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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

LA POLITIQUE QUÉBÉCOISE DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL.
Volume 2. Les trois dimensions d'une politique: genres de vie, création, éducation. (1978)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte du Gouvernement du Québec, Ministre d’État au développement culturel (Camille Laurin) LA POLITIQUE QUÉBÉCOISE DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL. Volume 2. Les trois dimensions d'une politique: genres de vie, création, éducation. Québec: Éditeur du Québec, 1978, pp. 147-472.

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LA POLITIQUE QUÉBÉCOISE
DU DÉVELOPPEMENT CULTUREL.

Volume 2. Les trois dimensions d’une politique :
genres de vie, création, éducation

Introduction

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Le premier fascicule de ce Livre blanc a esquissé une réponse, sommaire mais nuancée espérons-nous, aux questions préalables à toute politique du développement culturel. Quelle est la situation de la culture à laquelle s'applique ce projet de développement ? Quels sont les grands facteurs de diversité de cette culture que l'on doit respecter et dont on peut escompter les dynamismes créateurs ? Quelles grandes orientations suggère déjà cet examen ?

Nous avons insisté sur le caractère fatalement schématique et provisoire d'un pareil survol qui, pour être indispensable, exclut tout dogmatisme.

Dans ce second volume, nous aborderons la politique proprement dite du développement culturel. Nous le ferons selon les trois dimensions, étroitement solidaires, qu'elle comporte.

La culture est genres de vie, création, éducation.

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*    *

La culture est d'abord un ensemble de genres de vie. En effet, la culture concerne l'existence quotidienne de tous. Elle n'est pas le privilège d'une élite. Chacun donne un sens à son destin, tâche de l'exprimer dans son environnement, son loisir, son travail ; chacun est influencé par les grands moyens de communication, en nourrit ses relations quotidiennes et la conscience qu'il s'en donne. La culture est dans la vie avant de se trouver dans les livres, dans les musées ou dans les écoles. Au surplus, une politique de la culture qui se bornerait aux « affaires culturelles » laisserait de côté, au départ et par un parti pris odieux, la moitié des citoyens du Québec qui trouvent autrement (et légitimement, est-il besoin de le dire ?) les voies de leurs interrogations et de leur expression de soi.

Nous songeons particulièrement à tous ceux qui, dans les associations et les mouvements les plus divers, militent pour la conquête de « la qualité de la vie » : ceux qui travaillent aux changements des conditions de travail, ceux qui œuvrent dans les organisations de loisirs, ceux [152] qui défendent les intérêts des consommateurs, ceux qui s'occupent d'animation culturelle dans les médias d'information ou ailleurs, tant d'autres militants des « genres de vie ». Il n'importe pas seulement de reconnaître qu'ils sont tous des artisans de culture mais que leur action, comme les travaux d'art, de littérature ou de science, constitue de soi des œuvres de culture.

L'État, on le vérifiera sans peine, ne songe à se substituer ni aux citoyens qui construisent tous et librement leur culture ni aux militants de la « qualité de la vie ». Il veut seulement marquer sa solidarité et mesurer ses responsabilités à lui sur ce terrain à la fois le plus concret et le plus étendu de la culture.

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La culture est, somme toute, l'édification de l'humanité par elle-même. Elle est une pédagogie, une éducation. L'être humain n'est pas enfermé dans la répétition des réflexes ou des habitudes. Il est sans cesse en croissance, en instance de dépassement. Il serait caricatural de confondre cette composante pédagogique de la culture avec les programmes des écoles. Celles-ci ne sont que des instruments parmi d'autres. Mais il importe, pour le gouvernement qui investit dans l'éducation des ressources considérables, d'évaluer la part de l'enseignement dans une plus large pédagogie, de le situer parmi les ressources diverses dont devraient bénéficier les citoyens dans leurs libres itinéraires de croissance et d'épanouissement, pour leur désir d'étendre leur connaissance de soi et du monde.

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La culture est un ensemble de genres de vie : cela, on nous aura compris, ne signifie pas qu'elle se réduit d'abord à des habitudes, à des coutumes ou à des modes. Les genres de vie sont en continuelle mouvance. Ils provoquent des critiques, des procès, des rêves, des remaniements. Ils sont créateurs. La création culturelle ne surgit donc pas uniquement du laboratoire du chercheur, de l'atelier de l'artiste ou de la plume de l'écrivain.

Il reste que la science, l'art, la littérature sont des lieux spécifiques de la création, qui rejaillissent d'ailleurs sur la création de tous. C'est dans cette perspective que sont envisagées, dans la deuxième partie de ce volume, les complexes questions du soutien politique à la recherche scientifique, à la création littéraire et artistique. On n'aura pas de peine à reconnaître que le gouvernement a voulu ramener sa contribution au niveau des conditions de travail de ceux qui vouent leur vie à la recherche et à la création. Entre autres signes, on remarquera la place considérable qui sera faite aux « industries culturelles ». Ces dernières constituent d'ailleurs les liens les plus importants qui unissent ceux qui font métier de création et les citoyens qui créent, eux aussi, à leur façon.

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*    *

Genres de vie, création, éducation : ces trois dimensions de la culture, et par conséquent d'une politique de développement culturel, nous serviront donc de repères principaux.

Ce ne sont pas, pour autant, des domaines de la vie ou de la politique. Ils renvoient l'un à l'autre. Nous aurions pu commencer aussi bien par l'un ou par l'autre. Ce qui est infiniment plus important que les procédés d'exposition, c'est que pour tous les hommes la culture soit genres de vie, création, éducation.

Il revient d'abord aux citoyens, répétons-le, de l'assurer comme ils l'entendent. Mais il convient que le gouvernement lui-même, dans les diagnostics qu'il propose, dans les orientations qu'il formule, dans les mesures qu'il veut mettre en œuvre, ne confonde pas les frontières administratives avec les besoins et les exigences de l'ensemble des citoyens. Ces citoyens qui, de leur vie même, font de la culture la plus noble et la plus vaste des tâches qui puissent préoccuper les hommes.

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Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 25 mars 2018 15:31
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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