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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Yao Assogba, Lucie Fréchette et Caroline Gagnon, Le mouvement migratoire des jeunes en Outaouais. Une enquête quantitative. Université du Québec en Outaouais, Centre d’étude et de recherche en intervention sociale (CÉRIS), Série Recherches, no 33, janvier 2004, 25 pp. [Autorisation de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales accordée par l’auteur le 9 juillet 2012.]

[3]

Yao Assogba Lucie Fréchette et Caroline Gagnon

Université du Québec en Outaouais

Le mouvement migratoire des jeunes
en Outaouais.
Une enquête quantitative.

Université du Québec en Outaouais, Centre d’étude et de recherche en intervention sociale (CÉRIS), Série Recherches, no 33, janvier 2004, 25 pp.

[1]

Les auteurs

Yao Assogba, sociologue et professeur au Département de travail social et des sciences sociales de l'Université du Québec en Outaouais (UQO). Il est également, responsable de la maîtrise en travail social de l'UQO.

Lucie Fréchette, psychologue communautaire et professeure au Département de travail social et des sciences sociales (UQO). Elle est coordonnatrice du Centre d'étude et de recherche en intervention sociale (CÉRIS).

Caroline Gagnon, chargée de cours au Département de travail social et des sciences sociales de l'UQO et professionnelle de recherche au CÉRIS.

[2]

Table des matières

Introduction [3]
1. le cadre de l'étude de la migration en Outaouais [4]

1.1. Une étude nationale du mouvement des jeunes d'une région à l'autre au Québec [4]
1.2. L'étude dans le territoire de l'Outaouais [5]
1.3. Méthodologie de la recherche [6]

2. Portrait socio-démographique et profil migratoire des jeunes enquêtés... [7]

2.1. Portrait socio-démographique [7]
2.2. Profil migratoire [9]

3. Les faits saillants de la mobilité des jeunes [10]

3.1. Le départ du lieu d'origine [10]
3.2. L'installation [11]
3.3. L'intégration au lieu d'accueil [11]
3.4. Le retour dans le lieu d'origine [12]

4. Du départ du foyer familial à l'intégration au lieu d'accueil [12]

4.1. Les points de chute [12]
4.2. Les motifs de départ [13]
4.3. La connaissance du lieu d'accueil [15]
4.4. L'installation au lieu d'accueil [15]
4.5. L'intégration au lieu d'accueil [16]

5. Le rapport à la localité d'origine [17]

5.1. Maintenance des liens avec la localité d'origine [17]
5.2. Maintenance des liens familiaux lors des premiers [17]
5.3. Évaluation de l'état actuel et de l'avenir de la région d'origine [17]
5.4. Les motifs de retour au lieu d'origine [19]

6. Le rapport à l'espace [19]

6.2. Évaluation de la vie en milieu urbain et en région [19]
6.1. Les préférences quant au type de localité où les jeunes aimeraient vivre [20]
6.3. Les éventuels projets de départ vers un autre lieu [20]

Conclusion [21]
Bibliographie sélective sur la migration des jeunes issue des travaux du GRMJ [24]


INTRODUCTION

Le présent volet de la recherche sur les dynamiques des trajectoires migratoires des jeunes de l'Outaouais constitue un portrait statistique régional et repose sur des données de nature quantitative portant sur les déplacements qu'effectuent les jeunes dans les premières années de leur vie adulte. Les résultats de l'étude sont issus d'une enquête par sondage réalisée entre l'automne 1998 et le printemps 1999 auprès de 331 jeunes âgés entre 18 et 34 ans. L'étude, qui est fondée sur l'analyse du matériel quantitatif recueillie auprès de l'échantillon tiré spécialement pour la région de l'Outaouais, fait partie en réalité d'une vaste enquête qualitative [1] et quantitative portant sur la migration des jeunes au Québec, enquête conduite par une équipe de chercheurs sous la responsabilité de Madeleine Gauthier [2].

Le texte se devise en sept parties. La première situe le cadre d'étude de la migration en Outaouais. La seconde présente la méthodologie de la recherche. La troisième partie trace le portrait socio-démographique et le profil migratoire des jeunes enquêtes. La quatrième expose les faits saillants de la situation régionale. La cinquième est consacrée aux données liées aux divers temps de la migration, soit les moments compris entre le départ du foyer familial et l'intégration au lieu d'accueil. La sixième partie porte sur le rapport des jeunes à la localité d'origine. La septième met en lumière le rapport des jeunes à l'espace. Enfin, la conclusion dégage les faits saillants des résultats de l'enquête.

[4]

1. LE CADRE DE L'ÉTUDE
DE LA MIGRATION EN OUTAOUAIS


1.1 Une étude nationale du mouvement des jeunes
d'une région à l'autre au Québec


Le phénomène du déplacement des jeunes d'une localité à l'autre ou d'une région à l'autre n'est pas récent et a fait épisodiquement l'objet d'attention chez les gouvernements locaux et régionaux. Les mouvements migratoires sont aujourd'hui associés non pas au développement de territoires mais à la décroissance de la population totale de certaines régions et la diminution du poids démographique des jeunes. La mobilité géographique concerne les régions qui voient leurs jeunes quitter vers de grands centres urbains, situation importante au point où les régions rurales en sont venues à qualifier le phénomène d'exode des jeunes. Elle concerne aussi les sous-régions qui perdent des jeunes au profit des villes-centres. Finalement, elle s'avère d'actualité pour les régions et municipalités qui accueillent ces jeunes, comme Montréal, Québec, le grand Gatineau et plusieurs villes-centres.

Après avoir perdu de son importance dans les préoccupations des spécialistes, la migration des jeunes au Québec est redevenue un objet d'étude et de recherche important au début des années 1990. Le Groupe de recherche sur la migration des jeunes (GRMJ) s'intéresse à ce phénomène depuis 1995 et l'aborde non plus essentiellement sous l'angle économique mais plutôt en considérant la migration comme un phénomène fort complexe de mobilité géographique des individus dans les sociétés contemporaines. La migration est considérée ici comme étant un processus qui met l'acteur social en rapport avec l'espace et le temps durant sa mobilité géo-sociale.

Un groupe de chercheurs s'est intéressé à la mobilité géographique des jeunes au Québec, la qualifiant de migration des jeunes, lui enlevant ainsi son caractère péjoratif. Le GRMJ [3], groupe de recherche sur la migration des jeunes, compte des chercheurs de neuf universités. Il a débuté ses travaux en scrutant la mobilité géographique au Québec et les facteurs l'ayant caractérisée à [5] travers le temps. Un volume intitulé Pourquoi partir ? La migration des jeunes d'hier et d'aujourd'hui a été publié à la suite des premiers travaux du groupe.

Le GRMJ s'est ensuite penché sur la dynamique migratoire des jeunes en étudiant des questions comme les motifs de départ, les trajectoires sur quelques années, l'intégration en divers lieux d'arrivée, la représentation du milieu d'origine, l'intérêt pour un éventuel retour, etc. Les travaux ont alors pris la forme d'entrevues auprès de 103 jeunes de diverses régions du Québec. Finalement, l'étude a pris de l'ampleur au moyen d'un sondage téléphonique en collaboration avec la maison Sondagem. Effectué entre l'automne 1998 et le printemps 1999, le sondage a rejoint 5518 jeunes de 16 à 34 ans. Ce total se découpe en deux échantillons. Un premier échantillon national comprenait 2322 personnes dans les 17 régions québécoises. S'est ajouté un sur-échantillonnage de 3196 personnes en provenance de 10 des 17 régions.

1.2 L'étude dans le territoire de l'Outaouais

La partie de l'étude que nous relatons ici est celle qui porte spécifiquement sur l'Ouest québécois, c'est-à-dire la région de l'Outaouais qui a la particularité d'être à la fois une zone urbaine ou métropolitaine et une zone rurale et semi-urbaine. La migration de ces jeunes peut donc se déployer à l'intérieur de la région selon la direction localité rurale et semi-urbaine vers le centre urbain, et/ou carrément à l'extérieur de la région. Mais la ville-centre [4] peut également recevoir des flux migratoires déjeunes en provenance de d'autres régions du Québec. Ces divers mouvements migratoires donnent lieu à quatre catégories possibles déjeunes migrants :

— Le migrant intra-régional, soit le jeune qui demeure dans la même région que ses parents, mais dans une ville différente ;

— le migrant extra-régional, soit le jeune qui a migré dans une ville située dans une autre région que celle de ses parents ;

[6]

— le migrant extra-régional de retour (type A), soit le jeune qui revient vivre dans sa municipalité d'origine — il peut habiter ou non chez ses parents — après avoir vécu dans une autre région pour une période de six mois ou plus ;

— le migrant extra-régional de retour (type B), soit le jeune qui revient vivre dans sa région d'origine mais dans une municipalité différente, après avoir vécu dans une autre région pour une période de six mois ou plus.

Le sondage réalisé dans le cadre de l'étude aura permis d'ajouter de l'information à l'analyse qualitative des déplacements qu'effectuent les jeunes de la région de l'Outaouais, ce qui constitue le premier volet de cette recherche et, d'autre part, de mettre en lumière - outre certains aspects déjà explorés par le volet qualitatif - de nouvelles dimensions permettant d'opérationnaliser le processus de migration chez les jeunes. Les dimensions retenues dans le présent volet quantitatif renvoient ainsi aux diverses réalités sociales suivantes. Les premières dimensions abordent le départ du foyer familial pour un autre lieu, les raisons de la première migration et les conditions de la première migration. Viennent enfin le rapport à la localité d'origine et kl 'espace et les migrations postérieures.

1.3 Méthodologie de la recherche

L'étude quantitative de la migration en Outaouais a été réalisée dans le cadre du sondage national. Le matériel quantitatif de la recherche est constitué de données d'entrevue par téléphone effectuées auprès de 331 jeunes de la région de l'Outaouais âgés de 18 à 34 ans. Aux fins de l'enquête, la région de l'Outaouais correspond au territoire délimité par les frontières de la région administrative 07. Le questionnaire du sondage a été construit par le Groupe de recherche sur la migration des jeunes et a été administré par voie téléphonique par la maison de sondage Sondagem entre les mois de décembre 1998 et juin 1999. Le questionnaire utilisé répond au format d'une enquête réalisée par téléphone. La proportion de questions comportant un choix prédéterminé de réponses est élevée et le nombre total de questions reste limité en raison de la contrainte impérative de ne pas dépasser une durée moyenne d'entrevue de trente minutes. En plus des questions nécessaires pour établir l'admissibilité des répondants, le [7] questionnaire comporte 18 questions socio-démographiques et 53 questions touchant divers aspects de la migration. Pas moins de 237 variables ont été créées pour encoder les informations recueillies.

L'échantillonnage est de type aléatoire, ce qui permet la généralisation des données de l'échantillon à l'ensemble de la population régionale. La méthode appliquée pour constituer l'échantillon est celle des grappes. Pour les fins de l'enquête, la méthodologie par grappe utilisée fait plutôt référence au ménage et non uniquement à la famille immédiate. Les grappes sont ainsi composées de toutes les personnes ayant un lien de parenté (enfant(s), conjoint(e), frère et soeur) ou non (colocataire) avec la première personne rejointe par téléphone. Chaque personne rejointe pouvait donc référer quelqu'un de son ménage ou de sa famille à l'enquêteur. La personne ainsi référée n'habitait donc pas nécessairement dans la même région [5]. Le repérage des informateurs et informatrices a été réalisé par la firme Sondagem.

2. PORTRAIT SOCIO-DÉMOGRAPHIQUE
ET PROFIL MIGRATOIRE
DES JEUNES ENQUÊTES


Nous présentons d'abord ici le portrait des jeunes tel qu'il ressort des données tirées du sondage téléphonique. Nous le présentons sous formes de faits saillants.

2.1 Portrait socio-démographique

- 331 jeunes vivant ou ayant déjà vécu dans la région de l'Outaouais ont été interrogés. De ces jeunes, 90,9% vivaient dans la région de l'Outaouais au moment de l'enquête, tandis qu'une proportion de 62,2% y étaient nés ;

[8]

- Au moment de l'enquête, les jeunes avaient entre 18 et 34 ans. L'âge moyen des jeunes est de 27,7 ans ;

- La proportion respective des hommes et des femmes interrogés est de 43,5% et 56,5% ;

- 53% des jeunes interrogés avaient complété des études postsecondaires ;

- 35,6% des jeunes interrogés suivaient des cours au moment de l'enquête ;

- 75,5% des personnes rejointes avaient un emploi à temps plein ou à temps partiel ;

- Chez les jeunes en emploi, les métiers de professionnels, d'employés de bureau et d'ouvriers étaient bien représentés ;

- Pour près de la moitié des jeunes en emploi (51,5%), il y avait correspondance entre le travail et le domaine d'études ;

- Près de la moitié des jeunes (48,8%) affirment être impliqués socialement ;

- Il y avait en moyenne 2,6 enfants dans les familles d'origine des répondants ;

- Les jeunes enquêtes occupent plus souvent le premier rang parmi les enfants ;

- 68,7% des répondants ont des parents qui sont encore en vie et qui font vie commune ;

Les pères des répondants, nés pour la quasi-totalité au Canada (94,8%),
- occupaient principalement des emplois de professionnels et d'ouvriers ;

- Quant aux mères, également presque toutes nées au Canada (95,8%), elles étaient surtout ménagères, employées de bureau ou professionnelles.

[9]

- 72,2% des jeunes interrogés ont un conjoint ;

- Près de la moitié des jeunes qui n'ont pas de conjoint ont déjà vécu en couple (46,7%).


2.2 Profil migratoire

- Une proportion de 62,2% des répondants sont nés dans l'Outaouais ;

- Au moment de l'enquête, 90,9% des jeunes adultes rejoints vivaient dans la région de l'Outaouais ;

- 38,3% des répondants n'avaient jamais connu de déplacement à l'extérieur de leur ville d'origine (non-migrants). Ces derniers habitaient encore dans la même localité où ils vivaient à l'âge de 15 ans. Parmi ces jeunes non-migrants, 48% vivaient toujours chez leurs parents ;

- 23,3% des répondants, sans jamais avoir vécu à l'extérieur de leur région, avaient connu des déplacements d'une localité à l'autre de la région (migrants intra-régional) ;

- 25,1% des répondants avaient connu une migration à l'extérieur de leur région et n'avaient pas effectué de retour (migrants extra-régional) ;

- 13,3% des répondants étaient de retour dans leur localité ou leur région après un séjour à l'extérieur de leur région d'origine après un départ d'une période de plus de six mois (migrants extra-régional de retour). Parmi ces migrants extra-régional de retour, certains étaient retournés vivre dans leur municipalité d'origine (9,4% de migrants extra-régional de retour de type A) alors que d'autres sont revenus s'installer dans leur région d'origine mais dans une localité différente de celle qu'ils ont quittée (3,9% de migrants extrarégional de retour de type B).

[10]

3. LES FAITS SAILLANTS
DE LA MOBILITÉ DES JEUNES


Les résultats sont ici présentés selon un découpage de la mobilité des jeunes en quatre partie : le départ du lieu d'origine, l'installation dans le lieu d'accueil, l'intégration au lieu d'accueil et la perspective du retour dans le milieu d'origine.

3.1 Le départ du lieu d'origine

- Chez les jeunes ayant déjà quitté le foyer familial au moins une fois pour une période de plus de six mois, l'âge moyen au moment du départ du domicile familial est de 19,6 ans, mais 21,9% l'ont quitté avant l'âge de 18 ans et 22,2% à l'âge de 18 ans ;

- Pour 58,5% de ces jeunes, le départ du foyer familial signifie l'installation dans une autre localité que celle de leurs parents. Parmi ces jeunes, 55,6% migrent au sein de la région de l'Outaouais, 13,3% migrent vers la région de Montréal et 9,2% déménagent à l'extérieur du Québec ;

- Pour 86,7% de ces jeunes, le départ de la maison constitue un choix réfléchi. Même si 78% estiment qu'ils auraient pu rester chez leurs parents s'ils l'avaient voulu, 79,9% estiment que c'était pour eux le temps de quitter la maison familiale ;

- En ce qui a trait spécifiquement aux jeunes qui se sont déjà déplacés à l'extérieur de la localité où vivaient leurs parents, les principales raisons invoquées pour expliquer cette migration est la poursuite des études (34,4%), suivre leur conjoint (23,4%) et les raisons de travail (20,8%). Parmi ceux partis étudier, 51,5% l'ont fait pour des études collégiales, 39,4% pour des études universitaires et 7,6% pour des études secondaires ;

- Pour 76,2% de ces jeunes migrants, le premier déplacement aurait pu se faire vers un autre lieu que celui où ils se sont rendus ;

[11]

- La première migration se fait souvent seul. En effet, 71,2% des jeunes migrants étaient partis seuls. Lorsqu'on déménage en même temps que d'autres, cela se fait dans 76,8% des cas avec des amis.


3.2  L'installation

- Lors de la première installation, le type de logement le plus fréquent est l'appartement (68, 9%) et la cohabitation représente le mode d'habitation le plus pratiqué (80,8%) ;

- 80,3% des jeunes migrants ont reçu de l'aide des parents ou des amis au moment du déménagement ;

- Pour 38,7% des jeunes, le lieu de résidence au moment de l'enquête est temporaire.


3.3 L'intégration au lieu d'accueil

- 61,7% des jeunes migrants avaient déjà des amis au premier lieu d'accueil, 49,7% y avaient de la parenté et 35,2% connaissaient déjà le quartier où ils allaient s'installer ;

- Le développement de contacts avec de nouvelles connaissances a été favorisé par trois principaux milieux de vie, soit le milieu des études (37,8%), le milieu de travail (37,2%) et le quartier (18,3%) ;

- Dans le lieu de la première migration, 30,3% des jeunes migrants disent avoir fréquenté des gens provenant du même coin qu'eux ;

- Lors des premiers moments de la migration, les échanges téléphoniques d'enfants à parents étaient réguliers pour 71,5% des jeunes et les appels des parents aux enfants étaient réguliers pour 74,6% d'entre eux ;

[12]

- Près du tiers des jeunes (30,3%) retournent plus de dix fois par année au lieu qu'ils ont quitté et 27,6% y retournent de 1 à 10 fois par année. Par contre, 42,1% affirment ne jamais y retourner ;

- L'endroit habité en permanence lors de l'enquête est le plus souvent identifié comme le « chez soi » de 78,5% des jeunes migrants. Les deux principaux facteurs évoqués pour qualifier ce « chez soi » sont les amis (58,2%) et l'endroit lui-même (54,6%).


3.4 Le retour dans le lieu d'origine

- 64,2% des jeunes migrants sont prêts à envisager de revenir dans leur municipalité d'origine si les conditions s'y prêtent. Les raisons les plus fréquemment invoquées pour envisager ce retour est la perspective de se trouver un emploi (50%) et celle de vivre avec des gens qu'on aime (30,8%) ;

- Pour les jeunes qui sont revenus dans leur région d'origine, les facteurs ayant influencé ce retour sont principalement : le travail, la possibilité d'avoir une maison à soi, la volonté de se rapprocher de ses parents et le goût d'être proche de ses amis.


4. DU DÉPART DU FOYER FAMILIAL
À L'INTÉGRATION AU LIEU D'ACCUEIL


4.1 Les points de chute

Une proportion de 81,6% des jeunes avaient déjà quitté le foyer familial au moins une fois pour une période de plus de six mois. Leur lieu de résidence au moment de faire ce départ se situait, pour la très grande majorité, dans la région de l'Outaouais (84%). Les autres habitaient dans d'autres régions du Québec (8,7%) ou à l'extérieur du Québec (7,3%). L'âge moyen au moment [13] du départ du domicile familial est de 19,6 ans, mais 21,9% l'ont quitté avant l'âge de 18 ans et 22,2% à l'âge de 18 ans.

Où se sont dirigés ceux qui ont quitté le domicile familial pour la première fois pour une période de plus de six mois ? Dans 58,5% des cas, ils sont partis vivre dans une autre localité que celle de leurs parents. Ces localités se trouvaient principalement dans la région de l'Outaouais (55,6%), mais aussi dans la région de Montréal (13,3%), à l'extérieur du Québec (9,2%) et dans les régions de Québec (6,6%), des Laurentides (4,1%), de la Montérégie (3,1%) et de l'Estrie (2,6%). Suite au départ du domicile parental, les jeunes migrent rarement vers d'autres régions que celles qui viennent d'être mentionnées. Ce premier déplacement a été suivi par d'autres migrations dans 34,2% des cas.

4.2 Les motifs de départ

Diverses questions ont permis de connaître les raisons du départ du foyer familial et d'en apprendre davantage sur l'état d'esprit des jeunes au moment où ils ont choisi d'aller résider ailleurs. Notamment, les personnes enquêtées devaient choisir jusqu'à trois raisons ayant motivé leur départ du domicile familial. Leurs réponses montrent que la volonté de faire sa propre vie arrive en tête (57,9% l'identifient comme la première raison du départ), suivi par les études (24,8% - première raison) et le travail (13,5% - première raison).

Le départ de la maison constitue un choix réfléchi pour 86,7% des répondants. En général, quitter la maison de ses parents n'a pas été chose difficile (53,5% des jeunes ont répondu « pas du tout »). Plusieurs d'ailleurs - plus de 78% - estiment qu'ils auraient pu y rester, ce qui signifie bien que partir était plutôt un choix qu'une nécessité. Malgré tout, un pourcentage assez important (79,9%) des jeunes se montrent beaucoup et assez en accord avec l'opinion que le temps était venu pour eux de quitter la maison familiale. En réaction à l'affirmation « Quand j'ai quitté la maison familiale je savais que c'était définitif », les avis sont partagés : 61,1% se montrent entièrement d'accord avec l'énoncé, tandis que 21,1% trouvent que cela ne correspond pas du tout à leur situation. Enfin, à la suggestion qu'ils auraient quitté leurs parents « pour se prouver quelque chose », 50,4% des répondants concernés disent que ce n'est pas du tout le cas.

[14]

En ce qui a trait spécifiquement aux jeunes qui se sont déjà déplacés à l'extérieur de la localité où vivaient leurs parents (les migrants intra-régional et extra-régional), les raisons invoquées pour expliquer le premier déplacement sont les suivantes : la poursuite des études est avancée dans 34,4% des cas, 23,4% des jeunes disent s'être déplacé afin de suivre leur conjoint et les raisons de travail sont mentionnées dans 20,8% des cas. En ce qui concerne les jeunes qui se sont déplacés afin de poursuivre des études, il s'agissait dans 51,5% des cas d'études collégiales, comparativement à 39,4% pour des études universitaires et à 7,6% pour des études secondaires. Afin de mieux cerner les motivations des informateurs, chaque jeune migrant s'est vu proposer une série de douze énoncés et devait se prononcer sur le degré auquel ces énoncés correspondaient à la situation vécue lors de ce premier déplacement. De façon générale, les résultats obtenus démontrent que les jeunes affichent une certaine liberté dans les choix qu'ils ont fait, puisque 63,2% d'entre eux accordent la cote « beaucoup » à l'énoncé « J'ai quitté la localité où vivaient mes parents, mais j'aurais pu continuer à y vivre ». La proposition qui accueille chez les jeunes le score le plus élevé (43,5% de cote « beaucoup ») est celle qui avance que la migration a été entreprise pour augmenter ses chances dans la vie.

