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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Yao Assogba, “Diaspora, solidarité internationale, démocratie et développement en Afrique. Le cas du Togo.” Texte d'une conférence publique prononcée dans le cadre des activités du Collectif pour Démocratie au Togo (CDT) et de la DIASTODE, à Paris le 25 mai 1996, à Bruxelles, au Centre national de Coopération au développement (CNCD), le 1er juin 1996 et à Kulturhaus am Alten Markt Potsdam (État de Berlin-Brandenburg), le 4 juin 1996 [Autorisation de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales accordée par l’auteur le 9 juillet 2012.]

Yao Assogba

Professeur en travail social, Université du Québec en Outaouais

“Diaspora, solidarité internationale,
démocratie et développement
en Afrique.
Le cas du Togo.”

Texte d'une conférence publique prononcée dans le cadre des activités du Collectif pour Démocratie au Togo (CDT) et de la DIASTODE, à Paris le 25 mai 1996, à Bruxelles, au Centre national de Coopération au développement (CNCD), le 1er juin 1996 et à Kulturhaus am Alten Markt Potsdam (État de Berlin-Brandenburg), le 4 juin 1996.

Table des matières

1. Quelque chose de nouveau se passe en cette fin de siècle
2. La diaspora africaine ou le prolongement “en dehors” de la société civile des pays d'Afrique
3. La diaspora, une force jusqu'ici tranquille
4. La solidarité internationale entre sociétés civiles une force historique
5. Transformer les associations de la diaspora en mouvements associatifs et/ou mouvements sociaux
6. La Diaspora Togolaise pour la Démocratie (DIASTODE) : prolongement de la société civile togolaise et garde-fou de la démocratie au Togo
7. Solidarité nouvelle entre mouvement social de la diaspora et ONG des pays du Nord
Pour qu'émerge un Solon ou un Guézho


1. Quelque chose de nouveau
se passe en cette fin de siècle


“Quelque chose de nouveau se produit dans le monde (...) qui est le croisement massif et global de changements de tous ordres”, écrit le grand sociologue contemporain Anthony Guiddens. L'un de ces changements est sans aucun doute la globalisation de ce qu'on a appelé le défi démocratique. Les manifestations de cette globalisation sont multiples et diverses. Elles indiquent, selon Guy Hermet auteur de Culture et démocratie, Paris, UNESCO, 1993), “un tournant de l'histoire plus décisif encore que ceux de 1848, 1918 et de 1945” dans l'histoire de l'Europe et du monde.

La mondialisation et la globalisation ont eu pour conséquence la “réduction” du monde à un Village global. La fin de la bipolarité du monde (Bloc de l'Ouest/Bloc de l'Est) et les nouvelles technologies de l'informatique (NTI) ont rendu possible ce Village global. Ce dernier est désormais un monde d'informations et de communications immédiates ou presque instantanées. Aujourd'hui les idées de démocratie, de développement durable, d'indicateurs de développement humain (IDH) sont des aspirations qui sont partagées partout, même si leur avancée représente encore dans beaucoup de pays d'Afrique un rêve. On constate par ailleurs un phénomène nouveau, conséquence de la globalisation : les relations nouvelles qui s'établissent à l'échelle universelle entre “une série d'institutions ou d'organisations et une série d'idées” qui peuvent s'enraciner n'importe où. “Elles sont presque comme des herbes sauvages si l'on entend par cette expression qu'elles peuvent se propager dans des circonstances où nul arrière-plan historique à long terme n'explique leur diffusion.” C'est la “théorie de la plante vivace” d'Anthony Guiddens (cf. Guy Hermet, 1993, p. 187.)

Nous croyons que l'idée de démocratie est, aujourd'hui, enracinée partout dans le monde et les luttes pour la réalisation de l'idéal démocratique ne font que (re) commencer en Afrique en général et au Togo en particulier. C'est dans ce contexte que nous nous posons la question suivante : que peut faire la diaspora togolaise (et la diaspora africaine) à partir “du dehors” vers “le dedans” de l'Afrique ou du Togo afin que le continent noir, notre pays s'inscrive dans le Temps/Espace de l'ère de la globalisation ?

En Afrique au sud du Sahara, le Togo constitue un cas de figure-type qui est en train de rater le rendez-vous des peuples avec la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle. Mais il n'est pas trop tard pour bien faire. L'espoir est toujours permis et l'espérance pointe à l'horizon. Un sursaut historique peut provenir de la Diaspora africaine et du Réseau de solidarité nouvelle qu'elle peut établir avec des ONG du Nord impliquées ou engagées pour plus de justice sociale en Afrique noire. Ce sera l'essentiel de nos propos.

2. La diaspora africaine ou le prolongement “en dehors”
de la société civile des pays d'Afrique

Le relâchement de la bipolarité du monde depuis la fin des années 1980 a remis à l'avant-scène national et international la question de la démocratie, de l'État de droit, du respect des droits de la personne et du développement durable. Outre le discours officiel des puissances du Nord et des grandes organisations internationales sur la conditionnalité démocratique le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a défini un nouveau ''concept-étalon'' pour mesurer le niveau de diffusion du ''bien-être social'' dans un pays donné. C'est l'IDH, soit l'Indice de développement Humain. L'IDH a été construit à partir d'indicateurs de six principaux facteurs sociologiques considérés comme des déterminants qui donnent un sens à l'existence humaine en ce XXe siècle finissant. Ce sont :

1) l'espérance de vie à la naissance ;
2) le taux d'alphabétisation ;
3) le revenu par tête d'habitant ;
4) la redistribution des richesses ;
5) l'accès à l'éducation et à la santé ;
6) enfin la sécurité humaine (sécurité intérieure et extérieure, liberté.).

Le discours sur la démocratie et le développement (qui est même tenu par les nouveaux Maîtres du monde ) a trouvé, au début des années 1990, un écho retentissant au sein des populations africaines et chez leurs élites militantes. Celles-ci, faut-il le rappeler, ont été obligées, pendant près de trente ans, de mener cette même lutte (pour la liberté, la démocratie et l'autre développement) de façon souterraine (ou par le bas) et dans la clandestinité. Mais tout comme dans les années 1950, 1960 et 1970, les espoirs suscités respectivement par Bandoeng, les indépendances africaines et le rendez-vous avec le développement ont été soldés dans la durée par le désenchantement, l'espoir suscité en 1990 par le regain démocratique sur le continent noir s'est également soldé, l'espace d'environ un ou deux ans, par une désillusion dans bon nombre de pays de l'Afrique au sud du Sahara. La lutte doit donc continuer. Comment ? En se donnant de nouveaux espoirs, de nouvelles illusions. Car comme l'a dit Lucrèce “Toute existence humaine n'est qu'une course à l'illusion” [1] (Lucrèce. poète latin, né à Rome, auteur du poème De natura rerum.)

Dans un de ses ouvrages récents, le sociologue québécois Fernand Dumont écrit en exergue : Chaque fois que reviennent les jours gris, que le devenir prend une couleur monotone et que la politique piétine d'impuissance, on se prend à rêver de quelque sursaut qui remette l'histoire en marche. [2] Nous voudrions donc rêver avec vous, créer avec vous une nouvelle illusion qui donne un sens à l'existence de l'Homo Africanicus de la fin de ce XXe siècle et du prochain siècle. Le discours officiel des grands du Système-Monde qui reconnaît de façon manifeste(aujourd'hui) le droit à tous les peuples aux biens politiques essentiels que sont la liberté, la démocratie, la sécurité et la prospérité, se fait sur un fond de crise économique et sociale mondiale. Dans le cas spécifique des pays d'Afrique francophone, cette crise est aggravée par les Programmes d'ajustement structurels (PAS) du FMI et de la Banque mondiale et de la dévaluation du FCFA. En outre, la non application rigoureuse de la conditionnalité politique, qui a pour conséquence la réinstauration des dictatures déguisées en démocratie ou des démocratures dans les post colonies africaines de la France, ajoute à la crise économique et sociale une crise politique sans précédent sur le continent.

En Afrique noire la crise sociétale est totale. Eu égard aux biens politiques essentiels ci-haut mentionnés, lorsqu'on dresse un tableau des relations entre la démocratie et le développement selon les normes de l'indicateur du développement humain (IDH), on constate qu'aucun pays africain ne se classe dans la catégorie des pays à “Développement humain élevé.” 10 seulement sont parmi les pays considérés comme ayant un “Développement humain moyen.” Par exemple dans cette catégorie, l'Île Maurice occupe la 60e position, les Îles Seychelles 83e, la Botswana 87e le Gabon 114e. Parmi les pays à “Développement humain faible”, on compte 40 d'Afrique dont les rangs vont du 120e au 173e (Nombre total de pays évalués 173.) Le Togo occupe le 145e rang. Il est donc dans les 28 derniers pays au monde ayant un “Développement humain faible”. [3] Triste record pour “la Colonie pilote allemande” devenue le Pré-carré de la France et le “Togo sous Eyadéma”. [4]

3. La diaspora, une force jusqu'ici tranquille

Privés des biens politiques essentiels (minimum) les populations africaines sont obligées de quitter leur pays d'origine pour d'autres ''cieux meilleurs'' ou d'autres El Dorado réels ou imaginaires. Aux anciennes vagues d'émigration volontaire ou forcée vers les pays du Nord (l'Europe, les États-Unis, le Canada ou les pays africains limitrophes) sont venues s'ajouter, depuis les années 1980, de nouvelles formes d'émigration : les émigrants écologiques fuyant les conséquences de la désertification, de la sécheresse, de la faim, des guerres ; les émigrants politiques qui ont survécu à la régulation politique par la violence militaire ; les émigrants économiques victimes du chômage endémique, la crise de l'emploi, la pauvreté et l'exclusion socio-politique.

L'émigration africaine vers certains pays du Nord et/ou du Sud est ainsi devenue un phénomène international important de cette fin de siècle. Il n'est donc pas exagéré de recourir au concept de Diaspora  pour désigner les populations africaines, toutes catégories sociales confondues, dispersées aujourd'hui dans les quatre coins du monde. En effet, le mot diaspora, qui signifie “dispersion” en grec, évoque de manière générale l'exil volontaire ou involontaire de toute communauté humaine hors de son pays d'origine [5]. Par Africains de la Diaspora, nous entendons les communautés des différents pays d'Afrique noire post coloniale installées en Europe, aux États-Unis, au Canada, dans les Antilles, aux Caraïbes (pour diverses raisons) et qui y travaillent, vivent ou survivent tant bien que mal. Dans le cas des cadres et des travailleurs très qualifiés par exemple, on estime à environ 30 000 (trente mille) chercheurs de niveau doctorat et près de 100 000 (cent mille) travailleurs hautement qualifiés originaire d'Afrique qui sont installés en Europe et en Amérique du Nord. Soit un nombre sensiblement équivalent à celui des experts étrangers présents en Afrique pour un coût de 4 à 5 milliards de dollars. [6]

De manière générale en tant qu'émigré, l'Africain, à l'instar des autres peuples d'émigrés, a développé ce que nous pouvons appeler “la culture d'émigré” dont les valeurs fondamentales sont : l'importance de la communauté d'appartenance, les ambitions saines de réussite pour soi-même et pour sa progéniture, la valorisation de l'éducation, la propension à l'épargne, l'esprit de sacrifice, la débrouillardise, l'esprit d'initiative, etc. [7] Mais en tant qu'immigrants les Africains ont des rapports à la société d'accueil très variables en termes d'adaptation, d'insertion ou d'intégration sociale et professionnelle. Tous les cas de figure sont possibles allant d'une insertion sociale et professionnelle (professions libérales, affaires, techniques, artistiques, sportifs, culturels, etc.) plus ou moins réussie à des situations de précarité, de chômage, d'exclusion et de pauvreté.  Quoiqu'il en soit, une chose demeure vraie : la diaspora, de façon générale et africaine en particulier, constitue le prolongement de la société civile du pays d'origine. En cela, elle représente un flux et un reflux de force économique, politique, sociale et culturelle potentielle pour le pays d'origine et le pays d'accueil ou pays hôte.

4. La solidarité internationale
entre sociétés civiles, une force historique


Dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord il existe (et il a toujours existé) de nombreux mouvements associatifs, les associations de défense des droits de la personne, des ONG, des intellectuels (individus ou groupes) qui luttent, sur le plan national, pour améliorer les conditions de vie difficiles de leurs compatriotes frappés par le chômage, la pauvreté, l'exclusion sociale, etc. Un courant de ses mouvements associatifs ont des vocations internationales et développent des solidarités avec les peuples d'Afrique. Eu égard à la place importante qu'occupe actuellement dans le monde l'idéal de “l'indicateur du développement humain” (l'IDH) pour chaque individu, chaque peuple, on découvre des ONG du Nord  animées de bonne foi, impliquées ou engagées pour la cause “des damnés de la terre” des pays du Tiers-Monde, notamment d'Afrique. Citons en exemple dans le cas de la France, l'Association  Survie, le Comité Catholique contre la Faim. Au Québec (Canada) on peut citer, entre autres, le Centre international de solidarité internationale (CISO), la Ligue des droits et libertés du Québec (LDLQ), le regroupement Afriquébec, le Collectif pour la Démocratie au Togo (CDT)

En marge des États africains post coloniaux et de ses appareils, des institutions nationales, transnationales et internationales, ils se forment des  mouvements de jeunes, de femmes, les syndicats, des associations de chants et de danses, de sports, des cercles de réflexions universitaires et d'églises. Dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, certains mouvements sociaux d'ordre associatif sont généralement porteurs de discours critiques des inégalités et injustices sociales, et représentent des lieux de pratiques sociales alternatives pour une société plus juste et un monde meilleur. Dans les sociétés occidentales à démocratie libérale, ces mouvements ou associations issus de la société civile influent sur le pouvoir politique et peuvent ainsi agir sur le cours de l'histoire de leur pays. En Afrique noire ces mouvements, lorsqu'ils sont même embrigadés dans “la pensée unique” ou le parti unique, ont riposté et continuent de riposter par “le bas” à la dictature politique et à la tyrannie du développement imposés par le “haut” [8] Qu'il s'agisse du Tiers Monde ou des pays développés, les mouvements sociaux et les organisations non gouvernementales (ONG) ont, au cours de l'histoire passé ou récente, influencé tant sans peu certaines décisions des États, des Nations Unies et d'autres organisations internationales. [9] Citons le mouvement panafricain dans les années 1940, et plus près de nous les mouvements contre l'apartheid, le mouvement écologique, etc.

Malgré leurs moyens souvent limités et parfois leur dépendance financière, les mouvements sociaux et associatifs nationaux/internationaux disposent généralement d'une marge de manœuvre comme acteurs sociaux collectifs et réussissent souvent là où les institutions formelles, étatiques ont échoué. Ils constituent des groupes de pressions efficaces dans les sociétés modernes. Pourquoi ? Sans doute parce qu'il s'agit en général des organisations populaires nées de la mobilisation d'individus ou des groupes qui se sentent aliénés, exclus des préoccupations essentielles et de l'action de l'État, privés des biens politiques essentiels. Ces individus et groupes considèrent que l'état actuel des choses est injuste, et qu'il faut que les choses changent ici et maintenant. C'est en vertu de ces principes humanistes progressistes qu'ils cherchent, grâce à une action collective, à susciter un changement fondamental de la société et/ou une réorientation radicale de la politique...

L'importance politique des mouvements  sociaux  (ou organisations non gouvernementales) provient de leur capacité “à traduire leur aliénation et exclusion en action sociale concrète. Ce sont des mouvements sociaux en vertu de leur capacité à créer et organiser le conflit social. [10]

5. Transformer les associations de la diaspora
en mouvements associatifs et/ou mouvements sociaux


Les médias qui sont de plus en plus à l'affût des événements qui poussent les individus à donner des réponses appropriées à leurs situations aliénantes, pratiques sociales alternatives des groupements associatifs face à la crise des nos sociétés, l'émulation que ces pratiques suscitent chez d'autres groupes et enfin la mondialisation ont favorisé et encouragé la multiplication rapide des mouvements sociaux ou des ONG dans le monde à la fin de ce XXe siècle. Le monde étant devenu un Village global les problèmes sociaux, exemple la non satisfaction des Indicateurs de développement humain (IDH), qui poussent les mouvements sociaux et  associatifs à se mobiliser et à entreprendre une action sociale débordent les frontières des États, des régions et parfois même des continents.

En conséquence les mouvements sociaux et associatifs nationaux tendent de plus en plus en plus à s'inscrire dans la logique et les stratégies de Réseaux nationaux, transnationaux ou internationaux. Le but recherché : représenter leurs intérêts sur les scènes nationales et internationales. Exemples : le Réseau international de défense des droits des peuples autochtones ; le European Nuclear Disarmament , un réseau international d'échange d'informations et de lobbying des groupes pacifistes du continent européen [11] Dans le secteur de la pêche, citons le Réseau Caritas-France (Secours Catholique) dans ses délégations du littoral, en partenariat avec d'autres organisations ; la Coopération Nord-Sud pour les projets de développement de la pêche artisanale (CCFD, Caritas, Développement et Paix, etc.)

Nous formulons l'hypothèse que pour lutter contre les dictatures ou des démocratures, pour contribuer à l'instauration de l'État de droit, de la démocratie et faire rentrer l'Afrique noire dans une ère de Renaissance (que les peuples d'Afrique attendent depuis plus de trente ans pour faire une histoire courte), la diaspora africaine qui peut être définie comme le prolongement des sociétés civiles des pays africains à l'étranger a, d'abord, grand intérêt, à prendre conscience de sa force, à laisser de côté ses querelles internes et mesquines, à placer par-dessus tout, les intérêts des populations africaines qui subissent les tyrannies des dictateurs africains et croupissent dans la pauvreté et parfois dans la misère. Ensuite, une fois cette première étape cruciale franchie, la diaspora africaine doit se constituer en confédération d'associations supranationales et se transformer en mouvements sociaux capables de jouer le rôle qui leur est sociologiquement dévolu.

En d'autres mots, les associations nationales ou locales de la diaspora africaine doivent désormais se transformer en organisations populaires qui naissent du processus de mobilisation d'individus ayant pris conscience de l'état de post colonie de leur pays d'origine, de l'oppression, de l'aliénation des populations africaines “du dedans” et du “dehors” du continent noir. Il s'agit d'organisations populaires nées de la mobilisation d'individus ayant une conscience identitaire élargie (allant au-delà de l'ethnie ou de la région, des partis politiques) et qui considèrent que la situation actuelle de l'Afrique sur le plan national et international est “infra-humaine” et de “infra sociétale.” En conséquence, elle doit radicalement changer pour le mieux. Paraphrasons François Constantin pour montrer la marge de manœuvre dont peut disposer la diaspora africaine pour contribuer au développement et à la démocratisation du continent. Loin de Lomé, de Cotonou, d'Abidjan, de Yaoundé, de Kinshasa, etc. il y a d'autres lignes de force mobilisatrices des masses et de ceux qui les dirigent, stimulatrices de transactions et de solidarités échappant à la logique des intérêts des États post coloniaux et des grandes puissances. [12]

La diaspora africaine peut agir en direction de l'Afrique (et certes agit déjà) sur les plans économique, politique, social et culturel. Mais les associations nées de l'immigration africaine sont, en général et jusqu'ici, surtout animées par des immigrés regroupés selon les pays, la région et/ou la localité d'origine. La diaspora africaine est caractérisée par la fragmentation du tissu associatif. Les associations africaines, presque essentiellement ethniques, n'ont pas comme les associations asiatiques ou autres (chinoises, vietnamiennes, etc.) d'organisation confédérative tels que la Convention mondiale des Chinois, le Congrès mondiale juif, pour parler en leur nom ou pour mener des actions nationales ou transnationales en direction de l'Afrique. La diaspora africaine, malgré ses éminents intellectuels, hommes et femmes d'affaires, professionnels, ingénieurs, professeurs, écrivains, médecins, diplomates, artistes, etc. ne dispose pas d'une organisation confédérale qui jouerait sur le plan national et international le rôle fondamental d'un mouvement social pour la démocratisation et le développement du continent. La conscience identitaire des Africains de la diaspora (pris individuellement ou collectivement) se limite en général à leur famille, leur groupe ethnique, leur localité ou leur région. Tout le contraire des asiatiques de la diaspora, par exemple. Voici ce que Jeune Afrique du 15 au 21 mai 1996 rapporte sur la diaspora chinoise : Grâce aux solidarités familiales et leur formidable dynamisme, les Chinois de l'extérieur exercent leur influence sur l'ensemble du Sud-est asiatique. [13]

Certes des études ont montré l'apport des immigrés sahéliens au développement de leurs communautés d'origine, notamment lors des grandes sécheresses de 1973 et de 1983. [14] On parle également des fonds d'investissement des Bamilékés de l'extérieur dans l'Ouest du Cameroun, de la ''sécurité sociale'' que chaque Africain immigré représente pour sa parenté dans son pays d'origine. Ses actions individuelles ou groupales sont louables, mais elles sont loin d'avoir l'impact d'un mouvement associatif ou social fondé sur une conscience identitaire plus élargie des nations ou supra-nations africaines.

Pour “retrouver l'espérance” en Afrique, la diaspora africaine doit s'organiser en mouvements sociaux dans leur pays hôte (et même à l'échelle du continent hôte) afin de contribuer collectivement et massivement au développement et à la démocratisation du continent. Ces mouvements associatifs nationaux et inter-régionaux peuvent, en marge du secteur public dominé et contrôlé par l'État post colonial et la coopération bilatérale ou multilatérale (et au delà du secteur de l'économie domestique), occuper le secteur de l'économie sociale ou solidaire. Celle-ci comprend des entreprises et des organisations dont le propre est de regrouper des individus plutôt que des actionnaires afin de produire des biens et services pour satisfaire les besoins des individus ou de la collectivité. De façon générale, une entreprise ou une organisation d'économie sociale est l'initiative des gens ou d'une communauté dominés qui tentent de se réorganiser pour s'affranchir de la domination d'une oligarchie nationale et/ou d'une puissance étrangère.

L'économie sociale est fondée sur des valeurs démocratiques dans la mesure où elle suppose une définition conjointe (intervenants et acteurs-bénéficiaires) des activités et des services de l'entreprise. L'économie sociale ou solidaire a nécessairement une base associative et s'enracine dans le terroir, dans la communauté. Elle répond donc mieux aux besoins des acteurs individuels et collectifs. Elle peut couvrir les domaines des petites ou moyennes entreprises (PME), du commerce, de la santé, de l'éducation, de la culture, de l'artisanat, etc. En aidant à partir de l'extérieur les associations nationales et inter-régionales africaines issues de la société civile à investir dans le secteur de l'économie solidaire, la diaspora africaine contribuerait  au dépassement de l'idéologie du ressentiment [15] qui trouve généralement  écho chez les individus ou les groupes qui ont été dominés, et qui attribuent leur sentiment d'échec personnel ou collectif à l'autre (Le dominateur.) En rencontrant certains critères ou indicateurs de développement humain (IDH) au sein des populations africaines défavorisées grâce à l'économie solidaire ou sociale, la diaspora africaine contribuerait au développement de l'Afrique, sans attendre l'aide extérieure. Ayant satisfait ses besoins fondamentaux, les populations africaines s'engageront résolument dans des mouvements sociaux pour la démocratie, et les dictatures africaines pourraient mourir à petit feu de sa belle mort.

6. La Diaspora Togolaise
pour la Démocratie (DIASTODE) :
prolongement de la société civile togolaise
et garde-fou de la démocratie au Togo

C'est en 1993 qu'il a été émis, au sein de la diaspora togolais, l'idée de créer un Réseau pour mobiliser les Togolais de la Diaspora, en vue d'appuyer la lutte que mènent les forces démocratiques internes pour l'avènement de la démocratie et de l'État de droit au Togo dans l'unité nationale. Cette idée a fait son chemin et a été favorablement accueillie par bon nombre d'associations de la diaspora togolaise. La Communauté Togolaise au Canada (C.T.C), a pris alors l'initiative d'organiser un séminaire international en marge duquel il sera constitué ce Réseau de la diaspora togolaise.  Pour ce faire, elle a créé un comité CTC-Réseau, chargé de ce projet.

En novembre 1994, le comité présente un plan d'action au Bureau Exécutif Central de la (C.T.C). Le même mois, une lettre d'information sur l'idée du Réseau est envoyée aux associations de la diaspora togolaise aux Antilles, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso, aux États-Unis, en France, en Suisse et au Canada. Dès janvier 1995, les réponses positives nous sont parvenues des quatre coins du monde.  Un texte d'orientation et un programme d'un séminaire international sur le Togo en marge duquel devait se constituer le Réseau ont été envoyés aux associations de la diaspora togolaise du mois de mars 1995, commence l'opérationnalisation du séminaire par les séances de travail avec ces associations

Au mois d'avril 1995, le Bureau Exécutif Central de la CTC a convoqué une réunion pour mettre sur pied les différents comités de l'organisation du séminaire. 22 mai 1995, arrivée des premières délégations des associations de la Diaspora. Du 26 au 28 mai 1995 se sont déroulés, à l'Université du Québec à Hull (UQAH), sous le thème Démocratie, État de droit et développement : perspectives d’avenir du Togo, les travaux du Séminaire international. Organisé conjointement par la Communauté Togolaise au Canada (CTC) et le Collectif pour la démocratie au Togo (CDT), avec l’appui moral et financier du Centre international des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD) et du Centre d’études et de coopération internationale (CECI), ce Séminaire international historique en son genre a réuni des délégués des Associations de la Diaspora togolaise d’Afrique, d’Europe, des Antilles et d’Amérique du Nord ; des universitaires, étudiants, des experts, des volontaires d’ONG africains, Québécois, Canadiens (amis du peuple togolais ) s’intéressant à la question des droits de l’Homme et de la démocratie.

Les principaux partis politiques du Togo ont été invités à titre d’observateurs. Ont pris part à la séance de clôture du séminaire et y ont pris la parole les chefs ou représentants de la CDPA, de l’UFC et de l’UTD. Les chefs du CAR et du PDR ont envoyé des messages qui ont été lus. La délégation du RPT n'a pas assisté à la séance de clôture. Ces assises de trois jours ont été l’occasion de dresser, l’état de la situation politique, économique et sociale du Togo, puis de dégager des pistes de solution à la crise togolaise qui dure depuis le début de la présente décennie.

En marge du séminaire international, les délégués des Associations de la Diaspora togolaise dispersée dans le monde (Afrique, Europe, Antilles, Amérique du Nord) ont créé un Réseau appelé DIASPORA TOGOLAISE POUR LA DÉMOCRATIE (DIASTODE). Il s’agit d’une première dans l’histoire du Togo. L’assemblée constituante de la DIASTODE comprenait les Associations et les personnalités togolaises résidant au Bénin, au Burkina Faso, en France, en Allemagne, dans les Antilles, du Canada. Ont donné leur appui à l’idée de création d’un Réseau de la diaspora togolaise des Associations togolaises en Côte d’Ivoire, en Belgique, en Grande Bretagne et aux États-Unis. Réseau extérieur de promotion et de défense de la démocratie au Togo, la DIASTODE se veut non partisane, se donne les attributs modernes de la société civile et entend créer un réseau de solidarité inter-régionale et internationale pour la promotion et l’instauration de la démocratie, de l’État de droit au Togo en particulier et en Afrique en général.

Les principaux objectifs de la DIASTODE sont : informer la communauté togolaise et internationale de l’évolution de la situation politique, économique et sociale au Togo ; mettre en œuvre un programme de lobbying international en faveur de la démocratie au Togo ; apporter le soutien moral et politique aux mouvements démocratiques internes, mettre les expériences de la diaspora togolaise au service du développement économique, démocratique et social du Togo ; promouvoir la solidarité entre les Togolais et défendre l’unité nationale. Des Réseaux de la DIASTODE sont créés dans les villes ou régions du monde. La Communauté Togolaise au Canada (CTC) a été désignée par l'assemblée constituante pour assumer le Secrétariat Permanent provisoire de la DIASTODE jusqu’à la prochaine assemblée générale du Réseau.  Le 28 mai 1995, la DIASTODE a adopté les textes suivants :

1. Déclaration de l'Association -DIASTODE
2. Le texte d'orientation et des structures de la DIASTODE
3. Le Manifeste de la DIASTODE intitulé TOGO ENJEU

Réseau de solidarité, la DIASTODE peut constituer sur le plan international une forme efficace de société civile ou de mouvement social voué à la défense des libertés fondamentales, de la démocratie et de l'État de droit au Togo. Par exemple les flux et reflux d'informations nationales et internationales (presse privée, ONG, Organisation de solidarité internationale, etc.) nous renseignent sur la violation fréquente des droits de l'Homme au Togo. Or la version officielle, celle que l'État togolais présente aux Organisations internationales, telle que la Commission des droits de l'Homme de Genève, est en général le contraire. Par deux fois en 1994-1995 et 1995-1996, c'est la version officielle qui a primé et la Commission aurait décidé de retirer le Togo de la liste des pays à suivre de près en ce qui concerne la violation des droits de l'Homme. Autrement dit, dans l'imaginaire de certaines Organisations internationales “institutionnelles” le Togo serait un pays où le respect des droits de l'Homme et l'État de droit aurait des progrès ou avancées très significatives.

Est-ce à dire qu'il n'existe aucune possibilité pour riposter à la désinformation de l'État togolais ? Bien sûr que non. En effet, l'histoire nous enseigne que les mouvements associatifs bien organisés sur les plans  national et international peuvent jouer un rôle de contre-pouvoir. Ils sont en mesure de l'assumer efficacement en faisant du lobbying, en faisant une lecture dialectique de la situation sociale et politique des pays et en produisant “une autre information”. La DIASTODE se veut un tel mouvement associatif extérieur. Visant l'idéal d'instaurer un État non-postcolonial, croyant que notre pays doit sortir de la “cage” de la dictature et du sous-développement dans laquelle il est enfermé depuis bientôt 30 ans et sachant que le tissu social togolais en train de se désintégrer, la DIASTODE veut être :

  • un lieu où naissent des idées nouvelles pour un Togo meilleur ;

  • un lieu d'interpellation des partis politiques par rapport, non seulement à leur programme de démocratisation de la société, d'éducation, de santé, de développement économique, social et culturel, mais également au projet de “société-autre” qu'ils entendent bâtir avec et pour le peuple togolais ;

  • un mouvement d'appui au processus qui pourra conduire au pouvoir par des voies légitimes et légales des hommes et des femmes Togolais qui vont œuvrer pour la fin de l'État post colonial et l'instauration d'un “l'État-nation togolais” authentique.

Nous entendons par ce dernier concept un État qui favorise le développement d'une conscience identitaire élargie chez les citoyens, valorise la “bonne gouvernance”, le pluralisme, la gestion transparente des affaires publiques, qui lutte contre le clientélisme et crée plutôt un espace démocratique permettant aux associations de la société civile de se manifester de façon dynamique. Un “État-nation africain” authentique doit permettre au génie créateur africain ou togolais de se développer dans tous les domaines (art, lettres, sport, musique, sciences et technologie, entrepreneurship, etc.). C'est ainsi que le peuple togolais apportera sa contribution au patrimoine de l'Afrique.

Au nom des associations fondatrices de la DIASTODE, au nom de la Communauté Togolaise au Canada (CTC) qui assume le Secrétariat-Permanent provisoire de la DIASTODE, au nom du peuple togolais pour lequel nous prétendons chacun et tous lutter, nous demandons à la diaspora togolaise ici présente de sentir le besoin d'insuffler une “âme” en son propre sein. Une “âme” qui se manifeste sous forme de ce qu'on appelle solidarité. Seule la solidarité donne un sens à l'existence humaine. Elle seule donne une conscience identitaire élargie à un peuple et permet ainsi à ce dernier de survivre, de renaître puis de vivre. La DIASTODE est là pour ça. C'est pourquoi nous demandons aux associations ici présentes de participer au renforcement de ce RÉSEAU extérieur de solidarité. Les Togolais de la diaspora ne peuvent prétendre lutter pour les intérêts de leur pays sans aucun lien de solidarité.

7. Solidarité nouvelle entre mouvement social
de la diaspora et ONG des pays du Nord


Nous avons déjà dit que les Organisations non gouvernementales (ONG) figurent désormais parmi les acteurs internationaux dont la puissance dépasse celle de bon nombre d'États petits ou moyens. Ces ONG qui se consacrent, soit à l'aide humanitaire d'urgence (exemple Médecin sans frontières), soit à la défense des droits de la personne, soit au développement, peuvent constituer de puissants alliés de la diaspora africaine dans sa lutte pour le développement réel et la démocratisation des pays d'Afrique noire.

Les mouvements associatifs ou sociaux de la diaspora africaine peuvent, en toute dignité et respect mutuel, former des Collectifs avec les ONG du Nord dans des projets de partenariat pour le développement. Les deux entités peuvent constituer des Réseaux pour réaliser des objectifs communs eu égard aux indicateurs de développement humains (IDH), ou pour défendre leurs intérêts respectifs et complémentaires. Quelques projets de ce genre, mais qui sont encore rarissimes, peuvent être signalés à titre d'exemples. La Société d'investissement et de Développement International créé par le Comité Catholique contre la Faim qui intervient en Colombie et en Uruguay (Voir Jean-Paul Vigier, “Solidarité internationale et démocratisation”, in Économie et Humanisme, No 335, décembre 1995). Ces Réseaux peuvent efficacement jouer les fonctions des groupes de pression aussi bien sur le plan national qu'international, être le Porte parole, “le chien” de garde de la démocratie ou de l'IDH dans chaque pays. Ils peuvent avoir des relais associatifs dans les pays d'Afrique, favoriser l'émergence des mouvements sociaux en Afrique ou contribuer à leur consolidation dans les lieux nationaux et internationaux où s'élaborent les politiques et se prennent les décisions qui influent sur le cours de l'histoire des peuples. Ces Réseaux peuvent assumer la maîtrise d'œuvre des projets de développement locaux, nationaux et interrégionaux.

En effet, la richesse et la misère extrême ne cohabitent pas harmonieusement ; ce constat qui s'applique aux individus ou aux groupes sociaux vaut également pour les sociétés et pour les États. Les pays éclatant de prospérité qui redoutent les convulsions des nations faméliques feraient ainsi un sage calcul d'intérêt  en aidant ces dernières à sortir de leur misère et à étendre l'aire d'une honnête aisance dans le monde. [16] Et l'auteur d'ajouter : De manière analogue, les démocraties déjà  installées se garantiraient elles-mêmes en œuvrant plus concrètement à la disparition des gouvernements despotiques dont elles ne peuvent prévoir les réactions. [17]

Si les gouvernements de leurs pays respectifs ne veulent pas appliquer la conditionnalité démocratique, les Réseaux Diaspora africaine-ONG peuvent faire des pressions afin que celle-ci soit mise en exécution quand il faut. Il importe de noter que pour constituer des Réseaux viables et efficaces, les mouvements associatifs de la diaspora doivent se comporter en partenaires et non en assistés. De leur côté, les ONG du Nord doivent laisser tomber définitivement leur attitude paternaliste et cesser de prendre en pitié les populations africaines, car la pitié est pire que le mépris. En fait, c'est sur la base d'une solidarité nouvelle que les Réseaux doivent se constituer. Il y a solidarité lorsqu'il y a intérêt réciproque. La solidarité authentique n'implique pas “philanthropie pure” d'un bienfaiteur à l'endroit d'un indigent”, mais prise de conscience réfléchie de l'interdépendance de chacun[18]

Pour qu'émerge un Solon ou un Guézho

Jadis dans l'Ancienne Athènes, quand des oligarques, les riches propriétaires terriens pouvant réduire à l'esclavage le petit paysan qui n'avait pas réussi à payer ses dettes tout en s'octroyant un minimum de nourriture, la société athénienne se décomposait. C'est alors que survint le grand législateur Solon, qui parvint à faire comprendre aux athéniens que chacun devait faire sa part pour assurer le redressement de la cité [19]. Le roi Guézho joua un rôle similaire, au Dahomey lorsqu'il invita tous les fils du pays à boucher de leurs mains le trou de la jarre percée afin que le peuple dahoméen ne meure pas de soif.

La diaspora africaine de manière générale, et la diaspora togolaise en particulier, peut jouer à partir du “dehors” le rôle historique du grand législateur athénien Solon ou le rôle du roi dahoméen Guézho. Car au Togo et ailleurs en Afrique une oligarchie militaro-civile réduit en esclavage les populations qui subissent une dictature implacable, les effets dévastateurs du sous-développement, des Programmes d'ajustement structurel (PAS) du FMI/de la Banque mondiale et de la dévaluation  du FCFA.

On sait aussi qu'ailleurs dans l'histoire, quand le peuple venait à manquer du pain et de liberté, un Timon  (leader) émerge qui sent le besoin d'influer une “âme” à la société globale, une âme qui se manifeste sous la forme de ce sentiment de justice partagé qu'on appelle solidarité. [20] Les peuples d'Afrique en général et du Togo en particulier manquent de maïs et de liberté. Ils manquent des soins de santé élémentaires, d'accès à l'école, etc.

La  diaspora africaine et les ONG du Nord peuvent jeter entre elles le pont d'une nouvelle solidarité internationale pour que naisse un nouvel ordre mondial plus juste et que renaisse l'Afrique et/ou le Togo. Le meilleur reste à venir pour les peuples africains. Mais l'Afrique ne retrouvera Espérance que lorsque les Africains, aussi bien ceux du “dedans” que ceux du “dehors”, vont se convaincre que le seul mal qui ronge le continent noir est le manque de confiance de ses fils eux-mêmes (Michel Gaud).

Ottawa, Canada, 15 avril 2002

Alexis Ajavon



[1] Fernand Dumont, Raisons communes, Montréal, Boréal, 1995, p.11.

[2] Fernand Dumont, Raisons communes, Montréal, Boréal, 1995, p.11.

[3] Association générale de la Coopération au développement (AGCD-Belgique), “Rapport 1994 des nations unies sur le développement humain. Le PNUD et la sécurité”, in Dimension 3, No 3, juin-juillet, 1994, pp.18-19.

[4] Comi Toulabor, Paris, Karthala, 1986.

[5] Ibrahim Baba Kaké, Mémoire, Mémoire de l'Afrique. La Diaspora, Paris, ABC, 1976, p.3.

[6] C. Kolani, “En brefs, in Peuple du monde, No 281 avril 1995, cité dans GPARD, “Pour développer l'Afrique aidons sa recherche”, 1996, p.3. Miméo.

[7] Renaud de Rochebrune, “Diaspora chinoise”, in Jeune Afrique, No 1845 du 15 au 21 mai 1996, pp.36-41.

[8] Celestin Monga, Anthropologie de la colère. Société civile et démocratie en Afrique, Paris, L'Harmattan, 1994. Jean-Marc ÉLa, Afrique l'irruption des pauvres. Société contre l'ingérence, Pouvoir et Argent, Paris, L'Harmattan, 1994.

[9] Elizabeth Riddell-Dixon, “Les mouvements sociaux et les Nations Unies”, in Revue internationale des sciences sociales, No 144, juin, 1995, pp. 325-341.

[10] Elizabeth Riddell-Dixon, “Les mouvements sociaux et les Nations Unies”, in Revue internationale des sciences sociales, No 144, juin, 1995, pp. 329.

[11] Elizabeth Riddell-Dixon, “Les mouvements sociaux et les Nations Unies”, in Revue internationale des sciences sociales, No 144, juin, 1995, pp. 329.

[12] François Constantin, “Sur les modes populaires d'action diplomatique. Affaires de famille et Affaires d'État en Afrique orientale”, Revue française de science politique, volume 36, no 5, octobre 1986, p. 672.

[13] Jeune Afrique, No 1845 du 15 au 21 mai 1996, op.cit.

[14] Renaud de La Brosse, “Les immigrés, acteurs de la coopération ? le cas des immigrés de la vallée du fleuve Sénégal en France”, in Afrique 2000, No 19, octobre-novembre 1994, pp. 21-34.

[15] Voir L'actualité, 1er juin 1996, pp. 16-18, Interview de Stéphane Baillargeon avec Marc Angenot, auteur de Les idéologies du ressentiment, Montréal, Canada, 1996.

[16] Guy Hermet, Culture et démocratie, Patries, UNESCO, 1993, pp.237.

[17] Guy Hermet, Culture et démocratie, Patries, UNESCO, 1993, pp.237-238.

[18] Guy Hermet, Culture et démocratie, Patries, UNESCO, 1993, pp.237.

[19] Jacques Dufresne, “Lucien Bouchard : l'Homme de l'espoir”, in Agora, février-mars, 1996, p. 22.

[20] Jacques Dufresne, “Lucien Bouchard : l'Homme de l'espoir”, in Agora, février-mars, 1996, p. 5.



Retour au texte de l'auteur: Yao Assongba, sociologue, Université du Québec en Outaouais Dernière mise à jour de cette page le samedi 27 juin 2015 7:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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