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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Marc ANGENOT, “L'identité. Je ne sais plus très bien où j'en suis.” Un texte publié dans l'ouvrage sous la direction de Hervé de Fontenay, La certitude d'être mâle ? Une réflexion hétérosexuelle sur la condition masculine, pp. 231-239. Montréal: Les Éditions Jean Basile, 1980, 258 pp. [Texte diffusé en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de l'auteur accordée le 25 juin 2018.]

[231]

Marc ANGENOT

L’identité.
Je ne sais plus très bien où j’en suis.”

In ouvrage sous la direction de Hervé de Fontenay, La certitude d’être mêle ? Une réflexion hétérosexuelle sur la condition masculine, pp. 231-239. Montréal : Les Éditions Jean Basile, 1980, 258 pp.

« De tous les Estres, je n'en rois point dont le Commerce puisse mieux former l'homme que celui des Femmes." (Larivière, Le Partisan des femmes [1758])

« Tout ce qui était stable, établi, se volatilise, tout ce qui était sacré se trouve profané et les humains sont en fin de compte forcés de considérer d'un regard sobre leur position dans la vie et leurs relations mutuelles. » (Marx, Manifest der kommunistischen Partei [1848 trad. M.A.)

Les femmes qui se masturbent, ça se filme très bien au cinéma. Ça a de la grâce, de l'intensité dans de la nonchalance : de l'esthétique, toute esthétique se nourrissant de paradoxe. Du Titien à Fragonard et à Courbet, cela fait même un sujet pictural des plus classiques. Les types qui se branlent, cela reste peu montrable - pas tabou, admettons-le, mais pas bien intéressant, un peu grotesque - vaudevillesque - simiesque. On pourrait donc disserter là-dessus. Les hommes se mettent aujourd'hui à se regarder avec un certain manque de moyens, une esthétique déficiente. Les identifications projectives, de l'Apollon de Belvédère au Noir des slips Lycra, ne donnent pas toute satisfaction. Les femmes, ça a toujours bien marché comme objets esthétiques, ce qui revient à dire que les dispositifs esthétiques ont été conçus pour rendre les [232] femmes esthétisables. Le problème des femmes c'est peut-être cette prolifération « aliénante » d'images, et d'images, et d'images.

Moi je ne sais plus très bien où j'en suis ; comme homme — mascul. — hétérosex., je flotte entre deux eaux, entre la conscience malheureuse hégélienne et des bouffées d'euphorie. J'en conclus, un peu vite, selon le schéma classique de l'introspection à la généralité, que la masculinité est en crise. La preuve immédiate en est ce livre : les fortes certitudes n'ont pas besoin de glose et, — comme je le rappellerai plus loin, — ce ne sont pas les fortes certitudes qui manquaient ; et leur force même était dans le silence souverain du commentaire. Le jour où les nègres sont devenus des « noirs » il a bien fallu parler des « blancs ». Depuis que les femmes se font entendre (enfin depuis Mary Wollstonecraft il a fallu le temps), on se met à parler... des « hommes » — tiens, là on n'a pas encore de mot. The Female Man dit Joanna Russ ; alors : The Maie Man, disons.

Supposons que nous appelions « virilité » tout ce qui relève des gènes, de la physiologie, des caractères sexuels et des schémas élémentaires de conduite qu'ils comportent (s'ils en comportent !). Et laissons cela aussitôt sur le côté, car il s'agit avec la « masculinité » de l'ordre symbolique, c'est-à-dire de la culture, et l'« ancrage » de ce symbolisme historique et culturel dans la physiologie n'a plus rien d'évident. Nous ne referons donc pas ce parcours de la nature à la culture qui paraissait si « naturel » et si nécessaire à la philosophie positiviste. La « masculinité », c'est une autre affaire, qui tient exclusivement à des « grammaires de reconnaissance », à une constitution idéologique du sujet, à la contiguïté d'autres configurations symboliques. C'est pourtant cela aussi qui constitue mon vécu le plus intime ; ce n'est pas le corps qui irradie des symboles seconds, c'est le symbolisme social qui s'inscrit sur le corps, c'est une grande opération de conversion hystérique qui traverse des strates d'abstractions sociales pour construire cette chose intime, concrète, sans distanciation que j'appelle « moi », « moi, un homme » quelque part entre l'évidence et l'imposture.  Moi - au - masculin c'est d'abord la même [233] épreuve immédiate du réel que moi yeux-bleus, cheveux-châtain.

Tout de même qu'en est-il de cette « grammaire de reconnaissance » que j'éprouve comme évidence et comme sécurité, comme tunique de Nessus et comme l'espace d'une destinée, dont j'ai tant de peine à me figurer, en dehors de l'abstraction, comment elle s'est fabriquée à « mon » insu, puisque c'est à travers elle que je parviens à dire « je », qu'elle est mon cogito et que l'illusion serait de croire que « moi » j'étais déjà là avant qu'elle ne me trace ? L'homme, hétérosexuel, blanc, — pas anglo-saxon ni protestant tout de même — c'est quelqu'un sur qui ce symbolisme semble avoir « bien pris » et qui pourrait être vacciné contre le doute. D'autant que la masculinité c'est (c'était) un dispositif d'identification hégémonique, et que cette position hégémonique avait une conséquence primordiale.

Demandez encore à des « hommes » (mâles, hétérosexuels) de parler d'eux, de leur vie intime, au bout de cinq minutes ils se mettent à parler des femmes, — de leurs types de femmes par exemple — pas, évidemment, à se définir par rapport à elles, non : à (se) rappeler simplement qu'être masculin c'est avoir le droit de parler des autres entités, complémentaires ou périphériques. La masculinité c'est en grande partie le code de ce discours sur l'Autre, — l'éternel féminin par exemple — où le moi masculin est défini a contrario dans un grand vide transitif qui désigne le monde, le réel et « les femmes ».

Pas narcissiques pour un sou, les « hommes » ! C'est les femmes qui parlent d'elles-mêmes, qui sont « à l'écoute de leur corps » et patati et patata... On les laisse dire, cela fascine ou cela agace ; les deux, par ambivalence. On me dira : « Et le narcissisme du pénis ? » Les hommes en font toute une affaire et le contemplent, dit-on, avec complaisance. Il me semble tout de même que ce pénis-là ce n'est pas tout à fait eux : c'est un superbe instrument transitif, (dont les dysfonctionnements les mettent au bord de la panique), un outil polyvalent qui se prolonge en motocyclette ou en voiture de sport dans le freudisme banalisé des sociétés de consommation, c'est la clé [234] du monde extérieur, ce n'est pas la synecdoque du moi ; c'est ma propriété, pas mon attribut.

La masculinité donc ce n'est pas, ce ne peut pas être le pendant, la contrepartie de la féminité. Il n'y a pas deux systèmes symboliques dont les termes seraient complémentaires. Les rationalistes du XVIIIe siècle, qui avaient renoncé censément à voir dans la femme une « erreur de la nature » (amartêma disait Aristote) trouvaient quelque chose de rassurant à ces tableaux complémentaires qui appuyaient leur sexisme philosophique :

Si les hommes ont l'esprit d'une trempe plus forte c'est pour concourir efficacement au bonheur de celles qui l'ont plus délicat (Boudier de Villemert, L'Ami des femmes [1758], 34)

Dans « l'agréable concert que forment les deux sexes » l'homme destiné aux actions fortes a dans le caractère « une certaine âpreté qu'il est réservé aux femmes de corriger » (p. 31). « Leur gaieté sert de contrepoids à notre humeur sérieuse et austère » (p. 31). Quelque déguisement que prennent nos préjugés nous ne les travestissons plus dans cette euphorie rationnelle, mais nous avons trouvé des tas d'autres modèles. Il en résulte qu'il y a bien quelque rapport nécessaire entre la masculinité, au sens normatif et traditionnel, et le sexisme. C'est l'ABC de l'idéologie : le principal avantage des discours sexistes (racistes, élitistes) c'est de produire le Sujet par carambolage, à travers le choc d'un anti-sujet, le Nègre, le Juif, ou avec plus de bonhomie, les bonnes femmes, qui étaient comme ci et comme ça. Une vision du monde tenait lieu de constitution du moi.

Maintenant on peut dire que ce dispositif « masculinité » qui, il y a un siècle, une génération, quelques années, fonctionnait à plein dans tout le discours social, réitérait sans cesse ses maximes, ses règles d'énonciation, que ce dispositif a commencé à présenter des dysfonctionnements patents. Cela s'appelle « Crise d'identité », et cela ne se limite pas à la machine masculine. Les « je » nationaux, ethniques, sociaux, culturels sont en assez mauvaise posture et je crois bien que focaliser sur la seule masculinité, devenue problématique, c'est s'interdire de voir la généralité d'un grand processus. [235] Les essayistes d'il y a 50 ans ont commencé à parler de « Crise d'identité » mais les pauvres ne savaient pas encore de quoi ils parlaient. Nous, les post-modernes, nous risquons de le savoir un peu mieux. Seulement ici, quelques remarques.

Tout en voyant dans toute crise les possibilités de déblocage critique, je ne crois pas du tout à l'euphorie (à la Deleuze, à la Lyotard) d'une symbolique sociale à venir, ou déjà là, complètement acentrique, déliée (entbindet), schizoïde, où l'homme, privé de ses ancrages identitaires, s'accepterait comme « espace d'intermination », « pervers polymorphe », « dérive incontrôlée », « mutant permanent » suivant la formule exemplairement ridicule de Garaudy dernière manière. (Appel aux vivants, 1979). Je veux bien concevoir cette fluidité sociale, dont témoigne l'exergue de Marx dans cet essai, comme un horizon à la Bloch, comme contrepartie du manque et du besoin immanents. À part cela, l'époque actuelle ne devrait pas être au triomphalisme. J'ai bien peur que ces histoires d'identité soient une machine léthale qui parfois tourne fou mais qui vit de ses dysfonctions et continue toujours à produire du symbolique fragmenté ; les schizo-utopies me sont une vue de l'esprit. S'il faut aller en Colombie pour trouver encore des « machos » heureux et satisfaits, je ne crois pas que l'ébranlement dans ce monde dit « occidental » des symboliques masculines présage autre chose qu'un réalignement à venir, une adaptation toujours relative des dispositifs.

La preuve en est (ou du moins l'indice) dans le fait que, si les « imperiums » masculins et autres sont en déclin, à la périphérie des Empires une grosse réaffirmation de symbolisme est en train de se produire. Les zélateurs de l'Occident chrétien se réduisent à un quarteron d'intégristes, mais le moi islamique est en train de reprendre sérieusement du poil de la bête. De même, si le mâle hétérosexuel ne sait plus très bien à quel sein se vouer, la féminité vient de subir une inflation symbolique prononcée, appelant en renfort Colette et Anna de Noailles, Jeannes-baptistes d'autrefois, vox clamans in deserto feminitatis. De même d'ailleurs, l'identité homosexuelle va sortir du ghetto et du tabou pour se muer en produit de consommation. Qu'on me comprenne : de bonne foi, [236] je pense qu'il s'est fait là un mouvement d'un grand courage et d'une grande valeur. Mais il y a quelque logique aussi dans notre mode de production des biens symboliques et un de ses axiomes est ce qu'on appelle, un peu ambigûment, « récupération » — récupération inéluctable parce qu'appartenant à l'essence de l'opération et quelque vigilance critique qu'on y mette. Donc ça change, à hue et à dia, les rôles, les valeurs, les images du moi, mais sûrement pas dans un progrès linéaire vers ce « regard sobre » avec lequel les humains considéraient « en fin de compte leurs relations mutuelles, » comme le souhaitait Marx (en exergue dans cet essai). Cependant il y a parfois du bon dans les interrègnes, on peut répondre ruse par ruse quelques fois ; voyons donc quelques remarques pratiques.

Voyons un peu quelles sont les nouveautés, prétendues ou réelles, sur le marché des matières masculines, et de quoi en tout cas il faudrait a 'priori se méfier. Admettons qu'il y a un marasme de l'identité masculine. Admettons aussi qu'il peut en sortir des choses positives ; un changement de position symbolique, c'est même une bonne chose en soi et qui nous rapproche peut-être de ce « regard sobre ». Faute de dire grand-chose de positif sur ce qui se passe sous nos yeux, on peut au moins dire les pièges classiques qui sont tendus sur la voie d'une masculinité « autre ». Dans notre société nord-américaine, l'une des plus classiques mystifications consiste à vouloir légaliser la libération et la critique. Légaliser la liberté sexuelle, par exemple, pour changer le masculinisme et ses misères. D'abord, les seuls mots de « libération sexuelle » appliqués à une société comme la nôtre portent en soi un grotesque bien suffisant. Je ne dis pas que ce n'est pas la voie à suivre, je dis simplement qu'on est (encore) à l'échelle sociologique très loin du compte. Même affaire que pour « Légaliser la mari ! » — là je suis pour d'ailleurs : qu'on vende ce truc-là dans les tabagies et qu'on cesse de nous faire croire qu'il y a quoi que ce soit de significatif qui s'attache à ce débat. Quiconque croit opérer des changements dans l'ordre symbolique par des réformes institutionnelles se leurre. C'est souvent un préalable, mais rien de plus démobilisant si l'on croit avoir agi au coeur du problème. Ce qu'on nous propose [237] par ailleurs c'est des alternatives bouche-trou, alternatives à vie courte, à usure rapide, aussi rapide que la mode et la confection désormais : open marriage, homme-au-foyer, virilité « tendre » : on chercherait en ordre dispersé une autre image de l'homme masculin (et féminin) qu'on n'aurait certes pas encore trouvée mais, comme dans tout volontarisme religieux : « la société ne se poserait pas de problème qu'elle ne puisse résoudre. » (Ce propos attribué à Marx et couplé avec le Weltgeschichte ist Weltgericht est fréquemment répété dans le Nouvel Observateur.) C'est pas vrai pantoutte : éliminons l'idée de finalité et d'harmonie préétablies ; les sociétés se posent diablement des questions insolubles, elles sont incapables d'absorber dans leur axiomatique bien des affaires, sinon par pur cautère et pur verbalisme, — des affaires qui du reste 1°) n'ont pas de solution, fût-ce conjecturale ; 2) ne sont, sous quelque position qu'on les active, jamais dépourvues de contradictions potentielles. Or c'est justement quant il est question de répartition de rôles sexuels et attributs correspondants que les sociétés s'en tirent le plus mal. (Parmi les utopistes même, il n'est guère que Fourier qui s'en sorte avec brio). Être un homme/femme, c'est peut-être devenu définitivement une situation inconfortable, prise entre la fin des identités culturelles évidentes et le lointain horizon d'un dévoilement du vrai, « énigme résolue de l'histoire ». Ce n'est pas du pessimisme métaphysique, attention : je ne préjuge pas de la « nature humaine », je m'en fous : je sais seulement qu'une société c'est comme une ficelle pleine de nœuds, les nœuds se défont pour se refaire ailleurs et celui qui s'énerve ne débrouille pas du tout l'écheveau et se retrouve en larmes. Quant au tranchage révolutionnaire du nœud gordien, on sait ce qu'en vaut l'aune. Nous ne retrouverons pas non plus la paix de l'esprit. Nous serons et resterons plus malheureux, mais « plus sympathiques » et nous jouerons les dialectiques du maître et de l'esclave, avec le maître qui se fait esclave et redevient maître par ce petit subterfuge, jusqu'à un hypothétique baisser du rideau ou changement de décor. Autre mystification qui s'ouvre sous nos pas, « l'Abominable Chose Supermâle de la Créativité Généralisée » — spontanéité, créativité, tendresse : je vois [238] dans quelle machine (anti)bureaucratique on veut m'absorber. On ne parle jamais tant de gastronomie que dans les stalags, oflags et gulags (c'est vrai : il y a de nombreux témoignages sur ce trait de psychologie carcérale). Il ne faut pas trop parler de tendresse dans une société de violence instituée. On connaît la blague du pacifiste prêt à « lutter jusqu'au bout » pour défendre ses idées. Le discours sur la tendresse c'est comme les rues piétonnières : cela ne compense aucunement le caractère axiomatiquement anti-piéton des grandes villes et cela donne aux édiles une réputation d'humanistes nostalgiques. Je jour où on nous distribuera des masques à oxygène pour circuler rue Saint-Denis, cela partira d'un bon coeur et d'une saine gestion, mais cela ne devrait pas faire oublier que la pollution a dépassé le taux d'alerte. Qu'on ne se presse pas trop à chercher à « redéfinir », « réinstituer » la masculinité. Comme je le disais plus haut, je ne crois pas qu'on puisse se passer longtemps de mythes identificateurs, dans la mesure où dans la société industrielle moderne et dans l'ordre mondial actuel, moins que jamais, aucun des rapports sociaux ne peut être mis à nu. Plus les rapports entre les humains se ramènent au « froid paiement comptant — Cash Payment as the sole nexus » (Carlyle, cité par Marx), plus la machine symbolique s'affole et produit des images identifiantes. Si on veut se battre contre elle, il faut s'attaquer à la machine elle-même et non à ses sous-produits sectoriels. Ce serait ma conclusion « sérieuse » : ce qui change et se recompose sans cesse sous nos yeux ce ne sont pas tant les identités mâle et femelle, ni la logique des rôles sexuels et sociaux, ce ne sont pas les « rapports » entre les sexes (ils ont toujours été de tous les « rapports » sociaux, ceux qui échappaient le plus, malgré tout, à tous les modèles et normes, quelles qu'elles fussent, qui étaient censés les contenir, — toujours un peu plus ambivalents et insaisissables). Ce qui change c'est tout le reste ; on veut nous faire croire que ça se passe surtout là, dans le couple, la famille, la sexualité, c'est une blague. Maintenant une autre conclusion, sérieuse quand même, mais plus allégorique. S'il nous faut des mythes, on peut au moins essayer d'en changer, d'en substituer un à un autre. Oedipe par exemple, le type qui passe son temps à dire « Moi, moi, [239] moi » à la question du Sphinx. Remplaçons-le par Ulysse, celui qui a la subtilité de répondre « Personne » à la question du Cyclope (‘oudeïs, Nemo — comme le Capitaine), plus malin avec Circé qu'Oedipe avec sa maman. En voilà un — Ulysse — qui me semble avoir eu sur l'identité (masculine) une attitude un peu dialectique, malgré l'opposition entre son bourlingage erratique et la vie sédentaire de Pénélope. Freud avait ses raisons pour prendre à son compte Oedipe ; je propose de lui substituer Ulysse comme mythe éponyme de notre masculinité ambiguë, l'Ulysse d'Homère et celui de Joyce (au reste Joyce = joie = Freud(e) : rien n'interdit de penser qu'il s'agit d'une seule et même personne).

Marc Angenot

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Marc Angenot est professeur de français et de littérature comparée à l'Université McGill. Il a publié de nombreux essais de critique littéraire et d'histoire des idées, notamment une étude intitulée Le roman populaire (1975), un autre ouvrage, Les Champions des femmes : examen du discours sur la supériorité des femmes, 1400-1800 (1977) et un Glossaire de la critique contemporaine (1979). Depuis 1978, il est l'un des directeurs de la revue Science Fiction Studies.

Les vignettes qui illustrent en contrepoint les différents textes contenus dans cet ouvrage sont des photographies de la statuaire fasciste que Mussolini imposa en Italie alors qu'il était au pouvoir. Elles représentent l’image même de la virilité violente et arrogante que Von tente de débusquer dans ce livre.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 24 août 2018 9:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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