RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Gérard PIERRE-CHARLES
Économiste, intellectuel de gauche et ancien leader du Parti unifié des communistes haïtiens


Gérard Pierre-Charles, homme politique haïtien

par Jean-Michel Caroit

L'intellectuel et dirigeant politique haïtien Gérard Pierre-Charles est mort dimanche 10 octobre. Il était âgé de 68 ans. Il avait été hospitalisé d'urgence, la veille, dans un hôpital de La Havane, où il est décédé d'une crise cardiaque.  

"Gérard Pierre-Charles est une figure démocratique latino-américaine de dimension continentale", soulignait Jorge Castañeda, alors ministre mexicain des relations extérieures, en lui remettant en janvier 2003 la médaille de l'Aigle aztèque, principale décoration mexicaine.

Né le 18 décembre 1935 à Jacmel, au sud d'Haïti, Gérard Pierre-Charles n'eut pas une enfance facile. Orphelin à 10 ans, il fut victime de la tuberculose puis de la poliomyélite, qui l'obligea à utiliser des béquilles durant toute sa vie.

Militant de la Jeunesse ouvrière catholique, il s'engage à la cimenterie d'Haïti et participe à la création du mouvement syndical dans les années 1950. En 1959, il fonde, avec l'écrivain Jacques Stephen Alexis et l'économiste Gérald Brisson, le Parti d'entente populaire, d'orientation marxiste, qui rassemble la jeunesse engagée contre la dictature de François Duvalier et donnera naissance au Parti unifié des communistes haïtiens (PUCH).

Face à la sanglante répression des "tontons macoutes", Gérard Pierre-Charles quitte Haïti en 1960 et s'installe au Mexique, où il entreprend des études d'économie.

Un intellectuel marquant 

Durant ses vingt-six années d'exil au Mexique, il enseigne à l'Université nationale autonome de Mexico (UNAM), publie plus d'une vingtaine d'ouvrages, dont son classique Radiographie d'une dictature, et s'affirme comme l'un des grands intellectuels progressistes latino-américains. En 1971, il organise au Mexique la première rencontre entre universitaires haïtiens et dominicains. Avec son épouse, l'historienne Suzy Castor, il ne cessera de plaider en faveur d'un rapprochement entre les deux pays qui se partagent l'île d'Hispaniola.

De retour à Port-au-Prince en 1986, peu après la chute de Jean-Claude Duvalier, Gérard Pierre-Charles s'engage dans la lutte pour la démocratisation d'Haïti. Alors que le mur de Berlin tombe, il rompt avec le PUCH et appuie la candidature du jeune prêtre issu de la théologie de la libération Jean-Bertrand Aristide, qui est triomphalement élu président en décembre 1990. Très vite des divergences les opposent.

Contre la volonté d'Aristide, Gérard Pierre-Charles s'efforce de structurer le mouvement Lavalas en un parti moderne. Durant les trois ans de coup d'Etat militaire, de 1991 à 1994, il se bat courageusement pour le retour du président exilé. Les relations entre les deux hommes s'enveniment après la victoire de l'Organisation politique Lavalas, fondée par Gérard Pierre-Charles, aux élections législatives de 1995.

La rupture est consommée en 2000 lorsque Jean-Bertrand Aristide obtient un deuxième mandat présidentiel dans des conditions contestées. Gérard Pierre-Charles dénonce les dérives dictatoriales de l'ancien prêtre et prend la tête d'un rassemblement d'opposition, la Convergence démocratique, qui se réclame de la social-démocratie.

Le pouvoir réagit avec violence : en décembre 2001, sa maison, son centre de recherches et le siège de son parti sont incendiés par les "chimères", les milices d'Aristide. "Aristide a trahi toutes les valeurs morales qui l'ont porté au pouvoir en 1990. Il s'est converti en un être pervers et maléfique", nous disait récemment Gérard Pierre-Charles. Optimiste dans l'adversité, il ne cachait pas sa "douleur" face à l'incapacité des Haïtiens à résoudre leurs problèmes.

"Une intervention étrangère, c'est dur, deux c'est trop", lâchait cet homme dont le sourire et la force tranquille ont charmé ses nombreux visiteurs étrangers.
 

Le Monde   14.10.04 

Source: Latinoamerica-online. [En ligne] Consulté le 3 août 2019.


Retour à l'auteur: Marc Bélanger Dernière mise à jour de cette page le samedi 3 août 2019 10:30
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref