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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Le Soleil Le mercredi 17 avril 2002. Le Devoir, 19 avril 2002.

Du 11 septembre à l'offensive Sharon

par Omar Aktouf,
[Autorisation accordée par l'auteur le 18 février 2006 de diffuser cet article]
Courriel:
oaktouf@sympatico.ca

Professeur titulaire à l'École des HEC de Montréal, auteur de La Stratégie de l'autruche (Écosociété, 2002) et candidat de l'Union des forces progressistes lors des élections partielles de décembre 2005 dans la circonscription d'Outremont.

Texte reproduit dans Les Classiques des sciences sociales avec l’autorisation formelle de l’auteur accordée samedi, le 18 février 2006
http://www.vigile.net/ds-Qc-monde/docs/02-4-18-aktouf-affaires.html 

Opinion - Il me semble qu'il est urgent de réagir à un manichéisme simpliste et destructeur au moment où le secrétaire américain à la Défense élargit le nombre des pays «de l'axe du mal» à la Syrie, qui figure désormais aux côtés de l'Iran, de l'Iraq et de la Corée du Nord, et où un peuple entier est soumis à un massacre en règle en Terre palestinienne. 

Pour revenir sur le 11 septembre 

Que veut dire «démocratie» sans information complète et objective? Même un Bill Clinton a reconnu - en conférence le 5 avril au Centre Molson de Montréal - que le peuple nord-américain était l'un des moins bien informés! J'aurais espéré lire ne serait-ce qu'un début de réfutation argumentée et documentée. J'attends toujours! 

J'aimerais obtenir pour mes questions, comme pour celles que pose Thierry Meyssan, des réponses pertinentes, de fond, et non des mots d'ordre lapidaires. Pourquoi ces zones d'ombre dont nos dirigeants et les médias évitent, semble-t-il, de parler? Thierry Meyssan, journaliste et animateur du réseau Voltaire (forum pour une information plus démocratique), auteur du livre singulièrement interpellant L'Effroyable Imposture du 11 septembre, n'a jusque-là suscité aucune réfutation digne de ce nom: de simples négations de ses propos, aucune clarification sur les points essentiels soulevés (dont plusieurs intriguent bien des observateurs depuis le premier jour... ) et des menaces et des insultes envers sa personne. 

Rejeter ses allégations (qu'il a élaborées à partir de déclarations, de photos et de documents officiels américains) sous prétexte de «loufoquerie» suffit-il pour satisfaire l'exigence de transparence démocratique? Ma question est simple: qu'attend-on pour fournir des réponses étayées et sérieuses à ces interrogations? Car enfin: 

* N'est-il pas étrange que des pilotes formés aux États-Unis - donc en anglais - laissent traîner un manuel en arabe, quand on sait que les termes techniques de pilotage sont toujours rédigés en anglais et qu'un «manuel» de pilotage de tels appareils (Boeing 757 ou 767 !) occuperait une armoire entière à l'instar d'une encyclopédie? 

* Comment se fait-il que ces terroristes soient à la fois suffisamment intelligents pour organiser un tel détournement d'avions et assez stupides pour laisser une aussi belle signature qu'une voiture de location sur les lieux de leur crime? 

* N'est-il pas incompréhensible que l'on retrouve intact le passeport d'un kamikaze dans des décombres qui ont réduit béton et acier en poudre et en poussière? 

* Quelle idée saugrenue que celle d'un pilote qui va au suicide en emportant dans ses bagages des vidéocassettes? 

* Ces terroristes qui font trembler l'Amérique ne sont-ils pas au courant qu'il existe des pistolets en plastique parfaitement indétectables, alors qu'ils se contentent de s'armer de simples petits cutters? 

* Que fait-on des radios amateurs ayant signalé des brouillages dus, en général, à la présence d'une balise, celle-ci ayant pu servir à guider l'avion? (Les pilotes interrogés par M. Meyssan déclarent relever du miracle de faire ainsi mouche deux fois de suite de cette façon avec ce type d'avions sans aucune indication radar). 

* Pourquoi les propos des pompiers de New York faisant état d'explosions aperçues à la base des tours ne font-ils pas plus de remous que cela? 

* Comment expliquer qu'un 757 qui fait près de 40 mètres d'envergure ait pu s'encastrer dans un espace (au Pentagone) de 19 mètres sans laisser ses ailes quelque part? 

* Est-il possible qu'un avion comme un 757 puisse aller s'écraser à l'horizontale sur une façade de 24 mètres de haut tout en rebondissant, au préalable, sur une pelouse photographiée intacte après? 

* Comment un tel appareil peut-il ne laisser aucun autre débris que les boîtes noires et un phare (toujours non présenté), sans parler des restes des bagages, des passagers... ? 

* Pourquoi ne dit-on rien sur l'annexe de la Maison-Blanche qui a pris feu? 

* Où sont les preuves, annoncées à grands cris par Bush, relayé par Blair, condamnant sans réserves ben Laden? 

* Est-ce la cassette où l'on voit ce dernier se vanter d'avoir détruit les tours, lorsque l'on sait que, chez les Arabes et les musulmans, on ne joue pas ainsi à filmer, à tout bout de champ, les gens et les événements (c'est là une attitude bien plus spécifiquement occidentale et américaine)? 

* N'est-ce pas une troublante coïncidence qu'un ex-employé d'UNOCAL, la compagnie américaine farouchement intéressée par le gazoduc devant traverser l'Afghanistan, se retrouve dirigeant de ce pays? Etc. 

À ces questions et à de nombreuses autres, je serais tenté d'ajouter les nombreuses ramifications financières entre des réseaux de la famille ben Laden et des intérêts américains; les curieux liens entre diverses compagnies pétrolières américaines et l'Afghanistan; les relations entre la CIA, l'ISI (services secrets pakistanais), les talibans et l'Arabie Saoudite; l'évolution des relations et des intrigantes tractations et négociations entre les États-Unis et les talibans (voir le livre de J. C. Brisard et G. Dasquié: Ben Laden: la vérité interdite). 

Mais, de grâce, que l'on réponde! Car évidemment, comme bien d'autres, je me refuse à accepter sans sourciller les thèses de M. Meyssan. Je ne demande qu'à être convaincu de la fausseté de ce qu'on se contente de qualifier de «calomnies». 

L'offensive Sharon et la croisade antiterroriste mondialisée 

Remarquons tout d'abord que, désormais, les camps sont présentés comme indiscutablement clairs et tranchés: les bons d'un côté (États-Unis en tête) et les méchants de l'autre (talibans et autres terroristes, inévitablement associés à tout ce qui est arabe et/ou musulman). L'offensive Sharon profite de façon inespérée d'un tel amalgame: il lutte contre le terrorisme. 

Jamais les États-Unis, leur opinion publique et la communauté internationale n'auraient ainsi laissé faire Sharon s'il n'y avait eu les événements du 11 septembre 2001 et son cortège de «peur mondialisée». Et puis - quelle coïncidence! -, c'est là une providentielle diversion lorsque les questions soulevées plus haut commencent à se répandre et à devenir embarrassantes. 

Peut-on parler d'information objective lorsque la presse étrangère est interdite sur les lieux des attaques? Je ne comprends pas qu'il soit fait si peu de cas des nombreuses voix israéliennes mêmes, y compris au sein de l'armée, qui dénoncent les exactions faites au peuple palestinien: exécutions sommaires, pillages par les soldats, violences indues contre les civils, blessés qu'on laisse mourir, ambulances qu'on attaque, dévastation systématique... Pourquoi ne parle-t-on pas de cette mère israélienne qui a perdu un enfant lors d'un attentat suicide et qui, sur son site Internet, répète que c'est le comportement inadmissible d'Israël envers les Palestiniens qui est la cause première de tant de violence? Comportement minimisé (à l'inverse des attentats commis de l'autre côté) par les médias hors Israël. Ou encore de cet historien israélien qui s'indigne contre l'information et l'analyse à géométrie variable (Tom Seguev, journal Le Monde du 3 avril 2002). 

Sharon n'a jamais admis de n'en avoir pas fini avec son ennemi obsessionnel, Yasser Arafat, lors des massacres de Beyrouth en 1982. Sa logique reste toujours «que les pays arabes recueillent les Palestiniens»; «qu'on nous laisse réaliser le Grand Israël», «étendons les colonies pour une occupation de fait» Pour cela, il faut des ennemis à diaboliser pour être justifié de toujours frapper et d'étendre son «périmètre de sécurité». 

L'exploit provocateur de Sharon sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, en plein début de déconfiture du «processus de paix», était un geste délibéré et hautement significatif. L'aboutissement prévisible de ce geste, avec les réactions et contre-réactions provoquées, est la consécration du plan Sharon: reprendre le peu qui a été concédé aux Palestiniens et mettre, encore et encore, le monde devant le fait accompli. 

La lutte contre le terrorisme «mondialisé» justifie et absout de tels actes. Qu'un peuple entier sans défense soit sous les coups d'une des plus puissantes armées du monde peut être légitimé et accepté après le 11 septembre: il s'agit d'une autre guerre juste, comme diraient certains «intellectuels» américains (à ce propos, je n'ai de cesse de me demander comment on peut appeler «guerre» ce que l'armée américaine a fait en Afghanistan... ). 

À quoi aboutira-t-on avec cette logique simpliste? Mettra-t-on derrière chaque Palestinien, derrière chaque «islamiste» un soldat ou un missile? N'y a-t-il aucune autre raison à l'existence de ces terroristes et kamikazes sinon, comme on l'a dit et écrit, d'être des frustrés et des jaloux? 

Israël en éternel «danger de paix»? 

On ne peut rien comprendre à la crise qui sévit dans cette région sans analyser les enjeux stratégiques et économiques qui impliquent une présence militaire américaine toujours accrue. Les États-Unis ne peuvent laisser une Europe unie - susceptible de rallier un jour la Russie ou l'Asie du Sud-Est - tenter de contrôler ce qu'on appelle la «Terre du Centre»: tout ce qui va de l'Arabie Saoudite à la mer Caspienne (en passant, surtout, par l'Afghanistan). Un colossal réservoir d'hydrocarbures! 

Les débouchés (gazoducs, pipelines... ) vers les mers chaudes (Méditerranée ou océan Indien) sont indispensables pour contrer ce risque et les projets russes allant vers le nord-ouest. L'Afghanistan s'avère primordial dans cet enjeu. Sinon, pourquoi l'administration américaine, qui définit les «pays voyous» comme étant ceux qui abritent ou produisent les terroristes, n'a-t-elle pas attaqué l'Arabie Saoudite, d'où sont issus 15 des 19 coupables recensés après le 11 septembre? 

Pourquoi «Israël en danger de paix»? Eh bien, imaginez que la paix s'instaure vraiment dans la région. Cela impliquerait: 

• de ne plus justifier la présence de la flotte américaine dans les mers alentour, ce qui priverait le complexe militaro-industriel américain de centaines de milliards de revenus; 

• d'assécher l'aide financière étrangère censée soutenir l'effort de guerre; 

• de stopper, au moins en partie, le soutien de la diaspora, qui se saigne pour soutenir la patrie «attaquée»... C'est alors que des kibboutz, des fermes et des colonies entières construits dans le désert à l'aide de tant de dollars venus d'ailleurs risqueraient de se transformer en vents de sable. 

Tant qu'il n'y aura pas de réponses dignes de ce nom, les liens entre le 11 septembre, la mainmise américaine sur le pétrole de la «Terre du Centre» et les massacres en Palestine ne pourront être niés Lorsque la vraie démocratie, qui commence par une information complète et indépendante, sera réellement voulue par les puissants de ce monde, alors mon intelligence et celle de bien des humains de cette Terre cessera de se sentir insultée.


Retour au texte de l'auteure: Diane Lamoureux, politologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le vendredi 17 mars 2006 19:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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