout, en a fait une analyse détaillée. Ces données proviennent en quasi totalité des lieux de formation des anthropologues, soit les départements des universités suivantes : Montréal, McGill, Laval et Concordia. Elles ont été colligées à partir des rapports annuels des curriculum vitae des professeurs et des textes divers présentant les activités (recherche, inscription et diplomation, subvention, etc.) de chaque université. Nous n'avons pas indiqué ces documents en bibliographie.

[4] Les auteurs de ce texte enseignent à l'université Laval. Serge Genest s'intéresse à l'ethnomédecine et a réalisé des recherches en Afrique après avoir étudié en Angleterre et en France. Sa principale préoccupation de recherche concerne les bases sociales de la construction des savoirs et le pouvoir qui en découle. Claude Bariteau est un produit des universités de Montréal et de McGill. Après une recherche dans les Antilles françaises, l'analyse des enjeux du développement est devenue son centre d'intérêt et la société québécoise, son lieu de recherche.



Retour au texte de l'auteur: Claude Bariteau, anthropologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le dimanche 12 août 2007 20:17
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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