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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Animation, participation et hydraulique villageoise en Afrique: Étude d’un exemple au Togo. (1994)
Table des matières

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Yao Assogba, avec la collaboration de Koffi R. Kékeh, Animation, participation et hydraulique villageoise en Afrique: Étude d’un exemple au Togo. Québec: Université Laval, Centre Sahel; Université du Québec à Hull; Université du Bénin à Lomé, septembre 1994, 128 pp. [Autorisation de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales accordée par l’auteur le 14 août 2008.]

[1]

Animation, participation et hydraulique villageoise
en Afrique:

Étude d’un exemple au Togo


Introduction


Depuis que l'on a constaté l'échec des grands projets et leurs effets pervers dans le Tiers-Monde, les Organisations non gouvernementales (ONG) sont devenues l'un des agents privilégiés du développement. Leurs champs d'action : les petits projets. Leur philosophie et leurs pratiques : répondre aux besoins fondamentaux des populations défavorisées des pays en développement, travailler avec la base, faire participer les bénéficiaires. Mais il semble que de façon générale les ONG ont failli dans un domaine prioritaire en Afrique, celui de l'hydraulique villageoise. Dans ce secteur de développement, les pratiques des ONG se sont inspirées jusqu'à récemment du paradigme déterministe dominant et du type de pratique participative qui en découle. Cependant, dans la foulée de la Décennie internationale de l'eau potable et de l'assainissement (DIEPA : 1980-1990), les ONG en général et celles du Canada en particulier tendent à rompre avec le paradigme déterministe puis à s'inscrire dans la perspective du paradigme interactionniste (voir cadre théorique, chapitre III du présent rapport). Le projet d'hydraulique villageoise que le CUSO (PHV-CUSO) a réalisé au Togo de 1984 à 1990 en est un bon exemple.

La nouvelle orientation que prennent les ONG en matière de développement communautaire leur pose toutefois un défi. L'étude de cas du PHV-CUSO jugé comme exemplaire de la nouvelle tendance, nous permet de mettre en relief dans ce rapport de recherche quelques indicateurs non moins importants de ce défi. Le recours au paradigme interactionniste dans un projet de développement communautaire exige de la part des intervenants qu'ils saisissent la culture du milieu d'intervention, qu'ils connaissent et tiennent compte des stratégies, des motivations et des aspirations des populations concernées. Cet effort d'appréhension de la logique des acteurs ainsi que de leur contexte social doit être une préoccupation constante des intervenants et ceci, avant, pendant, puis après le projet de développement. Qu'en est-il du PHV-CUSO ? Telle est la question principale à laquelle nous avons essayé de répondre dans cette recherche.

En fait, ce rapport est le fruit d'une recherche longitudinale commencée timidement durant l'été 1987 par une série d'entrevues que nous avons faites au Canada et au Togo avec ceux qu'il convient d'appeler les informateurs-clés dans le cadre du PHV-CUSO au Togo. Nous avons nommé bien sûr les administrateurs et les intervenants de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), du Canadian University Services Overseas (CUSO) et du Gouvernement du Togo qui ont conçu et élaboré ce projet d'hydraulique villageoise réalisé dans la région maritime du Togo. L'aide financière de l'Université du Québec à Hull (UQAH), celle du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et le soutien de l’Université du Bénin (UB) à Lomé ont permis de poursuivre la recherche de façon plus systématique durant les étés 1988, 1989, [2] 1990. En quatre ans, nous avons effectué au total douze mois d'enquête avec une moyenne de trois mois par année sur le terrain.

La réalisation de cette recherche a été pavée d'événements heureux. Nous pensons aux accueils chaleureux que nous ont toujours réservés les populations du Zio et du Yoto ; aux échanges fructueux et enrichissants eus avec elles ; aux moments agréables que les membres de l'équipe de recherche ont passés ensemble malgré les durs travaux d'enquête (marches, pistes impraticables, synthèse des travaux de la journée, etc.). Mais la présente recherche a été également pavée de difficultés. Nous pensons à des journées d'enquête-terrain annulées à cause des pluies qui rendaient les pistes du Zio et du Yoto impraticables ; puis surtout à la crise sociale et politique que connaît le Togo depuis octobre 1990, crise qui continue en ce premier trimestre de 1993. Cette crise qui a paralysé la vie sociale, politique et économique du pays a eu, il va sans dire, un impact négatif sur nos travaux de recherche : retard dans les travaux des statisticiens togolais chargés du traitement des données du sondage, impossibilité pour les chercheurs de communiquer et donc de travailler ensemble, annulation de deux séminaires prévus pour la présentation des résultats préliminaires de la recherche, etc. C'est dans ces conditions désagréables que se sont déroulées les dernières phases de nos travaux.

Fondamentale et longitudinale, la présente recherche doit être distinguée dans une certaine mesure des études d'évaluation transversales qui sont commanditées à l'occasion par l’ACDI et/ou le CUSO, puis effectuées par des consultants canadiens et/ou togolais. En effet, notre recherche ne vise pas à informer les gestionnaires du PHV-CUSO pour des prises de décision d'ordre politique ou administratif dans l'immédiat. Elle vise d'abord à mettre en lumière l'écart entre le discours et la mise en œuvre pratique d'un projet d'hydraulique villageoise considéré durant les années quatre-vingt comme ayant une valeur exemplaire dans le monde de la coopération et du développement international. Ensuite, elle vise à identifier des facteurs-clés qui expliquent cet écart. Enfin, elle vise à essayer de montrer comment on peut tenir compte de ces facteurs pour assurer dans l'avenir la réussite des PHV en Afrique ou ailleurs dans le Tiers-Monde.

Nous croyons que cette recherche a atteint dans une large mesure ses objectifs. En effet, elle a donné lieu durant sa longue réalisation à des analyses et à des publications d'articles scientifiques qui ont contribué à l'avancement des réflexions ou des connaissances sur les PHV (voir bibliographie). Elle a été à l'origine de l'élaboration et de la mise en œuvre d'un cours intitulé Développement communautaire comparé [1] qui est enseigné depuis 1989 dans le cadre du [3] programme de travail social de l’Université du Québec à Hull. Les intervenants du CUSO ont tiré des leçons des résultats de nos travaux de recherche pour orienter les activités d'un PHV mis en œuvre au Nigeria à partir de 1990. [2]

Le présent rapport n'est en réalité que la synthèse générale des éléments conceptuels, théoriques, méthodologiques et des résultats de cette recherche longitudinale. Il comprend six chapitres. Les trois premiers chapitres sont respectivement consacrés à une description générale des problèmes de l'eau en Afrique au sud du Sahara (Chapitre I), à la présentation spatio-temporelle du PHV-CUSO (Chapitre II) et à la définition de l'objet et de l'orientation théorique de la recherche (Chapitre III). Les trois derniers chapitres présentent respectivement la méthodologie (Chapitre IV), l'analyse quantitative (Chapitre V) et l'analyse qualitative (Chapitre VI) des données de la recherche. Enfin, la conclusion de l'étude fait un résumé succinct de ce qui se dégage des résultats et propose en substance une stratégie pour une intervention plus efficace dans le secteur de l'hydraulique villageoise en Afrique en général et au Togo en particulier. Si cette étude contribue tant soit peu à faire avancer les connaissances dans le secteur de l'hydraulique villageoise, mais aussi et surtout à inspirer des politiques nationales et internationales (plus démocratiques) d'approvisionnement en eau potable et d'assainissement dans les zones rurales d'Afrique, nous aurons atteint notre but principal.



[1] Le cours se donne en « Team Teaching » par les professeurs Yao Assogba et Louis Favreau. On y fait une analyse sociologique comparative du développement communautaire en Afrique, en Amérique latine au Québec.

[2] Voir UniMonde. Vol. 1, No 2, Automne 1991, pp. 14-15.



Retour au texte de l'auteur: Yao Assongba, sociologue, Université du Québec en Outaouais Dernière mise à jour de cette page le jeudi 26 septembre 2013 9:56
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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