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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Lucien Goldmann ou la dialectique de la totalité. (1973)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre, Lucien Goldmann ou la dialectique de la totalité. Présentation, choix de textes, bibliographie de Sami Naïr et Michael Löwy. Paris: Les Éditions Seghers, 1973, 174 pp. Collection: “Philosophes de tous les temps”. [Livre diffusé en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation formelle de M. Michael Löwy accordée le 23 décembre 2018.]

[7]

Lucien Goldmann
ou la dialectique de la totalité.

Introduction

La mort subite de Lucien Goldmann n'a pas encore fini de nous surprendre. Nous savons seulement qu'elle a frappé, de son absurde irréductibilité, une pensée en pleine évolution. Ceux qui ont connu Goldmann vivant, quotidiennement ou au hasard des rencontres, dans l'enceinte de l'École des hautes études ou dans les Congrès Culturels, ceux-là ne manqueront pas non plus de regretter l'homme chaleureux, au regard bleu et candide, à la voix éloquente et passionnée. Pour nous qui l'avons côtoyé, Goldmann était d'abord un ami, un soutien ferme, et ensuite un penseur, de haute taille théorique, avec lequel la discussion et la confrontation étaient de règle. À la recherche constante de la communication vivante avec les hommes, il était toujours disposé à remettre ses propres thèses en question, il s'enthousiasmait pour telle ou telle idée de son interlocuteur, toujours aussi sincèrement et franchement.

Pour nous, le temps n'est pas encore venu de traiter calmement, sans « parti pris », de son œuvre. Cela pour plusieurs raisons.

D'abord la première, contraignante et si proche, qui est la disparition même de Goldmann et qui pèse de son poids sur notre souvenir. Comment, en un espace si court, pouvoir consacrer une analyse détaillée à cette œuvre si diverse et pourtant si cohérente, si claire et pourtant si difficile, sans encourir le péché de légèreté à son égard ? Souvent, la hâte est l'ennemie de la rigueur. C'est pourquoi, ici, nous voudrions seulement dessiner à grands traits les contours du système de pensée goldmanien et surtout en favoriser l'accès à tous.

[8]

La seconde raison a trait à l'objectivité de notre lecture. Cette œuvre portée vers les sciences humaines, nous ne pensons pas qu'il soit possible d'en fournir une interprétation objective et pure de jugement de valeur. Goldmann a écrit des dizaines de fois que l'objectivité dans les sciences sociales et humaines est également déterminée par le point de vue du sujet analysant : — ce principe théorique, il est le nôtre. La lecture que nous tenterons sera donc engagée. Et engagée dans une perspective nettement définie : elle sera théorique et politique. De là, un certain nombre de problèmes que nous tenons à clarifier.

Pour rendre à César ce qui lui appartient, nous soutenons d'abord, comme postulat fondamental de notre démarche, que l'œuvre de Goldmann constitue un tout cohérent, malgré son apparente diversité, et qu'elle est articulée par le fait d'une méthodologie générale, qui déborde souvent, d'ailleurs, le cadre des propres réflexions de l'auteur du Dieu caché. Autrement dit, contrairement à une thèse simpliste et schématique, récemment répandue, cette œuvre n'est pas un essai, mais une œuvre systématique et cohérente. Elle ne se limite pas à poser des questions, elle les résout parce qu'elle est sous-tendue par la cohérence de principes méthodologiques qui autorisent la saisie de la réponse dans la question elle-même. Elle est ainsi marxiste, au sens le plus rigoureux du terme. Le structuralisme génétique mis en forme par Goldmann est une méthodologie générale dont le champ d'application est varié, multiple, et qui s'étend d'un bout à l'autre de l'espace des sciences dites humaines. Car ce structuralisme-là, il n'est rien d'autre que le matérialisme dialectique, épuré du positivisme et lesté du dogmatisme. C'est là une thèse qui n'est pas seulement la nôtre, mais aussi et surtout celle de Goldmann qui n'a cessé, envers et contre plusieurs, de la répéter... La présentation que nous ferons ici de la pensée goldmanienne tiendra à confirmer cette thèse.

Enfin, nous partirons d'une alternative qu'à la suite de Marx et Rosa Luxemburg, Goldmann postule rigoureusement à l'aube comme au soir de sa vie. Dans son dernier écrit, la préface à Marxisme et sciences humaines, il note laconiquement : « Aux deux pôles extrêmes de l'évolution se dessinent les deux images extrêmes de la barbarie et du socialisme » ; et il rappelle que, pour lui, l'essentiel de l'activité humaine doit être de tout mettre en œuvre « pour que cette évolution nous mène assez près du socialisme pour réduire la [9] barbarie au minimum » (p. 14-15). Notre lecture sera axée dans cet horizon : théorique et politique avons-nous déjà dit, ajoutons alors que c'est dans la matrice du marxisme révolutionnaire qu’elle prend racine. Nous prendrons donc parti, et avec Goldmann contre ce qu'il combat, et au sein même de son discours dans ce qui nous paraît le plus important. C'est que cette œuvre est de notre temps et les problèmes qu'elle soulève sont les nôtres. Elle renoue, par-delà le dogmatisme stalinien, avec le marxisme de Marx et elle le développe de façon extrêmement originale. C'est là un aspect central de l'apport théorique de Goldmann. Et sur cet aspect, nous insisterons particulièrement.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 22 janvier 2019 14:27
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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