RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jean-Marc Fontan,
Le lien social en question dans une Afrique en mutation” (2003)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article du Dr Francis Akindès, Le lien social en question dans une Afrique en mutation”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Josiane Boulad-Ayoub et Luc Bonneville, Souverainetés en crise, pp. 379-403. Collection: Mercure du Nord. Québec: L'Harmattan et Les Presses de l'Université Laval, 2003, 569 pp.

Introduction

Questionner le lien social en Afrique, c'est aborder la problématique du changement social, mais sous l'angle de la capacité des sociétés à « s'auto-instituer », au sens où l'entend Cornelius Castoriadis (1996 : 196). Vue dans cette optique, l'analyse du changement social sort du cadre bipolaire tradition/modernité dans lequel les sciences sociales africanistes semblent l'avoir enfermée. Notre approche s'inscrit dans la perspective actionnaliste qui part du présupposé selon lequel les sociétés sont les résultats d'actions sociales, de décisions ou de transactions diverses. L'étude du lien social se veut alors une interrogation sur les capacités des sociétés africaines à se produire.

L'hypothèse de base est que la spécificité de l’Afrique noire actuelle réside dans l'incapacité des puissances, structures et institutions publiques, à redéfinir une philosophie des liens sociaux qui se projetterait dans le fonctionnement des services publics. Une incapacité en raison de laquelle tout porte à croire que les sociétés en question conçoivent leur avenir en se réfugiant dans leur passé.

Notre réflexion se justifie par la multiplication des crises sociétales qui rend compte d'un processus de sociétisation (Max Weber cité par Schnapper, 1998) peu pensé dans un contexte de mutation planétaire. Ces crises, de nature et d'ampleur variables, vont des difficultés à fonder un État-nation aux conflits ethniques, en passant par les sentiments identitaires centrifuges latents, susceptibles de s'exacerber. Logiquement, ces sociétés sont menacées de déflagration politique, en raison des mouvements qui les secouent de l'intérieur. Mais, c'est un truisme de constater qu'elles résistent encore. Sur le long terme, la tentation est forte de faire l'hypothèse que les formes de sociabilité assurant leur survie aujourd'hui sont celles-là mêmes qui menacent leur pérennité. D'où la nécessité d'un questionnement sur l'état du lien social en Afrique.

Il s'agira, dans cette étude, en grattant le vernis des discours idéologiques,

1/ de faire l'archéologie des coordonnées essentielles récurrentes qui tiennent lieu de valeurs fondamentales du lien social en acte ;

2/ d'essayer de comprendre pourquoi ces représentations du passé continuent de peser sur le devenir des sociétés africaines qui, malgré leur complexité croissante, donnent l'impression de ne plus renouveler les fondements du lien social ;

3/ de chercher à savoir si, à l'intérieur des sociétés, il y a des questionnements sur l'intérêt général et une volonté de renouvellement du lien social, et si oui,

4/ quel est l'enracinement historique de ces questionnements, les sujets qui l'énoncent, et les pratiques sociales qui permettent d'en identifier les logiques ;

5/ de rechercher les dynamiques internes qui permettent d'identifier des processus d'intégration sociale au niveau national et a fortiori régional et planétaire, les valeurs et les besoins mis en avant, ainsi que les moyens mis en oeuvre par rapport à une telle finalité.

Dans la première partie de l'étude, après avoir précisé les fondations théoriques de notre réflexion, nous tenterons d'identifier les conditionnements sociaux ou « les stabilités de la longue durée » qui structurent encore fortement la vie psychique des sociétés africaines.

Dans la deuxième partie, nous analyserons la survivance de ces conditionnements sociaux comme étant la conséquence ultime de « l'incapacité » des sociétés à se mettre en question et à se réinventer. Au cœur donc de cette difficulté à s'auto-instituer, se trouve la faillite de la puissance publique, en tant qu'instance dont la vocation première est d'impulser cette dynamique et d'entretenir une mystique de la reliance autour d'un projet national, et par conséquent, de nationalisation des liens sociaux. Au-delà des frontières, nous montrerons comment, sous les effets des grandes tendances au regroupement de cette fin de siècle, les pays africains évoquent eux aussi, et de plus en plus, mais de façon paradoxale, l'idée d'intégration régionale, alors même que les entités nationales qui projettent de s'intégrer dont guère résolu les contradictions internes des appartenances identitaires centrifuges.

Retour au texte de l'auteur: le Dr Francis Akindès. Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 11 août 2005 14:32
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref