RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »


Le Devoir, lundi 21 août 2006, page A6 - libre opinion

Barbarie au Moyen-Orient
et Arabes tétanisés

par Omar Aktouf,
Courriel: oaktouf@sympatico.ca

Professeur titulaire à l'École des HEC de Montréal, auteur de La Stratégie de l'autruche (Écosociété, 2002) et candidat de l'Union des forces progressistes lors des élections partielles de décembre 2005 dans la circonscription d'Outremont.

Texte reproduit dans Les Classiques des sciences sociales avec l’autorisation formelle de l’auteur accordée samedi, le 18 février 2006


Il y a plus derrière les massacres de Gaza et du Liban que ce dont on nous « informe ». En simple « intellectuel » qui utilise ce privilège que lui donne la société, je voudrais partager quelques idées différentes sur ce drame moyen-oriental, carnages planifiés sans fin. Où deux peuples sont manipulés par de très hauts intérêts dépassant largement la région; en plus des médias et de la «communauté internationale» qui adoubent Washington-Israël malgré des viols répétés du droit international et des humains. 

Comment cautionner les horreurs de juillet 2006 au Liban et à Gaza ? Comment continuer à accepter que ce soit le Moyen-Orient qui paye un si lourd tribut pour un Holocauste produit en Europe ? Qui qualifier de « terroriste » ? Mépriser et fouler au pied les résolutions de l'ONU depuis des décennies, n'est-ce pas une forme de terrorisme, une façon de «se mettre hors la loi» et de mériter d'être classé « État voyou »  ? 

Aux temps des conquêtes coloniales, on justifiait les massacres pour voler les richesses d'autrui, par un « devoir » de l'Occident (le fameux White Man Burden auquel se résigna même un Rudyard Kipling) : civiliser des «sauvages» (la Conférence de Berlin, 1884, organisa le dépeçage de l'Afrique par les Européens en moins de 15 ans). On sait les grandeurs civilisatrices que l'Europe y a laissées (à comparer avec ce que Berbères et Arabes ont légué à l'Espagne). 

Aujourd'hui, on ne parle plus de civiliser mais de démocratiser ceux dont on veut arracher les biens devenus «vitaux» pour le niveau de vie occidental : le pétrole et le gaz. 

Le président libanais a formellement démenti la thèse-prétexte d'un Liban « otage du Hezbollah ». On a donc continué les carnages à Gaza et au Liban pour raison de l'enlèvement de trois soldats Israéliens ? Jamais n'aura-t-on vu alors une telle disproportion entre l'acte et la réaction : indéniable crime de guerre, sinon contre l'humanité ! Il suffit de comparer le nombre de civils tués par les antédiluviennes « Katiouchas » d'un côté, et les quartiers, villages... rasés par les bombardiers et les tanks ultramodernes de l'autre. 

Mais, plusieurs « autres » raisons, remontant à plus loin, peuvent être recensées : 

-      garantie des intérêts pétroliers de l'Occident par l'entretien d'une belligérance en la région, qui doit conduire à en contrôler, par la force, tous les gisements ;
 
-      lutter contre le terrorisme islamiste en son « berceau »  : parachever en toute barbarie le « Grand Israël» rêvé dès 1947-48 (du sud Liban au golfe d'Akaba, Golan, lac Tibériade, sources du Jourdain...),
 
-      emmurer, assoiffer et affamer les Palestiniens (voir le rapport Jean Ziegler pour l'ONU en 2003), les pousser à partir vers la Syrie et ailleurs;
 
-      préparer l'invasion des pays qui « soutiennent le Hezbollah » : Iran et Syrie (Israël, lui, n'étant soutenu par personne, bien entendu).

 

Alliance autour des intérêts pétroliers

 

Washington, Europe et Israël feraient d'une pierre plusieurs coups convergents : « épuration ethnique » des territoires occupés, accaparement du sud Liban, contrôle des hydrocarbures du Moyen-Orient. La « communauté internationale » a tergiversé autant qu'elle a pu pour laisser Israël baliser le terrain au Liban et ouvrir « l'endiguement » pétrolier des « Terres du centre». Belle alliance « objective » de tous autour des intérêts pétroliers ! Sinon comment expliquer que, pendant que le chancelier allemand Gerhard Schröder pestait contre l'invasion de l'Irak, ses services secrets (leur patron, ministre au gouvernement suivant, essuya un scandale peu ébruité ici), envoyaient au Pentagone des plans de cibles stratégiques irakiennes ? Que plusieurs dirigeants européens, hérauts du «droit international», soient vite rentrés dans la rhétorique de la « lutte contre le terrorisme », voilant leur face devant les mensonges et les abominations qui se commettent toutes les heures au nom de la «démocratie avancée» ? 

La réponse ? Se garantir leur part de pétrole, point ! À eux seuls les États-Unis, l'Europe et la Chine frôlent la consommation de 50% de la production mondiale ! Voilà l'enjeu, simple et horrible : derrière les crimes contre l'humanité, les mensonges et bouffonneries politiques qu'on nous fait gober depuis le 11 septembre 2001. 

Depuis lors, aucune des «preuves flagrantes» promises n'a été fournie : croire sur parole des menteurs avérés comme Bush, Blair et leurs « services » est devenu un devoir patriotique ; le contraire : antisémitisme et pro-terrorisme. 

On doit avaler à présent, sans sourciller, que, jusqu'en juillet 2006 (et, comme par hasard, ce que Israël a fait au Liban et à Gaza), tous ces terribles « terroristes islamistes » ignoraient l'existence d'explosifs liquides ! Mais posons une bonne fois la question : qui terrorise et tue le plus en ce bas monde : les États-Unis et Israël ou tous les Hamas, Hezbollah et Tamouls réunis ? Qui représente le vrai et prouvé danger pour l'humanité ? Qui tue le plus de civils, d'innocents, d'enfants, de vieillards ? Qui contrôle et filtre « l'information » qu'on nous donne ? Pourquoi refuse-t-on le droit à la sacro-sainte « liberté d'expression » à une chaîne comme al-Jazira ? Beaucoup se demandent : que font les pays arabes ? Aucun, surtout « pétrolier », n'échappe au contrôle « protecteur » des États-Unis. Faire autre chose que les désirs de Washington exposerait à des coups d'État, assassinats politique... ou à une «invasion de démocratisation ». 

Leurs revenus sont placés à Paris, à Londres ou à New York, et la crainte d'idées et de groupes organisés (Hamas, Hezbollah, groupes chiites...) qui s'opposent aux familles arabes hyper-milliardaires les épouvante. Ils signeront plutôt les chèques qui garniront les coffres des multinationales qui viendront « reconstruire » Beyrouth, et qui assureront leur pérennité au pouvoir. 

Non, il n'y a rien à attendre des pays arabes, dictatures « installées » (pour certaines depuis 1923), paralysées et tétanisées par le chantage au pouvoir ou à l'invasion armée, pour aider en quoi que ce soit les frères et soeurs de Palestine, du Liban ou d'ailleurs ! Tout juste jouent-ils la sinistre farce de représentations devant ce «machin» étatsusien qu'est devenue l'ONU. 

En conclusion, Washington a parfaitement atteint ses objectifs : faire se multiplier les menaces et actes terroristes dans le monde, semer partout les graines de la haine des Américains et des «occidentaux», en enrager, fanatiser et radicaliser des hordes entières, semer le chaos et la guerre perpétuelle dans la région, y demeurer avec flottes et armées au complet, redynamiser leur industrie militaire, hisser le prix du pétrole pour rentabiliser de nouveaux gisements (schistes et sables bitumineux, off shore moins accessibles...). 

Comme le disait, il y a quelques semaines à la Douma, le président Poutine : « Bien joué, Monsieur Bush ! »


[Voir l'excellente analyse de Gil Courtemanche sur la guerre totale de l'État d'Israël contre le Liban. Enfin des propos non mensongers: “Autour de l'horreur!”, in Le Devoir, Montréal, le 5 août 2006, page A4-les actualités.] JMT.


Retour au texte de l'auteure: Diane Lamoureux, politologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le mercredi 23 août 2006 8:09
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref