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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Rachad ANTONIUS, “Qui veut voler les révolutions arabes ?” Texte modifié de la conférence donnée au Congrès annuel de l'Entraide Missionnaire, 7 septembre 2012. Un texte publié dans l’EMI en bref, no 63, janvier 2013. . [Autorisation accordée par l'auteur le 23 mai 2014 de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.]

Rachad ANTONIUS

sociologue, professeur, Département de sociologie, UQÀM.

Qui veut voler
les révolutions arabes ?


Texte modifié de la conférence donnée au Congrès annuel de l'Entraide Missionnaire, 7 septembre 2012. Un texte publié dans l’EMI en bref, no 63, janvier 2013.

Introduction
Le contexte avant les révoltes
L'influence de la « pensée tribale »
Les spécificités
La question du moment
Une révolution Facebook?
Et la Syrie, dans tout cela?
Quels sont ces intérêts stratégiques ?


Professeur de sociologie à l'Université du Québec à Montréal. Égyptien d'origine, il s'intéresse, entre autres, aux sociétés arabes et aux conflits dans la région du Proche-Orient, aux minorités dans les pays arabes, aux questions du développement et de la participation démocratique. Il a de nombreuses publications dans le domaine de la sociologie des sociétés arabes et sur les questions de migration et il intervient régulièrement sur l'ensemble de ces questions dans l’espace public et dans les grands médias.

Introduction

Nous sommes loin, aujourd'hui, de l’euphorie suscitée par les révoltes arabes déclenchées en janvier 2011. Leurs limites apparaissent de plus en plus, de même que les dangers auxquels elles font face. Pour comprendre ces limites et ces dangers, comprendre surtout comment se positionner face à ces révoltes et face à leurs divers acteurs, il faut revenir un tout petit peu en arrière et revoir quelles sont les caractéristiques de ces révoltes, contre quoi elles se sont dressées. Quel était le contexte politique, culturel, économique dans lequel elles ont eu lieu ? Ce contexte structure les rapports sociaux qui étaient dominants avant les révoltes. Est-ce que les processus initiés par ces révoltes entraînent un changement de ces rapports sociaux ? Qu’est-ce qui est dominant aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a changé ? Qu’est-ce qui n’a pas changé ? Qui peut utiliser ou instrumentaliser ces révoltes pour en faire autre chose que le désir premier des gens qui se sont révoltés, qui sont descendus dans la rue ?

Il est important de souligner qu’il y a beaucoup d’éléments communs aux révoltes dans les divers pays arabes, et je vais tenter de les exposer. Mais elles ont, chacune, leur spécificité. Il n’y a pas de règle commune pour déterminer ce qui se passe sur le terrain, comment ça se passe, et pour évaluer s'il s'agit de révoltes démocratiques ou d'autre chose. Il faut absolument prendre en considération ces spécificités pour comprendre les dynamiques qui sont en cours. La situation en Syrie n’est pas la même qu’en Libye, ce n’est pas la même qu’en Égypte, ce n’est pas la même qu’en Tunisie, même s’il y a des éléments communs à toutes ces situations. Comprendre les caractéristiques des révoltes arabes permettra aussi de comprendre par quels processus elles peuvent être combattues ou détournées au profit de groupes déjà puissants, c'est-à-dire volées.

Je vais commencer par quelques commentaires généraux et ensuite je vais parler un peu de la Tunisie et de l’Égypte, pour arriver à la situation la plus difficile, je crois, celle de la Syrie.

Je n'utilise pas le terme de « printemps arabe » pour parler de ces révoltes. Le mot printemps évoque beaucoup de choses ; il évoque le printemps des peuples, cette série de révolutions populaires qui ont secoué l'Europe autour de 1848. Le mot printemps donne l’impression que les peuples secouent enfin le joug des régimes autoritaires, et que l'on va chasser les dictateurs et que le lendemain, tout sera beau. Je pense qu'il vaut mieux désigner ces phénomènes par le terme de « révoltes », qui ne sont que le début de processus à long terme, qui vont prendre au moins une dizaine d’années, peut-être plus, avant de produire des changements profonds. Il y aura certainement des reculs, et ils font partie du processus de changement. Il faut prévoir ces reculs, les comprendre et ne pas se dire que puisqu'il y a des reculs, alors cela ne valait pas la peine. Non, tout n’est pas perdu. Les reculs attendus vous aussi permettre de mettre à jour le vrai visage de certains acteurs politiques, et permettront du coup de faire avancer les luttes sur des bases plus solides.

Le contexte avant les révoltes

Pendant les trente dernières années, des régimes autoritaires ont été au pouvoir dans l’ensemble des pays arabes. Même si le degré d'autoritarisme variait quelque peu d'un pays à l'autre, l'autoritarisme était général. Les régimes ont fait preuve d’une longévité étonnante, et le manque de démocratie a été une des caractéristiques de la région. C'est un constat qu'ont fait tous les observateurs, indépendamment de leurs orientations idéologiques [1]. Après une période dite 'révolutionnaire', celle qui a suivi les indépendances, la plupart des régimes arabes ont eu tendance à cesser graduellement de représenter les intérêts de leurs populations, et à être perçus comme indifférents au sort de leur peuple, voire antagonistes. Ceci, bien plus que dans d’autres pays du Sud qui ont eu à affronter des défis similaires. En effet, dans les années 60, la région arabe se situait assez favorablement par rapport à l’Afrique, à l’Amérique latine et à l’Asie, en termes de développement économique et social et de libertés politiques. Plusieurs des pays arabes étaient en avance, surtout ceux qui avaient réalisé leur indépendance suite à des luttes politiques et où des républiques avaient remplacé les monarchies. Aujourd’hui, la plupart de ces pays arabes sont à l’arrière du peloton des pays en développement. L’Amérique latine les a dépassés, l’Afrique et l’Asie aussi. Même les régions les plus pauvres les ont dépassés en termes de démocratie politique et en termes de développement économique. Comment expliquer cette situation ?

Un premier élément de réponse se situe au niveau de la géopolitique. La région du Proche-Orient est une région stratégique au niveau international. D’abord à cause de sa position, puisque que c’est un lieu de passage entre l’Asie, l’Afrique, et l’Europe. Pendant des siècles, l’axe du développement économique était ce qu’on appelait la « route de la soie » qui allait de la Chine au Proche-Orient, qui était un axe de développement civilisationnel. Non pas pendant 10 ou 15 ans, mais pendant des milliers d’années. Le contrôle de cette région est donc un enjeu à cause de sa position, mais ce qui lui donne une importance stratégique majeure, c’est évidemment le pétrole. Et bien sûr, il y a aussi la question non résolue du conflit israélo-palestinien. À cause de ces facteurs, la région a été très convoitée par les puissances coloniales qui s’y sont beaucoup investies. Mais cet investissement politique et économique ne s’est pas terminé avec l’ère des indépendances. Il a pris d’autres formes, très directes, d’ailleurs. Dans le monde entier on est dans l’après-colonialisme ; la période coloniale est en arrière même s’il y a d’autres formes de domination et d’autres formes d’exploitation. Mais je dirais que dans le monde arabe on est encore dans la période coloniale. C’est-à-dire qu’il y a des puissances coloniales qui déterminent les décisions stratégiques prises par les pays de la région, et qui sont en mesure de mettre au pouvoir ou d’y maintenir les forces qui défendent leurs intérêts. Les puissances coloniales sont présentes physiquement et militairement, pour être sûres que les développements économiques et politiques se fassent d’une façon qui fasse leur affaire. Et cela se fait de façon plus ou moins subtile : il s’agit de faire en sorte que les intérêts des groupes au pouvoir coïncident avec ceux des puissances coloniales, au détriment des intérêts du reste du peuple. Nous verrons comment les puissances coloniales jouent un rôle très actif dans le détournement des révoltes, afin qu'elles produisent des régimes qui ne soient pas antagonistes à leurs intérêts.

En 2003, la revue Mother Jones a publié un article qui avait pour titre The Thirty Year Itch. Traduction : la démangeaison qui dure depuis 30 ans [2]. Cet article documente d’une façon extrêmement détaillée, avec des cartes interactives, la façon dont les bases militaires américaines ont été graduellement placées, depuis 1973,  dans l’ensemble de la région, jusqu’à l’Afghanistan et le Pakistan. On voit alors que petit à petit, sur 30 ans, les bases se sont ajoutées une à une pour encercler et contenir complètement les zones pétrolifères, considérées comme zones de « danger » ou tout simplement d’incertitude, puisque leur contrôle a souvent été contesté. Le contrôle des zones pétrolifères prend des formes un peu différentes aujourd’hui par rapport à la période coloniale classique. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’être propriétaire du pétrole pour accumuler tous les avantages qui en résultent. Ce qu’il faut, c’est contrôler les flux du pétrole et les fluctuations de son prix. Où ça va ? À qui ? À quelles conditions ? Qui manufacture des produits à partir du pétrole ? C’est cela qui compte. La propriété formelle ne compte plus tellement. L’Arabie Saoudite est formellement propriétaire de son pétrole, mais tout son argent est contrôlé par un clan restreint, et investi dans les économies occidentales. Elle l’investit non pas en participant pleinement au pouvoir que cet argent confère, mais en étant complètement dépendante des pouvoirs politiques qui contrôlent ces économies. Par contre cela lui donne un pouvoir énorme sur les sociétés arabes et sur les sociétés en développement. Cette influence se fait entre autres par le biais du renforcement des groupes islamistes, ce qui explique en partie la montée des idéologies salafistes dans les zones où l’argent saoudien a pu pénétrer sans entraves.

Un autre élément à souligner est que l’existence de richesses pétrolières dans un pays est une entrave au développement démocratique. En effet, quand une monarchie pétrolière se retrouve, dans un laps de temps court, assise sur des millions de barils de pétrole, elle n’a pas besoin de l’approbation de la majorité des gens pour consolider son emprise sur la société. Le pétrole demande très peu de travail humain et il est très concentré. Dans une économie industrialisée, la richesse de l’État se construit par les taxes de milliers d’entreprises et de millions de travailleurs. L’État a besoin des taxes pour fonctionner, et il a besoin d’avoir un minimum de légitimité pour être capable de les récolter. Dans les économies de rente, celles où l'essentiel de la richesse ne vient pas du travail humain, mais de la possession d'une richesse naturelle comme le pétrole, c’est l’État qui a tout l’argent dans ses mains et qui le donne à la population et aux institutions. Pour avoir accès à une partie des ressources économiques, les individus et les institutions civiles deviennent complètement dépendantes du bon vouloir de ceux qui contrôlent l’État et le pétrole. En Occident, le rapport entre États et sociétés civiles s’est développé sur plusieurs siècles, et les États sont le reflet des rapports de pouvoir dans les sociétés civiles. Ce sont les sociétés civiles qui donnent leur légitimité aux États, même si le capitalisme financier actuellement dominant semble faciliter une coupure entre les deux. Dans la région du Proche-Orient, le pétrole permet aux États d’autoriser ou pas les institutions de la société civile à fonctionner. La démocratie est plus difficile à réaliser dans ce contexte.

On pourrait penser que le pétrole n’est que l’affaire de quelques monarchies pétrolières, et que ce n’est pas l’ensemble du monde arabe. Sauf que l’étendue de la richesse pétrolière est telle, que l’ensemble des économies arabes sont affectées, et ce, de plusieurs façons. D’abord par la capacité de ces monarchies d’influencer la politique locale des pays avoisinants. Ce qui est plus grave, c’est que beaucoup de pays avoisinants ont abandonné leur plan de développement économique en se disant qu’il suffisait de s’allier avec le clan régnant en Arabie Saoudite et de pouvoir envoyer beaucoup de travailleurs dans les pays pétroliers pour pouvoir résoudre leurs problèmes économiques. Ainsi, pendant des années, l’Égypte a survécu économiquement parce qu’elle avait des travailleurs qui allaient travailler dans les monarchies pétrolières et qui renvoyaient une partie importante de leurs salaires chez eux. Elle n’est pas la seule : la Jordanie, la Palestine, le Liban, la Syrie et le Soudan ont fait des choix similaires. Le sommes transférées par ces travailleurs n’étaient pas la seule source de revenu de ces pays, mais elle faisait une énorme différence dans la capacité de survivre des individus et des familles de ces pays.

Le fait qu'un petit groupe au pouvoir suffit à contrôler le pays facilite les rapports coloniaux. Depuis le XIXe siècle les puissances coloniales ont garanti leur sécurité à des petites monarchies régnantes qui, en échange, se faisaient les serviteurs de leurs intérêts. N'ayant pas de légitimité démocratique, ces clans au pouvoir se sont construit une nouvelle légitimité en tant que défenseurs de l'identité et du dogme religieux. Ils ont appuyé et renforcé les courants religieux conservateurs partout dans la région arabe et ailleurs dans le monde, à coup de milliards de pétrodollars.

À cause de tout cela, ces monarchies pétrolières ont acquis un prestige incroyable. L'opinion publique dans les pays arabes leur est devenue graduellement favorable, considérant que leur richesse et leur prestige étaient la preuve que leur système de pouvoir était bon. J'ai souvent entendu l'idée que leur richesse est la preuve que Dieu   bénit ce système. Tout ceci a permis la propagation dans l’ensemble des pays arabes et dans beaucoup de pays musulmans de ce qu’on appelle l’idéologie wahhabite, une branche extrêmement rigide et rigoureuse de l’islam qui prône le retour aux valeurs et aux modes de comportement attribués aux premiers jours de l’islam, quand il s’est manifesté il y a 14 siècles. L’argent de ces monarchies et le prestige moral qui en a découlé ont été transposés en gains politiques, car les forces politiques qui s'alliaient à elles recevaient beaucoup d’argent, et elles pouvaient s’organiser, pouvaient distribuer du lait, de la viande, des habits, des logements aux gens les plus démunis et leur rendre des services sociaux. Cet investissement dans le champ social devenait une preuve de plus que ce système est bon, qu'il était vertueux, et qu'il est voulu par Dieu. Il ne faut donc pas le contester. Ces facteurs ont eu un rôle important dans les dynamiques politiques avant les révoltes, et ils on permis une instrumentalisation des révoltes par la suite.

L'influence de la « pensée tribale »

Il y a un autre élément, de nature plus sociologique, qui permet de comprendre pourquoi ces systèmes autoritaires dans la région auront duré quatre ou cinq décennies, alors que dans d’autres pays du monde ils ont été contestés bien avant.

Cet élément, c’est ce que j’appellerai la pensée tribale, et son impact sur le dysfonctionnement de l'État. Dans les tribus d’Arabie où est né l’islam, la structure de pouvoir tribal est une structure verticale et non pas horizontale.

Le système tribal favorise une solidarité et une loyauté non pas entre semblables mais entre individus qui occupent des places hiérarchiquement différentes dans les rapports de pouvoir. Cette solidarité est basée sur des rapports verticaux, des rapports de clans. Elle est symbolisée par ce proverbe arabe qui dit : moi et mon frère contre mon cousin, moi et mon cousin contre l’étranger. Le clan, structuré par des rapports de pouvoir verticaux, est le groupe solidaire de base. Ce qui signifie qu’aux divers paliers des rapports de pouvoir, les gens ont besoin les uns des autres. Les individus qui ont moins de pouvoir ont besoin des plus puissants qui les exploitent et les protègent tout à la fois. Et tant que les sociétés n’ont pas été institutionnalisées et qu’il n’y a pas de règles claires qui définissent les droits des individus et qui leur permettent de contester le pouvoir, moi, en tant que dominé, j’ai besoin d’avoir de bons rapports avec le dominant qui m’exploite. Je vais lui donner ce qu’il veut, mais en échange il va me protéger. La solidarité se fait plus à l’intérieur des clans, plutôt qu’entre les gens qui sont démunis. Ces conceptions ont été sacralisées et propagées par un certain conservatisme  religieux, ce qui fait que la pensée tribale, traditionnellement présente, a pénétré encore plus les sociétés arabes avec l'expansion du fondamentalisme religieux. Même dans un pays comme l’Égypte qui a une culture d'État centralisé qui date de 4000 ans, cette pensée tribale colore les rapports de pouvoir. Quand vous avez besoin de faire valoir vos droits ou simplement d'obtenir un service gouvernemental, vous pouvez le faire plus facilement si vous connaissez quelqu'un dans l'institution. Il faut trouver dans la famille, dans la parenté, parmi les voisins, quelqu’un qui connaît quelqu’un à qui vous allez vous adresser et qui va faire progresser votre dossier. Cet état de fait renforce les rapports de pouvoir traditionnels du clan, de la famille étendue, et va à l'encontre d'une conception citoyenne des droits. C’est un élément très important de la perpétuité du pouvoir et de la difficulté de construire des solidarités à la base, entre les individus et les groupes qui sont exclus du pouvoir. Une révolte populaire n'est donc possible que si ce modèle de rapports de pouvoir est remis en question.

Pour résumer ces dernières remarques, je dirais que l'institutionnalisation de l'État a été  inachevée et dysfonctionnelle dans la plupart des pays arabes, parce qu’elle reproduisait des rapports de pouvoir verticaux qui faisaient que les exploités avaient besoin de bien servir les exploitants pour pouvoir continuer à survivre. Ils avaient donc intérêt à développer davantage des solidarités avec leur clan, leur famille, leur boss, leur village qu’avec ceux qui leur ressemblaient dans le village ou dans le quartier d'à côté. Cet état de fait explique pourquoi les systèmes anti-démocratiques survivaient sans trop de contestation.

Voici pour le contexte général. Examinons à présent les spécificités. Qui vont nous permettre de voir comment ce contexte général a joué dans le cas de pays individuels.

Les spécificités

Pourquoi le mouvement de révolte a-t-il commencé en Tunisie puis en Égypte ? C'est là que les spécificités de ces pays entrent en jeu.

La Tunisie est un petit pays, assez homogène du point de vue religieux, ethnique et linguistique. Il n’a pas de frontière avec Israël. Il n’a pas de pétrole. Il n’avait pas de politique africaine développée, dans le sens où il n’essayait pas de développer des liens forts avec d’autres pays africains dans le but de contester les politiques occidentales. Comme résultat, il n’y a pas eu un fort investissement politique des puissances coloniales dans ce pays, considéré comme moins stratégique que ses voisins. Contrairement à la situation égyptienne, par exemple, il n’y a pas eu de liens de coopération tissés avec les divers échelons de l'armée, et pas d'aide financière directe qui aurait pu créer des rapports de dépendance entre l'armée et des puissances étrangères. Il y avait bien un appui politique aux orientations de Ben Ali et des rapports amicaux avec son régime : certains ministres français contribuaient à lui donner une certaine respectabilité en France, et ils ne refusaient pas en échange de recevoir certains privilèges. Mais il n’y a pas eu d’investissement politique sérieux de l’armée française ou de l’armée américaine avec l’armée tunisienne. Quand le régime Ben Ali a été de plus en plus contesté, il n'avait donc pas derrière lui des puissances étrangères prêtes à le soutenir directement, et à interférer dans les rapports de pouvoir locaux pour ralentir le changement ou pour l'instrumentaliser. La résistance du régime a donc été moindre qu'ailleurs, l'effet de surprise étant sans doute un facteur additionnel de fragilité.

De plus, ce régime avait été tellement prédateur, qu’il avait concentré tous les pouvoirs et les privilèges dans la famille de Ben Ali et sa belle-famille, celle de Leila Trabelsi. Il y avait donc deux grandes familles (étendues, incluant cousins, cousines, frères et sœurs) qui contrôlaient à peu près toute l’économie. Même la bourgeoisie tunisienne commençait à se sentir exclue des bénéfices de sa position, et à exprimer des souhaits de changement profond. À partir du moment où l’étincelle est partie, où il était devenu clair que le cri de révolte avait des résonnances profondes, la mobilisation générale a été relativement facile. Je dis bien : « relativement ». Il ne faut pas oublier qu’il y a eu des années de luttes sociales qui semblaient infructueuses, de grèves de travailleurs qui ont dû faire face à une répression très dure. Ces mobilisations ponctuelles ont préparé le terrain et permis la révolte tunisienne de janvier 2011.

En Égypte aussi, il y a eu 10 ans de mobilisations lentes, sérieuses, profondes qui ont permis que la révolte éclate en 2011. Quatre grands réseaux de mobilisation se sont formés au cours de la décennie qui a précédé les révoltes. Le premier est le réseau syndical, revigoré par une conjoncture économique difficile, combinée à une légère ouverture démocratique. Autour de l'année 2000, on comptait quelques douzaines de grèves par année. En 2007, on comptait en moyenne une grève par jour dans le pays et en 2008, en moyenne, deux grèves par jour dans le pays. À travers ces grèves, il y a eu des réseaux de mobilisation, de solidarité qui se sont formés entre les divers syndicats et les activistes politiques. Il y a eu le mouvement de réforme de la constitution, qui voulait éviter que le fils de Moubarak, Gamal, succède à son père et qui voulait amender la constitution pour donner moins de pouvoirs au Président, qui s'est structuré au sein de deux groupes : Kefaya (Y en a marre !) et celui de l'ancien prix Nobel de la paix, El Baradei. Et il y a eu enfin un réseau qui s'est constitué autour des médias sociaux, d'abord pour appuyer des luttes syndicales (mouvement du 6 avril) et ensuite pour protester contre la mort d'un jeune bloggeur tué par la police (Nous sommes tous Khaled Said).

Ce sont ces réseaux qui ont permis la mobilisation de janvier 2011, quand l’étincelle tunisienne est arrivée. La complexité de la situation politique en Égypte faisait qu'il était plus difficile de coordonner la mobilisation. Mais le pouvoir en Tunisie n'avait ni la même profondeur ni les mêmes mécanismes de légitimation. Il était donc relativement plus facile à renverser. L'exemple tunisien a donc été une inspiration fondamentale pour les activistes égyptiens, et il leur a démontré que le renversement d'un régime autoritaire était possible.

La question du moment

Des révoltes comme celles qu'on a vues sont presque impossible à prédire. Mais avec le recul, on peut se demander : Pourquoi ces révoltes ont-elles réussi à ce moment précis et pas avant ? Il est difficile de trouver des réponses parfaitement convaincantes, mais on peut explorer quelques pistes. Les processus artificiels de légitimation des régimes en place ne pouvaient pas être maintenus indéfiniment. Les régimes donnaient toujours des excuses pour remettre à plus tard la liberté, la justice sociale, la transparence. Ces excuses relevaient de grandes questions sur lesquelles ils n'avaient pas de contrôle : la question palestinienne, l'économie mondiale, des questions stratégiques telles que la guerre Irak-Iran puis la 2e guerre du Golf, la guerre à la terreur, etc., qui ont tout le temps retardé les possibilités de révolte. Ces questions  suivaient leur cours : elles émergeaient et introduisaient de l'incertitude, donc on attendait. Ensuite la situation se stabilisait et l'espoir renaissait qu'une fois résolues, les choses iraient mieux. Ensuite la situation devenait bloquée, elle engendrait de l'insatisfaction, mais voilà qu'une autre question globale émergeait, engendrant de l'incertitude à son tour. À chaque fois, des événements internationaux donnaient des excuses et des raisons aux gouvernements de dire : attendez, ça va aller mieux plus tard, on est obligé de faire ceci, on est obligé de faire cela. La « guerre à la terreur » a été déclenchée en 2001 avec les événements du 11 septembre. Ensuite l’invasion de l’Irak a eu lieu en 2003 et elle a mis toute la région en situation d'attente de ses résultats. On voit maintenant, au bout de plusieurs années, que l’invasion de l’Irak n’a pas créé de société plus démocratique, ni plus sécuritaire, ni plus juste, ni plus stable.

Les excuses des régimes pour reproduire les systèmes dont ils profitaient sont tombées une à une. C’est cette convergence de facteurs qui permet de comprendre, après coup, pourquoi les révoltes ont éclaté à ce moment. Les excuses permettant la répression  tombent pour les uns, les processus de légitimation s’amenuisent et perdent leur substance pour les autres, les moyens de révolte et la mobilisation augmentent, l’internet permet une plus grande ouverture au monde extérieur, etc. La situation devenait mûre pour la révolte. Mais après, ce sont des conditions difficilement saisissables qui font que la révolte se déclenche au moment précis X et non pas Y.

Une révolution Facebook ?

Je ne crois pas du tout à ceux qui disent que ces révoltes étaient des révolutions Facebook. Facebook a été un outil, mais pas l’outil majeur, un parmi tant d’autres choses qui ont permis des mobilisations plus efficaces. Mais ce sont, je crois, les autres facteurs mentionnés plus haut qui expliquent la formidable puissance des mobilisations.

La technologie de l’information est utilisée de façon beaucoup plus efficace par les gouvernements pour ficher les gens, les empêcher de voyager, de savoir exactement ce qu'ils font, d’avoir des dossiers complets informatisés transmissibles instantanément d’un point à l’autre du pays, et d’un pays à l’autre. Il y a là de la part des régimes une utilisation beaucoup plus efficace des technologies de l’information que celle qu'en font les jeunes qui coordonnent une manifestation. C'est ce contrôle de la technologie de l'information qui permet également au marché financier de fonctionner de façon beaucoup plus efficace. Je ne crois pas que Facebook ou les réseaux sociaux soient ni la cause, ni l’explication fondamentale de la révolution, mais simplement un outil. La motivation et la force mobilisatrice viennent des conditions politiques et économiques et non pas de la technologie.

Et la Syrie, dans tout cela ?

Pourquoi la Syrie est-elle un problème si difficile, quand il s'agit de se positionner ? Je crois que c'est l'exemple parfait d'une révolte volée par des acteurs capables d'en infléchir le cours pour qu'elle réponde à leurs besoins et pour qu'elle ne produise pas de système démocratique. Voici pourquoi.

Ce qui se passe en Syrie, au quotidien, aujourd’hui, sur le terrain, est très difficile à déterminer. Je lis avec beaucoup d’attention des rapports apparemment très crédibles qui disent une chose, puis d’autres rapports, apparemment crédibles aussi, qui disent le contraire. Il n'est donc pas facile de se positionner. Est-ce une véritable révolte populaire avec un peuple qui se mobilise contre une dictature ? ou bien est-ce une rébellion armée, maintenue et soutenue par des puissances extérieures avec l’aide massive de mercenaires et d'islamistes qui sont les responsables de la violence ? Ce qui se passe sur le terrain n'est pas clair. Qui a perpétré le massacre de Houla ? Qui a tué les journalistes étrangers ou locaux qui couvraient la situation ? Je vais essayer de dire ce qui est clair pour moi et ce qui ne l’est pas.

Une chose qui est claire, c'est que depuis des décennies le régime syrien est extrêmement répressif et brutal, et même dictatorial sous certains aspects. Il n'a pas manqué des occasions d'emprisonner et de torturer les opposants. Il a eu plusieurs occasions de faire des ouvertures démocratiques et les a toutes manquées. Il voit les problèmes politiques avant tout comme des problèmes sécuritaires, et les traite comme tel, ce qui entraîne des violations majeures des droits de la personne. Cet attitude explique en partie la violence de la répression de la rébellion en cours. Ceci dit, c’est un régime qui avait – et qui semble-t-il a encore - une certaine légitimité dans la population, beaucoup plus que l’opposition actuelle. Pourquoi ? Parce que c’est un régime qui fonctionnait depuis des décennies sur le modèle de l’État-providence. Il fournissait des services aux gens, mais encadrait sévèrement toute activité politique et interdisait tout activité politique indépendante de son contrôle. Il a été de tendance plutôt socialisante, donc avec des limites mises sur les initiatives populaires, économiques, etc. mais qui garantissait aux gens l’accès à l’éducation et à la santé. Les services n'étaient pas très développés, mais ils étaient disponibles. Il avait appuyé pendant longtemps le développement du secteur agricole, mais il l'a abandonné avec son tournant néo-libéral de 2006, causant un profond mécontentement dans les campagnes. Il avait aussi des politiques publiques non sectaires, qui ont fait que les groupes minoritaires se sentaient plus protéger par lui, tout en ayant du ressentiment face au système autoritaire. La famille du président appartient à une minorité religieuse, les Alaouites, qui sont une des branches du chiisme, qui lui-même est une tendance minoritaire dans l’islam. À l’échelle du monde musulman, il y a 10 à 12% de chiites, le reste sont des sunnites. Le Président s'est entouré des gens de confiance qui proviennent de sa communauté, mais il a quand même tissé des alliances avec le groupe sunnite majoritaire, et plusieurs des hauts responsable de l'armée et des services de sécurité sont des sunnites. Mais comme pour plusieurs républiques arabes, la pensée tribale est présente … Le fils a succédé à son père à la présidence, comme ont essayé de le faire – sans succès – le président égyptien Moubarak avec son fils Gamal, et l'ex président Saddam Hussein avec ses deux fils Oudaï et Qussaï.

En dépit de cela, le gouvernement garantissait une certaine égalité et la laïcité de l’État. En Syrie, 35% de la population appartient à des minorités religieuses ou linguistiques : il y a des kurdes, des chrétiens de divers groupes confessionnels (assyriens, melkites, grecs orthodoxes), des arméniens… Dans ce contexte, un régime qui ne met pas l'identité religieuse, ni le dogme religieux comme fondateurs du système social, est fort apprécié non seulement de la part de ces minorités, mais aussi par une proportion importante de la majorité sunnite qui a fait jusque là l'option de la laïcité de l'État.

Le régime a établi de bons rapports avec une partie importante des sunnites, qui sont la majorité, non seulement au niveau de l’élite économique, mais aussi au niveau de la paysannerie (jusqu'en 2006).

Le caractère autoritaire du régime ne plaît pas à la majorité du peuple évidemment. Si la révolte avait été pacifique, il est fort probable qu'elle aurait eu l'appui de la majorité, qui aurait souhaité, semble-t-il, une transition mais pas une guerre civile. Même si on considère qu'à ses débuts, le mouvement de révolte en Syrie a été pacifique et qu'il permettait une transition vers la démocratie, ce n'est plus le cas à présent. En effet, très rapidement, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, l’OTAN, les Américains et les Français se sont mêlés pour appuyer la rébellion de diverses façons (armes, argent, informations militaires, appui logistique, et appui politique) dans l'espoir de renverser le régime rapidement et de mettre à la place un régime qui leur est acquis. Mais les intérêts de ces divers acteurs n'étant pas exactement les mêmes, cela entraîne des attitudes ambivalentes de la part des puissances de l'OTAN : elles veulent bien renverser le régime, détruire les infrastructures du pays, et installer des islamistes au pouvoir, mais craignent que ce soient les islamistes radicaux ou salafistes qui en tirent le plus de bénéfices. Les dirigeants de l'opposition qui résident à l'étranger, ayant absolument besoin d'appuis, n'hésitent pas à courtiser Israël pour avoir son appui. Ce n’est pas un hasard que Bernard Henri Lévy, après avoir fait sa campagne sur la Libye, ait travaillé de très près avec l’opposition syrienne officielle qui est à l’étranger pour organiser conférences et appuis politiques.

Il y a là un exemple de détournement de l'élan populaire par des puissances étrangères pour servir des intérêts stratégiques qui n'ont rien à voir avec la démocratie.

Quels sont ces intérêts stratégiques ?

Pour l'Arabie Saoudite, qui a mis tout son poids politique et économique derrière l'appui aux groupes islamistes radicaux de la rébellion, l'enjeu est triple : avoir un régime qui  laisse tomber la nation arabe comme perspective politique, briser l'axe Hezbollah-Syrie-Iran qui est la seule zone de résistance à la politique israélienne et à la politique américaine, et enfin réduire du même coup l’influence des Russes dans la région pour qui les Syriens sont un allié important. Ces enjeux stratégiques sont largement partagés par la plupart des pays de l'OTAN dont la Turquie fait partie. Là où les différences se révèlent, c'est dans la place à accorder aux groupes djihadistes radicaux, que l'Arabie Saoudite appuie sans réserve et dont les autres puissances se méfient un peu.

La plupart des puissances qui appuient l'opposition font une place spéciale aux Frères musulmans, soit pour des raisons idéologiques (c'est le cas de l'Arabie Saoudite) ou simplement comme alliés stratégiques.

Ce qui rend la chose compliquée, c’est que vous avez dans l’opposition qui est reconnue par les Occidentaux, et qui est à l'extérieur du pays, un petit nombre d’intellectuels démocrates et laïques, et une majorité de groupes instrumentalisés par l’Arabie Saoudite plus proche des islamistes. Sur le terrain, les groupes de tendance démocratique n'ont pas de présence militaire, et ce sont les islamistes qui mènent le jeu. Tous les islamistes ne sont pas automatiquement anti-démocratiques évidemment mais, dans le contexte de la Syrie, la tendance dominante est plutôt une tendance très répressive, très dogmatique et très sectaire. Le nettoyage sur base ethnique ou confessionnel a donc été une des pratiques que les observateurs sur place ont rapportait. Au début des révoltes, avant que la rébellion ne prenne la forme armée que l'on connaît maintenant, on pouvait entendre, en langue arabe, le slogan suivant : « Les Alaouites au tombeau, et les chrétiens à Beyrouth ». Et effectivement, un certain nombre d'assassinats sur base confessionnelle ont été perpétrés par les rebelles. 

Il faut absolument souligner que, dans le cas de la Syrie, il y a une désinformation massive sur ce qui se passe sur le terrain. Une machine de propagande très sophistiquée a été mise sur pied. Les médias relaient systématiquement, par exemple, les informations en provenance de ce qu'on appelle « L’observatoire syrien des droits de l’homme ».  Si vous faites attention aux dépêches de presse que vous lisez dans Le Devoir ou dans La Presse, cette source est citée systématiquement, et quelquefois exclusivement, alors que d'autres sources plus crédibles sont ignorées. Dans plusieurs cas où des massacres ont clairement été commis par les rebelles, les dépêches  semaient le doute, soit en attribuant les massacres au gouvernement, soit en disant que la responsabilité n'est pas claire.

Dans certains cas, l'erreur était grossière. J'ai gardé quelques photos publiées dans Le Devoir, dans La Presse où vous avez des manifestations pro-régime, montrant des gens qui portent la photo du président Bashar El Assad, alors que la légende en bas de la photo indique qu'il s'agit d'une manifestation anti-régime. La BBC a publié en mai 2012 une photo qui montrait ce qui était supposé être les cadavres de civils de la ville de Houla, où un massacre avait eu lieu. La légende attribuait ces morts à l'Armée syrienne, et la BBC a publié la photo en guise de preuve, en disant toutefois que la photo n'avait pas été vérifiée de façon indépendante. Or il s'est avéré que la photo avait été prise en Irak en 2003, par le photographe Marco di Lauro. Même s'il s'agissait d'une erreur faite de bonne foi, la publication de la photo a révélé une tendance des médias à croire tout ce qui venait des rebelles. Il n'est pas facile de déterminer avec certitude ce qui s’est passé à Houla où il y a eu plus d’une centaine de personnes massacrées en mai 2012. Il semble que le gouvernement a effectivement bombardé un regroupement de rebelles  qui a fait une vingtaine de morts. Mais ensuite, les rebelles seraient arrivés et ils ont assassiné à l’arme blanche environ 80 personnes dans le village, qu’ils estimaient être proches du régime.

Ces erreurs ou désinformations ponctuelles révèlent quelque chose de beaucoup plus grave et de beaucoup plus systématique : une représentation du conflit syrien de façon dichotomique : un dictateur d'un côté, un peuple qui a pris les armes en désespoir de cause de l'autre. Mais de plus en plus un autre récit émerge : celui d'une rébellion armée qui ne répond plus aux objectifs des forces populaires démocratiques, ni aux intérêts du peuple syrien, mais à des objectifs géostratégiques qui sont ceux de puissances régionales et internationales qui veulent détruire la Syrie en tant qu'acteur régional. Dans ce processus, la véritable révolte démocratique qui était possible dans les premiers mois de 2011 a été volée au profit d'intérêts étrangers qui ont des objectifs fort éloignés de toute conception démocratique.

Pour qu’il n’y ait pas de malentendu, je souhaite réitérer que je n’ai aucune sympathie pour le régime, et que je pense qu’il doit absolument changer. Mais il pourrait changer par une guerre civile qui va provoquer un scénario à l’irakienne ou, ce que l’OTAN souhaite, un scénario à la libyenne. Les puissances de l'OTAN voulaient que le régime  désarme, alors qu'on continue à armer les rebelles, à les entraîner, à leur fournir de l’équipement et de l’information, du renseignement militaire pour les rendre plus efficaces. C’est là où l’on en était au moment où cette communication a été faite (début septembre 2012). Quatre mois plus tard, on voit que le gouvernement est toujours en place, et que les puissances étrangères souhaitent discuter avec lui, et ont abandonné le projet de le renverser par une rébellion armée.

Dans ce processus, c'est la possibilité d'une révolte porteuse de changement démocratique qui a été avortée. La révolte a été volée.



[1] Voir par exemple Oliver Schlumberger, Ed. (2007) Debating Arab Authoritarianism, Dynamics and Durability in Nondemocratic Regimes, Standford University Press.

[2] On peut le lire à l’adresse : Mother Jones.com.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 12 août 2014 8:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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