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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Ils sont maintenant d'ici!
Les dix premières années au Québec des immigrants admis en 1989. (2001)
Faits saillants


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean RENAUD, Lucie Gingras, Sébastien Vachon, Christine Blaser, Jean-François Godin et Benoît Gagné (2001). Ils sont maintenant d'ici! Les dix premières années au Québec des immigrants admis en 1989, Collection Études, recherches et statistiques. Québec: Les Publications du Québec, 236 p. ISBN- 2-551-19426-1. [Le 29 janvier 2014, Monsieur Jean Renaud nous autorisait la diffusion de toutes ses publications et travaux en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[xxxi]

Faits saillants

L'enquête Les dix premières années au Québec des immigrants admis en 1989 se veut l'aboutissement de l'enquête ÉNI (Établissement des nouveaux immigrants) amorcée il y a 12 ans. Il s'agit d'une étude longitudinale qui a suivi, au moyen d'entrevues, une cohorte d'immigrants adultes admis en 1989. En tout, 1 000 participants ont collaboré à la première enquête qui s'est tenue en 1990, 729 d'entre eux ont participé à la deuxième qui a eu lieu en 1991, 508 ont été interviewés à la troisième en 1992, et 429 ayant participé à la première enquête ont collaboré à la dernière qui s'est déroulée en 1999.

Le logement :
un accès croissant à la propriété
et une dispersion géographique


Après dix ans de séjour, on estime à plus de 36% les répondants ayant accédé à la propriété.

On ne note cependant aucune différence entre les sexes, l'âge ou la catégorie d'immigration. Seule la scolarité semble influencer la vitesse à laquelle on accède à la propriété, l'accès augmentant à mesure que le niveau de scolarité s'élève.

Sur le plan de la mobilité, on remarque des mouvements de dispersion à partir de la troisième année d'établissement et jusqu'à la dixième. Cette dispersion n'a pas lieu seulement sur l'île de Montréal, mais se produit également en Montérégie, à Laval et dans les Basses-Laurentides.

L'emploi :
une augmentation de la stabilité
et du statut socio-économique


L'accès à un premier emploi se fait assez rapidement. Après 15 semaines, plus de 50% des répondants ont trouvé un premier emploi. On remarque par ailleurs que moins de 14% n'ont jamais occupé un emploi après dix ans de séjour.

La stabilité en emploi s'observe surtout à partir de la troisième année d'établissement. Cela correspond à peu près au quatrième emploi. La durée des emplois augmente significativement et la vaste majorité des répondants ont eu à cette période au moins un emploi.

L'augmentation de la stabilité en emploi est davantage observée chez les répondants plus scolarisés.

Le salaire médian hebdomadaire de l'ensemble des répondants en emploi croît au cours des dix premières années (de 300$ au temps 1 à 500$ au temps 4), le nombre d'heures de travail par semaine demeurant toutefois stable (39,1 heures/ semaine).

La proportion d'emplois salariés tend à décroître au fil du temps, au profit du travail autonome.

En général, les répondants en emploi se concentrent surtout dans trois grands secteurs au cours des dix premières années d'établissement : les industries manufacturières (29%), le commerce de détail (17%), l'hébergement et la restauration (10%). On observe une diminution significative des emplois dans les industries manufacturières au fil du temps (32% en 1990 à 26% en 1999). Cette baisse est essentiellement due à une diminution du nombre de travailleurs dans l'industrie de l'habillement.

[xxxii]

Les répondants en emploi travaillent surtout dans de petites entreprises. Pour toute la durée de l'enquête, la proportion de répondants en emploi travaillant au sein de petites entreprises est de 47%. Il est de 40% pour ceux travaillant dans des entreprises comptant de 11 à 100 employés, et de 13% dans des entreprises employant plus de 100 travailleurs.

Le taux de syndicalisation demeure aussi assez stable au fil du temps, oscillant autour de 15%.

Pendant toute la période couverte par l'étude, les hommes connaissent des probabilités plus grandes d'occuper un emploi que les femmes. De plus, le salaire hebdomadaire médian des hommes est constamment supérieur à celui des femmes. Il l'est également chez les répondants âgés de 26 ans et plus et chez ceux qui détiennent un diplôme postsecondaire et plus.

Les répondants admis sous la catégorie » indépendant » connaissent aussi des probabilités plus fortes d'occuper un emploi au cours des dix années comparativement aux répondants des catégories « famille » ou « réfugié ».

Le statut socio-économique moyen des emplois augmente légèrement au cours des dix ans d'observation. Les répondants admis sous la catégorie » indépendant », les gens plus âgés et les plus scolarisés connaissent en moyenne tout au long de la période des emplois de statut socio-économique plus élevé que les autres répondants.

Les répondants occupant un emploi sont de plus en plus nombreux à occuper des emplois qualifiés. En effet, au fil des ans, la proportion de répondants affirmant que leur travail exige des qualifications « supérieures » passe de 22% au temps 1 à 41% au temps 4.

La formation :
un investissement important
dès les premières années d'établissement


L'investissement en formation est important. La très grande majorité des activités de formation suivies par les répondants ont lieu dans les premières années d'établissement. Après un an, 53% ont déjà participé à une activité de formation. Après dix ans, la proportion est de 70%.

Les jeunes (de 18 à 25 ans) ont recours plus rapidement à une formation. Après dix années d'observation, on estime que près de 82% des 18-25 ans ont suivi une formation, comparativement à 75% pour les 26-40 ans et 53% chez les 41 ans et plus.

Les répondants de niveau primaire tardent significativement plus à suivre une formation que les autres répondants de niveau de scolarité plus élevé. Après dix ans d'établissement, ce sont près de 43% qui n'auront jamais suivi une formation comparativement à 27% chez ceux de niveau secondaire, postsecondaire et universitaire.

Les répondants admis sous la catégorie » réfugié » détiennent le pourcentage le plus élevé d'inscriptions à un programme de formation (qu'il soit à temps plein ou à temps partiel) au cours des dix années d'observation. Les répondants de la catégorie » famille » sont en proportion moins nombreux.

La proportion de répondants suivant une formation à temps plein, après une croissance rapide lors des six premiers mois d'établissement (22% à la semaine 22), décroît tout au long des années subséquentes, si bien qu'après dix ans, seulement 4% des répondants suivent une formation à temps plein.

Le pourcentage de répondants suivant une formation à temps partiel est de 16% à la semaine 20. Par la suite, la proportion décroît jusqu'à la quatrième année, pour finalement se stabiliser à environ 3%.

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On remarque que la place relative de la formation en Cofi des répondants est importante en tout début de parcours d'établissement, mais décroît rapidement par la suite (à temps plein ou à temps partiel). Plus de trois répondants sur cinq ayant suivi une formation à temps plein au cours de la première année l'ont fait en Cofi. Elle ne représente plus que 5% des formations à temps plein lors de la deuxième année.

Les ménages :
une recomposition qui tend à la nucléarisation familiale


La taille des ménages diminue au fil du temps. Lors de la première année, 40% des ménages sont composés de cinq individus et plus. À la fin de la dixième année, cette proportion baisse à 30%.

On note que le taux de répondants vivant seuls croît avec le temps. On remarque également une forte croissance des ménages composés de quatre individus.

La proportion de » familles nucléaires » (répondant, conjoint et enfant(s)) connaît une forte croissance au fil du temps, tandis que la » famille élargie » connaît une forte diminution.

On note également une croissance des familles monoparentales, celles-ci passant de 2% lors de la première année à 6% lors de la dernière.

Dans la majorité des ménages, les répondants n'ont pas d'enfant (de moins de 18 ans). On observe toutefois une diminution au fil des ans de ménages » sans enfant ». À 61% à l'arrivée, cette proportion diminue à 50% à la fin de la dernière année d'observation. C'est chez les 18-25 ans (à l'arrivée) que l'on connaît la plus forte augmentation de naissances au fil du temps.

La langue :
un usage croissant du français à la maison et en public


Le français comme langue d'usage public prédomine chez les répondants. Près de 61% des répondants disent utiliser seulement le français à l'extérieur de la maison. Près de 8% disent l'utiliser autant que l'anglais et près de 6% l'utilisent autant qu'une autre langue. Moins de 20% utilisent seulement l'anglais. Cette ventilation demeure presque exactement la même pour ceux dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais. Elle change cependant selon la scolarité, les universitaires et les répondants de niveau primaire utilisant moins le français en dehors du foyer que les répondants de niveau postsecondaire.

La langue maternelle est celle qui est la plus souvent parlée à la maison. Elle connaît toutefois une baisse notable au dernier temps d'observation (un peu moins de la moitié disent utiliser leur langue maternelle), au profit du français.

Au dernier temps d'observation, un peu plus de 48% des répondants dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais disent ne jamais parler français à la maison. Cependant, on note une augmentation de l'utilisation du français à la maison au fil du temps. En effet, chez ceux dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais, les proportions doublent du premier temps d'observation au dernier.

Les répondants des niveaux secondaire et postsecondaire (à l'arrivée) dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais sont plus nombreux à parler français 75% du temps à la maison que les gens des niveaux primaire et universitaire.

La proportion de répondants ne parlant jamais l'anglais à la maison est plus forte, représentant 81% des répondants au dernier temps d'observation. Qui plus est, seulement 4% le parlent plus de 75% du temps.

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L'entrée dans un premier emploi en français est plus rapide qu'un premier emploi en anglais. On estime que 25% des répondants accèdent à un emploi en français après 13 semaines ; la durée pour le premier quartile grimpe à 90 semaines pour un premier emploi en anglais. Si les tendances des dix années se maintiennent, on peut estimer qu'à long terme 63% des répondants occuperont un emploi de langue française ; les probabilités sont estimées à 32% pour un emploi en anglais.

La perception d'un Québec majoritairement francophone domine toujours toute autre perception après dix ans. Si, dans les faits, l'usage de la langue française croît à la maison ou en public, l'évolution de la perception, quant à elle, ne va paradoxalement pas dans le même sens. En effet, 57% des répondants en 1999 considèrent que le Québec est une société » majoritairement francophone », alors qu'en 1990, ils étaient 71%. En contrepartie, près de 21% perçoivent le Québec de 1999 comme une société » multilingue », contre 4% en 1990.

Demande de citoyenneté
et engagement de parrainage


Après dix ans d'établissement au pays, plus de 95% des répondants ont fait une demande de citoyenneté. Les répondants âgés de 18 à 25 ans (à l'arrivée) sont moins nombreux à avoir fait une demande de citoyenneté que les autres répondants. On compte également des proportions plus élevées de personnes n'ayant pas fait de demande chez les moins scolarisés.

La moitié ont obtenu la citoyenneté au bout de quatre ans et un peu plus de 75% l'ont obtenue à quatre ans et demi. Après dix ans, près de 11% n'avaient pas obtenu la citoyenneté.

L'aide financière fournie par le parrain est moins fréquente au fil du temps. De 73% au temps 1, elle passe à 39% au dernier temps d'observation.

Plus de 18% des répondants ont fait une demande de parrainage d'un ou des membres de la famille. On rencontre une plus forte proportion de répondants chez ceux ayant été admis sous la catégorie « réfugié », comparativement à ceux des catégories « famille » ou « indépendant » qui ont entrepris des démarches pour parrainer un membre de leur famille.

Vie civique :
les plus scolarisés participent plus


Près de 85% des répondants ont voté lors de la dernière élection provinciale de 1998. Au référendum de 1995, ils étaient 87% à aller aux urnes. Il faut noter que 7% ont voté lors des élections provinciales de 1989.

Le niveau de scolarité joue en faveur de la participation civique des répondants. On note en effet une plus grande participation des plus instruits au processus électoral et à la vie associative (participation à des organismes ou associations). On remarque également que les plus scolarisés s'impliquent davantage dans des associations regroupant surtout des Québécois et des Canadiens d'origine.

Trois répondants sur quatre ayant des enfants d'âge scolaire disent assister à des réunions de parents à l'école. Près de 10% sont ou ont été membres du conseil d'établissement ou du comité d'école.

Contrat moral :
un soutien sans équivoque à l'interdiction de discriminer


Près de 90% des répondants sont plutôt ou tout à fait d'accord avec le fait que les gouvernements québécois et canadien interdisent toute forme de discrimination selon le sexe, l'origine ethnique, la religion et les opinions politiques. Seule l'orientation sexuelle ne reçoit pas un appui aussi unanime.

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Les opinions des répondants concernant le mariage de leurs enfants témoignent d'une certaine ouverture d'esprit. Seulement 7% seraient en désaccord avec le mariage d'un de leurs enfants avec une personne ayant des opinions politiques différentes. Cette proportion augmente à 17% en ce qui a trait à l'ethnicité et 25% en ce qui a trait à la religion.

Enfin, la discrimination perçue chez les répondants diminue significativement avec le passage du temps, non seulement sur le plan de l'emploi, mais aussi sur le plan du logement.

Réseaux sociaux au Québec :
l'importance du voisinage comme source de soutien
et le caractère multiculturel des réseaux


Le type de réseau social que l'on rencontre le plus fréquemment (déterminé par le nombre de contacts) chez les répondants est celui formé de voisins qui offrent un soutien élevé. En effet, 32% des répondants ont des contacts plus fréquents avec des voisins sur qui ils peuvent compter pour obtenir de l'aide ou pour se confier. Chez plus de 23% des répondants, ce sont les contacts avec des connaissances qui sont les plus fréquents. Enfin, un peu moins de 20% des répondants ont plus fréquemment des contacts avec des voisins dont le soutien offert est faible. Il est important de noter que seulement 15% des répondants ont plus fréquemment des contacts avec leur réseau familial.

Par contre pour ce qui est de la taille, le type de réseau le plus important est le réseau familial : 9,7 personnes en moyenne.

Plus de 70% des répondants obtiennent un soutien social élevé (tous réseaux confondus). On n'observe aucune différence significative selon le sexe, l'âge et la scolarité. Seule la catégorie d'immigration y est associée : les » indépendants » bénéficient davantage d'un soutien social élevé que les répondants des catégories « famille » et « réfugié ».

Le fait d'avoir des enfants distingue significativement les types de réseaux dominants des répondants. Ainsi, ceux qui ont des enfants ont davantage de contacts avec les voisins (soutien élevé ou faible). À l'inverse, les répondants sans enfant ont plus fréquemment des contacts avec des connaissances (37%, contre 17% chez les répondants avec enfants). Le fait de vivre seul (11% de l'échantillon total) distingue aussi l'importance relative des types de réseaux. Les répondants vivant seuls ont plus souvent un réseau de connaissances (42%) et de voisins à soutien social faible (24%) que ceux demeurant avec d'autres personnes (respectivement 21% et 19%).

L'examen de la composition ethnique des réseaux (selon cinq types de réseaux : réseaux composés de Québécois et de Canadiens d'origine, de Québécois d'origine, de Canadiens d'origine, de personnes de la même origine ethnique que le répondant et d'immigrants d'une autre origine ethnique) montre qu'il n'y a pas de différence significative dans la répartition des réseaux selon cette composition.

L'examen de la composition linguistique des réseaux (selon sept types de réseaux : parler en français, en anglais et dans une autre langue, parler en français seulement, parler en anglais seulement, parler en français et en anglais, parler dans une autre langue, parler en français et dans une autre langue, et parler en anglais et dans une autre langue) montre qu'il n'y a pas de différence significative dans la répartition des réseaux selon cette composition.

Le choix des sources d'information varie selon le sujet d'interrogation. On note à cet égard que les répondants utilisent surtout les services publics et les médias pour la recherche d'un emploi, plus que d'autres moyens. Les informations concernant la santé sont également recherchées auprès des organismes publics. Par contre, pour trouver un logement, on a davantage recours aux médias, aux parents et aux amis.

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Les liens hors Québec :
conserver ses liens de parenté


La proportion de répondants ayant de la parenté au Québec tend à augmenter au fil du temps. Ils étaient 54% en 1990, ils sont aujourd'hui 60% à avoir de la famille dans la province. Près de 22% ont de la famille dans une autre province canadienne.

Depuis leur arrivée au Québec, près de trois répondants sur quatre (72%) ont séjourné au moins une fois dans leur pays d'origine, la plupart du temps (84%) pour visiter des parents ou des amis. Il faut noter que près de 96% des répondants disent avoir de la famille dans leur pays d'origine.

Plus de 93% des répondants disent conserver des liens avec leur pays d'origine, qu'ils soient familiaux (57%), amicaux (52%), d'affaires (6%) ou professionnels (2%). Et 16% déclarent posséder une maison dans leur pays d'origine, 11% un immeuble et 2% un commerce ou une entreprise.

Perception des répondants de leur établissement :
une expérience positive


Depuis leur arrivée au Québec, la vaste majorité des immigrants interrogés (99,3%) n'ont jamais fait de demande pour émigrer dans un autre pays. Ils ne veulent pas non plus retourner dans leur pays d'origine. Une grande majorité souhaite demeurer au pays. On remarque néanmoins une légère hausse des répondants exprimant le désir de retourner un jour dans leur pays d'origine, passant de 19% au temps 1 à 23% au temps 4.

À leur dernière entrevue, quatre répondants sur cinq estiment que leur situation d'établissement personnelle s'est améliorée. Cette part était de trois répondants sur cinq lors des deuxième et troisième entrevues.

La grande majorité des répondants (83%) encourageraient un compatriote à immigrer au pays. Toutefois, les répondants plus scolarisés sont moins susceptibles d'encourager un tel geste que les moins scolarisés.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 30 juillet 2020 10:57
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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