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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Rachad Antonius, “Un racisme «respectable»”. Un article publié l’ouvrage sous la direction de Jean Renaud, Linda Pietrantonio et Guy Bourgeault, Les relations ethniques en question. Ce qui a changé depuis le 11 septembre 2001, pp. 253-271. Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal, 2002, 281 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 8 mai 2008 de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.]

Rachad Antonius 

Un racisme «respectable»”. * 

Un article publié l’ouvrage sous la direction de Jean Renaud, Linda Pietrantonio et Guy Bourgeault, Les relations ethniques en question. Ce qui a changé depuis le 11 septembre 2001, pp. 253-271. Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal, 2002, 281 pp.

Introduction
 
Sociologie d’un racisme «respectable»
Le déni de rationalité
L’objet du discours raciste
Deux catégories de discours
La spécificité du discours raciste contre les Palestiniens
Les manifestations du discours raciste à l’endroit des Palestiniens
La notion de respectabilité
Les processus intellectuels qui produisent ce racisme
 
1.  Distorsion des faits
2.  Négationnisme sélectif
 
Conclusions

 

Introduction 

 

« Il n'existe aucune cause aux attentats de mardi dernier, il n'y a que de pauvres victimes et de sales meurtriers. […]. Inutile de chercher une logique, une séquence raisonnable à l'événement. Celui-ci s'enracine dans la haine et débouche sur l'«ab-sens» » [1].

 

 

Cette citation est typique des réactions qui ont suivi les événements du 11 septembre, où les notions de haine et de folie revenaient souvent comme seul cadre explicatif de la tragédie. Les motivations attribuées à ses auteurs présumés ont vite débouché sur des caractérisations racistes de l’ensemble des Arabes et des Musulmans, érigés en « autre » absolu. Nous proposons ici quelques remarques critiques sur le processus de représentation de cet «autre» qui a suivi ces événements, processus que nous éclairerons à l’aide du concept de racisme «respectable» que nous introduisons dans ce texte. 

Le discours scientifique sur l’ethnicité est conditionné tant par les dynamiques productrices d’identification ethnique, que par les paradigmes utilisés pour observer et analyser ces dynamiques. Sur ces deux plans, les événements du 11 septembre et les réactions qui les ont suivis ont révélé et exacerbé des tendances existantes avant cette date. Il faut comprendre comment ces tendances se manifestaient pour comprendre pourquoi ce sont ces tendances-là qui ont pris le dessus après le 11 septembre. Nous en tirerons des conclusions concernant les paradigmes utilisés dans l’étude de l’ethnicité, et la nécessité d’y introduire certaines dimensions trop souvent négligées. Le conflit en Palestine sera notre centre d’attention à cause de son rôle central dans l’émergence du phénomène que nous voulons décrire. Nous montrerons pourquoi les représentations des Arabes et des Musulmans qui se sont formées en rapport avec ce conflit sont en lien étroit avec celles qui se sont formées suite aux événements du 11 septembre.

 

Sociologie d’un racisme « respectable »

 

Nous utiliserons la notion de racisme respectable pour qualifier des discours et des pratiques qui seraient certainement qualifiés de racistes en fonction de n’importe quelle définition raisonnable du racisme, mais qui ne sont pas perçus comme tels par les courants politiques et intellectuels dominants, et qui au contraire sont propagés par des acteurs qui se réclament de la plus haute moralité politique. 

Cette notion de respectabilité est fondamentale pour comprendre les manifestations de ce discours raciste et ses conséquences sur les dynamiques d’identification ethnique en Amérique du Nord. Les contours de son objet sont quelque peu flous : tantôt il vise les musulmans, tantôt les Arabes, et tantôt les Palestiniens, et à l’occasion il confond ces groupes entre eux. Sa logique, sa justification et sa dynamique découlent de dynamiques et de processus qui se jouent au niveau international. Et surtout, il n’est pas perçu comme tel, ou, quand il est perçu, il n’est pas nommé, et cet aspect du phénomène en est un aspect constituant. Soulignons aussi que notre analyse se centre sur le discours et non pas sur les pratiques. Le discours peut donner lieu à des pratiques racistes, mais ceci n’est pas l’objet de cette étude. 

Les représentations des Arabes et des Musulmans qui ont émergé depuis le 11 septembre ne peuvent être uniquement le résultat de la couverture médiatique de ces événements. Elles se rattachent à des tendances à plus long terme qui résultent de la représentation dominante du conflit israélo-palestininen, puisque c’est surtout à travers ce conflit que les élites politiques et le grand public en Occident perçoivent la région et les sociétés arabes et musulmanes [2]. Le lien entre les représentations qui ont suivi le 11 septembre et les tendances à plus long terme est assuré par un élément qui est fondamental pour la structuration du discours raciste à l’endroit des Arabes et des Musulmans : c’est le déni de leur rationalité [3]. Nous allons examiner cette idée de plus près.

 

Le déni de rationalité

 

Nous identifions les étapes suivantes dans la structuration interne du discours raciste sur les Arabes (ou les musulmans, ou les Palestiniens). 

1.  Le point de départ, c’est une information sur les sociétés arabes et musulmanes tronquée d’un de ses éléments les plus importants: l’effet désastreux des politiques américaines pour ces peuples, en particulier en ce qui concerne l’appui américain aux politiques israéliennes, et les violations majeures de leurs droits qui en découlent. Viennent ensuite les étapes suivantes : 

2.  la mise en évidence, de façon sélective, de la colère face aux résultats de ces politiques ;

3.  l’explication de cette colère par la haine (puisque les causes réelles sont occultées) ;

4.  l’explication de cette haine par la culture ou la religion ;

5.  l’émergence, en conséquence, d’une représentation stéréotypée des peuples concernés et la généralisation conséquente des caractéristiques négatives de ces stéréotypes à ceux et celles qui partagent cette culture ou cette religion.

 

Structuré ainsi, ce discours s’appuie sur une logique interne cohérente qui résiste aux critiques des prémisses sur lequel il est fondé. Car pour être possible, cette critique nécessite une grande familiarité avec les données empiriques du conflit israélo-palestinien, puisque ces données sont occultées en dehors des cercles spécialisés. La démonstration du caractère raciste de ce discours ainsi que la démonstration de sa respectabilité vont donc nécessairement passer par une discussion des faits empiriques sur lesquels il se fonde. On ne pourra donc pas faire l’économie d’une référence, ne serait-ce que brève, aux faits empiriques du conflit. 

Quels que soient les auteurs réels des attentats du 11 septembre, ces attentats ont été attribués dès les premières minutes du drame à des réseaux clandestins islamiques ou arabes animés par la haine, ou encore par la folie, c’est-à-dire par des sentiments irrationnels plutôt que par une pensée qui est le résultat d’une analyse politique [4]. Pour que l’explication par la haine soit crédible, une condition est nécessaire : que d’autres explications aient été écartées. Nous illustrerons plus loin les processus par lesquels ces autres explications sont écartées. Notons en attendant que l’explication des motivations des auteurs par la haine pave la voix à un discours raciste. Car l’antagonisme envers les politiques américaines est ressenti et exprimé par de larges secteurs dans les sociétés arabes et musulmanes, et la perception de cet antagonisme est amplifiée par une couverture médiatique qui a tendance à le mettre en évidence au détriment d’autres aspects de la relation entre ces sociétés et l’Occident. Devant la prédominance de ces images, il devient possible d’expliquer la haine – présentée comme l’explication des attitudes antagonistes – non plus par des caractéristiques psychopathiques individuelles, mais par ce qui est commun à ces milliers ou à ces millions de manifestants que l’on nous montre à la télévision, ou à ces centaines d’adolescents palestiniens qui lancent des pierres : la culture ou la religion. Si c’est la culture qui est la source de la haine, on peut donc présumer que tous ceux et celles qui partagent cette culture partagent aussi la même haine de l’Occident, et il en va de même pour la religion. L’assignation de l’identité ‘arabe’ ou ‘musulmane’ aux individus qui viennent de ces régions est tributaire de ces processus. Voilà donc la mise en place d’un puissant facteur qui prend sa source dans un espace global, et qui va se répercuter au niveau local et même au niveau du quotidien, en renforçant les processus d’assignation, et donc les clivages ethniques en Amérique du Nord. Toutes les précautions linguistiques qui seront prises par la suite par les dirigeants américains pour ne pas faire d’amalgames tomberont à plat, car l’amalgame est inscrit dans la négation de la rationalité aux auteurs présumés de l’attaque du 11 septembre et dans leur représentativité réelle ou supposée.

 

L’objet du discours raciste

 

Le discours fondé sur le déni de rationalité des auteurs présumés des événements du 11 septembre nous amène à faire le lien avec les représentations du conflit israélo-palestinien. En effet les schèmes dominants d’interprétation de ces événements se sont appuyés sur les représentations des Palestiniens, des Arabes et des Musulmans qui étaient déjà dominantes avant le 11 septembre, et qui se sont formées essentiellement en rapport avec le conflit israélo-palestinien. Nous devons donc analyser le discours qui a pour objet premier les Palestiniens et les Palestiniennes. Nous avons indiqué au paragraphe précédent comment le déni de rationalité des auteurs des attentats, étant expliqué par la culture ou la religion, a pour conséquence que les représentations négatives débordent nécessairement leur objet premier, et visent soit les Arabes dans leur ensemble, soit les Musulmans dans leur ensemble. En ceci, elles convergent vers les représentations découlant des perceptions qu’on se fait des Palestiniens. Ce débordement n’est donc pas une erreur, mais il est inscrit dans la logique même qui fonde le discours raciste, dont la négation de la rationalité est le fondement. Mais ce sont les enjeux entourant le conflit israélo-palestinien qui donnent à ce discours son impulsion, son orientation, et sa cohérence interne, comme nous allons le montrer.

 

Deux catégories de discours

 

Nous identifions deux catégories dans le discours dominant sur les Palestiniens en Amérique du Nord, outre les tendances qui sont présentes mais qui ne sont pas dominantes [5]. Il existe un discours qui est ouvertement raciste, et nous en donnerons des exemples. Mais il existe aussi un discours qui n’est pas ouvertement raciste, et qui se veut même objectif et tolérant, mais qui pave la voie au discours raciste, qui le prépare, qui le justifie, qui le défend, qui le rend légitime, et qui, ultimement, lui confère cette respectabilité qui est au centre de notre analyse. C’est ce deuxième discours qui nous intéresse. 

Nous illustrerons les deux discours. Le premier pour démontrer qu’il existe bel et bien, et pas seulement dans les repères de l’extrême-droite, mais aussi dans des tendances politiques qui sont qualifiées de modérées ou de libérales, et le deuxième pour montrer comment il contribue activement à la respectabilité du premier.

 

La spécificité du discours raciste
contre les Palestiniens

 

Albert Memmi a écrit que "Le racisme est la valorisation, généralisée et définitive de différences, réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression ou des privilèges" [6]. Les privilèges qu’il faut légitimer dans le discours actuel sur les Palestiniens, c’est le contrôle des 22% qui restent de la Palestine, c’est-à-dire la Cisjordanie et la Bande de Gaza, que la communauté internationale n’a pas reconnue comme faisant partie d’Israël [7]. L’enjeu de ce rapport de domination est donc un ensemble de privilèges que le groupe dominant veut légitimer au détriment des victimes, privilèges liés au contrôle du territoire palestinien. En cela, le discours raciste sur les Palestiniens ressemble à tous les discours du même type. Cependant, un élément important distingue ce racisme des autres racismes qu’on est habitué à analyser. 

Dans les sociétés plurielles d’Europe et d’Amérique du Nord, le groupe dont les privilèges sont défendus par le discours raciste est relativement restreint et bien déterminé, et tous les ‘autres’ sont exclus. Par exemple, le groupe privilégiés peut être les « Français de souche », ou les Européens. Les autres, les exclus, étaient généralement les immigrants (sauf dans l’anti-sémitisme, où les victimes du racisme ne sont pas des immigrants, mais des citoyens présentés comme ‘autres’ à cause de leur religion). Dans le cas de la Palestine, c’est un peu le contraire. Ce sont les immigrants (les Juifs européens dans un premier temps, et du monde entier par la suite) qui ont exclu les autochtones (les Palestiniens), un processus contemporain qui ressemble à certains égards aux conquêtes du nouveau monde il y a trois siècles. Le discours raciste se structure donc différemment : il ne s’agit plus de dévaloriser tous ceux qui sont différents, mais plutôt de dévaloriser un groupe particulier, les autochtones dont on convoite la terre. Dans le cas des sociétés occidentales le groupe valorisé est bien déterminé, et le groupe exclu est composé de tous le ‘autres’. Dans le cas de la Palestine, le groupe valorisé peut provenir du monde entier, de cultures diverses (mais d’une seule religion), et même avoir des couleurs de peau variées (pensez aux Falashas) mais le groupe exclu consiste en un groupe spécifique, les habitants autochtones de la terre convoitée, c’est-à-dire les Palestiniens. Ce racisme ciblé peut donc se combiner avec une valorisation de la différence, avec une grande ouverture envers toutes les cultures qui ne sont pas un obstacle à ce projet colonial précis, et avec un discours en faveur de la tolérance qui est mis de l’avant dans les sociétés occidentales mais qui disparaît dès qu’on parle des Palestiniens. On peut observer alors le phénomène bizarre d’un ‘anti-racisme sélectif’, soit des individus et des institutions qui militent contre le racisme dans les pays d’immigration récente, qui font des alliances anti-racistes avec les exclus des pays d’immigration, mais qui appuient l’exclusion et la dépossession des Palestiniens de leur terre. Ainsi, certains individus vont militer contre toutes les formes de discrimination ici même au Canada et vont prendre des positions de leadership dans la lutte pour l’égalité, mais vont déclarer publiquement que donner aux Palestiniens nés à Jérusalem ou à Haifa les mêmes droits que les Israéliens juifs nés à Montréal et immigrés en Israël est un euphémisme pour la destruction d’Israël et que cette demande constitue un appel au génocide contre les juifs !! On peut résumer cette situation de façon sans doute trop schématique en disant que dans les discours racistes habituellement étudiés, l’inclusion est spécifique et l’exclusion universelle, alors que dans le cas du racisme anti-palestinien, l’inclusion est (presque) universelle, et l’exclusion spécifique (avec les contours flous dont nous avons parlé plus haut). Cet élément contribue grandement à la ‘respectabilité’ du racisme que nous analysons.

 

Les manifestations du discours raciste
à l’endroit des Palestiniens

 

Le discours ouvertement raciste se retrouve d’abord dans les milieux de la droite israélienne, et il est d’ailleurs vertement dénoncé par une partie de la gauche en Israël. Mais en Amérique du Nord, il se retrouve dans les courants qui ne sont pas perçus comme étant marginaux ou extrémistes. Dans un éditorial publié au beau milieu de la guerre contre les civils Palestiniens [8], par exemple, la chaîne Southam écrivait : 

‘Why can’t some Muslims agree that killing innocent non-Muslims is unacceptable ? Part of the problem lies with Muslim civilization itself’. Et plus loin : ‘But even by the barbaric standards of the Arab Middle East, Yasser Arafat and the Palestinian terrorist organizations that operate freely under his wit have hit new lows’ (c’est l’auteur qui souligne). 

Pour vérifier le degré de racisme de ces énoncés, considérez l’énoncé hypothétique suivant : 

“Why can’t some Jews agree that killing innocent non-Jews is unacceptable ? Part of the problem lies with Jewish civilization itself. Even by the barbaric standards of the Jewish West, Ariel Sharon and the Israeli terrorist army that operates under his wit have hit new lows’. 

Cette phrase aurait été considérée avec raison comme étant anti-sémite, et aurait peut-être même mérité à l’éditorialiste un blâme outré à l’Assemblée Nationale. Mais avec les mots arabe et musulman, son impact émotif est différent. Elle serait sans doute considérée ‘biaisée’ par beaucoup de lecteurs, mais pas raciste, et elle serait défendue sous couvert de la liberté d’expression. 

Le même éditorial explique ensuite que les Palestiniens envoient leurs enfants devant les soldats israéliens dans le but de fournir à la chaine de télévision Al Jazeera une flot continu de sang… Il accuse aussi ‘les Palestiniens’ (dans toute la généralité du terme) d’avoir tué délibérément Muhammad Al Durra dans le seul but d’incriminer Israël. Muhammad Al Durra est cet enfant palestinien que toutes les télévisions du monde on montré pendant que des soldats israéliens lui tiraient dessus alors qu’il tentait de se protéger dans les bras de son père au pied d’un mur, et qui est mort pour ainsi dire en direct. 

Une caricature du Philadelpha Enquirer du 4 avril 2002 va même plus loin, prétendant que ce sont des enfants qu’on transforme en bombes humaines. 

 

Même discours au Comité Canada-Israël, dont le président, Joseph Wilder, rapportait, ainsi sa rencontre avec le Premier Ministre, M. Jean Chrétien, en présence du B’nai Brith qui se définit comme une organisation des droits de la personne : « I went on to talk about how Arafat insidiously uses children. I told him that Arafat's bullets are stronger than the Israeli bullets because his bullets are the children » [9]. Qualifiés de ‘balles plus fortes que les balles israéliennes’, les enfants palestiniens deviennent dès lors des cibles légitimes. 

Ces caractérisations ne sont pas le résultat de l’ignorance où des préjugés, mais elles ont une fonction : légitimer la guerre contre les Palestiniens en vue de leur dépossession, maintenant qu’on les a tous décrit, incluant les enfants, comme des terroristes. Elles donnent d’ailleurs lieu à un discours qui prône ouvertement et directement la violence contre les civils palestiniens. Ainsi, M. Daniel Pipes dont les chroniques sont reprises régulièrement par de grands journaux canadiens et américains écrit : 

'If Israel truly wants to end its problem with the Palestinians, it must adopt the opposite approach: Convince Palestinians not of its niceness but its toughness. This means not replanting Arab olive trees but punishing violence so hard its enemies will eventually feel so deep a sense of futility they will despair of further conflict.' 

Une autre chroniqueuse très publiée, Linda Chavez, écrit : 

‘Israel must be allowed to defend itself - and if that means a full-scale assault on the West Bank and Gaza, so be it’ [10]. 

Ces appels à la violence contre les civils palestiniens ne sont pas ceux d’intellectuels isolés dans leur tour d’ivoire, mais sont repris par la plus importante chaîne de journaux au pays et transformés en politique éditoriale. L’éditorial de Southam News cité plus haut déclare simplement que des terroristes armés se cachent dans chaque ambulance, ce qui justifie leur destruction, même quand elles transportent des patients. Cette tendance des Palestiniens d’utiliser leurs propres enfants par méchanceté envers les Juifs est ainsi expliquée par Barbara Amiel : 

‘But the Arab countries take a somewhat different view of life on this Earth from that of the West. Arab culture appears to put the glory of the tribe or Allah before the individual's suffering or happiness [11]. 

On a donc un cas d’école pour illustrer la définition de Memmi : une valorisation de la différence pour légitimer une agression et des privilèges. Ici l’appel à la violence se double d’une falsification des faits : depuis le début des pourparlers d’Oslo, Israël a détruit des milliers d’oliviers centenaires appartenant à des Palestiniens, et n’a pas replanté des oliviers, pour faire la place à des autoroutes réservées exclusivement aux colons juifs ainsi que pour élargir des colonies existantes. Ces oliviers mettent des dizaines d’années à atteindre leur pleine maturité productive. 

De nombreux exemples de ce type se retrouvent dans la presse nord-américaine, mais nous n’en ferons pas l’inventaire ici. Ce que nous voulons souligner, ce n’est pas simplement l’existence de ce discours, car il y a des discours similaires de la part de groupes suprémacistes ou antisémites, et ces discours sont dénoncés et marginalisés. À l’inverse, le discours raciste contre les Palestiniens, les Musulmans ou les Arabes dans la presse nord-américaine provient de groupes et d’individus qui sont au cœur des élites politiques. Il n’est pas marginal. Il est banal. Il est politiquement correct. Il est respectable.

 

La notion de respectabilité

 

La plus importante manifestation de la ‘respectabilité’ de ce discours raciste, c’est qu’il n’est pas perçu comme raciste. Il est perçu comme une description exacte de la réalité. Quand Norman Webster (ancien président de l’Institut Nord-Sud, et ancien rédacteur en chef de The Gazette), Barbara Amiel (chroniqueuse imposée au MacLean et à tous les journaux qui appartenaient à Conrad Black), Marcus Gee (chroniqueur régulier au Globe and Mail), Tommy Schnurmacher (chroniqueur à The Gazette et hôte d’une émission de radio populaire) et d’autres disent que les Arabes sont violents et animés par la haine [12], ils n’ont pas l’impression de faire des déclarations racistes mais de décrire la réalité [13], de la même façon qu’un certain discours raciste affirmait il n’y a pas si longtemps que les noirs sont inférieurs et moins intelligents que les blancs. Surtout, ils n’ont pas à rendre de comptes à qui que ce soit pour ces déclarations et n’ont pas besoin de les prouver : elles sont considérées comme évidentes. Ce n’est pas un impair de dire que les Arabes sont tous assoiffés de sang (le terme ‘bloodlusting’ a été utilisé par plusieurs chroniqueurs pour décrire les Arabes en général). On peut faire ces affirmations ouvertement racistes tout en maintenant une façade de haute moralité politique [14]. L’arrogance avec laquelle ces affirmations racistes sont faites témoigne aussi du sentiment profond de rectitude morale de ceux et celles qui les font, qui ne sentent pas qu’ils violent des normes morales quand ils parlent ainsi des Palestiniens et des Palestiniennes. Cela, c’est aussi une manifestation de la respectabilité de ce racisme. 

Une chaîne de journaux puissante peut écrire de telles affirmations qui, si elles étaient faites envers d’autres groupes ethniques, auraient probablement causé des tollés de protestation, et pas seulement de la part des groupes visés, mais des associations de droits, des groupes anti-racistes, etc. Dans le cas des Arabes et des musulmans, personne ne proteste hors les groupes directement concernés [15]. C’est ce qu’on a pas besoin de prouver. C’est ce qu’un conférencier, une animatrice de radio, ou un politicien peuvent dire sans avoir à le démontrer et sans se faire questionner par leurs supérieurs. Pour utiliser une métaphore informatique, on dirait que l’explication par la haine est ce qu’on suppose par défaut, quand on a pas d’informations contraires. 

Pour que cela soit possible, il faut que l’agression dont parle Memmi dans sa définition ne soit pas perçue comme une agression. Il faut qu’elle soit perçue comme une auto-défense. Il faut aussi que les privilèges dont parle Memmi ne soient pas perçus comme des privilèges, mais comme des droits qui reviennent légitimement au groupe privilégié, et auxquels les exclus n’ont pas droit. L’établissement de ces deux éléments ne nécessite pas le recours à un discours explicitement raciste, mais implique une falsification des données empiriques dans un sens qui légitime les privilèges du groupe dominant. Tout un discours peut donc se mettre en place pour rendre légitime l’agression et les privilèges dont parle Memmi, contribuant ainsi à la respectabilité du discours raciste qui n’apparaît plus comme tel. Ce discours là n’est pas un discours raciste : c’est une représentation des données empiriques, mais une représentation suffisamment falsifiée pour que le discours raciste apparaisse comme crédible. Cela aussi est un aspect de la respectabilité. 

La respectabilité se manifeste aussi par le fait que les porteurs de ce discours occupent des positions importantes parmi les élites politiques, économiques et intellectuelles du pays. Ce discours acquiert alors la respectabilité conférée par le pouvoir de ceux et celles qui l’adoptent. 

La respectabilité du discours raciste se manifeste enfin par le fait que les représentations empiriques sur lesquelles il se fonde deviennent dominantes. Dans le cas du conflit Palestinien, ces représentations sont fondées sur l’explication du conflit par la haine plutôt que par les politiques de dépossession des Palestiniens. La section Proche-Orient du site web de Radio-Canada, par exemple, porte le titre : La spirale de la haine. [16] 

Contester ces affirmations peut être très coûteux professionnellement parce qu’on est accusé de ‘défendre les terroristes’ et on s’expose alors à une campagne de salissage [17].

 

Les processus intellectuels
qui produisent ce racisme

 

Pour que de tels discours soient possibles, il faut que la représentation sociale qu’on se fait du conflit les autorise. La prémisse de départ de notre analyse est que la représentation du conflit est faussée dans le discours dominant. Nous consacrerons cette section du texte à établir cette prémisse. Cela suppose à la fois des mécanismes politiques de contrôle de ce qui se dit dans les média [18] et sur ce que les politiciens peuvent dire sans se faire huer et sans risquer de perdre leurs élections, et des processus intellectuels qui permettent d’interpréter la réalité dans un sens qui rend ces discours ‘respectables’. En analysant ces processus intellectuels, nous ne parlerons pas des rapports de pouvoir qui font qu’un individu a peur de dire quelque chose qu’il ou elle voudrait dire. Nous voulons analyser les cas où des gens se veulent objectifs, sont convaincus qu’ils le sont, mais préparent en même temps le racisme ouvert des autres. C’est ce discours là qu’il nous semble intéressant d’analyser. Compte tenu des limitations d’espace, nous proposerons ici des illustrations partielles de ce processus. [19]

 

i. Distorsion des faits

 

Comme il a été dit plus tôt, le fondement de tout ce discours, c’est au départ une distorsion des faits. Illustrons cela par un exemple. Nous avons entrepris une analyse de contenu des éditoriaux de certains grands journaux canadiens sur la situation au Proche-Orient [20]. Un des résultats préliminaires de notre enquête concerne les éditoriaux de The Gazette (Montréal) publiés entre avril 2000 et mars 2001 sur tout ce qui touche Israël et la Palestine. Le mot ‘occupation’ ou ‘occupé’ n’apparaît que 7 fois en un an: 4 fois pour parler du Liban, 1 fois pour parler du Koweit, et deux fois pour parler des territoires Palestiniens. De ces deux fois, une phrase affirme qu’on peut comprendre que les Palestiniens veuillent mettre fin à l’occupation, et l’autre pour dire qu’Israël pourrait annexer les territoires occupés en représailles à la déclaration d’un État Palestinien. Mais la notion de politiques d’occupation militaire des territoires palestiniens n’y figure aucune fois durant l’année complète et ne fait absolument pas partie du schème d’analyse. Pourtant ces politiques forment un volet important de la stratégie israélienne et elles constituent le nœud du problème [21]. En faisant comme si elles n’existaient pas, le problème est réduit à une dimension psychologique : les Palestiniens luttent contre Israël parce qu’ils n’aiment pas les juifs, et Israël occupe le territoire palestinien uniquement pour se protéger et garantir sa sécurité. Même si le fait d’ignorer les politiques d’occupation militaire et civile du territoires palestinien n’est pas en soi raciste, il propage une représentation du conflit sur la base de laquelle le discours raciste peut apparaître comme crédible. Cette omission contribue de façon fondamentale à la respectabilité de ce discours. Il en va de même pour les points suivants. 

Un autre élément de distorsion des faits, ce sont les termes utilisés pour parler du conflit. Selon le journaliste Robert Fisk [22], l’un des observateurs les plus informés sur la situation du Proche-Orient, la chaîne CNN a donné elle aussi des instructions très strictes à ses journalistes : les colonies de peuplement autour de Jérusalem, construites sur des terres confisquées aux Palestiniens en violation de la Convention de Genève, ne doivent pas être appelées ‘colonies’ mais ‘quartiers juifs’. Une circulaire en ce sens émanant du siège social à Atlanta était très claire : "We refer to Gilo as 'a Jewish neighbourhood on the outskirts of Jerusalem, built on land occupied by Israel in 1967. We don't refer to it as a settlement.'' De plus un des correspondants de CNN aurait déclaré à Robert Fisk : “But now there's pressure on us not to use the word 'settler' in any context - but to just refer to the settlers as 'Israelis'." [23] Il ne faut pas sous-estimer l’importance de ce détail technique dans la représentation des Palestiniens : si Gilo est un quartier juif ordinaire d’Israël, les pierres que lancent les jeunes palestiniens contre ses résidents deviennent l’expression de la haine qu’ils ressentent envers les Juifs et de leur désir de détruire Israël et de jeter les Juifs à la mer, théorie répétée par des citoyens instruits et même par des directeurs de départements de sciences humaines dans les pages du Devoir  [24]. Alors que s’il s’agit d’une colonie construite sur des terres confisquées, elle constitue une violation de la IVe Convention de Genève, et l’attitude exprimée par les Palestiniens prend un tout autre sens. Il faut souligner que Gilo a été construite sur des terres palestiniennes pendant qu’on négociait la paix dans le cadre des Accords d’Oslo, et après la signature de ces accords …

 

Négationnisme sélectif

 

Un des aspects de la falsification de l’histoire, c’est la négation de l’expulsion violente des Palestiniens de leurs terres en 1947-48, négation qui va jusqu’à la négation entière de leur existence comme peuple. Outre la fameuse déclaration de Golda Meir (« There is no such thing as a Palestinian people ») de 1967, on peut citer l’exemple du livre de Joan Peters [25] dont l’auteure a été invitée avec tous les honneurs dans plusieurs universités montréalaises et même au Parlement du Canada, et qui dit simplement que les Palestiniens n’existent pas et n’ont jamais existé en tant que peuple : il s’agit selon elle d’Arabes des pays avoisinants qui sont venus en Palestine pour profiter des réalisations économiques des immigrants juifs… Pendant deux ans, le livre a reçu une excellente couverture médiatique, et il a été utilisé dans des cours sur le Proche-Orient dans des universités américaines et canadiennes. Ses critiques, qui démontraient les falsifications systématiques du livre, étaient traités d’antisémites ou de ‘self-hating Jews’, jusqu’à ce qu’un historien israélien senior, Yehoshua Porath, écrive dans le New York Times que ce livre était une fraude monumentale (a ‘hoax’). Le livre incluait des citations de documents historiques où les phrases avaient été modifiées sciemment pour leur faire dire le contraire de ce qu’elles disaient. Là encore, ce qui est significatif ce n’est pas l’existence de ces procédés de falsification, c’est leur respectabilité : le livre avait été endossé, sur sa page couverture, par des personnalités publiques telles que Elie Wiesel, par plusieurs historiens, et par le directeur du US Census Bureau qui avait pris la peine d’écrire une note méthodologique de deux pages pour dire combien le livre était rigoureux. L’importance de ce livre et des publications similaires est cruciale : si les Palestiniens n’ont jamais existé sur la terre de Palestine, leur revendications ne peuvent être expliquées que par la haine des Juifs. La négation du fait historique s’inscrit dans une stratégie de domination et n’est pas le résultat aléatoire des lubies d’une écrivaine. 

 

Conclusions

 

Nous pouvons résumer les points les plus importants que nous avons présentés de la façon suivante : 

1.  Il existe un discours ouvertement raciste qui vise les Palestiniens.

2.  L’enjeu de ce discours, c’est le contrôle des 22 % de la Palestine historique, que la communauté internationale ne reconnaît pas comme étant territoire israélien.

3.  Ce racisme a acquis une certaine ‘respectabilité’ en Amérique du Nord, ce qui rend son étude plus difficile.

4.  L’étude de ce racisme nécessite des paradigmes spécifiques, car il se conjugue avec un discours de tolérance et d’ouverture très sélectives envers tous les groupes qui ne sont pas un obstacle à la réalisation de l’enjeu de la relation de domination qui le fonde, ce qui contribue à sa ‘respectabilité’.

5.  Ce discours n’est pas marginal, et il est repris par des individus et des institutions qui sont au cœur des élites politiques, économiques ou intellectuelles en Amérique du Nord, ce qui constitue un aspect de sa ‘respectabilité’.

6.  Le premier aspect de cette respectabilité est que le racisme de ce discours n’est pas reconnu pour ce qu’il est.

7.  Pour maintenir un caractère de respectabilité, ce discours requiert un autre discours, pas nécessairement raciste, qui le prépare et le justifie. Les processus intellectuels par lesquels cette respectabilité se construit ont été ébauchés ici mais nécessitent une élaboration plus approfondie.

8.  Le déni de rationalité est un des processus fondamentaux de ce discours, et il entraîne un débordement de l’objet du discours raciste pour inclure l’ensemble des Arabes ou des musulmans. Car si la domination est niée, le refus de cette domination ne s’explique que par la haine, elle-même résultant de la culture ou de la religion, ce qui ouvre la voie aux généralisations à l’ensemble des Arabes ou des musulmans.

9.  Les phénomènes d’assignation et d’adhésion à l’identité ethnique qui résultent de cette situation mettent en jeu des transferts de statut (dominant/dominé) à travers l’espace et le temps, dimensions qui n’ont pas été explorées ici.

 

Plusieurs questions concernant l’étude de l’ethnicité restent à creuser dans cette approche. AU niveau théorique, les phénomènes décrits mettent en rapport des processus qui se déroulent à des niveaux géographiques différents, et dans des espaces différents, et qui se déroulent sur des longueurs de temps différentes. La façon d’intégrer de façon organique le temps et l’espace dans les processus d’assignation et d’adhésion à l’identité ethnique reste à développer. 

Les processus par lesquels un certain discours raciste acquiert sa respectabilité méritent aussi d’être étudiés, et nous n’avons fait que les évoquer. Mais cette étude reste un terrain miné car les groupes dominants dans le rapport que nous avons analysé sont étroitement apparentés aux victimes de l’antisémitisme, qui est loin d’avoir été éradiqué. L’étude de rapports de domination où l’un des groupes dominants est issu de groupes qui étaient dominés il n’y a pas si longtemps pose donc des problèmes à la fois théoriques et politiques qui nécessitent de grandes précautions dans l’analyse, une grande rigueur, et une attention aux sensibilités des divers acteurs. Par ailleurs, ces analyses doivent être faites sans complaisance si le but est de comprendre les dynamiques productrices de clivages ethniques. Nous espérons que les problématiques soulevées ici vont permettre un débat approfondi sur ces questions, et que ce débat saura éviter les démonisations mutuelles si faciles dans le climat de conflit aigu à travers lequel passe la région du Proche-Orient. 

Montréal, 6 avril 2002.


*    Ce texte constitue une partie d’un travail de longue haleine sur la notion de ‘racisme respectable’.

[1]    Jocelyn Létourneau, Titulaire de la chaire de recherche du Canada en histoire et économie politique du Québec contemporain, Université Laval, Le Devoir, 15 septembre 2001.

[2]    Ce dernier point a été exploré dans R.Antonius, L'information internationale et les groupes ethniques : Le cas des Arabes, Revue canadienne d’études ethniques, vol XVIII nº2, 1986, ainsi que dans Catégories politiques, groupes ethniques et distorsion des faits dans le discours sur les Arabes, communication présentée au Colloque annuel de l'ACSALF 1988, Moncton (manuscrit, 1988).

[3]    Ce terme a été suggéré par Naïma Bendris lors de discussions sur les représentations sociales des Arabes. Mme Bendris a aussi noté l’importance des représentations bestiales des Arabes dans ce discours raciste.

[4]    Rappelons qu’on a pas déterminé avec certitude qui sont les auteurs de la tragédie du 11 septembre, et si il y a eu ou non implication et dérapage de la part des divers services secrets qui ont manipulé dans le passé les réseaux tels que celui d’Al Qa’ïda. Même si beaucoup de signes pointent vers des réseaux clandestins violents qui se réclament de l’Islam, plusieurs questions fondamentales pour la compréhension des événements restent sans réponse et interdisent de nommer les auteurs avec certitude.

[5]    Le discours sur ces questions en Europe diffère de façon qualitative. Celui que nous analysons est avant tout celui qui est dominant aux États-Unis, et dans une moindre mesure au Canada y compris au Québec, avec la précision que dans les média francophones et parmi l’élite politique francophone, il nous semble que ce discours est moins dominant, et peut-être même minoritaire.

[6]    Albert Memmi, Le Racisme, Gallimard (Collection Idées), Paris, 1982.

[7]    Les premiers 78% de la Palestine historique ont été attribués à Israël par les Nations unies en 1947, sans l’accord des Palestiniens.

[8]    The Gazette (Montréal), le 2 avril 2002. Le même éditorial a été repris mot pour mot dans une dizaine de journaux à travers le Canada, mais avec des titres différents.

[9]    Propos rapportés par le Canadian Jewish News en date du 26 octobre 2000. Il s’agissait d’une réunion entre les représentants d’organismes de la communauté juive et le Premier Ministre, M. Jean Chrétien.

[10]   Philadelphia Enquirer, 31 janvier 2002.

[11]   Dans le MacLean ainsi que dans une demi-douzaine de journaux dont le Ottawa Citizen, le 11 novembre 2000.

[12]   Marcus Gee commence une de ses chroniques dans le Globe and Mail par la phrase : ‘The rock throwers and Jew haters in the Palestinian streets are feeling good these days.” (26 octobre 2000).

[13]   C’est du moins ce qui ressort des échanges que nous avons eu avec certains d’entre eux ou avec leurs rédacteurs en chef.

[14]   Au sens du concept de la face élaboré par Erwin Goffman. Il y aurait lieu de creuser cette dimension et de lier les analyses de Goffman sur la face à l’arrogance tranquille que prodigue l’appartenance à un groupe dominant.

[15]   Cette tendance semble être en voie de changer. Les deux dernières années les séminaires et journées de discussion pour lutter contre l’islamophobie se sont multipliés, avec la participation d’institutions officielles (gouvernementales ou non) telles que la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et la Ligue des Droits et Libertés.

[17]   Charles Enderlin, correspondant de la chaîne française TF1 et lui-même citoyen juif israélien, déclare que si les journalistes ne répètent pas la version israélienne officielle et seulement cette version ils sont accusés d’antisémitisme (rapporté par The Gazette à la mi-janvier 2002)

[18]   On se rappellera qu’au mois d’août 2001, le propriétaire de la chaîne CanWest, M. Israel Asper, a fait parvenir une circulaire à tous ses journaux indiquant qu’il était interdit de critiquer les politiques israéliennes, et que c’était le siège social de CanWest qui établirait désormais la politique éditoriale de tous les journaux de la chaîne. La série d’éditoriaux que nous avons cités plus haut est l’une des manifestations de cette politique.

[19]   Il s’agit d’une illustration par des exemples, plutôt qu’une analyse véritable. Une analyse plus approfondie sera développée dans un texte subséquent.

[20]   Recherche en cours avec la collaboration de M. Béchir Oueslati. La recherche n’est pas terminée.

[21]   Même l’ancien président Jimmy Carter déclare dans le Washington Post du 26 novembre 2000: It was clear that Israeli settlements in the occupied territories were a direct violation of this agreement and were, according to the long-stated American position, both "illegal and an  obstacle to peace".

[22]   The Independent, Londres, 3 septembre 2001.

[23]   Idem.

[24]   Une autre manifestation de la respectabilité du racisme anti-palestinien.

[25]   Joan Peters, From Time Immemorial, Harper & Row, 1984.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 28 mai 2008 10:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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