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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les règles de conduite dans les Églises pentecôtistes et l’expansion du pentecôtisme
dans le champ religieux haïtien
. (2016)
Introduction générale


Une édition électronique réalisée à partir du mémoire de Louis-Jacksonne LUCIEN, Les règles de conduite dans les Églises pentecôtistes et l’expansion du pentecôtisme dans le champ religieux haïtien. Mémoire pour l’obtention d’une licence en sociologie, sous la direction du professeur Louis Gabriel BLOT. Port-au-Prince, Haïti: Département de sociologie, Faculté des sciences humaines, Université d’État d’Haïti, mai 2016, 128 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 26 juillet 2017 de diffuser ce mémoire, en accès libre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[12]

Les règles de conduite dans les Églises pentecôtistes
et l’expansion du pentecôtisme dans le champ religieux haïtien.

Introduction générale

Depuis des décennies, s’impose à l’observation un discours social (André Corten, 2001a : 24)[1] critique persistant dans la société haïtienne tentant de remettre constamment en question diverses pratiques sociales, culturelles et politiques : d’une part, en raison de la façon dont la jeunesse se trouve exposée à toutes sortes de pratiques et consommations de produits illicites, d’autre part, pour dénoncer le champ politique avec ses scandales de corruption, de meurtres suspects et d’impunité. Les fameux slogans "granmoun yo echwe" et "jenès la dejwe"[2] semblent s’inscrire dans ce même discours d’une société qui se voit en absence de moralité ; une société dégénérée[3] ou, selon d’autres regards, plongée dans une "déviance morale" comme expression de "notre naufrage collectif[4]. Ainsi, d’une façon ou d’une autre, lorsque des scandales et des faits divers perçus de cette manière par le reste de la société font surface, ils sont constamment suivis d’un ensemble d’analyses, de questionnements, venant de différents secteurs de la société, et ces derniers interpellent toujours les familles, les écoles pour arrêter cette descente déshonorante de l’ensemble de la communauté - comme ceci se trouve, parfois, qualifié. Mais, c’est particulièrement aux institutions religieuses que l’appel est lancé avec beaucoup plus d’insistance, car étant considérées comme le grand magistère moral c’est à elles d’assurer aux yeux de la majorité la perpétuation d’un ordre normatif (acceptable), soit une meilleure régulation des conduites de vie dans la collectivité.

En ce sens, il se construit, en tout sens, un mariage logique et compréhensible particulièrement entre religion et morale dans la société. Cette affinité religion/morale s’inscrirait dans une dialectique constante en divers espace-temps entre collectivités et représentations. Réalité qui serait, d’un autre côté, théorisé dès les débuts de la sociologie (Jean Terrier et Hans-Peter Müller, 2013). En effet, nous dit l’un des premiers penseurs de la sociologie classique : « […] la religion est une chose éminemment sociale. Les représentations religieuses sont des représentations collectives qui expriment des réalités collectives ; […] » (Émile Durkheim, [1912] 1968 : 21). D’un autre côté, même dans les sociétés où l’on considérait avoir ébranlé quasi-définitivement la tradition de l’ordre magico-religieux, actuellement avec les débats d’éthique sur les inventions technico-scientifiques et autres débats sociétaux, elle (la religion) qui serait chassée par la porte rentre silencieusement ou avec fracas par la fenêtre pour interpréter et tenter d’influencer les décisions juridico-politiques des autorités en mobilisant leur troupe (Jürgen Habermas, 2008 ; Jean-Paul Willaime, 2014)[5] ; situation par laquelle, se consacrerait davantage ce lien entre elle et la morale. Par ailleurs, la religion en tant que : « […] système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhérent » (Émile Durkheim, [1912] 1968 :51), détermine et exprime une nature, un rapport, un traitement particulier aux choses sacrées et profanes et imprime/impose ces rapports et traitements aux adeptes de diverses manières dans sa doctrine et dans ses cultes.

Pour des raisons sociologiques, politiques et idéologiques, la situation créée par la présence de différentes institutions religieuses, dictant une manière d’être particulière à leurs adeptes, dépendamment de leur propre lecture du ou des textes de référence, en d’autres termes la réalité d’inculcation, d’expression des comportements interdits et/ou permis aux fidèles des religions varie d’une culture, d’une nation et d’un groupe social à l’autre. Cette réalité d’inculcation avec ses variations, sont constitutives de la différence des doctrines religieuses, de la concurrence - entre les différentes doctrines, institutions religieuses - déclarée ou non, mais vécue à l’intérieur d’une même ou plusieurs sociétés. Cette situation elle-même est à son tour déterminante de l’état, de la structure, enfin de la dynamique d’un champ religieux dans un espace donné autrement dit, du rapport de positionnement et de prises de positions des différentes institutions au sujet de l’enjeu essentiel du champ religieux.

Dans ce travail, il s’agira d’interroger, dans l’objectif de la comprendre, la réalité du champ religieux haïtien - particulièrement dans une grande mesure du sous-champ chrétien -, c’est-à-dire le marché des biens de salut (Pierre Bourdieu, 1971 : 320) haïtien, par rapport aux croyances en tant que « […] représentations qui expriment la nature des choses sacrées et les rapports qu’elles soutiennent les unes avec les autres, soit avec les choses profanes » (Émile Durkheim, [1912] 1968 : 45), partagées par diverses institutions et fidèles, particulièrement de leur représentation et traitement du "corps de la personne" qui dicte la conduite de vie qu’il convient d’adopter en conséquence. En effet, il sera spécifiquement question de la rigueur exigée aux adeptes des églises pentecôtistes, de l’existence et de la pertinence des sanctions qui peuvent être prises contre eux en cas de transgression aux principes établis - par les dirigeants. Situation qui, cependant, coïncide à leur expansion malgré l’absence de sanction dans la plupart des églises protestantes concurrentes dans le cadre du rapport qu’entretiennent les dirigeants des autres institutions chrétiennes avec leurs fidèles en ce qui a trait à la gestion de la  conduite de leur vie.

Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? […] Ne savez-vous pas que celui qui s’unit à la prostituée fait avec elle un seul corps ?  […] Fuyez la débauche. Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ? […] Glorifiez donc Dieu par votre corps [6].

Cette partie de la Bible est tirée de la première épître aux Corinthiens - elle qui est présentée comme le premier manuel d’éthique chrétienne (Elian Cuvillier, 2013 : 5). Cependant, comme il a déjà été souligné, son interprétation peut, et certainement varie d’une institution à l’autre dans le champ religieux haïtien. En effet, tous les chrétiens pourront vous affirmer la sainteté du corps, et en ce sens, diverses institutions religieuses élaborent des codes éthiques explicitement ou pas, que les adeptes doivent suivre au nom de leur croyance. Cependant, alors que d’autres laissent l’exécution et le jugement de leur conduite sur la pleine responsabilité, sur la conscience/la discrétion des fidèles, ou en donnent des interprétations peu rigoureuses, les églises pentecôtistes quant à elles, non seulement élaborent des codes éthiques, mais, en outre, elles s’expriment dans une rigueur sans pareille et entendent déterminer quasi-totalement la gestion de la conduite de vie de leurs fidèles à partir des sanctions.

En effet, pour les pentecôtistes « […] la société dans laquelle vit le croyant est en perdition […]. En conséquence, le croyant doit se placer en retrait du "monde" » (André Corten, 1999 : 168). En outre, pour les pentecôtistes « […] il faut choisir entre Jesus et le monde. Le "monde", ce sont "les fêtes, le maquillage, les cheveux courts, les bijoux, une manière de se vêtir, la prostitution (entendons les rapports sexuels en dehors du mariage), la boisson, la drogue, etc.". Le "monde", c’est aussi la politique. La politique, c’est "sale", c’est le champ du péché ; le chrétien ne s’y implique pas » (André Corten, 1999 : 168). C’est à partir de tels jugements que les responsables établissent des règles de conduite auxquelles les fidèles doivent se plier pour éviter d’être mis sous sanction. 

