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Collection « Les auteur(e)s contemporains »

Actes du colloque de l'ACSALF 1982, LES ENJEUX SOCIAUX DE LA DÉCROISSANCE. (1983
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir des Actes du colloque de l'ACSALF 1982, LES ENJEUX SOCIAUX DE LA DÉCROISSANCE. sous la direction de Lise Pilon-Lê et André Hubert. Montréal: Les Éditions coopératives Albert Saint-Martin, 1983, 258 pp. pp. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec. [Autorisation accordée par l'ACSALF le 20 août 2018 de diffuser tous les actes de colloque de l'ACSALF en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[7]

Les enjeux sociaux de la décroissance.
Actes du colloque annuel de l’ACSALF 1982.

Présentation

Par Lise Pilon-Lê

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Le Québec est engagé dans une crise économique et sociale qui marque un renversement brutal de tendance par rapport aux vingt dernières années. Cette crise nous interpelle tous et chacun en remettant en question notre manière de vivre. Les acquis de nombreuses années de lutte du mouvement ouvrier et du mouvement féministe sont attaqués de toutes parts et s’effritent sous le poids d’une société orientée désormais vers la gestion de la décroissance. Pour comprendre ce que signifie « gérer la décroissance », des sociologues et des anthropologues ont mis en commun leur réflexion et leurs résultats de recherche à l’occasion d’un colloque tenu en mai 1982 à l’Université du Québec à Montréal.

Le thème proposé, « Les enjeux sociaux de la décroissance », visait à stimuler une réflexion sur les multiples facettes d’une réalité immédiate et incertaine au moyen d’une approche globale dépassant les champs de spécialisation des disciplines. Ce thème rejoint et prolonge celui du colloque de 1981 sur l’intervention sociale en faisant appel à tous ceux qui sont touchés par ce thème dans leur pratique.

Le terme « décroissance » pose problème d’abord parce qu’il est emprunté aux économistes, mais surtout, comme l’ont souligné avec justesse plusieurs participants du colloque, parce qu’il est idéologiquement chargé. Il véhicule une vision productiviste du développement dans notre société et fait interpréter la réalité en fonction du projet de société qu’il privilégie. L’interrogation sur les effets sociaux de la décroissance recouvre une démarche analogue sous la diversité des analyses. D’une part, la réflexion sur le sens du terme décroissance suscite une remise en question de son contenu et une redéfinition pour en faire un instrument d’analyse sociologique de la conjoncture. D’autre part, l’analyse des effets sociaux du phénomène consiste à en repérer les manifestations concrètes tant au niveau de l’ensemble de la société et des politiques étatiques qu’au niveau du vécu de certains groupes particuliers.

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À travers une multiplicité d’angles d’attaque et de perspectives, il ressort de ce colloque une analyse critique de la société québécoise vue à travers son État et ses institutions mais aussi à travers le vécu des Québécois et de leurs représentations. Cette analyse critique résulte d’une volonté de traiter la question en profondeur, d’aller au-delà d’un discours qui se limite aux apparences de la réalité pour dévoiler, d’une façon quelquefois surprenante, les enjeux réels de la gestion de la décroissance pour le présent et l’avenir de la société québécoise. Sans proposer directement des solutions, cette analyse des effets de la décroissance se veut un regard lucide qui questionne le modèle de société adopté jusqu’à présent et énonce l’orientation à donner à notre réflexion pour mieux maîtriser notre destinée collective.

Chaque auteur a cru bon de se situer par rapport à la problématique de la décroissance avant de conduire sa propre analyse. On ne sera donc pas surpris de la retrouver dans un grand nombre d’articles même si chaque auteur l’intègre par la suite à son propre cheminement. Les répétitions deviennent ainsi inévitables. On remarquera aussi un éventail assez large de prises de position qui reflète la saine diversité qui devrait prévaloir dans un débat comme celui-ci.

Afin de mettre en valeur le contenu des textes soumis, 1’équipe éditoriale a regroupé les textes en cinq parties : la problématique des enjeux de la décroissance, la gestion de la décroissance par 1’État et ses appareils, 1’impact de la décroissance sur les groupes sociaux, travail et entreprises capitalistes en période de décroissance et, finalement, expériences novatrices et remises en question.

L’introduction aborde le thème du colloque à deux niveaux : 1’analyse théorique de la conjoncture et l’étude de l’évolution de la sociologie et de l’anthropologie en contexte de décroissance. Le texte de Jules Duchastel traite plus particulièrement de l’évolution de la pratique sociologique dans les universités québécoises ; celui de Pierre Beaucage dévoile les dilemmes qui confrontent les anthropologues dans leur pratique de recherche.

Puisque la gestion de la décroissance est d’abord et avant tout au Québec une entreprise étatique, la première partie questionne la logique des politiques de l’État et de ses appareils de même que leur répercussion dans les différents domaines d’intervention étatique.

Ce questionnement passe d’abord chez Louise Roy par la critique de 1’État-Providence suite à une analyse des limites de son intervention dans le secteur des transports urbains. À travers l’étude du processus d’informatisation de l’État québécois, Guy Fréchet montre que l’informatique est devenue un instrument privilégié de la rationalisation de l’État. Il met particulièrement en lumière les motifs qui sous-tendent les « coupures » budgétaires.

Hector Ouellet pose le problème de l’effet des compressions budgétaires dans les services sociaux. D’abord manifestes, au niveau des contraintes imposées aux organisations, ces compressions aggravent la contradiction entre l’accroissement des besoins d’une population victime de la crise et la réduction des services offerts par l’État.

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Jean Mercier aborde les compressions budgétaires du point de vue de l’étude des organisations. Il se penche sur la dynamique de la décroissance organisationnelle pour l’appliquer à l’étude de l’État québécois et montrer comment les caractéristiques de la bureaucratie québécoise annulent les rationalisations souhaitées par les compressions budgétaires.

Paradoxalement, il existe un domaine où les compressions budgétaires provoquent une expansion, c’est la gestion de la marginalité. Les coupures de budget de l’État aux services sociaux permettent l’expansion de la marginalité et du système pénal mais provoquent des réaménagements pour en minimiser les coûts. Danielle Laberge en fait la démonstration.

Réjean Landry étudie l’effet combiné des coupures budgétaires et de la diminution de la clientèle universitaire sur l’avenir des professeurs d’université au moyen d’une simulation mathématique.

La seconde partie étudie l’impact de ces compressions sur le vécu et les représentations de groupes sociaux tels la famille, les personnes âgées, les femmes et les groupes urbains.

Simon Langlois montre comment la crise économique transforme les façons de vivre et les représentations sociales qui leur sont attachées à travers l’étude du budget des familles et ses transformations.

Nicolas Zay conclut, sur la base de ses résultats de recherche, que chaque personne âgée vit à sa façon la crise actuelle et que l’effet de la crise sur le maintien du revenu des personnes âgées dépend autant de facteurs subjectifs que de facteurs objectifs.

Johanne Boisjoly et Danielle Lafontaine s’interrogent sur l’effet de la crise sur les femmes de l’Est du Québec au moyen d’une analyse théorique de la place des femmes dans la société. Leur étude révèle que l’effet principal de la crise sur les travailleuses, qu’elles soient de la classe ouvrière ou de la petite bourgeoisie, est de les faire passer, via la perte d’emploi, de la sphère publique à la sphère domestique. Ce passage implique des reculs importants au niveau des acquis des luttes féminines.

Francine Dansereau situe l’analyse des problèmes de l’habitation en milieu urbain dans le cadre d’une société à somme nulle. Elle montre que le poids de la crise dans le domaine de l’habitation est supporté par les plus démunis au bénéfice des plus aisés.

La troisième partie, plus disparate, regroupe quatre études sur les effets de la crise sur les entreprises et les travailleurs au moyen d’analyses de cas régionaux.

Marie-Thérèse Seguin et Rita Roy nous offrent une réflexion théorique sur la nature de la crise actuelle pour comprendre, à partir du cas des petites et moyennes entreprises industrielles au Saguenay—Lac St-Jean, le rôle qu’elles pourraient jouer dans la restructuration de l’appareil de production pour relancer l’économie.

Claude Bariteau analyse les effets locaux de la crise dans une petite municipalité, Plessisville, en examinant comment est vécue la crise tant pour le capital financier, commercial et industriel que pour les travailleurs et les travailleuses.

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André Billette analyse la réaction des infirmières à l’introduction d’un système de rationalisation de leur travail. Il identifie où se situent les résistances à ce système et trace un bilan de l’expérience dans deux hôpitaux.

La dernière partie comprend deux textes qui, chacun à sa manière, rendent compte d’expériences novatrices mais limitées et prometteuses pour l’avenir malgré leurs difficultés et leurs contradictions.

Dominique Duprez rend compte d’une expérience d’intervention sociologique pour modifier les rapports sociaux dans les grands ensembles d’habitation en France. Le bilan de cette expérience indique qu’il faut tenir compte des rapports de classe qui tendent à aggraver les différences sociales.

Jean-Guy Lacroix trace lui aussi le bilan d’une expérience novatrice, celle du Sommet populaire. Malgré des divergences certaines, le Sommet populaire illustre la convergence des luttes sociales des classes populaires en contexte de crise et serait annonciateur d’un pas décisif vers un mouvement populaire unifié.

Il est nécessaire de remercier André Hubert et Isabelle Perrault de même que Gilles Houle qui ont collaboré avec moi à la mise en œuvre  de cette édition des Actes du colloque de 1982.

Lise Pilon-Lê

Université Laval
Département d’anthropologie


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 25 mars 2020 6:52
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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