RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Ilionor LOUIS, Des bidonvilles aux camps. Conditions de vie à Canaan, à Corail Cesselesse,
et la Piste de l’ancienne aviation de Port-au-Prince
. (2013)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Ilionor LOUIS, Des bidonvilles aux camps. Conditions de vie à Canaan, à Corail Cesselesse, et la Piste de l’ancienne aviation de Port-au-Prince. Port-au-Prince, Haïti, rapport de recherche, mars 2013, 91 pp. Une édition numérique réalisée avec le concours du Dr Edelin Mangnan, bénévole, économiste et chercheur, directeur de IPES. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 22 septembre 2019 de diffuser ce rapport de recherche, en accès libre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

Le séisme du 12 janvier 2010, qui a fortement détruit plusieurs villes d'Haïti, spécialement Port-au-Prince, la capitale du pays, a été particulièrement dramatique. Dans la quasi-totalité des quartiers, particulièrement dans les bidonvilles, de nombreux bâtiments se sont effondrés. Cette catastrophe a fait des centaines de milliers de morts et de blessés. Mais, on ignore encore le sort de milliers de disparus sous les décombres. Tout de suite après le séisme, de nombreuses répliques entretenaient une psychose de peur au sein de la population. Les rescapés sont paniqués à l'idée de rester prisonniers de leurs bâtiments vacillants. Ainsi, des centaines de milliers de personnes ont abandonné leur demeure pour s'installer dans les rues, sur des terrains vacants, sur des places publiques ou sur la cour de certaines institutions notamment des églises et des écoles. Durant quelques mois, la ville de Port-au-Prince a été privée d'électricité. Des milliers d'individus, qui habitaient à Port-au-Prince, ont dû fuir cette ville pour prendre refuge en province ou dans des régions avoisinantes. Ceux, qui restaient, ont construit des abris, n'ayant plus de maison ou ne voulant plus retourner vivre sous des toits et des murs fissurés. Une importante solidarité s'est dégagée entre les individus en vue de la survie des rescapés. Soit pour sortir des gens sous les décombres, soit pour déblayer des maisons et sortir des cadavres, soit pour partager de l'eau, du pain, pour sauver des vies. Cette solidarité a pris diverses formes : entraide, transport des blessés et des malades à l'hôpital, construction d'abris de fortune. Ce fut un exemple de solidarité sans pareil.

Puis vinrent des ONG et des organisations de coopération bilatérale et multilatérale. Elles se sont impliquées dans la gestion des victimes de cette catastrophe. Distribution de nourriture, de kits d'hygiène, installation des toilettes mobiles, prise en charge des personnes handicapées, des enfants, des femmes enceintes et des vieillards, distribution d'eau potable, de bâches, construction de logements sur des terrains aménagés à cet effet, sont entre autres, différentes actions réalisées au profit d'une population rudement éprouvée par cette catastrophe.

Aujourd'hui encore, des centaines de milliers de familles vivent dans des abris provisoires, sous des tentes érigées dans de nouveaux territoires de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. L'aide apportée par les ONG et des organismes bilatéraux et multilatéraux pendant les premiers mois d'après la catastrophe a connu une baisse très importante. Les populations des camps, après avoir été prises en charge, font l'objet d'un sevrage alors qu'elles ne peuvent pas se relever encore, ayant été totalement décapitalisées. De concert avec des acteurs humanitaires, l'État haïtien a aménagé un espace devant accueillir des centaines de famille en provenance de plusieurs camps de l'aire métropolitaine. Cet endroit est connu sous le nom de Corail Cesselesse. Entre temps, des dizaines d'hectares ont été déclarés domaines d'utilité publique afin de régulariser l'une des plus grandes invasions de terrains situés au nord de Port-au-Prince après la catastrophe. Ce territoire a été baptisé Canaan par les envahisseurs. Dans la perspective de prise en charge des personnes handicapées, la Croix Rouge Internationale, de concert avec les autorités haïtiennes, a aménagé un espace situé à la piste de l'ancienne aviation civile de Port-au-Prince baptisé « Camp Lapiste ». Plus de 370 familles y ont été installées. Quelle est la qualité de vie de ces populations dans ces nouveaux territoires ? Comment font-elles pour survivre ? Que peut-on conclure de leur situation actuelle en comparaison avec celle d'avant le séisme du 12 janvier 2010 ?

Les objectifs

Deux types d'objectifs sont poursuivis dans le cadre de cette recherche. Ils concernent, d'une part, la qualité de vie des populations en lien avec les interventions des acteurs humanitaires[1] et l'État haïtien, d'autre part, les capacités de la population à s'organiser en vue de transformer leurs conditions de vie. Les objectifs sont répartis en un objectif général et des objectifs secondaires.

Objectif général

Comprendre et expliquer les conditions de vie des populations de ces trois territoires en lien avec le choc subi à l'occasion du séisme, les interventions des acteurs humanitaires et de l'État haïtien.

Objectifs spécifiques

  • Analyser les impacts du tremblement de terre et de l'intervention des acteurs humanitaires sur les populations des camps ;
  • Arriver à identifier des pratiques des populations en vue d'accéder à certains services de base avant et après le séisme ;
  • Aboutir à des propositions, en tenant compte, de celles qui sont faites par des représentants de ces populations, en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie.
  • Comprendre et expliquer les conditions de vie des populations de ces trois territoires

Il s'agit, pour moi, de prendre un recul par rapport à ce qui est écrit sur ces populations, ce qui a été observé et ce que les personnes concernées elles-mêmes nous racontent. J'ai voulu savoir d'où viennent ces individus qui occupent ces espaces et pourquoi ils acceptent de rester là après avoir vécu le choc terrible du 12 janvier. Pour ce, j'ai construit une revue de littérature structurée autour des concepts généraux de qualité de vie et de conditions de vie. Toute une démarche méthodologique est élaborée à cet effet.

Spécifiquement, j'ai voulu expliquer la capacité de résilience des populations en tenant compte notamment de différentes stratégies de subsistance développées avant et après le séisme. Il ne fait pas de doute sur la compétence de ces personnes pour expliquer leur situation et développer des stratégies de survie quotidienne particulièrement avant la catastrophe. Qu'est-il est advenu après, surtout avec le départ de beaucoup d'ONG, deux ans après le séisme ? Doit-on conclure à un renforcement de leur marginalisation ? Ou bien peut-on dire que ça va mieux qu'avant. La grosse question est de savoir pourquoi, dans les deux cas. C'est dans cette perspective qu'est élaborée la recherche documentaire autour de laquelle est structurée mon analyse.



[1]J'appelle acteur humanitaire des ONG et des organismes de coopération qui ont intervenu ou continuent d'intervenir auprès des populations rescapées du séisme



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 6 novembre 2019 9:16
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref