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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Contre la vie mutilée. Considérations d'un germaniste à l'attention des lycéen(ne)s. (2008)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Thierry Feral, Contre la vie mutilée. Considérations d'un germaniste à l'attention des lycéen(ne)s. Paris: Les Éditions L'Harmattan, 2008, 187 pp. Collection “Allemagne d'hier et d'aujourd'hui.” Une édition numérique réalisée avec le concours de Pierre Patenaude, bénévole, professeur de français à la retraite et écrivain, Chambord, Lac—St-Jean, Québec. [Autorisation accordée par l'auteur le 23 septembre 2019 de diffuser ce livre en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales. Et un grand merci à Michel Bergès, historien des idées politiques pour toutes ses démarches auprès de l'auteur pour que nous puissions diffuser cette oeuvre.]

[7]

Contre le vie mutilée.
Considérations d’un germaniste à l’attention des lycéen[ne]s
suivi de
«T. Feral : un germaniste militant…»

Avant-propos

L'intitulé de cet ouvrage est emprunté à Theodor Wiesengrund Adorno (1903-1969). Réflexions sur la vie mutilée est en effet le sous-titre qu'il avait choisi pour ses Minima Moralia, composées à son retour d'exil aux USA, alors qu'il venait de reprendre en main, avec Max Horkheimer, l’« Institut de recherches sociales » de Francfort démantelé par le régime national-socialiste. Ce qu'Adorno signifie par là, c'est l'amputation de la vie des individus par leur comportement les uns à l'égard des autres sous la pression des rapports sociaux que leur impose le monde moderne. Mais ce titre se veut également un hommage à Jean-Michel Palmier (1944-1998) qui s'inspira lui aussi d'Adorno pour qualifier son journal rédigé durant sa longue maladie sur, peut-on dire, la planche d'un cercueil dans lequel il savait qu'il ne tarderait pas à prendre place (Fragments sur la vie mutilée, Paris, Sens & Tonka, 1999).

Comment ne pas voir sa vie mutilée ? Comment ne pas mutiler celle des autres ? Telle a été toujours ma préoccupation, aussi loin que je m'en souvienne. Sans doute cela vint-il assez précocement d'une éducation stricte mais aimante et juste, tant du côté familial que du côté de mes maîtres en Lycée où je devins à l'âge de 11 ans l'interne numéro 90, avec toutes les contraintes que ce statut — à la fois envié et redouté — imposait alors.

Ce qui ne veut bien sûr pas dire que je n'aie jamais connu de dérapages : errements et égarements (Irrungen Wirrungen, allitération de Fontane) ont été mon lot comme ils sont celui de tout un chacun. Expériences du reste ô combien fructueuses, comme le proclamait ce cher Gérard Mendel (1930-2004), pour peu qu'elles soient maîtrisées et génératrices d'une évolution consciente de « la grande misère de l'individu contemporain enrégimenté par l'État [8] dans ses organisations pyramidales » réclamant conséquemment « de prendre parti personnellement » (On est toujours l'enfant de son siècle, Paris, Laffont, 1986, pp. 279-280).

En vérité, je m'appliquerai toujours à orienter mes actes sur l'antique formule : « Errare humanum est, perseverare diabolicum », soigneusement calligraphiée en tête de mon cahier de latin sous la dictée d'un vieil agrégé dès ma première heure de sixième et qui, d'emblée, m'était apparue comme un formidable espace de liberté par rapport à l’étroitesse du moralisme catholique ambiant : la sagesse des Anciens ne brandissait pas ad libitum la menace du « péché » (par omission, véniel, mortel...) comme le faisait la casuistique cléricale, elle ne diabolisait pas mais faisait appel à la lucidité critique ; mieux elle autorisait « d'aller voir », de se tromper, d'échapper à la frustration, à l'origine (ce que j'apprendrai à la lecture de Freud dont des textes me furent offerts à l'occasion de ma réussite au BEPC par un médecin érudit, ami de ma famille) d'invalidantes névroses. C'est ainsi que je me suis progressivement construit une « éthique ».

Ma grande chance a été — outre une ouverture aux autres sans exclusive qui était de règle chez nous — d'avoir bénéficié d'une double influence : française et allemande. Aujourd'hui encore, ce n'est pas sans émotion que je reprends dans ma bibliothèque des livres achetés à Ulm, Kiel, Francfort, Fulda, Fribourg, Emmendingen, Husum, Flensburg... alors que j'étais élève, et plus tard, comme étudiant, à Munich, Regensburg, Stuttgart, Cologne, Hambourg, Lüneburg, Berlin, Dresde, Weimar... Du reste, il y a beau temps que j'ai fait de la petite ville de Kirchzarten — au pied du Schauinsland en Forêt Noire — une seconde patrie, sans toutefois pouvoir renoncer à la France.

Les livres, on l'aura compris, constituent, mieux qu'un album photographique par les associations immédiates qui s'y rattachent, les bornes de ma route, d'autant que j'ai toujours eu pour habitude (je crois inculquée par un oncle) d'inscrire sur la page de garde, dès l'achat et avant même d'en commencer la lecture, le lieu et la date d'acquisition.

C'est en quelque sorte cette route que j'ai voulu retracer au terme de ma carrière d'enseignant d'allemand, espérant peut-être susciter, comme cela a été le cas par mes cours et conférences, sinon [9] des vocations pour la germanistique, du moins un certain regard sur l'existence, une certaine manière d'exister, par le biais de ce qu'ont à nous dire l'Allemagne, ses penseurs et son histoire : le meilleur comme le pire s'entend !

En vérité, ce que l'on trouvera dans ce volume, et que je considère comme valant d'être transmis aux jeunes générations, c'est ce qu'un homme de maintenant plus de soixante ans (« fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui », comme l'écrivit Jean-Paul Sartre à peu près au même âge en conclusion des Mots) a appris de la pensée allemande et en pensant sur l'Allemagne.

Bien évidemment — est-il vraiment utile de le préciser ? —, ce livre n'a pas pour vocation d'être un bréviaire ou un quelconque manifeste. Certains passages pourront laisser perplexe, voire faire sourire ou donner un sentiment d'évidence et de banalité. Mais j'accepte ce possible jugement avec d'autant plus de sérénité qu'il en fut ainsi durant toute ma carrière de professeur. En effet, « faire la classe » veut dire que l'on s'adresse non pas à une masse à modeler, mais à des individualités en voie de formation. Le souci majeur est d'ouvrir chacun à la connaissance et à la pensée tout en respectant sa personnalité, son bagage idéique, ses réactions propres, mais aussi en promouvant l’interrelationnel sans lequel aucune vie sociale n'est possible. L'enjeu de l'enseignement, c'est d'apprendre l'usage de la raison pour délivrer des opinions toutes faites, des clichés pollueurs de l'esprit, des attitudes schématiques et absolutistes, bref d'amener les jeunes à cesser de considérer les apparences et les croyances comme la réalité véritable. Ce à quoi il faut inciter, c'est à ce que chacun se forge son propre parcours dans la compréhension et le respect du parcours des autres. La tâche est ardue et il faut en accepter les aléas : l'enseignant qui ressent toute remise en cause ou contestation comme une agression, qui ne comprend pas que l'élève agit sur un mode spontanéiste dont il appartient de cerner l’enjeu vital, et qui se retranche derrière l'« autorité » pour faire plier les récalcitrants, n'a rien à faire devant une classe.

Que la vie soit vécue comme mal faite, injuste, traumatisante, que l'on rêve qu'elle puisse être autre chose, rien de plus normal pour l'adolescent. Qu'il cherche à donner un sens à la réalité, [10] toujours, partout, à sa manière, est tout à fait légitime. Certes, ce sont très généralement des sens partiels et partiaux, le plus souvent inspirés par l'air du temps et les médias, voire par des mystifications qui se posent en vérités absolues, des passions collectives et irraisonnées, des illusions nocives et les vouant à l'impasse. Mais c'est justement là que le rôle du maître est primordial. Il lui faut s'attacher à ouvrir aux élèves dont il a la responsabilité des perspectives, et ces perspectives doivent non seulement cadrer avec leur individualité mais également entre elles. « Il faut que cette réciprocité, l'homme par le monde et le monde par l'homme [...], trouve en liberté [...] son unité synthétique » (J. P. Sartre, Que peut la littérature ?, UGE 10/18, 1965, p. 123).

À ce titre, l'Allemagne a montré dans la haine et le sang ce qu'il ne faut pas faire. Elle reste donc un paradigme à méditer. Mais parallèlement, elle a aussi produit et produit constamment des modèles fructueux dont il serait précieux pour tous de s'inspirer.

Mes modèles ont été ceux de ma génération dans, pour reprendre Charles Wright Mills (L'Imagination sociologique), « ce monde superbe et terrible de la société humaine [...] du XXe siècle » ; autrement dit : l'héritage humaniste des Lumières tel qu'incarné par l’antifascisme et les courants de lutte pour toujours plus de liberté, d'émancipation, de démocratie. Mais aussi — contre-modèles ! — l'irrationalisme barbare des nazis, sans oublier les terribles exactions du « communisme » dont j'ai pourtant cru un temps, sous sa forme occidentale, qu'il pourrait, grâce aux efforts des « anti-formalistes » type Bertolt Brecht et aux aménagements qu'étaient susceptibles de lui fournir la pensée freudienne et ses prolongateurs, changer positivement le monde.

Je ne renie rien, espérant simplement que les jeunes d'aujourd'hui sauront s'approprier le meilleur sans jamais succomber aux sirènes du pire, afin de trouver à travers les mutations, incertitudes et angoisses du temps présent, des chemins pour une existence où la mutilation ne sera plus qu'un triste souvenir.

À cet égard, comme le soulignera David Rousset à son retour de déportation, « il s'agit d'une bataille très précise à mener » (dernières lignes de L'Univers concentrationnaire), et la réflexion sur la pensée allemande — dans la multiplicité de ses composantes [11] — peut être indubitablement, un « précieux compagnon de lutte ».

Sans doute certains me reprocheront-ils cet a priori comme la subjectivité des textes par lesquels j'ai illustré mon propos. Mais si cela permet à quelques-uns d'apercevoir des paysages qu'ils auront envie d'explorer plus avant, de fortifier leur sens de l'interrogation, de pratiquer le dialogue avec ce qui fut et est encore pour le dépasser, de risquer l'aventure du penser par soi-même en se confrontant aux valeurs vraies et en refusant les non-valeurs impulsées par ceux qui font du profit et de l'ambition basée sur le Mammon — au mépris de la personne humaine — la fin suprême de toute existence, j'aurais atteint mon but.

Ce fut là ma ligne de conduite devant mes classes durant près de quarante ans : secouer la somnolence. Plus que tout autre, le germaniste — pour peu qu'il ne limite pas son rôle à enseigner une langue réduite à la seule « communication » (terme sur lequel il y a beaucoup à dire) et à faire de « bons élèves en allemand » (que deviennent alors les autres qui petit à petit glissent vers le fond de la salle ?) — dispose d'un matériau historique et culturel exceptionnel (pour sensibiliser au meilleur comme au pire, je l'ai déjà dit). C'est par ce biais qu'il peut motiver et inscrire les élèves dans une fructueuse transdisciplinarité et envie de réflexion qui ne laissera personne « sur la touche ».

Ce n'est pas en gommant la « tragédie allemande », comme le prétendent certains collègues basiques, que l'on suscitera plus d'intérêt pour la matière. Les élèves ne sont pas des imbéciles et tous en ont entendu parler à leur manière, ne serait-ce que par des films ou quelque parent. C'est donc tout au contraire en allant au fond des choses, en montrant à quelle perversion d'une pensée riche et féconde ont abouti les tendances irrationalistes et ultranationalistes sous Guillaume II et la République de Weimar pour exploser avec le nazisme, qu'on les placera dans un attitude dynamique qui les motivera « à faire de l'allemand ».

En effet, placés dès lors en situation d'actants — et non plus d'observants passifs par anxiété de ne pouvoir « satisfaire » l'enseignant du fait de leur insuffisance linguistique —, les élèves s'approprieront l'Allemagne parce qu'ils comprendront que s'est passée là, un jour, une chose qui ne doit se reproduire sous aucun [12] prétexte, et que cela dépend aussi d'eux. Le vernis civilisationnel ne résiste pas longtemps si l'on ne prend pas garde à sans cesse le raviver, la démocratie s'effrite, l'homme bascule facilement dans la barbarie. D'autant que, à tout instant, la mutilation, imposée par l'hégémonie capitaliste et les aliénations déshumanisantes qu'elle sécrète, exerce ses ravages, entraînant aux conduites les plus inattendues et les plus perverses. L'histoire allemande le prouve et c'est par sa connaissance en profondeur que l'on prend conscience au plus haut niveau de l'enjeu toujours actuel qui conditionnera nos sociétés de demain.

« L'homme [...] ne continuera sa marche vers la liberté qu'en s'efforçant de maintenir et d'enrichir ce qu'il a de meilleur en lui », enseignait mon maître, Henri Arvon (1914-1992), dont la pertinence du propos reste avec le recul d'une époustouflante actualité. Et de poursuivre (in La Philosophie du travail) : « Bien penser le réel, c'est profiter de ses ambiguïtés pour modifier et alerter la pensée ». Philosophe imbibé de culture allemande (cf. sa Philosophie allemande, Paris, Seghers, 1970, que bien des spécialistes considèrent encore comme un modèle de synthèse, tout comme son Esthétique marxiste, Paris, PUF, 1970), ayant eu à subir les méfaits du nazisme en tant que juif et homme d'extrême gauche, Henri Arvon croyait à l'aventure spirituelle qui conduirait à une transformation du monde par le refus de la mutilation et le primat de l'humanisme. Grand germaniste s'il en fut (à Clermont-Ferrand et Nanterre), il savait mieux que tout autre combien il était précieux pour la formation des jeunes de réfléchir sur l'Allemagne. C'est en hommage à son enseignement, à son sens de la dialectique, à la novation des pistes qu'il n'a cessé d'inaugurer, à son respect des étudiants, à ce qu'il a « enfanté » en me recevant régulièrement, tant dans sa fermette de Surains, au-dessus du Lac Chambon en Auvergne, que dans sa maisonnette de Saint-Gildas de Rhuys en Bretagne, que j'ai rédigé ce livre.

Oui —j'en suis convaincu—, l'étude ambitieuse, raisonnée, intransigeante de l'histoire, de la civilisation et de la pensée allemandes, représente une mine irremplaçable pour saisir les dysfonctionnements à l'origine du malaise dans nos sociétés et nous inciter à construire une anthropologie de l'espoir. Bien sûr, cela ne cadre pas forcément avec ce que prône et injecte la culture dominante. [13] Mais justement : afin que les choses changent, n'est-il pas nécessaire que chacun se crée son point de départ « révolutionnaire » ?

Pour ce faire, il faut offrir aux jeunes, comme le suggérait le psychiatre Jean Sutter, « un espace dans lequel une anticipation positive et authentiquement humaine [leur] soit à nouveau permise » (l'Anticipation, Paris, PUF, 21990, p. 230).

Rien ne s'oppose dès lors — a priori — à ce que l'on puisse rêver que, cet espace une fois entrevu, ils sauront d'eux-mêmes le meubler d'apports essentiels et nouveaux qui — par-delà l'emprisonnement dans des constructions toutes faites et imposées ou des délires et mirages induits par l'insécurité existentielle — les projetèrent dans la vision d'une vie non mutilée.

De fait, L'Espérance, ce principe humaniste fondamental sur lequel Ernst Bloch (1885-1977) a centré toute son œuvre, ne doit pas être un vain mot... Ce serait même là, à en croire Jean Sutter (ibid., p. 231), F« indispensable vertu » à laquelle il conviendrait que notre siècle se convertisse d'urgence.

Loin de se détourner du traumatisme ineffaçable qui la marqua un jour, l'Allemagne a su en tirer la substance qui l'a portée au niveau de conscience démocratique que l'on sait.

L'Espérance existe donc bel et bien pour peu qu'on lutte pour lui donner corps.

La cité thermale de Freudenstadt, au pied du plateau du Kniebis, à mi-parcours entre Tübingen et Strasbourg, en porte témoignage : pensée en 1601 par le duc Frédéric de Wurtemberg comme la future capitale (à l'époque 3500 habitants, Berlin 6000 !) d'un État fondé sur la tolérance religieuse, la démocratie, et la coopération avec la France — idée magnifique qui ne résistera pas aux coups de boutoir de l'histoire ! —, elle sera, après son occupation, le 37 avril 1945, sauvagement ravagée par des bataillons français incontrôlés qui, durant quarante-huit heures, incendieront, violeront, assassineront (cf. G. Hertel, Erlebnisse, Ansichten, Einsichten, Horb am Neckar, Geiger, 2006, chap. I). Or, au terme de sa longue et difficile reconstruction « à l'identique », le premier geste de la ville sera, en 1961, de conclure un jumelage avec Courbevoie...

[14]

Aujourd'hui, la splendide place du marché de Freudenstadt — où les habitants vaquent paisiblement et où les enfants sont rois — est dominée par une statue commémorative des sombres journées d'avril 1945 : nulle haine dans cette « Vénus » au doux visage qui, balayant le passé de sa main droite, fixe résolument son regard sur un horizon porteur d'espoir pour les générations futures... À la contempler (cf. illustration de couverture), on ne peut manquer d'y voir l'incarnation des beaux vers de l’Ode à la joie (An die Freude) de Schiller sur lesquels Beethoven a appuyé le final de sa Neuvième Symphonie, désormais hymne européen : « Tous les hommes deviennent frères là où se déploie sur eux ton aile apaisante » *.

Sans vouloir hypertrophier la force de ce symbole dans notre combat quotidien indispensable pour imposer la vie créatrice contre la vie mutilée, reconnaissons-lui néanmoins le mérite de nous rappeler, comme l'avait splendidement formulé Rainer Maria Rilke en juillet 1903 (Lettres à un jeune poète, Paris, Grasset, 1993, p. 51), que « tout ce qui ne sera qu'un jour lointain possible au nombre, l'homme de solitude peut dès maintenant en jeter la base ». Mais pour cela, soupirera-t-il en 1922 — toujours sous le traumatisme de la Première Guerre mondiale et tourmenté par l'ambiance ultratudesque qui régnait, entre autres, dans les écoles de la République de Weimar—, encore faudrait-il que la jeunesse ait enfin des maîtres dignes de ce nom, qui lui montrent la voie de l'humanisme (La Lettre d'un jeune travailleur, in A. Bauer, Rainer Maria Rilke, Berlin, Colloquium, 1970, p. 91). Hélas, la suite est connue !



* Notons qu'au tout début du XVIIe siècle, Freudenstadt était communément dénommée « Friedrichs Freudenstadt », c'est-à-dire la « cité de la joie de Frédéric ». Disciple du juriste, philosophe et économiste français Jean Bodin (1530-1596) qui préconisait le gouvernement populaire dans un État monarchique, Frédéric de Montbéliard (Friedrich von Mömpelgard) accéda au trône du Wurtemberg en 1593, à la mort de son cousin Ludwig. Luthérien (mais garantissant la liberté confessionnelle), ami d'Henri IV et d'Elisabeth lre d'Angleterre, il s'attacha à la modernisation des structures et des institutions de son duché, et particulièrement au développement du commerce et de l'industrie, en y accueillant les Juifs, les Huguenots, ainsi que de nombreux exilés politiques de l'Empire des Habsbourg. Il mourut en 1608. On trouve une présentation fort pertinente de son action dans le roman d'Astrid Fritz, Die Tochter der Hexe (La Fille de la sorcière), Reinbek/Hambourg, Rowohlt, 2005, chap. 17, 18,19, 20.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 19 décembre 2019 10:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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