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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Initiation à la sociologie générale et à la pensée anthropo-sociologique haïtienne. (2018)
Table des matières


Une édition électronique réalisée à partir du livre inédit de Jean Rony GUSTAVE, Initiation à la sociologie générale et à la pensée anthropo-sociologique haïtienne. Gonaïves, Haïti: Université publique de l’Artibonite aux Gonaïves (UPAG), Gonaïves, Haïti, septembre 2018, 386 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 6 septembre 2018 de diffuser ce livre, en accès libre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction générale

Née dans une période marquée par de profonds bouleversements sociopolitiques au XIXe siècle, la sociologie est l’étude scientifique des sociétés humaines et des faits sociaux. Autrement dit, la sociologie étudie les relations sociales et les comportements de l’homme en société. Cela dit, elle peut étudier l’individu dans ses interactions avec la société ou encore étudier des groupes en interactions avec d’autres. On distingue alors la dimension macrosociologique et microsociologique. Les phénomènes saisis au niveau macrosociologique sont globaux et concernent des sociétés ou des groupes entiers tandis que l’analyse microsociologique prend « pour unité l’action individuelle, ponctuellement (décisions), séquentiellement (trajectoires), ou en situation d’interaction ». (Berthelot, 1999 : 315) Avec son institutionnalisation au XXe siècle qui lui permet de développer des programmes de recherche de plus en plus spécialisés et de définir de mieux en mieux ses objets, la sociologie constitue des grands modèles théoriques et des grands cadres d’analyse. Sous l’influence du marxisme, certains (c’est le cas de Pierre Bourdieu) pensent que la sociologie se doit être critique en vue de détecter les mécanismes de la violence symbolique, de combattre contre le déterminisme social qui aveuglent les individus dans la société. En ce sens, la sociologie de Bourdieu connaît un véritable succès.

En réaction contre cette sociologie du dévoilement qui considère l’individu comme mu par des forces contre lesquelles il ne peut rien, l’individualisme méthodologique de Raymond Boudon affranchit l’individu des contraintes sociales. S’inspirant de Max Weber, Boudon pense que les individus sont des acteurs dont les motivations sont fondamentales dans la compréhension des phénomènes sociaux. À la croisée de ces deux grands modèles théoriques, « l’analyse stratégique » de Michel Crozier cherche à comprendre le fonctionnement des organisations à travers le comportement des acteurs qui mettent en place des stratégies rationnelles. Pour sa part, Touraine cherche aussi à développer une sociologie de l’action, mais s’oriente davantage vers le changement social et les conflits. « De l’autre côté de l’Atlantique, l’institutionnalisation est bien plus avancée. Deux mouvements se dégagent : d’un côté la sociologie quantitative (Lazarsfeld) démontre par l’analyse statistique sa capacité à expliquer les grandes tendances macrosociologiques ; de l’autre la sociologie héritière de la tradition de Chicago affûte ses méthodes empiriques à des mondes sociaux restreints et aux interactions ». (Brichet, 2007 : 5)

En Haïti, il existe un manque d’instruments pédagogiques adéquats quant à l’enseignement de la sociologie. Les rares manuels qui existent sont présentés comme des notes de cours sans références bibliographiques et, par conséquent, ne sont pas orientés vers un savoir scientifique. De plus, les cours de sociologie ne permettent pas vraiment aux étudiants de questionner la réalité sociale dans laquelle ils vivent tous les jours. Les étudiants se contentent de mémoriser quelques notes de cours provenant d’un manuel quelconque en vue d’obtenir de bonnes notes aux examens. Lors des examens de l’École de Droit et des Sciences économiques des Gonaïves par exemple, les étudiants s’arrangent pour trouver des « tchala » (un ancien cahier de cours ou un manuel quelconque écrit par un enseignant) dans l’unique objectif de réussir le cours. Le souci de lire des textes, de questionner la réalité sociale à partir des textes lus et commentés est totalement absent chez l’étudiant.

Le présent texte à caractère pédagogique a pour objectif de contribuer à combler cette lacune. Cet ouvrage consiste à présenter aux étudiants et aux professionnels la sociologie, ses origines, ses grands auteurs, ses concepts fondamentaux et ses théories. Il est conçu également dans le souci de familiariser les étudiants aux grands courants idéologiques, aux grands auteurs dans le cadre de la pensée anthroposociologique haïtienne de la période du XIXe siècle à nos jours. Cet ouvrage consiste entre autres à faire lire, à faire découvrir aux étudiants eux-mêmes les grands auteurs de la sociologie tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Les grands thèmes abordés dans cet ouvrage permettent aux étudiants de réfléchir sur les problèmes sociaux, de réfléchir sur leur destin dans la société haïtienne et de mieux comprendre le fonctionnement du monde social tant à l’étranger qu’en Haïti.

S’adressant aux étudiants et aux professionnels qui désirent découvrir la sociologie, ou encore approfondir leur connaissance en la matière, cet ouvrage est constitué de onze chapitres subdivisés en trois parties dont la structure organisationnelle est ainsi composée.

Dans la première partie, nous avons les cinq premiers chapitres. Le premier chapitre consiste à montrer l’apport de la philosophie à la sociologie, ou encore l’influence de la philosophie sociale et politique sur la sociologie depuis Platon et Aristote de la Grèce antique jusqu’aux Lumières. Bien avant Émile Durkheim, Max Weber, Karl Marx et autres, des chercheurs comme Thomas Hobbes, John Lock, Rousseau et Montesquieu posaient déjà les problèmes sociaux de façon critique. Ainsi dans ce chapitre, nous passons en revue la pensée philosophique et sociale depuis la période de la Grèce antique jusqu’aux Lumières, qui ont joué un rôle important dans les révolutions politiques au XVIIIe siècle, notamment la déstabilisation française. Dans ce même ordre d’idée, nous voyons également les trois grandes révolutions ayant donné naissance à la sociologie comme science.

Dans le deuxième chapitre, nous abordons la sociologie et la pensée socialiste au XIXe siècle en mettant l’accent spécifiquement sur la pensée de Saint-Simon et de Proudhon dont les œuvres marquent profondément les sciences sociales. En effet, bien avant Auguste Comte, Émile Durkheim et Max Weber, il y a une forme de sociologie et de pensée socialiste qui dominait le XIXe siècle. Des chercheurs comme Saint-Simon, Proudhon et Karl Marx (que verrons un peu plus loin) posaient déjà les problèmes de la société en termes de dualisme de classe. Leur projet à l’édification d’une société juste et équitable étaient tellement ambitieux, voire irréalistes qu’on parle de socialisme utopique, un socialisme qui, à l’instar de la Cité idéale de Platon, était impossible de devenir une réalité concrète.

Dans le troisième chapitre, nous définissons l’objet de la sociologie selon les différents chercheurs, puis voyons la méthode utilisée par les sociologues dans le cadre de leur recherche.  Car, une science se définit par son objet d’étude et sa méthode. La méthode permet d’étudier l’objet de façon scientifique en vue de produire les résultats de la science dans le cadre de la recherche fondamentale ou appliquée. La méthode représente la voie même qui conduit à la vérité scientifique, elle constitue le fondement même de la science. Car, sans elle, on ne saurait parler de recherche scientifique.

Le quatrième chapitre fait l’objet des précurseurs de la sociologie.  Leur rôle fondamental dans la fondation de la sociologie. Ils ont en quelque sorte préparé le terrain, tracé la voix permettant d’arriver à l’institutionnalisation de cette science. Il s’agit dans ce chapitre d’aborder la pensée des chercheurs comme Alexis de Tocqueville, Auguste Comte, Karl Marx et autres qui, par leur façon d’étudier la société, se révèlent incontournables. Certains chercheurs les considèrent même comme des pères fondateurs de la sociologie vu la qualité de leurs réflexions.

Dans le cinquième ou dernier chapitre de cette partie, il nous convient d’initier aux lecteurs à la réflexion des pères fondateurs de la sociologie, dont Émile Durkheim, Max Weber et autres. La sociologie ne saurait exister comme science sans la présence des fondateurs, ceux qui ont défini l’objet de la sociologie comme science et ont procédé à son institutionnalisation. Ces chercheurs peuvent être critiqués avec la plus ferme vigueur aujourd’hui, voire dépassés, mais ils sont indispensables dans la discipline de la sociologie.

La deuxième partie de l’ouvrage contient quatre chapitres. Le premier chapitre présente la pensée de quelques sociologues américains depuis la période de l’entre-deux-guerres à nos jours, dont Talcott Parsons et Robert King Merton. Les Américains, que l’on veuille ou non, jouent un rôle important dans la production du savoir scientifique dans le monde, tant dans le domaine des sciences naturelles que dans le champ des sciences sociales depuis un certain nombre d’années. Ils sont de plus en plus en grand nombre les sociologues américains qui dominent la pensée sociologique dans le monde moderne, par leur manière de poser les problèmes sociaux.

Le deuxième chapitre met l’accent sur la pensée de quelques sociologues français contemporains qui ont marqué la sociologie. Par la diversité de leurs études actuelles, ils contribuent fortement à faire développer le savoir sociologique. Si certains sont considérés comme des sociologues critiques (c’est le cas de Pierre Bourdieu notamment) remettant en question l’autorité établie, d’autres sont plutôt vus comme des sociologues édifiants (dont Michel Crozier) fournissant des recettes à l’administration publique.

Les concepts occupent une place de choix dans le discours scientifique, ils sont inséparables de la science. En effet, les concepts sont des outils utilisés par les scientifiques pour appréhender leur objet d’étude. En sociologie, les concepts sont nombreux, et ils sont tous importants, d’une manière ou d’une autre. Ainsi, dans le troisième ou dernier chapitre, nous n’avons pas la prétention d’expliciter tous les concepts-clés de la sociologie. D’ailleurs, certains sont déjà définis dans les chapitres précédents. Toutefois, nous mettons l’emphase sur quelques concepts fondamentaux, établissons les liens existant entre eux pour la compréhension des lecteurs.

La troisième partie de notre travail comporte trois chapitres. Dans le premier chapitre de cette partie, nous procédons à une brève histoire d’Haïti pour situer le contexte de l’après-indépendance, faisons état de l’image d’Haïti sur le plan international, puis abordons la pensée des principaux chercheurs haïtiens de cette période. En effet, perçue comme une menace, une insulte pour les puissances impérialistes au XIXe siècle, l’indépendance d’Haïti était mal vue par les pays du Nord, qui allaient consacrer rapidement l’isolement du pays sur le plan international. Mécontents de l’indépendance du pays, des chercheurs occidentaux avaient produit des ouvrages a caractères racistes dans lesquels ils remettent en question la capacité du peuple haïtien à se diriger lui-même. De leur côté, des chercheurs haïtiens prenaient la plume pour redonner une autre image d’Haïti sur le plan international, défendre la race noire humiliée, méprisée, exploitée… dans le contexte de l’après-indépendance.

Dans le deuxième chapitre, nous passons en revue le contexte socio-politique et économique dans lequel l’occupation américaine d’Haïti avait vu le jour, les courants idéologiques dominants au XIXe siècle et les grandes figures intellectuelles de ce siècle qui, d’une manière ou d’une autre, ont exercé une influence considérable sur les jeunes générations. Le XIXe siècle constitue un moment fort dans l’histoire d’Haïti. C’est durant ce siècle que les courants idéologiques défendant la race noire prenaient naissance, au moment de l’occupation américaine notamment. Des auteurs comme Jean Price-Mars, Jacques Roumain, Jacques Stephen Alexis et autres s’attaquaient aux problèmes socio-politiques auxquels faisaient face la société haïtienne.

Enfin, dans le troisième ou dernier chapitre de cette partie, il est question pour nous d’initier les lecteurs à certains aspects de réflexions des sociologues haïtiens contemporains. Ils sont en quelque sorte nombreux ces sociologues qui jouent un rôle important dans la production d’ouvrages abordant les différents aspects de la vie sociale, politique et économique d’Haïti. Pour des raisons de pagination et de temps, nous nous bornons à voir la pensée de quelques-uns d’entre eux dont les œuvres connaissent un certain succès tant sur le plan national que sur le plan international durant les dernières années.

Jean Rony GUSTAVE

Québec, le 20 Décembre 2016.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 12 septembre 2018 13:04
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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