Deux énoncés reçoivent un accueil mitigé chez les jeunes. C'est le cas de la proposition qui avance que la migration découle du fait que le jeune voulait fuir la routine inhérente à la localité où ses parents vivaient : 21,8% des jeunes y adhèrent beaucoup et 46,6% ne la retiennent pas du tout. C'est aussi le cas de l'énoncé qui relie la migration à une aspiration à un autre type de vie puisque 33,7% des jeunes y adhèrent beaucoup et que 37,3% des jeunes n'y adhèrent pas du tout. Le reste des propositions emportent peu l'adhésion des jeunes migrants. C'est le cas des énoncés suggérant que la migration procède du désir de vivre loin des parents (93,8% peu ou pas du tout d'accord) ; que la migration est la conséquence de ce que tout le monde est au courant de sa vie (89,6% peu ou pas du tout d'accord) ; que la migration est faite pour prendre ses distances par rapport à « sa gang de jeunesse » (89,7% peu ou pas du tout d'accord) ; que la localité de résidence des parents est un milieu trop contrôlant (87,1% peu ou pas du tout d'accord) ; que la migration est entreprise pour trouver un programme d'études qui n'existait pas dans la zone habitée par les parents (76,6% peu ou pas du tout d'accord) ; que la migration dépend de ce que les valeurs des gens ne correspondent pas à celles du répondant (84,5% peu ou pas du tout d'accord) ; que la migration provient du fait que le jeune a développé d'autres ambitions que les [15] gens du milieu (70,4% peu ou pas du tout d'accord) et que la migration vise l'obtention de meilleures conditions de travail et de salaire (68,4% peu ou pas du tout d'accord).

4.3 La connaissance du lieu d'accueil

Les jeunes devaient indiquer si leur déplacement aurait pu se faire dans un autre lieu que celui où ils se sont rendus. La réponse est positive dans 76,2% des cas. Les jeunes étaient également invités à préciser s'ils avaient une connaissance préalable de leur premier lieu de migration. Les données recueillies démontrent que les jeunes ont généralement une faible connaissance du lieu d'accueil : la proportion des jeunes qui étaient peu ou pas du tout familiers avec leur premier lieu de migration (59,6%) surpasse celle pour qui ce lieu était beaucoup ou assez connu (40,4%). De plus, seulement 35,2% des jeunes connaissaient déjà le quartier où ils allaient s'installer. Enfin, lorsque les jeunes sont questionnés à savoir s'ils connaissaient au préalable des personnes déjà établies dans le lieu où ils ont migré, 61,7% des jeunes y avaient déjà des amis et 49,7% d'entre eux y avaient de la parenté.

4.4 L'installation au lieu d'accueil

L'examen des conditions matérielles entourant le déménagement au premier lieu de migration montre que seulement 19,7% des jeunes migrants n'ont pas eu d'aide de leurs parents ou de leurs amis pour déménager. Lorsqu'ils ont reçu de l'aide, cette dernière venait principalement des parents, soit des parents seuls (39,9%), soit des parents auxquels s'ajoutaient les amis (22,3%) et des amis seuls (18,1%). Est-ce que le déplacement se faisait en solo ou avec d'autres ? Les résultats indiquent que le déplacement en solo est le plus fréquent puisque dans 71,2% des cas, les jeunes ne déménagent pas avec d'autres. Lorsqu'ils déménageaient en même temps que d'autres, c'était plus souvent avec des amis (76,8%) ou avec un partenaire amoureux (34,5%) qu'avec des membres de sa famille (3,6%) ou une autre personne (16,4%) [6].

[16]

En ce qui a trait au type de logement, le choix le plus fréquent lors de la première installation est l'appartement (68,9%). La cohabitation représente le mode d'habitation le plus pratiqué (80,8%). Les deux principales sources de revenu à ce moment de la trajectoire sont les revenus de travail (57,0%) et le régime étudiant des prêts et bourses (14,0%), suivi par les économies accumulées (10,4%) et le soutien des parents (8,3%). La majorité des répondants considèrent leur situation financière d'alors comme étant ni « très bonne », ni « très mauvaise » : 59,6% ont répondu qu'elle était « plutôt bonne » et 22,8% ont répondu qu'elle était « plutôt mauvaise ».

4.5 L'intégration au lieu d'accueil

Trois principaux milieux ont favorisé le développement de contacts entre jeunes migrants et de nouvelles connaissances. Il s'agit du milieu des études (37,8%), du milieu de travail (37,2%) et du quartier (18,3%). Aux études, les nouvelles connaissances se font d'abord dans les salles de cours (71%), suivies du café étudiant (11,6%), du bar étudiant (7,2%) et de la résidence étudiante (4,3%). Dans le milieu de travail, ce sont les lieux où s'exécutent les tâches (93,9%), plutôt que la cafétéria (1,5%) ou la salle de réunion (1,5%) qui demeurent les principaux endroits pour se faire de nouvelles connaissances. Dans les quartiers, la situation est moins polarisée, puisque les lieux propices aux rencontres sont plus diversifiés : les bars et les restaurants (27,6%), le centre des loisirs du quartier (20,7%) et les petits commerces du quartier (17,2%).

Dans la période qui a immédiatement suivi leur arrivée dans le dernier lieu de migration, la majorité des interviewés avait des amis dans la localité (77,7%), avait du travail (75,1%), pratiquait des loisirs avec d'autres (73,1%), était avec un conjoint (71,8%), avait de la parenté sur place (62,4%) et faisait du sport avec d'autres (60,4%). C'est dans une proportion moindre qu'ils entretenaient des contacts avec des voisins (51%), s'étaient inscrits à des cours (44,1%) et s'étaient impliqués socialement (28,2%).

[17]

5. LE RAPPORT
À LA LOCALITÉ D'ORIGINE


5.1 Maintenance des liens avec la localité d'origine

L'intégration au lieu d'accueil ne signifie pas nécessairement la rupture du lien avec la localité d'origine. D'abord, des rencontres se produisent entre gens ayant migré de la même localité. Ainsi, 30,3% des migrants affirment avoir rencontré « très souvent » ou « assez souvent », dans le lieu de la première migration, des gens provenant du même coin qu'eux. Ensuite, la plupart des migrants effectuent des visites au lieu qu'ils ont quitté. Près du tiers (30,3%) retournent plus de dix fois par année et 27,6% retournent de 1 à 10 fois par année. Par contre, 42,1% affirment ne jamais retourner au lieu qu'ils ont quitté.

5.2 Maintenance des liens familiaux
lors des premiers moments


En ce qui concerne les liens maintenus avec les membres de la famille lors des premiers moments de leur migration, les échanges téléphoniques d'enfants à parents étaient réguliers pour 71,5% des jeunes. Le taux est à peu près le même pour les appels des parents aux enfants (74,6%). Enfin, plus de la moitié (57,5%) des jeunes considèrent qu'ils recevaient des visites fréquentes de leur famille durant les premiers temps de leur installation.

5.3 Évaluation de l'état actuel
et de l'avenir de la région d'origine


Questionnés sur leur intérêt quant à l'avenir de leur milieu d'origine, 37,2% des répondants se disent « très intéressés » et 31,4% « assez intéressés ». Seulement 16,3% des jeunes se disent « pas intéressés du tout » à l'avenir de leur milieu d'origine. Cela mène à s'interroger sur la manière dont les jeunes perçoivent leur lieu d'origine. Cette question a été explorée à l'aide de 14 énoncés auxquels les répondants devaient préciser leur degré d'accord ou de désaccord. Les non-migrants, les migrants et les migrants de retour dans leur région ont répondu à ces énoncés. Dans l'ensemble, les réponses indiquent que les jeunes apprécient les caractéristiques du milieu où ils [18] ont grandi. Seules les réponses à l'énoncé « Les décideurs (de la région) ne bougent pas assez vite » traduisent un jugement clairement défavorable à la région : 60,2% des répondants se disent « tout à fait d'accord » et « plutôt d'accord » avec cet énoncé.

Cinq autres énoncés traduisent un certain mécontentement chez les jeunes. Ainsi, ils sont assez nombreux à manifester leur accord avec les énoncés voulant qu'il n'y ait pas d'emploi pour eux (39,3% étant « tout à fait d'accord » ou « plutôt d'accord ») ou leur conjoint (39,9%) dans la région. De plus, 44,3% des répondants sont « tout à fait d'accord » ou « plutôt d'accord » avec la proposition que la situation économique de leur région est difficile. L'énoncé voulant qu'il n'y ait pas de possibilité d'avancement dans la localité ou ses environs recueille l'adhésion de 40,9% des répondants. Enfin, il est à noter que 43% des répondants pensent que la région est trop contrôlée par les générations aînées.

Cependant, les réponses à d'autres énoncés traduisent une opinion qui est plutôt favorable à la région d'origine. À la suggestion que la population de la région soit trop vieille, 73,3% des jeunes se montrent « plutôt en désaccord » ou « tout à fait en désaccord ». Une forte proportion de jeunes (74%) sont en désaccord avec la proposition voulant que les régionaux n'ont pas le sens de l'entraide (addition des réponses « plutôt en désaccord » et « tout à fait en désaccord »). L'assertion que les services de santé sont déficients a recueilli le désaccord de 58,7% des répondants (addition des réponses « plutôt en désaccord » et « tout à fait en désaccord »). Enfin, les énoncés concernant le manque de loisirs, le manque de place pour la jeunesse et le manque d'activités culturelles rencontrent respectivement un désaccord chez les répondants de 65,1%, 60,6% et 68,4%.

Enfin, trois énoncés traduisent une opinion nettement favorable des jeunes envers la région où ils ont grandi : une forte proportion d'entre eux n'approuvent pas les propositions voulant que le nombre d'écoles pour les enfants est insuffisant (93,6%), que les jeunes n'y connaissent personne qui pourrait les aider à trouver du travail (80,9%) et que la localité d'origine empêcherait les jeunes de s'y développer (87,6%).

[19]

5.4 Les motifs de retour au lieu d'origine

Chez les jeunes qui sont revenus vivre dans la région de l'Outaouais après avoir migré vers l'extérieur de la région (N = 72), les premiers motifs du retour sont le travail (55,9%), avoir une maison à soi (55,9%), la volonté de se rapprocher de ses parents (52,9%) ou de ses amis (52,9%) [7]. D'autres facteurs peuvent aussi intervenir dans la décision de retourner vivre dans sa région d'origine : fonder une famille (44,1%), créer une petite entreprise (23,5%), suivre ou rejoindre un conjoint (18,8%), reprendre l'entreprise familiale (4,4%) et se rapprocher de ses enfants (2,9%).

6. LE RAPPORT À L'ESPACE

6.1. Évaluation de la vie en milieu urbain et en région

Les jeunes de l'échantillon ont été invités à émettre certaines opinions concernant leur rapport à différents espaces, certains étant des espaces peu fréquentés ou peu connus, mais à propos desquels il est intéressant de vérifier leurs perceptions. Sur les mérites relatifs à la vie dans les grands centres comparée à celle dans les régions, les jeunes interrogés sont sensibles aux qualités des deux et semblent peu importunés par les limites de l'un ou l'autre des milieux. L'idée que la ville permet d'être plus proche des services rejoint l'opinion de 88,8% des jeunes (addition des mentions « tout à fait d'accord » et « plutôt d'accord ») et qu'elle offre plus d'activités culturelles emporte l'adhésion de 88,6% d'entre eux. L'idée que les grandes villes soient violentes reçoit l'accord de 72% des répondants et celle que les villes isolent les individus reçoit l'accord de 63,2%. Que les régions rapprochent de la nature est acceptée de 93% des interviewés (addition des mentions « tout à fait d'accord » et « plutôt d'accord ») et qu'elles offrent une vie paisible, par 94,8% d'entre eux. Par contre, quand il s'agit de l'énoncé voulant que les régions offrent peu de [20] services, le taux d'adhésion chute à 50%. Enfin, 64,1% estiment qu'il y a trop de commérage dans les régions.

6.2 Les préférences quant au type de localité
où les jeunes aimeraient vivre


Les préférences quant à un type de localité où l'on aimerait vivre sont assez étalées. Le village (5,5%) et la grande ville (9,5%) sont les milieux moins prisés tandis que la campagne est la plus recherchée (34,5%). La banlieue d'une grande ville (26,8%) et la ville moyenne (23,8%) se partagent les autres choix de réponse. La possibilité de vivre hors du Québec est envisagée par 38,8% des répondants. L'intérêt pour la localité où l'on vit présentement atteint 80,7% (addition des mentions « très » et « assez » intéressé).

En ce qui concerne spécifiquement les jeunes migrants, l'endroit habité en permanence au moment de l'enquête est le lieu le plus souvent identifié comme le « chez soi » (78,5%) [8]. Les deux principaux facteurs qui font que l'on considère tel lieu plutôt qu'un autre comme « chez soi » sont les amis (58,2%) et l'endroit lui-même (54,6%). Les autres facteurs ont sensiblement la même influence, à une exception près, celui de la « mentalité » des gens du milieu, qui ne recueille que 26,5% d'appuis. Les autres facteurs sont les souvenirs (49,5%) et les rapports familiaux (46,2%).

6.3 Les éventuels projets de départ vers un autre lieu

Le lieu où les jeunes ont été interrogés constitue, dans certains cas, le point d'aboutissement de migrations multiples. En fonction de ce lieu - temporaire ou définitif, selon les cas - d'aboutissement de la migration, des questions ont été posées sur les perspectives qui s'y présentaient et sur d'éventuels projets d'installation dans un autre milieu. Si la raison du déplacement pour la première migration était principalement liée aux études (34,4%), c'est la [21] raison « autre » qui prédomine dans le cas de la dernière migration expérimentée (32,7%), suivie du travail (32,2%), du désir de suivre un conjoint (22,6%) et de la poursuite des études (12,6%). Pour 38,7% des répondants, le lieu où ils se trouvent aujourd'hui est une destination temporaire, tandis que pour 61,3% leur établissement y est définitif.

Les répondants pourraient-ils s'installer ailleurs qu'au lieu de leur dernière migration ? En cas de déplacements futurs, davantage choisiraient un lieu où ils n'ont jamais vécu (62,9%) qu'un endroit où ils ont déjà habité (19,8%). Toutefois, 64,2% des répondants qui ne vivent pas dans leur région d'origine sont prêts à envisager un retour. La raison qui pourrait y conduire est plus fréquemment la perspective d'y gagner sa vie (50%), suivie par celles de vivre avec des gens qu'on aime (30,8%), d'avoir une maison à soi (11,5%) et d'élever des enfants (7,7%).

CONCLUSION

L'analyse descriptive des données quantitatives de la migration des jeunes de l'Outaouais converge, toutes choses étant égales par ailleurs, avec les résultats de l'analyse du matériel qualitatif (voir rapport). Ainsi, il est frappant de constater les faits saillants convergents suivants :

- Les motifs de départ sont pour la majorité des jeunes les études ou l'emploi ;

- Le départ constitue fort souvent un pas intentionnel vers l'entrée dans la vie active ;

- Plus de la moitié des migrants avaient déjà soit des parents, soit des amis dans le lieu d'accueil ;

- Le trois quart des jeunes ont des échanges téléphoniques fréquents avec leurs parents durant les premiers moments de la migrations ;
[22]

- Plus de la moitié des jeunes migrants sont prêts à envisager un retour dans leur municipalité d'origine à condition d'y trouver un emploi ;

- La grande majorité des jeunes avaient déjà quitté le foyer familial au moins une fois pour une période de six mois et, pour la plupart, à l'intérieur de la région de l'Outaouais ;

- Pour le tiers des migrants, le milieu des études et le milieu de travail sont des facilitants pour faire des connaissances ;

- La vie en milieu urbain est appréciée positivement à 90% pour les services et les activités culturelles qu'il offre ;

- Pour la plupart des migrants, la grande ville offre une image de violence ;

- Le tiers des jeunes aimeraient vivre en campagne, mais la banlieue d'une grande ville et la ville moyenne est souhaitée par le quart des répondants.

Que faire de ces connaissances sur la migration ? Un premier réflexe en Outaouais rural serait de chercher les moyens de retenir les jeunes dans les sous-régions. Il faut cependant se rappeler que la migration des jeunes est légitimée le plus souvent par la poursuite des études et parfois par la recherche d'un emploi. Elle participe aussi de la quête d'autonomie chez les jeunes et de leur passage à la vie adulte. Chercher à retenir les jeunes à tout prix serait un réflexe malhabile qui ne tiendrait compte ni des besoins d'ouverture et d'autonomisation et de développement des jeunes, ni de l'enrichissement des régions construit sur des assises de compétences accrues des jeunes générations. Miser sur des actions qui favoriseraient le retour déjeunes en région ou attireraient en région des jeunes et des jeunes familles d'ailleurs serait plus avisé. L'étude indique que la migration des jeunes n'est pas qu'une affaire de sous-région mais concerne aussi les milieux d'accueil, dans le cas de notre région, la partie urbaine de l'Outaouais. D'une part, la qualité de l'accueil qu'y trouveront les jeunes aura pour effet de favoriser leur installation en Outaouais. D'autre part, les diverses institutions et organisations urbaines auraient avantage à raffiner le [23] discours qu'elles tiennent sur le milieu rural. En effet, c'est la dynamique des échanges ruralité-urbanité qui fait la richesse d'une région. Les jeunes qui vivent plus intensément l'un ou l'autre pôle de ce discours doivent pouvoir non seulement s'y reconnaître mais encore y trouver matière à développer une fierté et un sentiment d'appartenance régionale stimulant.

[24]

Bibliographie sélective
sur la migration des jeunes issue
des travaux du GRMJ


Deux volumes

Gauthier, Madeleine (dir,), Pourquoi partir. La migration des jeunes d'hier et d'aujourd'hui, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture et Presses de l'Université Laval.

Leblanc, Patrice et Marc Molgat (dir), (2004) La migration des jeunes. Aux frontières de l'espace du temps, Presses de l'Université Laval, Québec.

Articles, chapitres de livres, cahiers scientifiques

Assogba, Y., Fréchette, L., Desmarais, D. (2000), Le mouvement migratoire des jeunes au Québec, Nouvelles pratiques sociales, vol. 13 N° 2, p. 65-78.

Côté, S. et Potvin, D. (2001), « Les multiples visages de la migration des jeunes en Gaspésie et dans trois régions de l'Est », dans Choix publics et prospective territoriale. Horizon 2005. La Gaspésie .futurs anticipés, sous la dir. de Danielle Lafontaine, Rimouski, UQAR-GRIDEQ, p. 43-60.

Desmarais, D., Assogba, Y., Fréchette, L. (2001), L'intégration des jeunes adultes migrants en milieu urbain au Québec, dans Problèmes sociaux, Tome II: études de cas et interventions sociales. Sous la direction de Henri Dorvil et Robert Mayer, PUQ, Sainte-Foy, p. 103-128.

Fréchette, L. Desmarais, D., Assogba Y et Paré, JL. (2004), L'intégration des jeunes à la ville. Une dynamique de repérage spatial et social, dans La migration des jeunes. Aux frontières de l'espace du temps sous la dir. de P. Leblanc et M. Molgat, Québec, Presses de l'Université Laval, p. 81-105.

Fréchette, L., Assogba, Y., La migration des jeunes québécois. Sept question d'intérêt pour les municipalités québécoises, Organisation et territoires, à paraître, nov. 2004.

[25]

Girard, C, Garneau, S., Fréchette, L. (2004), On ne part jamais seul. Espace et construction identitaire chez les jeunes migrants au Québec, dans La migration des jeunes. Aux frontières de l'espace du temps sous la dir. de P. Leblanc et M. Molgat, Québec, Presses de l'Université Laval

LeBlanc, P. et Girard, C. (2001), La dynamique migratoire des jeunes au Québec. Le croissant péri-nordique de l'Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent, L'Action nationale, vol. XCI, N° 5, p.23-42.

LeBlanc, P., Gauthier, M. et Mercier, D.-H. (2002), « La migration des jeunes de milieu rural », Cahier de l'INRS Urbanisation, culture et société, Montréal, 123 pages

Leblanc, P., Gauthier, M., Mercier, D.H. (2002), La migration des jeunes de milieu rural, INRS Urbanisation, Culture et Société, Québec, 123p.

Malatest, R.A. et Associates (2002), La migration des jeunes ruraux : explorer la réalité derrière les mythes, Rapport de recherche présenté au Partenariat rural canadien, Gouvernement du Canada.

Cahier spécifique Outaouais

Assogba, Y. Fréchette, L. Gagnon, C. (2003), Dynamiques des trajectoires migratoires intra régionales des jeunes en Outaoouais. Une enquêtte qualitative, Cahier Céris, Série Recherches N° 27, UQO Gatineau, 38 p.

Assogba, Y. Fréchette,L. Gagnon, C. (2004), Le mouvement migratoire des jeunes en Outaouais. Une enquête quantitative. Cahier Céris, Série Recherches N°33, UQO, Gatineau, 25 p.



[1] Pour le lecteur intéressé par le volet qualitatif de l'enquête pour la région de l'Outaouais, voir Yao Assogba, Lucie Fréchette et Caroline Gagnon, Dynamiques des trajectoires migratoires intra-régionales en Outaouais. Une enquête qualitative, Université du Québec en Outaouais, Cahier du CÉRIS, série recherches, no 27, octobre 2003.

[2] Le Groupe de recherche sur la migration des jeunes est composé de professeurs des constituantes de l'Université du Québec et des universités de Sherbrooke et d'Ottawa, sous la responsabilité de Madeleine Gauthier, de l'INRS Urbanisation, Culture et Société responsable de l'Observatoire Jeunes et Société.

[3] Dirigé par Madeleine Gauthier de l'INRS Urbanisation, culture et société-Québec, le groupe compte des chercheurs de cinq constituantes du réseau de l'Université du Québec (UQO en Outaouais, UQAT en Abitibi-Témiscamingue, UQAR à Rimouski, UQTR à Trois-Rivières, UQAC à Saguenay), de l'Université de Sherbrooke et de l'Université d'Ottawa et quelques années de l'UQAM. On trouvera en annexe la liste des chercheurs et leurs coordonnées

[4] Depuis le mouvement de fusion municipale de 2001, les anciennes villes de Hull, Gatineau, Aylmer, Buckingham et Masson-Angers se sont regroupées pour former la grande ville de Gatineau qui constitue actuellement la ville-centre de la région administrative de l'Outaouais.

[5] Cette méthode a obligé le reclassement d'un grand nombre de cas dans différentes régions, selon les définitions que l'équipe s'était donnée pour l'analyse.

[6] Ces cas de figure ne sont pas mutuellement exclusifs. Par exemple, les jeunes peuvent avoir déménagé en même temps qu'un ami - ce qui explique que le total dépasse 100%.

[7] Les données présentées dans ce paragraphe traduisent le pourcentage de réponses affirmatives à chacune des raisons de retour possibles énumérées dans le questionnaire du sondage.

[8] La question concernant l'identification du « chez soi » n'a pas été posée aux jeunes qui n'ont pas fait l'expérience de la migration, le but de l'exercice étant de voir comment les migrants comparaient, au plan de l'appartenance, les différents lieux qu'ils avaient connus (N = 204 répondants).



Retour au texte de l'auteur: Yao Assongba, sociologue, Université du Québec en Outaouais Dernière mise à jour de cette page le samedi 27 juin 2015 7:16
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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