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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Calvin VELTMAN, “Entre langues d'origine et langues d'accueil.” In ouvrage sous la direction de Françoise-Romaine Ouellette et Claude Bariteau, Entre tradition et universalisme. Recueil d’articles suite au Colloque Entre tradition et universalisme tenu à Rimouski par l’ACSALF du 18 au 20 mai 1993, pp. 181-190. Québec : Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1994, 574 pp. [La présidente de l’ACSALF, Mme Marguerite Soulière, nous a accordé le 20 août 2018 l’autorisation de diffuser en accès libre à tous ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[181]

Entre tradition et universalisme.
Recueil d’articles suite au Colloque Entre tradition et universalisme
tenu à Rimouski par l’ACSALF du 18 au 20 mai 1993.

Première partie
B. ETHNICITÉS CULTURELLES ET INTÉGRATION SOCIALE
10

Entre langues d’origine
et langues d’accueil
.” [1]

Par Calvin VELTMAN

Département d'études urbaines, Université du Québec à Montréal

PROBLÉMATIQUE

L'insertion linguistique des immigrants est un problème relativement nouveau pour les chercheurs québécois. Depuis longtemps les chercheurs francophones assistaient à l'anglicisation des populations immigrantes sans toutefois s'intéresser ni au rythme de l'apprentissage des langues ni aux mécanismes de la mobilité linguistique en général ou de transfert linguistique en particulier. L'ouverture de la communauté et des institutions francophones annoncée par la loi 101 provoque maintenant un vif intérêt chez les chercheurs québécois, d'autant plus que le Gouvernement québécois investit des sommes importantes pour soutenir et pour orienter, sinon contrôler, la recherche dans ce domaine.

Que la communauté francophone soit plus ouverte ou non à cette problématique, du point de vue de l'immigrant, les paramètres ne changent pas beaucoup. Il s'agit de bien s'adapter à la société d'accueil le plus rapidement possible, de trouver un logement, une école pour les enfants, un travail, des connaissances et des amis, de fuir l'isolement potentiel de sa nouvelle situation pour établir une identité satisfaisante et évolutive (à mesure que son séjour se prolonge). L'acquisition de la (ou d'une) langue d'accueil est souvent vue, du moins à l'origine, comme un instrument de promotion et non pas comme phénomène identitaire. Dans la mesure où [182] cette langue est récupérée par l'individu et qu'elle s'étend progressivement dans des domaines d'interaction de plus en plus complets, l'individu opère une transformation de son identité, laissant de côté celle de l'origine au profit d'une nouvelle identité mieux adaptée à la réalité de la société d'accueil.

Tous les immigrants ne sont pas égaux par rapport au processus d'intégration linguistique. Certains partent avec des avantages, d'autres avec des inconvénients. Ce texte examine l'adaptation de cinq groupes d'immigrants en fonction de la langue maternelle et des connaissances linguistiques au moment de l'arrivée au pays. Il s'agit d'une analyse relativement globale en raison du regroupement de l'ensemble des langues allophones (sauf l'anglais) dans un seul groupe.

SOURCE DES DONNÉES

L'échantillon a été tiré de façon aléatoire du fichier administratif du MCCI (IMM-1000) dans l'objectif de représenter le plus fidèlement possible la population arrivée et admise au Québec pendant la décennie 1980, en choisissant des échantillons représentatifs pour les cohortes de 1981, 1983, 1985, 1987 et 1989. À cet effet, le personnel du MCCI a tiré un échantillon des 13 558 personnes âgées d'au moins 18 ans au moment de l'arrivée au Québec, pour lesquelles la RAMQ a retrouvé 9 672 adresses. Ces personnes ont été sollicitées en deux étapes fort distinctes, tout d'abord par le Ministère afin qu'elles acceptent de participer à l'enquête (2 750 personnes après un rappel), puis par l'équipe de l'UQAM pour qu'elles complètent le questionnaire (1 662 personnes dont 1 456 questionnaires relativement complets). Il s'agit donc d'un échantillon largement autosélectionné, ce qui présente de graves risques de biais et de contamination. Comme plusieurs variables présentent des écarts importants à cet égard (Veltman et Paré, 1993), nous avons appliqué un système de pondération fondé sur le sexe, les connaissances linguistiques à l'origine et le niveau de scolarité et cela, pour chaque cohorte étudiée dans notre recherche.

La publication des données partielles du recensement fédéral de 1991 [2] nous permet également d'évaluer sommairement la qualité de notre échantillon allophone. Selon les données fédérales, la communauté francophone aurait obtenu 69% des transferts linguistiques en provenance des allophones arrivés entre 1981 et 1985 et 65% chez ceux arrivés entre 1986 et 1991. À partir de notre échantillon, il s'agit de 70% et 78% respectivement. De toute évidence, notre échantillon pour les années 1987 et 1989 est quelque peu plus francophile que celui retenu par Statistique Canada, bien que sur le plan de la langue d'amitié et de quartier, le nôtre ressemble davantage aux données officielles.

[183]

Pour les fins de la présente analyse, nous avons sélectionné cinq sous-échantillons non francophones de l'immigration internationale selon la langue maternelle et la capacité (ou l'incapacité) de parler le français et l'anglais [3] au moment de l'établissement au Québec. En plus de quatre groupes d'allophones, les allophones unilingues lors de l'établissement au Québec (446 personnes), les allophones français (qui parlaient bien ou très bien le français au moment de l'arrivée, 210 personnes), les allophones anglais (242 personnes) et les allophones bilingues en français et en anglais (200 personnes), nous avons également retenu les immigrants anglophones qui ne parlaient pas le français au moment de l'établissement au Québec (104 personnes).

RÉSULTATS

De manière générale, il y a une hiérarchisation de l'apprentissage et de la pratique linguistique. Evidemment, l'apprentissage linguistique contribue à la maîtrise d'une langue et précède sa mise en pratique. Celle-ci varie selon l'intimité du contexte, ce qui est en partie déterminé par la compétence linguistique des autres personnes présentes. À titre d'exemple, il est attendu que tous les membres d'une famille comprennent la même langue, et même qu'ils la parlent. Dans l'intimité du foyer, les langues d'origine ont donc une plus grande préséance qu'en dehors de la maison. Cependant, les immigrants peuvent toujours choisir des amis qui parlent la langue de leur groupe, ce qui ne se fait plus dans les situations où l'immigrant ne peut contrôler son environnement, par exemple, lorsqu'il entre en contact avec les voisins. On s'attend donc, de manière générale, à la régression des langues non francophones dans ce contexte.

Les apprentissages linguistiques
depuis l'arrivée au pays


L'analyse des résultats montre que les immigrants font d'importants investissements dans le but d'acquérir en priorité le français (pour ceux qui ne le connaissent pas), mais également pour apprendre l'anglais, encore selon leur connaissance préalable de cette langue. Par exemple, les immigrants anglophones n'ont rien fait pour améliorer leur connaissance de l'anglais ; seulement 10% des immigrants allophones anglais n'ont rien fait pour améliorer leur français contre environ la moitié par rapport à l'anglais. Dans les deux cas, environ 60% ont suivi des cours d'apprentissage du français, les anglophones moins souvent dans des COFI que les allophones anglais. De façon similaire, les immigrants allophones français ont consacré des efforts plus importants pour acquérir l'anglais, du moins en termes de cours formels, que pour améliorer leur français.

[184]

Évidemment, les deux groupes les plus opposés en termes de connaissance préalable des deux langues sont les allophones unilingues et les allophones déjà bilingues en français et en anglais à l'arrivée au pays. La très grande majorité du dernier groupe n'a rien fait pour améliorer ses connaissances linguistiques alors que dans le groupe allophone unilingue, environ les trois-quarts ont fait des efforts soutenus pour apprendre le français contre un peu plus de la moitié pour l'anglais.

Nous concluons que l'effort d'apprentissage linguistique va en priorité vers le français et cela, dans tous les groupes. Lorsque le français est acquis, les immigrants se tournent vers la maîtrise de l'anglais.

L'emploi des langues à la maison

Les tableaux 1 à 5 présentent l'emploi relatif du français, de l'anglais et de la principale langue allophone au sein du foyer. Les répondants qui ont déclaré connaître une langue allophone ont dû répondre à la question suivante :

« Parlez-vous cette langue à la maison ? » Les réponses suivantes ont été fournies : « exclusivement », « souvent », « parfois » et « jamais ».

Les personnes qui font état d'un certain bilinguisme au foyer ont dû répondre à une interrogation similaire concernant l'emploi du français et de l'anglais.

« Parlez-vous le français à la maison ? » et « Parlez-vous l'anglais à la maison ? »

TABLEAU 1
Fréquence d'utilisation des langues à la maison,
immigrants anglophones unilingues, Québec, 1991

Fréquence d'utilisation

Langues parlées

Français

Anglais

Allophone

Exclusivement

2,9%

57,2%

2,8%

Souvent

15,4

32,0

1,5

Parfois

29,3

5,7

5,8

Jamais

52,4

5,1

89,9

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(N)

(105)

(105)

(104)

Source : Enquête ALI, 1991

[185]

TABLEAU 2
Fréquence d'utilisation des langues à la maison,
immigrants allophones français, Québec, 1991

Fréquence d'utilisation

Langues parlées

Français

Anglais

Allophone

Exclusivement

9,4%

0,4%

29,4%

Souvent

53,6

3,0

46,9

Parfois

29,3

29,5

19,1

Jamais

7,7

67,1

4,6

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(N)

(210)

(209)

(208)

Source : Enquête ALI, 1991

Tableau 3
Fréquence d'utilisation des langues à la maison,
immigrants allophones anglais, Québec, 1991

Fréquence d'utilisation

Langues parlées

Français

Anglais

Allophone

Exclusivement

5,0%

10,9%

40,7%

Souvent

9,3

22,8

35,9

Parfois

40,0

42,3

16,8

Jamais

45,7

24,0

6,6

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(N)

(241)

(240)

(235)

Source : Enquête ALI, 1991

Tableau 4
Fréquence d'utilisation des langues à la maison,
immigrants allophones bilingues, Québec, 1991

Fréquence d'utilisation

Langues parlées

Français

Anglais

Allophone

Exclusivement

12,9%

2,1%

26,6%

Souvent

47,1

19,2

45,9

Parfois

30,5

39,1

21,4

Jamais

9,5

39,6

6,1

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(N)

(200)

(198)

(195)

Source : Enquête ALI, 1991

[186]

TABLEAU 5
Fréquence d'utilisation des langues à la maison,
immigrants allophones unilingues, Québec, 1991

Fréquence d'utilisation

Langues parlées

Français

Anglais

Allophone

Exclusivement

2,3%

0,2%

63,9%

Souvent

14,4

3,1

28,1

Parfois

41,1

21,1

6,6

Jamais

42,2

75,6

1,4

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(N)

(446)

(446)

(435)

Source : Enquête ALI, 1991

De façon générale, le français a pénétré de façon remarquable les foyers d'immigrants allophones bilingues et allophones français, c'est-à-dire les deux groupes qui ont fait preuve d'une connaissance de cette langue avant l'arrivée au pays. En fait, le français est presque autant parlé que les langues allophones ; environ un quart des ménages a cessé la pratique régulière des langues allophones.

Les allophones anglais n'ont pas connu le même niveau d'intégration à la communauté d'accueil anglophone. Si un quart des ménages a également abandonné l'utilisation régulière des langues allophones, l'anglais n'est parlé de façon régulière que deux fois plus souvent que le français. Cette dernière langue est régulièrement employée dans environ un ménage sur sept, chiffre qui se retrouve également chez les anglophones autrefois unilingues.

Le seul groupe qui conserve une fidélité très forte à une langue allo- phone est celui qui était unilingue à l'arrivée au pays. Néanmoins, le français est souvent parlé dans un ménage sur six alors que l'anglais est quasiment absent. Peu de ménages allophones unilingues ont cessé la pratique des langues allophones.

Il est important de souligner que les foyers immigrants font donc une large place au bilinguisme de toutes sortes, dont le plus hétérogène est le modèle allophone anglais. Attiré naturellement par l'anglais, ce groupe fait néanmoins une petite place au français ; en cela, il suit l'exemple des immigrants anglophones.

La langue d'amitié,
la langue de voisinage et la langue d'usage


Trois autres indicateurs de la pratique linguistique sont examinés aux tableaux 6 à 10 : la langue d'amitié, la langue d'usage et la langue [187] d'échange avec les voisins. Les deux premières questions nous permettent de distinguer, dans les ménages bilingues, l'idée d'une langue principale, alors que la dernière fournit une indication de l'orientation linguistique de l'individu en dehors de la maison.

Langue d'amitié : « Quelle langue parlez-vous le plus souvent avec vos meilleurs amis ? »

Langue d'usage : « Quelle langue parlez-vous le plus souvent à la maison ? » Langue de voisinage : « Quelle langue parlez-vous le plus souvent avec vos voisins ? »

TABLEAU 6
Dimensions de la pratique linguistique,
immigrants anglophones unilingues, Québec, 1991

Langues employées

Dimension de la pratique linguistique

Amitié

Quartier

D'usage

français

11,8%

26,0%

8,7%

anglais

84,9

72,8

86,8

français et anglais

0,8

1,2

0,6

français et autre

0,0

0,0

0,7

langue allophone

2,5

0,0

3,2

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(n)

(104)

(104)

(105)

Source : Enquête ALI, 1991

Tableau 7
Dimensions de la pratique linguistique,
immigrants allophones français, Québec, 1991

Langues employées

Dimension de la pratique linguistique

Amitié

Quartier

D'usage

français

47,8%

79,5%

39,2%

anglais

1,1

10,0

1,2

français et anglais

0,9

2,6

0,8

français et autre

3,1

0,7

0,0

allophone unilingue

48,1

7,2

58,8

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(n)

(209)

(206)

(210)

Source : Enquête ALI, 1991

[188]

Tableau 8
Dimensions de la pratique linguistique,
immigrants allophones anglais, Québec, 1991

Langues employées

Dimension de la pratique linguistique

Amitié

Quartier

D'usage

français

9,6%

31,3%

9,9%

anglais

35,8

63,0

23,0

français et anglais

1,9

1,3

0,4

français et autre

2,0

0,4

0,0

anglais et autre

2,9

0,0

0,0

allophone unilingue

47,8

4,0

66,7

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(n)

(238)

(241)

(242)

Source : Enquête ALI, 1991


Tableau 9
Dimensions de la pratique linguistique,
 immigrants allophones bilingues, Québec, 1991

Langues employées

Dimension de la pratique linguistique

Amitié

Quartier

D'usage

français

39,2%

67,9%

38,3%

anglais

15,1

25,1

5,1

français et anglais

0,0

4,1

0,9

français et autre

4,5

0,5

0,0

anglais et autre

0,0

1,0

0,0

allophone unilingue

41,2

1,4

55,7

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(n)

(199)

(192)

(200)

Source : Enquête ALI, 1991

Les données concernant la langue d'usage principale à la maison suivent fidèlement les tendances observées précédemment. Par exemple, les allophones anglais s'intègrent deux fois plus souvent à la communauté anglophone qu'à celle d'expression française alors que les allophones français et bilingues se francisent en très grand nombre (autour de 40%) et très peu s'anglicisent. Environ 10% du groupe anglophone est maintenant francisé, tout comme les allophones unilingues.

[189]

Tableau 10
Dimensions de la pratique linguistique,
immigrants allophones unilingues, Québec, 1991

Langues employées

Dimension de la pratique linguistique

Amitié

Quartier

D'usage

français

21,7%

59,7%

10,9%

anglais

7,9

21,7

0,9

français et anglais

0,0

1,2

0,0

français et autre

1,6

0,7

0,0

anglais et autre

0,0

0,3

0,0

allophone unilingue

68,8

16,4

88,2

Total

100,0%

100,0%

100,0%

(n)

(445)

(423)

(446)

Source : Enquête ALI, 1991

De façon générale, la place accordée à la langue maternelle a tendance à régresser lorsqu'on passe de la langue d'usage à la langue d'amitié. Le français prend davantage de place chez les anglophones et chez .les allophones anglais. Par contre, la place accordée à l'anglais est plus importante chez les trois autres groupes, ce qui suggère la présence d'un grand brassage des populations en termes de choix d'amis en dehors de la maison. À titre d'exemple, le taux de francisation des allophones unilingues selon la langue d'amitié atteint environ 22% (contre 11% comme langue d'usage) mais le taux d'anglicisation passe de 0,9% à 7,9%.

Pour ce qui est de la langue de voisinage, les langues allophones sont à toutes fins utiles absentes. Seuls les allophones unilingues continuent à parler leur langue en sortant dans le quartier (1 sur 6). Trois-quarts des anglophones et deux-tiers des allophones anglais s'expriment en anglais, alors que trois fois plus d'allophones unilingues et d'allophones bilingues se servent du français plutôt que de l'anglais. Dans le groupe allophone français, le rapport de force est de 8 pour 1. On conclut donc que le heu public reste relativement hétérogène en termes de pratique linguistique, surtout lorsqu'on compare cette pratique à celle plus intime de la langue d'amitié ou de la langue d'usage à la maison.

CONCLUSION

Les données présentées dans ce texte jettent un éclairage intéressant sur l'insertion linguistique des immigrants. Tout d'abord, elle se fait partiellement en fonction des orientations linguistiques préalables, telles que mesurées par la connaissance du français et de l'anglais à l'arrivée. Nous [190] disons « partiellement » parce que le français attire beaucoup plus les immigrants que l'anglais ou, du moins, bénéficie davantage de la mobilité linguistique des allophones.

Ensuite, l'analyse montre l'importance de désagréger le groupe allophone selon les connaissances linguistiques à l'arrivée, qui, de toute évidence, structurent le degré et le type de mobilité linguistique observée. À ce chapitre, le comportement des immigrants allophones anglais n'a rien de commun avec celui des immigrants allophones français, à titre d'exemple. Par ailleurs, les immigrants allophones unilingues font preuve de beaucoup moins de mobilité linguistique, quelle que soit la dimension étudiée, que les autres immigrants. La connaissance d'une langue d'accueil préalablement à l'arrivée au pays facilite l'intégration linguistique des immigrants.

Trois groupes d'allophones vivent des situations partagées entre l'intégration permanente aux communautés d'accueil et le rattachement au groupe linguistique d'origine : d'une part, les allophones français et allophones bilingues pratiquant un bilinguisme français-allophone très poussé, d'autre part le groupe allophone anglais pratiquant généralement un bilinguisme anglais-allophone. Toutefois, dans ce groupe, comme dans le cas des immigrants anglophones, une minorité vit des situations de bilinguisme impliquant plutôt le français.

Le groupe allophone unilingue fait preuve de la plus grande fidélité à la langue maternelle. Les langues d'accueil, notamment l'anglais, sont peu présentes dans les foyers allophones unilingues et la mobilité linguistique mesurée selon la langue d'usage, ou même la langue d'amitié, reste très marginale. La division entre la langue de quartier et les autres domaines de la pratique linguistique est donc plus étanche que dans les autres groupes qui se montrent plus perméables au niveau de la pratique plus intime.



[1] Cette recherche a été commanditée par le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. Voir C. Veltman et S. Paré, L'intégration linguistique des immigrants de la décennie 1980, Montréal, MCCI, 1993. Les fonds FCAR ont également contribué à la rédaction du présent document.

[2] R. Lachapelle, « Les allophones choisissent le français plus souvent qu'auparavant ». Le Droit, 11 février 1993, page 17. Rappelons que de toute façon, les données ne peuvent être comparées, étant donné que notre analyse est limitée aux immigrants ayant 18 ans et plus au moment de l'arrivée.

[3] Voir C. Veltman et S. Paré, op. cit., chapitre 3, pour la définition exacte des questions pertinentes.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 29 décembre 2019 18:51
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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