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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

DE L'IDENTITÉ ET DU SENS.
La mondialisation de l'angoisse identitaire et sa signification plurielle
. (2009)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre du Père Sélim ABOU, s.j., DE L'IDENTITÉ ET DU SENS. La mondialisation de l'angoisse identitaire et sa signification plurielle. Beyrouth : Les Éditions Perrin et Les Presses de l'Université Saint-Joseph, 2009, 329 pp. Une édition numérique réalisée par Pierre Patenaude, bénévole, professeur de français à la retraite et écrivain, Chambord, Lac—St-Jean. [Autorisation accordée par l'auteur de diffuser le texte de cet article dans Les Classiques des science sociales le 27 juillet 2012.]

[9]

DE L'IDENTITÉ ET DU SENS.
La mondialisation de l'angoisse identitaire
et sa signification plurielle.

Avant-propos

Le projet de ce livre est né dans une chambre d'hôpital. Je venais de passer quinze jours aux soins intensifs, suite à une rupture d'anévrisme au cerveau. Une fois en chambre, j'étais barricadé dans mon lit sous la surveillance d'un infirmier. Quel ne fut pas son embarras lorsque je décidai de quitter le lit et de passer au salon. A ma sœur, qui m'avait accompagné jour et nuit depuis le début, je demandai du papier et un stylo. En dépit de ma faiblesse physique, mon esprit était en effervescence. Sans hésitation, ni retouche, je traçai le plan d'un ouvrage auquel je pensais sporadiquement, d'une manière assez vague, depuis un certain temps déjà. Pour titre, j'écrivis un mot : « Le sens ». C'était le 23 avril 2003.

En relisant plus tard ce plan, je constatai que j'y avais organisé, en fonction de leur extension actuelle, des thèmes que j'avais traités au long de mon parcours de chercheur. J’étais parti de l'entrecroisement des cultures déterminé par le bilinguisme arabe-français au Liban [1], à un moment où le bilinguisme était mis en question par une partie de la population, au nom du nationalisme arabe. Or bilinguisme et biculturalisme, aujourd'hui unanimement acceptés dans mon pays, sont [10] devenus un phénomène quasi mondial. J'avais étudié les processus d'intégration et d'acculturation de groupes d'immigrés en Argentine et au Canada [2]. Or de nos jours, sous l'effet de l'émigration massive du Sud vers le Nord et de l'Est à l'Ouest, le phénomène a pris une dimension mondiale suscitant des politiques d'Etat différenciées. J'avais suivi, durant dix ans, l'expérience de deux communautés indiennes guaranies désireuses de s'intégrer à la société nationale argentine et à sa culture sans pour autant perdre leur spécificité [3]. Or au XXIe siècle, les revendications identitaires des peuples « premiers » se sont également muées en une réalité universelle.

Au cours de mon itinéraire de chercheur, se sont imposés à mon esprit deux moments de réflexion théorique et d'élaboration conceptuelle. Le premier portait sur l'identité culturelle et les problèmes d'acculturation [4]. Or les affirmations et les conflits d'identité sont désormais un phénomène général qui affecte toutes les nations du monde, les régions naguère assimilées à la nation, les minorités ethniques et les communautés d'immigrés. La quête d'identité a pris partout la portée d'une quête de sens. Le second moment portait sur les droits de l'homme et la relativité des cultures, thème qui avait fait l'objet d'un cours au Collège de France en mai 1990 [5]. Ce thème, alors âprement discuté entre intellectuels occidentaux, est devenu depuis, un peu partout dans le monde, l'objet de débats autonomes en marge des pressions internationales.

[11]

Au moment où, à l'hôpital, je jetais sur le papier le plan de l'ouvrage, j'étais à trois mois de la fin de mon mandat de recteur de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Hormis innovations et réalisations diverses, ce mandat avait été marqué par les discours annuels du recteur, publiés dans la presse de langues française et arabe, et provoquant des remous aussi bien dans la société civile que dans les milieux politiques. C'est qu'ils comportaient une critique acérée du régime et de ses suppôts inféodés à l'occupant syrien. Ces discours mobilisaient les convictions que j'avais acquises au contact des étudiants au cours de trois décennies d'enseignement au Liban et en Argentine, des concepts discutés dans les séminaires que j'avais animés à Québec et à Paris, ainsi que certaines idées débattues dans les congrès internationaux auxquels j'avais participé au Canada, en France, en Afrique et au Liban. Ils portaient sur la fonction critique et les défis pédagogiques de l'Université dans la Cité et, dans ce cadre, traitaient des sujets tels que la dignité de la personne, les droits de l'homme, les principes de la démocratie, la défense des libertés [6]. Je rejoignais ainsi, par d'autres voies, mon point de départ : l'affirmation de la résistance culturelle comme garantie de l'indépendance politique.

Pourquoi avais-je mis spontanément mon plan sous le titre « le sens » ? Etait-ce parce que, au sortir de l'épreuve que j'avais surmontée de justesse, la question du sens de la vie et de la mort me troublait plus que de coutume, ou simplement parce que les thèmes dont j'avais tracé la liste suggéraient un rapport implicite, mystérieux, entre la quête d'identité et la recherche du sens, aussi bien dans la vie collective que dans l'existence individuelle ? En réalité, les deux questions se rejoignent, du fait que la quête d'identité est indissociablement liée à la finitude de l'homme et au sens qu'il donne à sa mort. C'est dans le souci de comprendre ces implications qu'a mûri le projet schématiquement conçu en 2003 [12] et que s'est élaboré, à partir de 2005, le contenu de ce livre. La reprise de l'enseignement et de la recherche, dans le cadre de la Chaire d'anthropologie interculturelle [7], n'est pas étrangère à ce parcours ; le dialogue et la discussion avec des collègues au Liban, en France et en Argentine, l'ont considérablement enrichi. Il me plaît en particulier de souligner la constante collaboration de Maria Luisa Micolis. Qu'il s'agisse de l'échange d'idées, du recueil de la documentation, de la lecture critique du texte en cours de rédaction, sa contribution a été décisive.



[2] Liban déraciné. Immigrés dans l'autre Amérique, Paris, Plon, « Terre humaine », 1978, 1987 ; L’Harmattan 1998. Contribution à l'étude de la nouvelle immigration libanaise au Québec, publication B-66 du Centre international de recherche sur le bilinguisme (CIRB), Université Laval, Québec, 1977.

[3] Retour au Paraná. Chronique de deux villages guaranis, Paris, Hachette, « Pluriel », 1993.

[4] L’Identité culturelle. Relations interethniques et problèmes d'acculturation, Paris, Anthropos, 1981, 1986 ; Hachette, « Pluriel », 1995.

[5] Cultures et droits de l'homme. Leçons prononcées au Collège de France, mai 1990, Paris, Hachette « Pluriel »1992. Voir L’Identité culturelle suivi de Cultures et droits de l'homme, Perrin/Presses de l'Université Saint-Joseph, 1992.

[7] Fondée à l'Université Saint-Joseph sous l'égide de l'Institut de France en octobre 2002.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 25 décembre 2013 13:48
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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