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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Jacques Enguerrand GOURGE: Le Plaisir du Tragique... (2011)
Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Fritz-Gérald LOUIS, Jacques Enguerrand GOURGE: Le Plaisir du Tragique... Mémoire pour l’obtention de la Licence en Histoire de l’Art et Archéologie, Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti, Université d’État d’Haïti. Port-au-Prince, Haïti, novembre 2011, 50 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 19 octobre 2014 de diffuser ce texte, en accès libre à tous, dans Les Classiques des sciences sociales.]
L’art dans la vie du peuple haïtien est complexe. Il comporte plusieurs éléments dont ceux africains, indiens et européens. Depuis la période coloniale, l’art tenait une grande place dans l’animation de la vie sociale. Selon Michel Philippe Lerebours, les colons veulent se faire passer pour des nobles, ainsi ils font venir des peintres étrangers dans la colonie pour se faire peindre, en exhibant tous leurs biens. Ils n’ont pas hésité à faire initier leurs esclaves à l’art de la peinture.
Après l’indépendance, l’éducation artistique faisait partie des préoccupations des pères de la Patrie. Ainsi, se sont émergés des artistes qui ont perpétué la tradition du portrait laissée en héritage par les colons. Cependant, les peintres indigénistes qui ont évolué au cours des années 1930, sans rompre tout à fait avec la tradition suscitée, vont surtout mettre en valeur le paysage haïtien. Ils ont donc mis un accent particulier sur la vie du paysan haïtien avec fraicheur et originalité. En 1944, le Centre d’Art nait sous l’influence de Dewitt Peters (1901-1966) dont la mission était de former des peintres, leur donner un espace pour exposer leurs œuvres. Ces objectifs n’ont pas pris trop de temps pour se modifier, car la découverte de l’art naïf et son succès à l’étranger donnait une nouvelle vision au Centre d’Art, celle de promouvoir la peinture primitive. Irrités de cette nouvelle orientation, certains artistes se séparent du Centre d’Art en 1950 pour créer le Foyer Des Arts Plastiques (FDAP). C’est ainsi que Jacques Enguerrand Gourgue, rentré au Centre d’Art, continuera sa formation au Foyer pour encore retourner au Centre en 1951, soit un an après.
La peinture de Gourgue est peu connue en dehors du cercle des spécialistes. Trois critiques d’art « Michel Philippe Lerebours, Marie Josée Nadal et Gérald Bloncourt » dans leur [7] livre respectif : Haïti et ses peintres (1989) et La peinture haïtienne (1987) étudient brièvement son œuvre. Cette monographie a donc pour but de mettre en valeur et de faire connaitre au grand public l’œuvre de Jacques Enguerrand Gourgue.
À l’analyse descriptive et iconographique des douze tableaux étudiés dans ce travail se dégage une compréhension du plaisir du tragique. L’appellation de cette monographie « le plaisir du tragique » est un sentiment d’admiration et le résultat d’une satisfaction personnelle éprouvée en réalisant ce travail, car le parcours artistique de Gourgue est marqué par une suite de misère, de souffrance, de peur et de désespoir. Le peintre a utilisé des canons propres à son état d’âme, à son idéal. C’est l’idéal de la douleur. Toute son œuvre porte l’empreinte de la règle du cout du destin[1]. Elle suscite la terreur, la souffrance. L’artiste a donné au public un plaisir dans un humour noir qui est sans issue, un plaisir directement lié à une force douloureuse, une force antagonique. Qu’est-ce qui explique cette présence constante du tragique dans l’œuvre de Gourgue ?
La réponse à cette question amène à développer trois grands points qui dominent en fait notre étude : une vie mouvementée ; une œuvre choquante et une tragédie politique et sociale.
[1] Souriau Etienne, Vocabulaire d’Esthétique, Paris, Quadrige, Puf, Avril 2009, p 1358.
Dernière mise à jour de cette page le mardi 21 octobre 201418:34
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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