Dans le cadre de notre stage en  milieu de recherche, allant du mois de mai au mois de  juillet de l’année 2015, à la fin duquel nous avons rédigé le rapport : Les représentations de la politique chez les jeunes pentecôtistes haïtiens. Le cas des jeunes de l’Église de Dieu de la Prophétie de Haut Mithon de Léogane. Nous avions profité pour mener une enquête exploratoire au cours de laquelle nous avons eu connaissance de nombreuses anecdotes assez révélatrices (deux de ces anecdotes relatant des mises sur sanctions seront présentés aux pages 16-17). C’est aussi dans le cadre de cette enquête exploratoire, que dans des discussions avec certains fidèles, ils nous ont informés sur la culture et les pratiques à l’Église, particulièrement en ce qui a trait aux règles de conduite exigées et de l’existence des sanctions. En effet, au sujet de ces règles, nous pouvons souligner que ce n’est en effet que récemment que des églises pentecôtistes ont autorisé les anneaux dans les cérémonies nuptiales. Les adeptes sont interdits de porter des pantalons pour les filles et femmes, l’interdiction leur est faite aussi de porter des tresses[7] tout un ensemble d’actes qui serait plus ou moins toléré dans d’autres institutions du champ chrétien.

Ainsi, tous les aspects de la vie des fidèles seraient en majeure partie déterminés par l’institution religieuse : dans l’église de Dieu de la Prophétie de Mithon de Léogane, par exemple, leurs moindres gestes seraient orientés[8]. L’église exige d’être mise au courant par les parents de presque tout fait ordinaire et extraordinaire dans la vie des familles : la relation amoureuse de leurs enfants, une grossesse précoce ou non etc. Les fidèles doivent mener une vie exemplaire en tout sens dans leur communauté, ce qui implique de ne se mêler à aucune dispute qui pourrait les entrainer dans des discussions publiques ou pas, quelle que soit la situation. Leur présence dans des milieux précis (manifestations culturelles publiques, comme le Rara, les temples des autres institutions religieuses etc.,) à des moments précis peut être connue et faire l’objet de sérieuses discussions. Ainsi, ils courent toujours le risque d’être sanctionnés par les dirigeants de l’église, quel que soit leur âge. Les sanctions seraient dans la majorité des cas, des mises en disponibilité de toute participation active dans les activités de l’église pouvant s’étaler sur plusieurs mois ou années. C’est comme pour un citoyen à qui on enlèverait les droits civils et politiques au cours d’une période pour avoir été jugé coupable par une institution judiciaire.

Les festivités de Rara (Dautruche, Joseph Ronald. 2011 : 123)[9] coïncident avec le temps du carême dans le calendrier de fêtes chrétiennes pour prendre fin le dimanche de Pâques. Par ailleurs, Léogane est une ville pour laquelle ces festivités populaires constituent un très fort élément identitaire, la ville est unanime sur le désir de développer son tourisme autour de ces manifestations particulièrement (Dautruche, Joseph Ronald. 2011). Ainsi, le " Dimanche Pâques" de cette année (2015), d’une certaine manière, dans un élan de pratique de tourisme local, certains fidèles de l’église sont allés se promener sur la place publique de la ville. Les dirigeants ont été mis au courant, l’une des fidèles a été interdite de diriger un service le lendemain et le reste de ces fidèles a été blâmé par les responsables dans un premier moment, puis l’une d’elle ayant avoué avoir été présente aurait été mise sous sanction, simplement pour avoir été présente sur la place publique, dans un espace de temps au cours duquel elle aurait pu rencontrer des bandes de Rara, selon les dirigeants. En outre, nous avons eu connaissance du cas d’un des responsables de l’église à qui on a imposé une sanction pour avoir loué sa maison à une personne qu’on soupçonnerait d’exécuter des opérations magiques dans la maison. Cette mise sous sanction n’a pas été bien vue par le reste de l’assemblée, ce qui perturba une "réunion d’affaire de l’église". Par ailleurs, certains des enfants de ce dernier se seraient abstenus de fréquenter l’église dès la mise sous sanction de leur père, ce que l’on pourrait qualifier d’un signe de protestation explicite[10] de la décision ou une pure expression de désapprobation. En effet, il faut ajouter que la durée de la sanction serait de cinq (5) ans, en correspondance à la durée de louage de sa maison à cette personne "étrangère" à sa famille chrétienne, ou qui ne serait pas du tout chrétienne, et enfin suspectée de s’adonner à des pratiques que désapprouve l’église. Enfin, il nous a été signalé que ses enfants et lui - à l’exception d’un seul qui serait l’un des responsables de Jeunesse - auraient abandonné définitivement l’église. Selon un fidèle, un de nos informateurs cette situation ne serait pas nouvelle ; ainsi la prise de sanction donnerait-t-elle lieu à des tensions, des conflits ou une crise à l’intérieur de l’église ? Alors, si c’est le cas, qu’est-ce qui expliquerait que les sanctions fassent toujours partie de la vie de la communauté religieuse ? En effet, comment comprendre l’accord,  la « soumission » de la majorité des fidèles dans ce rapport de pouvoir à l’intérieur de l’église, entre eux et les dirigeants ?        

Cependant, malgré cette réalité décrite, ce traitement des adeptes dans le pentecôtisme, ce courant religieux serait en constante progression selon les travaux de différents auteurs, ce qui ferait d’elle la troisième religion en Haïti (André Corten, 2001 : 93 ; André Corten, 2014 : 126). Dans un tel contexte, convient-il d’ajouter que toute progression significative d’un courant religieux dans la dynamique du champ exprimerait un changement en faveur du courant considéré en expansion. En effet, selon Bourdieu (1971 : 313)

[…] les relations de transaction* qui s'établissent sur la base d'intérêts différents entre les spécialistes et les laïcs et les relations de concurrence* qui opposent les différents spécialistes à l'intérieur du champ religieux constituent le principe de la dynamique du champ religieux et, par-là, des transformations de l'idéologie religieuse (souligné par l’auteur*).

Dans ce cas considéré, les relations de transaction ainsi que les relations de concurrence exprimeraient une situation globalement favorable aux courants religieux en expansion dans le champ religieux haïtien, donc parmi lesquels, spécifiquement aux églises pentecôtistes dans le sous-champ chrétien qui nous concerne fondamentalement dans ce travail de recherche.

Au cours de notre cheminement dans le cadre de cette recherche, nous sommes arrivés à deux constats fondamentaux. Un constat que certifient de nombreuses recherches déjà entreprises sur le pentecôtisme en Haïti (nous y reviendrons plus tard dans la revue de littérature, p. 38). Il s’agit de sa constante expansion depuis le début des années 1980. En effet, d’abord le pentecôtisme aurait passé du stade d’un mouvement isolé lors de son implantation (le début du XXème siècle) ; puis, au deuxième courant le plus important du protestantisme haïtien, après les églises baptistes (la fin des années 80), et enfin au courant avec des proportions qui rivaliseraient sérieusement de nos jours les autres courants du protestantisme traditionnel. Parallèlement, cependant, dans le cadre de notre enquête d’exploration, nous avons aussi pu constater, que ce mouvement religieux, dans le cadre d’un projet d’une gestion particulière de la conduite de vie de ces adeptes, établit des règles de conduites de vie particulières dont tout manquement à ces dernières conduit à des sanctions imposables et imposées par les dirigeants aux fidèles. Et cette réalité de ce rapport de pouvoir institué à l’intérieur de l’église serait source de tension entre les dirigeants et certains fidèles qui expriment des fois implicitement ou explicitement leur désapprobation à des sanctions et serait à l’origine d’expulsion volontaire de certains adeptes qui n’acceptent pas cet état de fait. A partir de là, nous nous demandons : Comment expliquer l’expansion du pentecôtisme tenant compte de cette réalité interne qui fragiliserait sa stabilité, et d’autre part, par rapport aux autres institutions du champ religieux chrétien, qui elles, dans leur rapport avec leurs adeptes leur laissent davantage de liberté dans la gestion de la conduite de leur vie, par l’absence de sanctions ou l’existence de règles de conduite peu rigoureuses, compte tenu qu’elles créent entre elles un espace concurrentiel ?

Dans le cadre de ce travail de sociologie de la religion, nous visons de porter, d’un côté, un regard de manière spécifique sur les règles de conduites dans les églises pentecôtistes, ce qui conduit par conséquent à s’interroger sur l’acceptation de la majorité des adeptes des sanctions qu’ils encourent en cas d’infraction à une règle. D’un autre côté, trouver une explication au fait que la réalité de tension créée dans les églises par ce rapport de pouvoir entre dirigeants-fidèles qui les déstabilise d’une certaine manière coïncide cependant à leur expansion dans le champ religieux haïtien. Donc, nous entendons produire, d’une part, une explication de l’acceptation du rapport de pouvoir institué à l’intérieur de ces institutions. D’autre part, expliquer comment, c’est-à-dire dans quel sens cette conduite de vie normative des pentecôtistes - présente aussi dans d’autres nouveaux mouvements religieux - contribuerait à l’expansion de ce mouvement depuis quelques décennies en Haïti. Il convient de mentionner que cette analyse se penche particulièrement sur l’observation d’une "Église de Dieu de la Prophétie" dans le sous-univers pentecôtiste.       

Nous formulons les hypothèses suivantes en guise de réponse à notre question de recherche :

 D’une part, sur le plan interne, le rapport de pouvoir institué entre les dirigeants et les fidèles pentecôtistes réactivent des dispositions acquises, par ces derniers, dans leurs rapports familiaux qui, basés sur les mêmes rapports arbitraires, conforment la majorité dans la soumission aux dirigeants. D’autre part, sur le plan externe, cette conduite de vie normative décrite représente une excellente représentation positive de soi - sorte de souci de distinction - des pentecôtistes par rapport aux autres religieux. Cette représentation positive d’eux-mêmes, à partir de leur conduite de vie, leur permet d’acquérir un certain capital symbolique, un certain prestige, du respect, ce qui détermine que davantage d’individus les rejoignent, donc qui explique leur expansion.

Ce travail de recherche est divisé en deux parties, constituées chacune de trois chapitres. Dans la première partie nous nous évertuerons dans un premier chapitre à faire une présentation socio-géographique de la commune de Léogane qui constitue l’espace global de la recherche, en faisant un bref résumé de son histoire et de sa réalité socio-culturelle et religieuse. Dans le deuxième chapitre il sera question de l’état de la recherche sur le pentecôtisme et de nos considérations sur ces travaux recensés. Il sera aussi question d’une vue générale sur le pentecôtisme, en mettant en exergue : son origine, son histoire, son évolution et aussi le constat de son expansion dans le monde entier et en Haïti particulièrement. Dans le dernier chapitre de cette partie nous ferons la présentation des perspectives théorico-conceptuelles de la recherche. Pour la seconde partie du travail, le premier chapitre sera consacré aux précisions méthodologiques entourant la collecte des données de terrain, dans le second chapitre nous ferons la présentation des données recueillies et enfin dans le dernier chapitre nous tenterons de les analyser et de les interpréter.


[1]- « Le discours social : tout ce qui se dit et s’écrit dans un état de société ; tout ce qui s’imprime, tout ce qui se parle publiquement ou se représente aujourd’hui dans les média électroniques. Tout ce qui se narre et argumente […] ».

[2]- « Les vieux ont échoué ; la jeunesse est déviée, insensée ».

[3]- Une absence de toute base de moralité. Cette même réalité est aussi discutée par des chroniqueurs ou leaders d’opinion de la place. Par ailleurs, cette réalité est si présente dans la société qu’un parti politique qui apparemment n’est même pas d’origine confessionnelle l’inscrit dans ses missions : "Le rétablissement des valeurs morales" Voir. Le Nouvelliste du samedi 18 et dimanche 19 avril 2015, No 39451, p. 17.    

[4]- « […] "une déviance morale" mise à jour par toutes sortes de pratiques (particulièrement sexuelles), expressions pour l’ensemble "notre naufrage collectif" » (Sic). Voir Aly Acacia. 2015. « L’amour : une opportunité d’affaires à Port-au-Prince ? », Le Nouvelliste, Lundi 17 et mardi 18 août, No 39533 : 2.

[5]- Nous pouvons considérer dans cette logique les dernières manifestations contre la loi sur le mariage des homosexuels en France, contre le "mariage pour tous", organisées particulièrement par l’Église catholique. En effet, J. Habermas note : « […] la religion voit son importance publique grandir […] à l’échelle nationale. […] Se positionnant sur les thèmes d’actualité par des contributions ciblées, convaincues ou choquantes, elles arrivent à influencer l’opinion publique et ses choix » ; autrement dit : « […] le religieux est à nouveau en débat, notamment lorsqu’il s’implique dans les débats sociétaux tels que celui qu’a connu la France avec les discussions et polémiques sur le mariage entre personnes de même sexe (dénommé "mariage pour tous") ».

[6]- 2.1. 1 Co 6,12-20

[7]- Tresses : les chevelures artificielles portées par les filles et les femmes, appelées : "alonj"."Construction d’une éthique négative qui trouve son fondement dans la prohibition" (Jesús Garcia-Ruiz, 2006 :6).

[8]- Nous relevons les points suivants des principes de l’Église de Dieu de la Prophétie : "- Tout membre de l’Église impliqué dans des scandales publics doit être mis sous sanction ; aucun membre de l’Église de Dieu de la Prophétie n’a le droit de visiter une autre Église sans avertir d’avance  les responsables ; le comité de l’Église n’acceptera pas que deux jeunes qui ne sont pas encore préparer aient une relation amoureuse ; le comité de l’Église ne tolèrera pas que des membres de l’Église fondent une relation amoureuse avec une personne non-convertie ; un membre de l’Église qui laisse l’Église en plein déroulement d’une réunion d’affaire ou d’une réunion de membre pour rentrer chez lui sera mis sous sanction ; un membre de l’Église qui s’absente à une réunion et qu’on surprise dans des jeux de divertissements sera sous sanction " (Principes consignés dans la charte disciplinaire de l’Église).

[9] - « Le Rara fait référence à des fêtes traditionnelles haïtiennes commençant le lendemain du Mercredi des Cendres et finissant le Lundi de Pâques, soit durant la période du carême chrétien. Les manifestations sont animées par les bandes de Rara, généralement dans la rue, et rassemblent une immense foule dansant et chantant au rythme du tambour, l’instrument central de la musique rara ».

[10]- Nous entendons par protestation explicite le fait qu’une personne manifeste clairement son opposition ou son indignation face à un acte ou certains comportements qu’elle juge injuste, arbitraire ou dénié de tout principe partagé par sa communauté ou son groupe, par opposition à une protestation implicite qui, elle, ne s’exprime pas formellement, qu’on ne saurait donc percevoir par une simple observation.    



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 30 septembre 2017 6:47
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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