RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le racisme au Québec: éléments d'un diagnostic. (1996)
Résumé


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Marie McAndrew et Maryse Potvin, Le racisme au Québec: éléments d'un diagnostic. Rapport final soumis au Ministère des Affaires internationales, de l'Immigration et des communautés culturelles par le Centre d'études ethniques de l'Université de Montréal, mars 1996, 183 pp. Collection: Études et recherches, no 13. Une édition numérique en préparation par Elvis-Noël IRAMBONA, bénévole, étudiant à la maîtrise en informatique au Burundi. [Rapport diffusé en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de Mme Maryse Potvin accordée le 21 février 2017.]

[9]

Le racisme au Québec :
éléments d’un diagnostic.


Résumé

Résumé du rapport final présenté au MAIICC en juin 1994 par Maryse Potvin et Marie McAndrew du Centre d'études ethniques de l'Université de Montréal (CEETUM).

[9]

Présentation de la démarche

Réalisé à la demande du ministère des Affaires internationales, de l’Immigration et des Communautés culturelles dans le cadre du Programme de recherche sur le racisme et la discrimination du Centre d’études ethniques de l’Université de Montréal (CEETUM), ce travail effectue un tour d’horizon de la documentation québécoise sur le racisme et la discrimination. Il pose en outre quelques éléments de problématique essentiels à l’élaboration d’une stratégie d’observation pour des recherches empiriques ultérieures.

L’étude se divise en onze chapitres. Les premier et deuxième chapitres présentent certains éléments d’une problématique du phénomène et explicitent la démarche méthodologique et les limites de la recherche. Les chapitres trois à neuf portent sur la violence raciste, sur les marchés « libres » que sont les domaines de l’emploi et du logement, sur les contradictions institutionnelles au sein du système d’éducation, de la police et de la justice, de la santé et des services sociaux et, enfin, sur les médias. Le chapitre dix retrace les forces et les faiblesses des interventions gouvernementales et communautaires, alors que le dernier, qui est une conclusion générale sur l’espace du racisme au Québec, tente de dégager quelques pistes d’intervention et de recherches subséquentes.

Dans chacun des secteurs de la vie sociale traités, les auteures ont abordé le phénomène sous cinq grands angles : les données « dures », qui permettent de cerner l’existence de situations racistes explicites ; les groupes les plus touchés ; l’opposition entre les perceptions et les données documentées ; les situations qui, sans pouvoir être imputées au racisme, sont porteuses de dérives ; des hypothèses sur les processus de production du racisme à l’œuvre dans chacun de ces secteurs.

1. Éléments d’une problématique

Ce premier chapitre situe le racisme comme une problématique spécifique qui s’insère dans une dynamique mondiale et un continuum historique. Après avoir donné quelques définitions des principaux concepts et précisé leurs limites, les auteures soulignent qu’il convient d’aborder le racisme comme un processus dynamique qui s’appréhende par paliers et qui, de la violence raciste à la simple tension interculturelle, comporte des glissements et des contagions potentielles. Ce chapitre retrace également les liens nécessaires entre le racisme et l’intégration, cette dernière étant, notamment, à repérer à partir des formes de l’expression raciste.

2. La démarche méthodologique et ses limites

Cette recension de la documentation québécoise sur le racisme—une documentation qui n’est pas très volumineuse et qui reste peu accessible au grand public — a été complétée par dix-neuf entretiens semi-directifs auprès d’intervenants d’organismes communautaires, non gouvernementaux et publics. Pour chacun des secteurs traités, une consultation auprès de plusieurs spécialistes a été menée afin d’obtenir leurs commentaires sur la pertinence et l’exactitude des données recueillies. Le présent rapport doit toutefois être considéré comme une étape nécessaire mais non suffisante pour nourrir une stratégie d’observation. En effet, bien qu’une enquête auprès d’intervenants d’organismes ait été menée, [10] cette recherche ne résulte pas d’une vaste observation de terrain et ne peut donc prétendre à l’analyse des processus de production du racisme au Québec.

3. La violence raciste

Ce chapitre fait état d’une violence raciste éclatée au Québec, non unifiée par un parti politique, mais située sur une pente idéologique dangereuse, notamment par la présence sur le sol québécois d’organisations d’extrême droite dont certaines tentent de se constituer en « groupes-parapluies ». Les auteures brossent un bref portrait des groupes haineux (skinheads et organisations d’extrême droite) — qui axent leur discours sur la « pureté » de la race blanche ou de l’identité québécoise — ainsi que des limites de la législation actuelle sur la propagande haineuse. Les auteures soulignent également l’existence de « réponses » à cette violence issue de groupes de jeunes des minorités racisées, qui contribuent à la cristallisation d’une dialectique des identités alimentée par les groupes haineux.

Les quelques études et les données de nos entrevues sont relativement concordantes quant à l’ampleur du phénomène et au danger de voir s’effectuer un passage au politique des organisations racistes. Ce danger guette le Canada et le Québec puisque le Heritage Front, considéré comme la plus importante organisation néo-nazie canadienne, annonçait récemment la présentation de candidats aux prochaines élections fédérales. Des études empiriques approfondies auprès des divers acteurs concernés (groupes d’extrême droite, antiracistes, communautaires, services de police) permettraient de mieux saisir la dynamique relationnelle, les stratégies et les diverses logiques d’action à l’œuvre dans la production de ce phénomène.

4. Le travail

Outre quelques situations de racisme et de harcèlement racial clairement documentées, les auteures remarquent une absence sérieuse de données quantitatives ou issues de vastes observations empiriques portant sur différents milieux de travail, notamment le milieu professionnel et certains sous-secteurs non spécialisés, alors que les sondages révèlent parmi les immigrés un fort sentiment d’être victimes, de discrimination raciale.

En outre, plusieurs inégalités ou marginalités sociales, sans être des effets du racisme, participent cependant au processus d’auto ou d’hétéro-racisation de certains groupes. C’est le cas, notamment, de la segmentation ethnique du marché de l’emploi qui, alimenté involontairement par le caractère bipolaire de l’immigration et par la présence d’entrepreneurs-investisseurs ethniques, peut participer à la dynamique d’émergence des tensions raciales en renforçant la dualisation sociale déjà en cours.

Il en va de même d’autres phénomènes, qu’il serait urgent de documenter, tels que la déqualification, les disparités salariales ou la ségrégation professionnelle, qui sont fortement ressenties comme discriminatoires par les personnes qui s’estiment touchées. À l’intérieur des groupes cibles, les femmes et les jeunes des minorités visibles connaîtraient l’intégration la plus difficile au marché du travail, selon certaines données statistiques et perceptives.

Des expériences de contrôle sur le terrain (testing) seraient donc souhaitables dans divers milieux de travail afin de déterminer le degré de difficulté dans l’accession à un emploi, de même que les groupes les plus atteints et les logiques d’exclusion. En effet, dans un contexte marqué tant par une réduction de l’État providence et un taux de chômage élevé, que par une proportion importante de citoyens bénéficiaires de l’aide sociale et par une plus grande instabilité des emplois, notamment pour les jeunes, l’emploi constitue un enjeu majeur. Il est situé au coeur du glissement qui s’opère dans le discours raciste et dont il faut contrer la progression dans la société plus large, entre les motivations sociales et culturelles du racisme, entre la « protection » du marché du travail et la défense de « l’identité » nationale.

[11]

5. Le logement

L’existence de la discrimination raciale a été bien démontrée dans le secteur du logement, notamment par une importante enquête de terrain, menée par la Commission des droits de la personne, venue corroborer les études de perception sur le sujet. De plus, les répondants à l’enquête de la présente étude estiment qu’on ne connaît que « la pointe de l’iceberg » sur la discrimination raciale et, surtout, sur le harcèlement racial, puisque leur expérience tendrait à démontrer une situation encore plus alarmante.

Les données existantes situent le problème dans le marché locatif privé, notamment entre les petits propriétaires d’immeubles — dont un nombre important appartiennent à des minorités ethniques - et les membres des minorités visibles qui se retrouvent en quête de logement, plus particulièrement les personnes noires. Les couches les plus fragiles de ces groupes conjuguent souvent discrimination raciale et discriminations sociales. En outre, les minorités d’implantation plus récente auraient un accès plus limité à la propriété privée, alors même que plusieurs données indiquent que certains de ces groupes comportent un taux important de familles nombreuses.

Des études indiquent des « dérapages » dans les relations de voisinage et la cohabitation interethnique, mais cette problématique devrait faire l’objet de recherches empiriques plus approfondies qui, en resituant la dynamique relationnelle des acteurs sociaux, permettraient de cerner, dans la pratique, les facteurs sociaux, politiques ou culturels d’éclosion du racisme dans de telles situations.

Par ailleurs, si la discrimination raciale semble bien prouvée, il ressort que l’existence d’une ségrégation ethnique qui l’emporterait sur une ségrégation sociale l’est moins. Il serait donc nécessaire d’explorer davantage cette problématique afin de cerner comment, chez les individus de la majorité, des préjugés et des conduites de « fuite » associant une logique sociale et une logique culturelle pourraient à l’avenir participer à un processus de ségrégation accrue des minorités visibles. De plus, il faudrait également cerner comment la concentration des minorités racisées, qu’elle soit volontaire ou imposée, contribue à un processus de mise en visibilité pouvant alimenter des dérives du discours raciste.

6. L’éducation

Bien qu’il existe des cas isolés de racisme explicite chez les enseignants et entre élèves, ces cas sont peu documentés. Les études perceptives et les répondants à cette enquête ont tendance à affirmer que le phénomène serait plus généralisé que ne le laissent croire les cas décrits et qu’il toucherait principalement les Noirs francophones et anglophones, notamment au niveau du secondaire. Cependant, seule une étude plus spécifique permettrait de vérifier l’ampleur réelle des courants racistes extrémistes en milieu scolaire, tant chez les individus que chez les groupes.

Par ailleurs, d’autres phénomènes de marginalité et d’inégalités peuvent constituer des indicateurs de dérives potentielles dans ce secteur. Ainsi, en ce qui concerne le rendement et la mobilité scolaires, bien que les données d’ensemble sur la population allophone (opposées aux perceptions) soient favorables, la situation spécifique des minorités visibles est mal documentée et ce, en dépit du fait qu’un échec scolaire important au sein de cette population est susceptible d’entraîner sa marginalisation sociale et de nourrir les préjugés. Cette problématique devrait être considérée en relation avec celle de la concentration ethnique, qui fait actuellement l’objet d’une autre étude, afin de cerner jusqu’à quel point échec et ségrégation scolaires coïncident.

Il importe également de nourrir des inquiétudes à l’égard du phénomène des incompréhensions culturelles entre le personnel scolaire et les membres des minorités, et l’on ignore jusqu’à quel point ce phénomène peut mener à une catégorisation des parents et élèves minoritaires sur un mode racial, ainsi qu’à un sentiment de perte de contrôle professionnel de la part des enseignants - tous deux propices à des dérives identitaires.

[12]

La situation du programme scolaire, bien que n’étant pas exempte de limites, inquiète moins, étant donné les efforts accomplis dans ce domaine depuis quelques années. Par ailleurs, pour mieux cerner l’interrelation de l’ensemble des situations problématiques, une étude empirique approfondie serait nécessaire dans ce secteur. Elle permettrait, en resituant la dynamique relationnelle des acteurs, de cerner, dans la pratique, les facteurs sociaux, psycho-éducatifs ou culturels d’éclosion du racisme.

7. La police et la justice

Après avoir situé la position intermédiaire dans laquelle se trouvent les policiers, entre les discours publics et la réalité des rapports sociaux, les auteures ont examiné des cas explicites de racisme largement documentés par de récents rapports d’enquêtes. Selon les études recensées et les données d’entrevues de cette recherche, ces pratiques discriminatoires toucheraient principalement les Noirs et les jeunes dans certains quartiers ou municipalités de la région montréalaise. Du côté des jeunes, ces pratiques auraient pour effet de cristalliser plus fortement un sentiment de domination et de marginalisation sociales. Du côté des policiers, les accusations de racisme produiraient un malaise et une insécurité, perceptibles dans les pratiques d'under protecting à l’égard de certaines minorités. Il semble s’opérer, d’un côté comme de l’autre, un glissement vers une ethnicisation et une racisation de problèmes.

Quant au système judiciaire, quelques auteurs soulignent l’existence d’incompréhensions culturelles dans les relations entre certains intervenants du système judiciaire (criminologues, travailleurs sociaux) et certaines minorités. Les répondants à l’enquête et certaines études perceptives estiment qu’il existe une judiciarisation plus grande des problèmes rencontrés par les jeunes (noirs, notamment) et une surreprésentation des minorités visibles dans les centres d’accueil et de réadaptation, mais les données sur leur présence dans les pénitenciers ne concordent pas. Les efforts d’exploration des processus favorisant le racisme doivent donc porter sur l’apport de l’activité policière au processus d’auto et d’hétéro-catégorisation des minorités visibles ainsi que sur un examen plus approfondi des problèmes vécus par certaines couches des minorités visibles dans le système judiciaire.

8. La santé et les services sociaux

Dans ce chapitre, les auteures ont documenté l’existence de tensions dans les rapports des usagers des minorités visibles avec les intervenants de la santé et des services sociaux, mais ces situations ne sont pas abordées sous l'angle du racisme et les données actuelles ne permettent pas d’en mesurer l’ampleur ou la fréquence. Il existe en outre très peu de cas de racisme explicite, à l’exception de certains refus de bénéficiaires à recevoir des soins d’intervenants noirs et de cas isolés de racisme associé au soupçon du SIDA chez les personnes noires au cours des années 1980, d’ailleurs peu documentés.

Les études et les personnes interviewées parlent plutôt « d’incompréhensions culturelles » dans la relation d’aide et s’attardent sur le processus de gestion de ces difficultés. Ces incompréhensions peuvent être porteuses de dérives, notamment dans les diagnostics et les interprétations, bien que plusieurs auteurs estiment que les intervenants s’ajustent plus rapidement que l’organisation administrative à cet égard. On souligne également la sous-représentation des minorités dans le secteur francophone, à la fois comme intervenants et comme bénéficiaires, ce qui expliquerait en partie un phénomène de sous-utilisation du réseau public par les minorités. En bout de ligne, les données permettant de confirmer ou d’infirmer des situations de racisme sont inexistantes. Une expérience empirique approfondie serait essentielle dans ce secteur afin de cerner le processus de production du racisme, notamment le danger potentiel de catégorisation ethnique et « raciale » des personnes des minorités à partir des chocs culturels vécus par les intervenants.

[13]

9. Les médias

Dans ce chapitre, les auteures soulignent que les médias, loin d’être exempts des contradictions inhérentes à la société, sont en outre aux prises avec des objectifs commerciaux, des objectifs civiques et un souci d’objectivité qui peuvent s’opposer. Il existe clairement des cas isolés et récents de racisme explicite, notamment dans les journaux, et plus particulièrement les émissions de radio ayant une tribune téléphonique, perçues comme des espaces d’épanchement du racisme populaire.

Plusieurs des analyses recensées estiment que les médias contribuent involontairement à alimenter une perception racisante de certaines minorités, notamment des Noirs, des Arabes, des réfugiés et des autochtones (dont nous n’avons pas traité dans ce rapport), mais les personnes interviewées se sont montrées plus nuancées à cet égard. Le débat actuel qui mobilise le milieu médiatique porte surtout sur la sous-représentation des minorités et sur la responsabilité des professionnels, mais il apparaît toutefois urgent d’approfondir aussi l’analyse sur le comportement des publics, afin de cerner l’impact réel du discours médiatique dans la production du racisme et de l’antiracisme.

10. Les interventions

Ce chapitre retrace les forces et les faiblesses des divers types d’interventions selon les secteurs traités. Les interventions concernent généralement la lutte contre le racisme organisé, la lutte contre les pratiques discriminatoires et le soutien à l’égalité socio-économique des groupes racisés, l’éducation et la formation auprès des jeunes et des intervenants, le développement de relations harmonieuses entre les citoyens de toutes origines.

Trois grands constats émergent des interventions retracées par les auteures dans les divers domaines de la vie sociale en matière de lutte contre le racisme. D’abord, la variété des interventions témoigne d’une prise de conscience de la société québécoise sur le problème du racisme. Toutefois, deux faiblesses sont cernées malgré ce constat positif : premièrement, l’impact des interventions coercitives et étatiques pour contrer le phénomène s'avère limité et suppose de plus en plus une prise en charge locale des enjeux sociaux ; deuxièmement, le caractère peu systématique des interventions préventives devrait susciter des correctifs importants. Au niveau de l’éducation des clientèles d’âge scolaire, de la formation des intervenants et de la sensibilisation du public, un message gouvernemental et institutionnel clairement intégrateur et antiraciste fait défaut. Afin de créer ou de maintenir des lieux de convivialité communautaires ou institutionnels, un soutien aux collectivités locales devrait donc être renforcé.

11. Conclusion

Les auteures concluent que le suivi de la production scientifique québécoise sur ce sujet indique nettement le manque de liaison entre les approches et les résultats d’un secteur de la vie sociale à l’autre et la faiblesse d’une réflexion globale sur la dynamique du racisme au Québec. L’étude évalue que les faits de racisme explicite et organisé sont rares, tout comme les situations extrêmes de marginalisation des minorités racisées. Ainsi, suivant le schéma présenté dans la problématique du rapport, les auteures constatent que l’essentiel des éléments cernés se situe dans les zones « intermédiaires » du racisme et de l’intégration, correspondant à la persistance de barrières sociales et à certains blocages des efforts d’intégration et de développement du sentiment d’appartenance à la société. Les comportements discriminatoires sont surtout manifestes sur le marché libre où le contrôle étatique se fait moins sentir qu’au sein des institutions. Du côté des institutions, les tensions entre les discours officiels, d’une part, et la réalité des pratiques des intervenants et des relations entre bénéficiaires, d’autre part, deviennent manifestes ; elles ne peuvent être interprétées ou résolues uniquement par une approche ethnicisante et culturalisante - actuellement [14] dominante - puisqu’elles recouvrent souvent des enjeux sociaux.

Ensuite, les auteures constatent un écart entre les données « dures » et les perceptions. Elles concluent à l’impossibilité, dans l’analyse du racisme, de réduire le fait social à ce qui a pu être objectivement vérifié et, par ailleurs, d’accepter les perceptions comme des miroirs de « la » réalité au lieu de les analyser comme des constructions sociales dont il faut comprendre la dynamique et les fonctions.

Enfin, le rapport amène dix propositions quant aux orientations d’une stratégie gouvernementale de lutte contre le racisme. Cette stratégie doit être globale, préventive et à long terme, allant de la répression de la violence raciste organisée au soutien à l’intégration socio-économique et à l’adaptation institutionnelle. Cette stratégie doit inclure autant des actions d’éducation, de formation et de sensibilisation, que des interventions visant le maintien ou la création de lieux de convivialité collective ou sociale, et le renforcement de solidarités sociales transcommunautaires qui associent des individus de toutes origines à des luttes sociales communes. En outre, cette stratégie implique que le message gouvernemental soit plus clair quant à la bidirectionnalité des obstacles à l’intégration et qu’un discours antiraciste cohérent soit articulé par le gouvernement québécois. De plus, au lieu de tenter d’identifier les clientèles les plus touchées par le racisme, il paraît plus pertinent de donner la priorité à des secteurs et des populations à partir de l’impact potentiel des problèmes vécus à plus long terme sur une participation égalitaire et une dynamique intercommunautaire plus large au sein de la société.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 7 octobre 2019 7:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref